QATAR

État du Qatar

Crise entre le Qatar et ses voisins du Golfe : Doha appelle à une nouvelle alliance régionale

Cheikh Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, chef de la diplomatie qatarie

Le Qatar a appelé hier à la création d’une nouvelle alliance régionale pour remplacer le Conseil de coopération du Golfe (CCG), rapporte l’AFP, citant le ministre qatari des Affaires étrangères. Selon le chef de la diplomatie qatarie, cheikh Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, le boycottage imposé au Qatar par l’Arabie Saoudite et ses alliés depuis plus de 18 mois a affecté de manière irréparable le CCG devenu, selon lui, «sans pouvoir réel».

«L’alliance régionale a été minée par la crise», a déclaré le ministre qatari lors d’une conférence de deux jours intitulée «Doha Forum». «Par conséquent, l’alliance existante doit être restructurée pour assurer la stabilité et la sécurité de la région dans le futur», a-t-il ajouté. Il a aussi fustigé les raisons invoquées par l’Arabie Saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis pour boycotter le Qatar.

«Tout cela est basé sur des mensonges et des crimes. Tout cela est fait pour créer de la propagande et de la peur chez les gens», a-t-il fait remarquer. Depuis juin 2017, l’Arabie Saoudite, Bahreïn, les EAU ainsi que l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec l’émirat gazier.

Riyad et ses alliés accusent leur voisin de soutenir des groupes islamistes radicaux, ce qu’il dément, et de leur préférer l’Iran, grand rival de l’Arabie Saoudite dans la région. En ouverture du forum de Doha, l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, a indiqué qu’il faut que les pays du Golfe respectent son indépendance s’ils veulent mettre fin à la crise. «Lever le blocus se fera sur la base d’une reconnaissance mutuelle et du principe de non-interférence», a-t-il déclaré.

Doha a décidé de quitter, en janvier, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dominée par l’Arabie Saoudite. L’émir du Qatar n’a pas assisté au dernier sommet annuel du CCG, tenu dimanche dernier à Riyad, alors qu’il y avait été invité officiellement.

Fissures

Des crises diplomatiques ont plusieurs fois perturbé les relations entre Doha et ses voisins du Golfe. En mars 2014, trois pays membres du CCG, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn décident de rappeler leurs ambassadeurs respectifs au Qatar. Dans un communiqué rendu public le même jour, ces trois monarchies ont indiqué avoir «fourni de grands efforts pour négocier avec le Qatar à tous les niveaux et pour arriver à une politique commune (…) et garantir les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres» du CCG. Comme ils ont demandé à leur voisin «de ne soutenir aucun mouvement dont le but est de menacer la sécurité et la stabilité des Etat membres».

En fait, ils reprochent à leur voisin de soutenir la confrérie des Frères musulmans considérée comme un danger pour leur sécurité. Les autorités émiraties ont arrêté des dizaines de membres de la confrérie ou présumés tels, accusés de tenter de renverser le royaume. Par ailleurs, Riyad et Abou Dhabi ont approuvé le coup d’Etat de l’armée égyptienne du 3 juillet 2013, qui a provoqué la chute du président islamiste Mohammed Morsi.

Contrairement au Qatar qui l’a condamné. regroupant les six monarchies du Golfe, à savoir l’Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman, le CCG est créé en 1981 suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique et à la révolution iranienne en 1979. Il vise la coordination, l’intégration et la coopération des Etats membres dans les domaines économique, social, culturel et militaire. Concernant ce dernier volet, en 1984, les six pays membres ont créé une force commune d’intervention appelée «Bouclier de la péninsule».

Avec l’Occident, à leur tête les Etats-Unis, ils ont soutenu l’Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran. Et ce, par souci d’affaiblir Téhéran qui constituait un danger pour ces monarchies. Aujourd’hui, le Qatar exploite conjointement avec la République islamique un vaste champ gazier offshore. De son côté, le sultanat d’Oman partage avec l’Iran la surveillance du détroit d’Ormuz. Comme il se méfie des ambitions hégémoniques dans la région.

Amnay idir  / el Watan  16.12.2018

LE QATAR ISOLÉ POUR SON IMPLICATION DANS LE TERRORISME

 08-06-2017 10:17 AM
Le Qatar isolé pour son implication dans le terrorisme

L’Arabie saoudite, l’Égypte, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont tour à tour annoncé lundi 5 juin la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de «soutien au terrorisme», y compris al-Qaïda, le groupe État islamique et les Frères musulmans.
Cette rupture des relations diplomatiques isole le Qatar non seulement diplomatiquement, mais aussi géographiquement. Le Qatar est une péninsule dont la seule frontière terrestre est avec l’Arabie saoudite. Mais, à plus long terme, c’est la grande base américaine implantée au Qatar qui pourrait être concernée. Les Emirats qui accueillent déjà une base française ne seraient pas mécontents de voir la base américaine déménager chez eux.
Le Qatar accueille toujours des dirigeants de premier plan des Frères musulmans, confrérie classée «terroriste» en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, comme Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l’un de ses chefs spirituels. L’ancien dirigeant du Hamas palestinien, Khaled Mechaal, est également basé au Qatar, et les talibans afghans y disposent d’un bureau.
En 2010, une note diplomatique américaine, dévoilée par Wikileaks, qualifie le Qatar de «pire dans la région» en ce qui concerne la coopération avec Washington pour tarir le financement des groupes extrémistes. Ce pays a une approche «largement passive» et ses services de sécurité «ont été hésitants à agir contre des terroristes connus», de peur d’apparaître trop proches des États-Unis, poursuit cette note datant de 2009. Après l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris en janvier 2015, plusieurs responsables politiques français pointent du doigt la diplomatie de ce grand allié.
Fondée, il y a plus de 20 ans par le gouvernement du Qatar, la chaîne de télévision Al-Jazeera, qui dispose de près de 80 bureaux à travers le monde et diffuse dans plusieurs langues, a été la caisse de résonance des mouvements du Printemps arabe.
Mais ses détracteurs jugent sa ligne éditoriale trop favorable aux islamistes, y voyant parfois un outil au service de la diplomatie du Qatar. En 2014, trois de ses journalistes en Égypte sont condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir «falsifié des informations» en soutien aux partisans du président islamiste Morsi.
En avril 2016, les autorités irakiennes ferment le bureau d’Al-Jazeera à Bagdad en raison d’une couverture jugée favorable au groupe djihadiste sunnite État islamique (EI) et hostile à la majorité chiite d’Irak.
Dans le passé, la chaîne avait déjà eu des démêlés avec les régimes arabes qu’elle irritait par sa couverture souvent jugée impertinente ou orientée, et Washington l’avait présentée comme un porte-parole des groupes extrémistes. D’autant que l’ancien chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, lui réservait l’essentiel de ses messages.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *