Remarquable Ethiopie

28.06.2020

par Hatem Youcef

Jadis, notoirement et tristement accolée à la pauvreté et la famine, l’Ethiopie rime, désormais, avec des faits autrement remarquables. Il y a bien-sûr la ville d’Addis-Abeba qui est surtout connue pour être la capitale de l’OUA, depuis 1963 grâce à l’exploit diplomatique de l’Empereur éthiopien Haïlé Sélassié qui avait réussi à mettre d’accord les ex-colonies françaises et britanniques. Il y a cet autre remarquable Ethiopien, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, qui s’est fait remarquer dans le sillage de la pandémie de Covid-19 qui a hissé et l’Organisation mondiale de la santé et son directeur général, aux devants de la scène mondiale.
Il y a aussi un certain Abiy Ahmed Ali, le tout jeune Premier ministre, depuis 2018, désigné, tour à tour, Africain de l’année en 2018, personnalité de l’année en 2019, etc. Il n’a pas cessé de collectionner toutes sortes de prix dont le dernier est le prix Nobel de la paix, pour avoir mis fin à une guerre vieille de vingt ans, entre son pays et l’Erythrée. Ni les prix ni la réputation de cet homme politique ne sont usurpés à preuve ce que d’aucuns appellent le miracle économique éthiopien qui a vu le pays se doter d’une
ligne de chemins de fer sur une distance de 391 km avec 12 tunnels, 48 ponts et 10 stations. La compagnie aérienne éthiopienne dessert pas moins de 83 destinations internationales et envoie ses avions-cargos vers 24 villes à travers le monde. Depuis un an, l’espace abrite un satellite éthiopien venu s’ajouter à ceux d’autres géants d’Afrique.

Pour ses besoins en électricité, le pays s’est lancé dans la construction de barrages hydroélectriques qui pourraient également satisfaire les besoins de certains pays africains. Le GERD (Grand Ethiopian Renaissance Dam) est assurément la plus grande réalisation éthiopienne et celle qui a fait remarquer ce pays le plus, ces derniers temps. Inauguré en 2011 sur les bords du Nil Bleu, ce barrage est devenu synonyme de la grandeur de l’Ethiopie et de sa fermeté. En plus de produire 5.520 mégawatts d’électricité, le GERD redistribue les eaux du Nil et redéfinit les rôles pour les pays riverains en dotant l’Ethiopie d’un rang géopolitique signifiant. Last but not least, le 29 juillet 2019 ; l’Ethiopie réussit à planter quelque 353 millions d’arbres en 12 heures seulement pour se prémunir contre la déforestation et l’aridité qui font le lit de la famine.

Bolé, nouveau quartier d’affaires d’ “Addis”

Même enclavée, l’Ethiopie a réussi à se décloisonner mieux que nombreux pays qui ont accès à la mer. Même si le pays est multiconfessionnel, même si les linguistes peuvent y trouver un ‘paradis’ avec pas moins de 90 langues, un trésor pour les ethnologues qui peuvent y découvrir plusieurs ethnies à l’instar d’autres pays d’Afrique, l’Ethiopie est devenue remarquable à plus d’un titre. Criant jadis famine, l’Ethiopie est désormais une puissance économique et politique avec laquelle il faut compter en Afrique. Remarquable Ethiopie !


28.06.2020

  Barrage sur le Nil : L’Ethiopie maintient son calendrier et l’UA s’implique


Barrage sur le Nil L’Ethiopie maintient son calendrier et l’UA s’implique

L’Egypte, qui considère ce projet comme une menace «existentielle», a appelé le Conseil de sécurité à intervenir. Une nouvelle réunion doit avoir lieu demain. Vendredi, les dirigeants des trois pays se sont entretenus, lors d’une visioconférence, présidée par le chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’UA.L’Ethiopie a indiqué, hier, qu’elle entendait commencer à remplir le réservoir de son gigantesque barrage sur le Nil «dans les deux prochaines semaines», tout en s’engageant à essayer de conclure un accord définitif avec l’Egypte et le Soudan pendant cette période, sous l’égide de l’Union africaine. Le communiqué publié hier matin par le bureau du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed vient contredire en partie les déclarations vendredi soir des dirigeants égyptien et soudanais assurant que l’Ethiopie avait accepté de surseoir à la mise en eau de son barrage jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé.

                                                    L’Ethiopie est résolue à remplir le barrage bientôt

Le Grand barrage de la Renaissance (Gerd), qui doit devenir le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, avec une capacité de production de plus de 6.000 mégawatts, est source de vives tensions régionales. Si l’Ethiopie voit le barrage de 145 mètres de haut comme essentiel à son développement et à son électrification, le Soudan et l’Egypte craignent qu’il ne restreigne leur accès à l’eau. L’Egypte, qui considère ce projet comme une menace «existentielle», a appelé la semaine dernière le Conseil de sécurité à intervenir. Une nouvelle réunion du Conseil doit avoir lieu demain.

Vendredi, les dirigeants des trois pays se sont entretenus lors d’une visio conférence organisée et présidée par le chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine. Dans la soirée, les services du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi faisaient état d’un «accord final légalement contraignant et visant à prévenir toute action unilatérale, y compris la mise en eau du barrage». Même tonalité du côté de Khartoum, où selon le Premier ministre Abdallah Hamdok, il a été «convenu que la mise en eau du barrage serait reportée jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé».
Mais dans un communiqué hier matin, Addis Abeba ne mentionne pas de report en tant que tel et semble s’en tenir à son calendrier tout en se disant prêt à poursuivre les discussions en vue d’un accord définitif.

«L’Ethiopie a prévu de commencer à remplir le Gerd d’ici deux semaines, pendant lesquelles les travaux de construction se poursuivront. C’est au cours de cette période que les trois pays se sont accordés à trouver un accord final sur les quelques questions encore en suspens», indique le communiqué éthiopien. Des discussions tripartites sur la mise en service et la gestion du barrage avaient repris plus tôt en juin, les principaux points achoppement demeurant le fonctionnement de l’installation en période de sécheresse et les mécanismes de résolution des éventuels différends.

L’Ethiopie s’est montrée réticente à l’implication de parties tierces dans le processus, notamment après la tentative de médiation de l’administration américaine, à la demande de l’Egypte, qui s’est soldée en février par un échec, Addis Abeba accusant notamment les Etats-Unis de favoriser l’Egypte. Le gouvernement d’Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a également critiqué l’Egypte pour avoir détaillé ses griefs dans une lettre transmise en mai au Conseil de sécurité des Nations unies, une démarche qualifiée de tentative «d’exercer des pressions diplomatiques externes». Dans son communiqué, hier, Addis Abeba s’est félicité de l’implication de l’Union africaine dans le dossier, réaffirmant que «les questions africaines doivent trouver des solutions africaines».

Vendredi, les autorités soudanaises ont précisé que les comités techniques des trois pays tenteraient de trouver un accord définitif dans les deux semaines. «La reprise des discussions techniques tripartites sur le remplissage et les règles de gestion du Gerd, ainsi que l’implication de l’Union africaine, sont des développements plus que bienvenus», a estimé William Davison, de l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group. Le chercheur a estimé «opportun que l’UA facilite désormais les discussions» et ajouté que les Nations unies ne devraient prendre le relais qu’en dernier recours.

Le Nil, qui coule sur quelque 6.000 km, est une source d’approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d’Afrique de l’Est. L’Egypte tire 97% de ses besoins en eau de ce fleuve.


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