Tahya El-Jazaïr résonnera toujours dans le ciel d’Oran, et subséquemment dans les autres cieux !

 

Par le Pr BADDARI Kamel (*)

Le discours d’ouverture et de bienvenue du président de la République prononcé en quelques mots à l’occasion du cérémonial d’entame des Jeux méditerranéens d’Oran a été marqué par la locution Tahya El-Jazaïr entendue pour la première fois en de pareilles occasions. Tahya El-Jazaïr ne veut pas seulement dire « vive l’Algérie » comme il est commun de l’entendre. Cette soirée-là, elle a pris une tout autre symbolique, forte et profonde, caractéristique à un pays qui a recouvré sa liberté au prix d’un lourd sacrifice, qu’aucun peuple dans l’histoire de l’humanité n’en a sacrifié autant.

Elle rappelle à chacun qui a tendance à l’oublier que le pays dans sa construction est une ligne rouge à ne pas tenter de franchir. Habituellement, Tahya El-Jazaïr est chantée pour faire l’éloge des héros de la guerre de libération, criée à tue-tête par les prisonniers et les condamnés à mort lors de la guerre de libération. Elle est le préambule ou l’épilogue de discours… mais celle qui a été entendue cette soirée-là est inédite par son caractère instantané et par le sens véhiculé tout à la fois humanisant et instructif. Cette Tahya El-Jazaïr a un timbre particulier car elle n’était pas prévue dans le discours. Elle a vite questionné les mémoires et renforcé l’admiration et la reconnaissance pour celui qui l’a prononcée, en l’occurrence Abdelmadjid Tebboune, président de la République.

Elle est comme on dit sortie des entrailles, d’autant plus qu’elle a été ponctuée d’un geste d’une rare beauté : la tape de la main du Président sur la table du microphone, et le regard lucide et bienveillant. Cette soirée-là, l’écho de Tahya El-Jazaïr a dépassé l’espace multicolore du stade Mouloud-Hadefi d’Oran. Tahya El-Jazaïr résonne à la fois comme un rappel et une mise en garde dans les cieux des pessimistes et de ceux qui, par malheur, seraient tentés par l’aventure d’atteindre les fondements de la République.

Aimer son pays, sans compter !
Aimer son pays, c’est entre autres choses savoir ce qu’il a été, ce qu’il est et ce qu’il peut devenir, puis tendre vers l’idéal qui s’impose. Jacques Berque écrit à propos de l’Algérie : « Aucun parmi les peuples […] n’avait été plus profondément malaxé et détruit par l’Occident, et aucun n’a fourni contre l’Occident la lutte menée par le peuple algérien. » Combien de fois avons-nous entendu dire par certains qu’ils sont patriotes pour signifier qu’ils aiment leur pays. Si personne ne peut nier le patriotisme à une autre personne, ni à jouer le moraliste, aimer son pays ne relève pas de l’intention mais bien de la pratique de tous les jours.

Aimer son pays, c’est connaître son histoire, c’est participer à son épanouissement pour créer une communauté dans laquelle chaque habitant a tout ce dont il a besoin – abri, santé, paix, prospérité – et traité d’égal à égal à tous les égards. Aimer son pays, c’est une aventure de l’esprit et de la conscience pour qu’avant de lui demander quoi que ce soit, il faut s’interroger sur « ce que sont ses devoirs envers lui », et ce, malgré les difficultés qui, parfois, sont de nature à bloquer les élans pour des raisons diverses qu’il n’est pas opportun de relater ici dans cette contribution. Aimer son pays, c’est accomplir convenablement son travail, c’est se comporter comme un citoyen responsable et civilisé. Aimer son pays, c’est être un citoyen fier de ce qu’il est, respectueux des autres, accomplissant ses devoirs pour garantir ses droits. Aimer son pays, c’est savoir que nous sommes des citoyens avant d’être de telle ou telle région, de telle ou telle tribu, de tel ou tel parti politique, résident ou expatrié…Aimer son pays, c’est penser avec son empathie et à son humanité au lieu de nourrir les haines et les calomnies, et s’adonner à tout ce qui est clivant car on ne peut pas aimer sa patrie sans aimer ses concitoyens. Aimer son pays, c’est lui être utile en tout lieu et en toute circonstance. Les gouvernants doivent chercher le bonheur de chaque Algérien pris individuellement et non globalement, et d’avoir en vue la conscience de chacun à la recherche de compromis dans l’intérêt général. Aimer son pays, c’est être fier de parler en son nom et le représenter dignement à l’étranger. Aimer son pays, c’est y vivre, c’est côtoyer et comprendre ses difficultés. En disant cela, je sais que certains le considèrent comme une litanie ou comme l’expression d’un idéalisme ou d’un nationalisme béat. Libre à chacun de penser ce qu’il veut.

Tous les Algériens pensent ainsi, mais ne font pas le premier pas car ils n’y sont pas préparés. Tahya El-Jazaïr du Président Abdelmadjid Tebboune est un hymne à la joie en référence au poème qui célèbre l’idéal de l’unité et de la fraternité humaines. Tahya El-Jazaïr produit un effet que produit l’hymne national auprès de ceux qui sont mus par l’amour de la patrie. L’amour du pays se conjugue dans tous les temps. Il passe par l’unité et se concrétise par des actes simples qui montrent que nous sommes là pour faire vivre l’Algérie. Il faut donc bannir de l’esprit l’idée nihiliste qui tend à faire croire que « l’essentiel est que seule la famille me regarde, le reste ne m’intéresse pas » ; car on ne peut pas être heureux sans les autres, sans un pays épanoui… Il faut chercher à aider, et sauter sur un appel d’une association pour donner du temps aux nécessiteux. Il ne faut pas tenir pour acquis les droits avant d’accomplir ses devoirs, même s’ils sont décrits dans la Constitution. Il faut reconnaître la nécessité de payer sa juste part d’impôts en sachant qu’ils servent à l’acquisition d’infrastructures et aux services communs. Enfin, il faut savoir que l’amour pour la patrie ne se décrète pas. Il se construit. Chacun de sa brique, il participe au renforcement de l’édifice de la Nation Algérie. Le rôle des partis politiques dans cette édification est infiniment grand.

Aimer son pays, c’est ne pas détester les autres ?
Nous vivons dans un monde où tout est à la portée de la main grâce à la révolution de l’informatique. Un pays, c’est un peuple. Détester un pays voudrait dire détester tout un peuple. C’est ridicule, car on peut avoir des ressentis de ce genre mais pas au point de les généraliser. En Algérie, il ne faut jamais oublier que nous sommes des hommes et des femmes, avec nos défauts et nos qualités. Beaucoup de pays nous aiment et nous devons les aimer, nous respectent et nous devons également les respecter, et, certains, nous détestent mais nous devons pardonner leur ignorance car l’Algérie est un pays impossible à détester. Il faut penser à l’amour de l’Algérie de la même manière que vous aimez vos parents, vos enfants, vos fratries… et rejeter les idées préjudiciables aux autres. Montesquieu disait à ce propos que « si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier » (Montesquieu, Mes pensées, œuvres complètes). Cependant, ne pas aimer un pays, c’est ne pas forcément le détester. L’essentiel « c’est ne pas se tromper », telle est la règle en politique.

Conclusion
Il faut aimer l’Algérie car elle a été à différentes étapes de l’Histoire, de Massinissa à Abdelkader, un vainqueur des tyrans, une boussole des révolutionnaires et un phare pour tous ceux et toutes celles en quête de liberté et d’espoir. Aimer l’Algérie est un témoignage d’affection et de reconnaissance pour la culture, l’histoire, la langue, les conditions matérielles qu’elle nous offre. Aimer l’Algérie, c’est renforcer le sentiment d’appartenance à une même communauté. Aimer l’Algérie, c’est être prêt à donner sa vie pour la défendre. Aimer l’Algérie, c’est comprendre que c’est autour d’elle que se consolide l’unité nationale.

Il faut aimer l’Algérie et aimer ses enfants, ses jeunes, ses travailleurs, ses imams, ses politiciens, ses enseignants, ses chercheurs, ses professeurs sans distinction, ses médecins, ses sportifs, ses artistes, ses écrivains… Il faut glorifier son armée et ses forces de l’ordre. Il faut être fier et n’avoir pas peur d’affronter des problèmes et travailler à les résoudre. Il faut répandre des sentiments positifs, de l’optimisme. C’est là le sens de Tahya El-Jazaïr de Abdelmadjid Tebboune prononcée en cette mémorable cérémonie d’ouverture des Jeux méditerranéens d’Oran. J’aime mon pays parce que je ne serais pas vivant ou citoyen algérien à part entière sans le sacrifice de nos valeureux Chouhadas qui ont sacrifié leurs vies pour que Tahya El-Jazaïr.

B. K.
(*)Professeur des Universités
Université Mohamed-Boudiaf – M’sila
Courriel : [email protected]


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