MON TOP 15 DES LIVRES 2022 (LANGUE FRANCAISE)

     par Belkacem Ahcene-Djaballah 

                                                       Livres

1. Lakhdar Bentobbal. Mémoires de l’intérieur. Récit mémoriel par Daho Djerbal. Chihab Editions, Alger 2021, 399 pages, 1200 dinars

On aimera ou ou n’aimera pas… Mais on ne ne peut que respecter et saluer le travail d’enregistrement, de recherche, de transcription et de rédaction effectué par Daho Djerbal. Un travail qui a commencé fin décembre 1980 et achevé en juillet 1986. Un travail à chaque fois soumis à l’appréciation critique de Bentobbal.

Les Auteurs : Daho Djerbal: Maître de conférences en histoire contemporaine (Université d’Alger). Directeur de la revue «Naqd», depuis 1993. Plusieurs travaux en histoire économique et sociale… Et, il s’oriente vers le recueil de témoignages d’acteurs de la guerre de libération nationale.

-Lakhdar Bentobbal (8 janvier 1923-21 août 2010: originaire de Mila, militant de la lutte d’indépendance dès l’âge de 15 ans, membre du Ppa dès 1940, membre du Groupe des «22», Chef de la wilaya II, ministre de l’Intérieur du Gpra, un des négociateurs des Accords d’Evian.

Avis : Enfin, une approche (universitaire donc assurément scientifique) de l’écriture de l’histoire de la guerre de libération nationale… une écriture algérienne, en ce sens qu’elle va à la rencontre des acteurs algériens, d’abord du Mouvement national, ensuite du Fln et de l’Aln. Ici, certes, les «Mémoires» d’un acteur incontournable – personnage central de la guerre, homme d’action, homme de terrain, engagé, habité par la cause, à la vie spartiate – mais un matériau (une sorte de recueil de souvenirs et de «confidences», et selon l’auteur la «traduction la plus fidèle et la plus exacte possible de la pensée et de l’action de S. L. Bentobbal sans aucune adjonction dans le texte initial, et sans interprétation» (p 7, Avertissement)), lequel a été soumis aux mêmes règles méthodologiques de distance critique appliquées au document écrit.

2. Les vertueux. Roman de Yasmina Khadra, Casbah Editions, Alger 2022, 541 pages, 1500 dinars

Après Kaboul, Tel-Aviv, Baghdad, Rio Salado (El Mallah), Tripoli, Tanger, Paris, Molenbeek, La Havane, Blida, Ciudad Juarez… l’auteur nous ramène cette fois-ci (enfin !) au pays. Avec même un retour en force à Oran et… à Kenadsa. Au pays, mais durant la période coloniale, celle peut-être la moins connue mais peut-être la plus sombre de notre histoire, celle de la dépossession des terres et d’un apartheid ne disant pas son nom. Voilà donc un retour réussi aux sources après avoir été «accusé» (par ses éternels contempteurs et autres «envieux» de son talent et de sa franchise) d’éloignement du pays et d’on ne sait quoi d’autre.

L’Auteur : Né en janvier 1955 à Kenadsa, élève de l’Ecole des cadets de la Révolution, ancien officier de l’Armée nationale populaire, Yasmina Khadra, de son vrai nom Moulessehoul Mohammed, est, aujourd’hui, un écrivain très connu. Lu dans des dizaines de pays, il est traduit en près de 50 langues.

Avis :Un roman «pas comme les autres». Toujours une écriture directe, rapide et limpide. Se lit d’un seul trait malgré quelques longueurs réflexives, philosophiques et/ou moralisatrices ou… des raccourcis qui vous donnent un récit, certes homogène, mais chargé de plusieurs (més-)aventures, de plusieurs histoires.

3. Algérie 1962. Une histoire populaire. Essai de Malika Rahal, Editions Barzakh, Alger 2022, 493 pages, 1500 dinars

On avait l’habitude de ne trouver dans nos librairies que des ouvrages (mémoires ou essais ou récits…) présentant la colonisation et ses effets néfastes ainsi que la lutte de libération nationale sur des périodes assez vastes, et liés directement et quasi-complètement aux combats. Le dernier ouvrage de Malika Rahal s’est concentré sur à la seule année 1962 , aux journées liées au «cessez-le-feu», aux mois annonçant l’Indépendance du pays, au 5 juillet… et ce qui a immédiatement suivi… tout particulièrement au niveau des populations celle des villes , celle des campagnes, les réfugiés et leurs retours, le départ précipité des «pieds-noirs»…

L’Auteure : Née en 1974, agrégée d’histoire, spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie, chargée de recherche au Cnrs (France).

Avis : Un livre qui se lit d’un seul trait (bien que surchargé de détails… tous aussi intéressants les uns que les autres)… Un roman de (re-)découvertes -pour les sexa et plus- de moments extraordinaires de notre Histoire.

4. Au vent mauvais. Roman de Kaouther Adimi, Editions Barzakh, Alger 2022,280 pages, 1 000 dinars

Il y a un village perdu quelque part en Algérie, El Zahra.

Nous sommes en 1922 et il y a trois gamins : Tarek, Saïd et Leïla qui s’amusent et grandissent ensemble… les deux premiers frères de lait (tous deux nourris au sein de Safia, une nourrice)… mais les deux déjà secrètement amoureux de Leïla. A travers les destins croisés de trois personnages, Kaouther Adimi dresse une grande fresque de l’Algérie, sur plus de sept décennies : l’occupation coloniale, mai 45, la guerre de libération nationale, le tournage de La Bataille d’Alger et le coup d’Etat du 19 juin 1965, le (Festival) Panaf 1969, les débuts de la décennie rouge, l’assassinat de Mohamed Boudiaf… Une belle histoire d’amour du fond d’Histoire !

L’Auteure : Née en 1986 à Alger. Etudes de littérature.Vit et travaille à Paris. Déjà auteur de quatre romans dont le remarquable «Nos richesses» (Prix Renaudot des Lycéens, Prix du Style et Prix Beur Fm, en 2017) et «Les Petits de Décembre» (2019).

Avis : Un rythme d’écriture très rapide. Affolant même. Certainement pour éviter tout «remplisssage» pratiqué par bien de nos romanciers. C’est ce qui donne à son «Histoire» de l’Algérie, à partir des années 20 et jusqu’au début des années 90, une grande épaisseur.

5. Une saga algéroise. Sur le fil du rasoir. Roman de Mohamed Ifticène. Editions Frantz Fanon, Alger 2022, 399 pages, 1200 dinars

Voilà un hasard qui fait très bien les choses… littéraires. Au départ, confiait l’auteur à la presse, il y avait un scénario. (…). Le scénario est transformé en… livre… et un jour, peut-être, en film («peut-être avec l’étranger car il y a plus de moyens»). Le contenu ? Presque en souvenir d’un vécu à Alger, de la vie à Alger… à l’époque de la colonisation… et juste après.

L’Auteur : Né en 1943 à Bir-Djebah en Haute Casbah (Alger). Réalisateur et scénariste de cinéma… et enseignant en audiovisuel. Etudes à Alger (Institut national du cinéma) et en Pologne (Lodz). Une vingtaine de films (fiction) à son actif et autant de documentaires. C’est là son premier roman.

Avis : Passionnant. Une fin d’ouvrage un peu trop «accélérée». Il est vrai que l’écriture cinématographique prend souvent le dessus chez l’auteur. Mille et une vérités. Vivement une ou plusieurs suites….

6. Le tour du monde d’un jeune Algérien. Notes de voyage de Soumati Karim (Préface du Pr Nacib Youssef). Necib Editions, Alger 2021, 1200 dinars

Il avait 23 ans en 1969. Il va sac au dos parcourir une bonne partie du monde… avec un petit drapeau national cousu, un tout petit capital d’anglais, une aide lointaine de son grand frère étudiant en Europe, des copains à l’écoute à Alger même (d’autant qu’à l’époque la poste fonctionnait très bien… le courrier et les cartes arrivant certes en retard mais toujours à bon port, même au (du) bout du monde), une grosse dose de volonté et de curiosité… et de la santé.

L’Auteur : Fils de chahid, membre d’une famille nombreuse, des études secondaires interrompues et un emploi dans une banque. 18 juillet 1969, ayant obtenu une «Autorisation de sortie du territoire national» (Astn), il part faire son tour du monde : Europe, Asie, Océanie, Amérique… Au Canada, il décroche un diplôme de pilote d’avion (bimoteurs)… 12 novembre 1972, retour en Algérie et, après des études en Ecosse, avec Air Algérie, il réalise son rêve, pilote de ligne. Retraite en août 2005.

Avis : «Un survol historico-ethnographique remarquable sur les cultures des nations traversées» (Y.Nacib, préface). Mais aussi un modèle de réussite… «sur le tas», «sur le terrain»… basée sur l’effort, la volonté de réussir, l’ouverture d’esprit, le savoir cueilli partout et avec tous, la curiosité intellectuelle, le courage…

7. Les vies (multiples) d’Adam. Roman de Lamine Benallou. Editions Frantz Fanon, Alger 2022, 359 pages, 1 000 dinars

Adam (appréciez le prénom qui est déjà annonciateur d’un récit qui va nous entraîner loin, très loin dans le passé) mène une vie paisible, en banlieue tranquille d’une ville de l’Ouest algérien, se perdant vertigineusement et sans passion dans son monde. Avec une vie de couple sans problèmes – trente ans de vie commune – où la grande affection (de l’amour bonifié par le temps qui passe). Hélas, son épouse adorée et respectée, Amina, décède brusquement… Et, tout bascule et puisque tout perd son sens à ses yeux (d’autant qu’il découvre par hasard certains secrets cachés de la vie intime et «d’ailleurs» de sa «moitié»), il se laisse aller en se résolvant à se contenter de ce que lui offrent les mains paresseuses du destin. Puis, il rencontre, de manière inopinée, Don Pablo, «Erroumi».

L’Auteur : Né à Oran, vivant depuis une trentaine d’années en Espagne. Ecrivain et enseignant de linguistique et de littérature espagnoles. Auteur de plusieurs ouvrages.

Avis : Un héros étrange, des personnages étranges et un récit à la présentation étrange mêlant la réalité, la fiction, le rêve. On ne sait pas. Un texte en grande partie de haute tenue littéraire… et philosophique.

8. Dictionnaire de poche. Citations algériennes. Recueil de Belkacem Ahcene-Djaballah.Editions El Qobia, Alger 2021, 1200 dinars

L’objet d’un recueil de citations dépend de l’idée qu’on se fait de son usage. Pour l’auteur, il s’agissait de produire un outil d’aide au travail de réflexion de tout un chacun, de l’écolier à l’étudiant et à l’instit’ et le prof’ et, pourquoi pas, aux écrivains, aux journalistes, aux fonctionnaires et aux politiciens, mais aussi de montrer et de démontrer que la création et la pensée littéraire algériennes, c’est-à-dire produites en Algérie, par des éditeurs algériens, celles d’hier et celles d’aujourd’hui.

L’Auteur : Docteur en Sciences de l’Information. Ancien professeur -associé des Universités (communication et journalisme), journaliste indépendant et (à l’occasion) consultant en communication.

Avis :Très utile pour savoir ce que disent, écrivent et pensent nos femmes et hommes de lettres, de presse et de politique. Et, surtout pour ne plus (trop) recourir à «l’étranger» (européen, américain ou chinois ou arabe)… qui a, bien sûr sa place dans nos recherches, notre culture et nos propos quotidiens, mais pas de manière majoritaire et dominatrice.

9. Maison Atlas. Roman d’Alice Kaplan (traduit de l’américain). Editions Barzakh, Alger 2022, 367 pages, 1000 dinars

J’avais déjà lu et apprécié son ouvrage sur Camus (voir plus bas) mais je ne l’ai vraiment découverte qu’à la sortie, d’abord en France, de son ouvrage «Maison Atlas» lorsque, reçue sur le plateau d’Arte : «28 minutes», elle avait d’emblée -face à une question insidieuse – mis les «points sur les i»- prenant la défense de la lutte de libération nationale et de l’image de l’Algérie contemporaine.

L’histoire ? A la recherche de ses racines !

Années 90. Bordeaux (France).

Années 90. Alger, la décennie noire.

L’Auteure : Phd en littérature française de l’Université de Yale (Etats-Unis), enseignante, écrivaine et chercheuse. Des travaux portant sur l’autobiographie, les mémoires, la théorie de la traduction, la littérature de langue française du XXe siècle.

Avis : Un «récit-roman» émouvant, qui se lit d’un trait… afin d’arriver très vite au dénouement. Une histoire romancée mais en bonne partie réelle car, semble-t-il, basée sur une recherche in situ sur le destin de la communauté juive algéro-berbère et les destinées de ses membres… avec, pour beaucoup d’entre eux, une «algérianité» incontestable.

10. La plus secrète mémoire des hommes. Roman de Mohamed Mbougar Sarr. Editions Barzakh, Alger 2022, 462 pages, 1 300 dinars.

Dès l’ouverture, le roman est dédié à Yambo Ouologuem, l’écrivain malien, Prix Renaudot 1968, dont le roman (plutôt un essai politique) fut suivi d’une polémique ayant duré longtemps et avait marqué les esprits de tous ceux qui luttaient contre le colonialisme des terres et des esprits africains. Un écrivain-essayiste lumineux (à l’image de notre Fanon national) que, certainement, Mbougar Sarr admire et chercherait peut-être même, non à imiter mais à prendre pour exemple. Au grand dépit des partisans de la «Françafrique».

L’Auteur : Né en 1990 au Sénégal et vivant en France. Déjà trois romans (en 2015, 2017 et 2018). Ce roman a obtenu le Prix Goncourt en novembre 2021

Avis : Un récit à plusieurs queues et plusieurs têtes et qui torture à l’image ce que ressentent les intellectuels (et écrivains et artistes) africains en exil(s). De l’écriture très, très, très recherchée, et c’est ce qui a peut-être plu aux jurés du Goncourt à la recherche de sensations littéraires nouvelles, à la recherche du neuf et de l’original, souhaitant sortir des sentiers battus parisianistes … et de faire pardonner ou oublier les dérives de leurs «politiques». Sans doute, l’actualité politique africaine a dû peser sur le choix… pour prouver qu’en Occident, en France tout particulièrement, on a encore «l’Afrique au cœur». La littérature africaine enfin reconnue ? Pas si sûr ! En petite partie !

11. Minuit à Alger. Roman de Nihed El-Alia. Barzakh Editions, Alger 2022, 242 pages, 800 dinars

Réaliste ? Surréaliste ? Le nouveau roman est en train d’arriver… avec «Minuit à Alger», un titre qui, à lui seul est tout un programme. On a eu, par le passé, quelques rares ouvrages (dont «Cœur de métal», de Micha, Dalimen 2013 et «Alger, quand la ville dort», ouvrage collectif, Barzakh 2010…) décortiquant la Capitale de nuit, mais jamais dans ses profondeurs. C’est, désormais, fait.

L’histoire ? Le journal de bord d’une jeune fille ( ?) encore en fleurs, belle, sexy et rebelle (n’ayant aucun souci financier et matériel), faussement superficielle et totalement déjantée, qui brûle sa vie, de préférence de nuit, entre Alger et Paris, en compagnie de la «jeunesse» dorée algéroise et en des endroits réputés, aux prix inabordables, donc peu connus du citoyen lambda.

L’Auteure : Pseudonyme. Née à Alger en 1940. Premier roman

Avis : Vie excessivement romancée ou roman réellement vécu ? On ne sait. Peut-être les deux. Les «très fo-folles nuits d’Alger» ? En tout cas, un petit «pavé» qui brille bien plus par ce qui est raconté que par le style avec lequel la vie est racontée.

12. M’hamed Issiakhem. Ma main au feu… Portrait à l’encre. Essai de Benamar Médiène. Casbah Editions, Alger 2022, 335 pages, 1 500 dinars

«Avec Issiakhem, le contrat était clair : on parle, on n’interroge pas» (B.Médiène, p 205). C’est ce qui fait un peu ou beaucoup, la trame de l’ouvrage dans lequel l’auteur, proche et ami de l’artiste et faisant partie depuis bien longtemps des proches et même des intimes, s’est contenté d’écouter et d’analyser aussi bien le personnage et surtout ses œuvres, car c’est à travers les créations artistiques que la vie et les sentiments d’Issiakhem ont été les plus perceptibles… visibles. C’est, aussi, à travers l’histoire de la vie du maître que la peinture universelle et algérienne nous est présentée, avec des échappées montrant la vie culturelle, intellectuelle et médiatique du pays.

Mais qui est donc M’hamed Issiakhem, cet artiste iconique dont les œuvres sont parmi les plus recherchées… en Algérie et à l’étranger ?

L’Auteur : Docteur habilité en sociologie et histoire de l’art, il a enseigné aux Universités d’Oran et d’Aix-en-Provence. Auteur de plusieurs ouvrages dont «Kateb Yacine, le cœur entre les dents»

Avis : Toute la vérité, rien que la vérité en une écriture étourdissante de maîtrise et d’émotion… pour une lecture qui met le feu au cœur du lecteur. Un livre-clé pour bien, plus et mieux, connaître M’hamed Issiakhem et son œuvre et se plonger dans l’univers encore bien mystérieux pour les Algériens, nos élites y compris, de la peinture nationale.

13. Le sein de ma mère. Récit autobiographique (Livre I : 1943-1963) de Slimane Benaissa. Editions Dalimen, Alger 2022, 356 pages, 1 400 dinars

Ce n’est que le premier livre d’une série (annoncée) de quatre et déjà, le lecteur est pris par un récit qui nous plonge dans la vie «d’avant»… celle habituellement assez vite oubliée par les descendants mais, en fait, toujours là, car ayant sinon modelé du moins influencé nos comportements actuels.

Slimane Benaissa, pour sa part, pour ne pas changer, ne prend pas de gants pour raconter sa famille, son enfance et sa prime jeunesse.

Mère Chaouia, père Mozabite, Slimane est né à Guelma, étudiera à Constantine puis à Bône (aujourd’hui Annaba). Il décrit dans ses moindres détails la vie du quartier, ses voisins juifs et chrétiens, celle de la ville, son entrée en religion, la grève des 8 jours de 1957 à Guelma, l’humour «hors magasin» de son père, son éveil sexuel, puis l’indépendance du pays et son entrée dans le théâtre (à Annaba)… toujours de manière détaillée et avec humour.

L’Auteur : Docteur honoris causa de l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales)-Sorbonne le 23 novembre 2005, nommé membre du haut conseil de la francophonie par le président Jacques Chirac en 2000, lauréat du prix Société des auteurs et compositeurs dramatiques francophones (Sadc) en 1993, Slimane Benaissa est celui qui a créé, en 1978, la première compagnie indépendante de théâtre en Algérie. Il a été, aussi, directeur du théâtre régional de Annaba (1977) puis, en 1979, responsable du théâtre au ministère de l’Information et de la Culture (avec Reda Malek comme ministre).

En 2011, et à partir de mai, Slimane Benaissa présente son nouveau spectacle à grand succès, El Moudja Wellat (le retour de la vague) à travers l’Algérie. Un monologue qui se veut un double bilan sur la situation politique du pays, tout en chantant la liberté, le patriotisme, l’amour, l’immigration, le politique. «Un regard sur l’Algérie, région par région, période par période jusqu’à ce jour;…»

Avis : Facile à lire. Comme si vous étiez le spectateur unique d’une pièce de théâtre, le théâtre de la vie, de la vraie vie.

14. SKIKDA, FRAGMENTS DE MÉMOIRE (Tome II). Récit historique de Khider Ouhab, Elalmaia éditions et publicité, Skikda 2022, 165 pages, 800 dinars

Voilà un ouvrage qui est un récit historique (sans être un livre d’histoire). Voilà qui rend sa lecture plus que passionnante… tout en étant extrêmement émouvante. A en pleurer, surtout lorsque on égrène les noms, prénoms, surnoms et âges des victimes algériennes, massacrées par centaines par les parachutistes du 18ème Rcp dirigés par le sinistre Paul Aussaresses et les milices européennes dirigées par le maire de l’époque Banquet Crevaux et par Roger Revenu le directeur de la mine, par mesures de rétorsion contre le soulèvement populaire du 20 août 1955 (préparé, dit-on, depuis mai 1955).

Que de vies innocentes, d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards… fauchées, que de mechtas détruites, incendiées au napalm, que d’habitations dépouillées…

L’Auteur : Né à Sétif en 1962.

Journaliste (ancien correspondant d’El Watan) et écrivain. Auteur de plusieurs reportages -écrits et audiovisuels- culturels, patrimoniaux et mémoriels. Animateur d’ateliers de photographie (années 1990 et 2010). Organisateur de plusieurs salons nationaux de photographie. Première publication d’une série de quatre ouvrages: «Skikda, fragments de mémoire, tome I» (Lire plus bas)

15. Insularités. Roman de Ahcène Nadir Yacine. Editions Frantz Fanon, Alger 2022, 198 pages, 800 dinars

Un roman ? Plutôt des nouvelles, mais celles-ci éclatées. Aujourd’hui, hier, après. Des récits de vies de sept personnages qui paraissent assez perdus dans un monde en perpétuel mouvement. En exil ou en instance d’exil… ou entre les deux.

Mourad, Khaled, Riad, Reda, Kenza, Salah et Moussa… entre Montréal et Paris… le pays natal n’étant vécu qu’épisodiquement lors de l’enterrement d’un proche… ou après le retour d’une mission à l’étranger. Chacun paraît rechercher – tout en «fuyant» le pays natal – un idéal tout en sachant qu’il est inaccessible.

Dans leur exil intérieur, il y a une sorte de quête éperdue d’une autre destinée. Bref, une fuite en avant en vivant les moments présents.

L’Auteur : Né en Algérie en 1977. Architecte (depuis 2003), il vit et travaille en France. Il initie, aussi, les étudiants (Campus universitaire à Menton) à l’écriture. Premier roman

Avis : Un livre assez déconcertant tant par ce qu’il raconte comme histoires d’hommes et de femmes que par son style que l’on sent très (trop ?) recherché. Des récits de vie «éparpillés» mais surtout un exercice de style.

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