Un Français sur Trois a subi une perte de revenu depuis le début de la crise sanitaire

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Publié ce 30 septembre, le dernier baromètre Ipsos pour le Secours populaire français indique une inquiétante montée de la pauvreté et de la précarité depuis le début de la crise sanitaire. Le smic ne permet plus d’échapper à la pauvreté.

Un Français sur trois a subi une perte de revenu depuis le début de la crise sanitaire. C’est ce que révèle la quatorzième édition du baromètre Ipsos réalisé pour le Secours populaire (SPF) Baromètre Ipsos/SPF 2020 : la précarité depuis la Covid-19 sur la perception de la pauvreté par les Françaises et les Français publié ce 30 septembre.

Le dernier baromètre Ipsos pour le Secours populaire français indique une inquiétante montée de la pauvreté et de la précarité depuis le début de la crise sanitaire

Il met en lumière l’impact de la crise sanitaire sur la précarité en France. Selon ce baromètre, un Français sur trois a subi une perte de revenus depuis le confinement. Si les dispositifs d’activité partielle ont servi d’amortisseurs, 43 % assurent avoir perdu une partie de leurs revenus et 16 % qualifient cette perte d’« importante ». Des chiffres plus lourds encore pour les ouvriers (un tiers d’entre eux) et les personnes au bas de l’échelle des revenus (moins de 1 200 euros nets par mois) (pour près d’un quart).

Un tiers des personnes interrogées ne parvient que difficilement à boucler ses fins de mois, 18 % se disent systématiquement à découvert, et le Smic ne permet plus d’échapper à la pauvreté.

Une alimentation restreinte

Un quart des personnes interrogées disent être contraintes de restreindre leurs repas, et 14 % ne pas manger à tous les repas. Des chiffres qui atteignent 46 % et de 38 % en bas de l’échelle des revenus. 40 % se restreignent sur la qualité de leur alimentation (64 % des plus pauvres), les jeunes et les femmes étant les catégories les plus touchées.

De ce point de vue, le SPF rappelle que de début mars à mi-avril, il a dû assurer en urgence l’alimentation de 1,3 million de personnes et accueilli 45 % de personnes de plus qu’en période habituelle.

Peur de la pauvreté

Selon le sondage, la peur de basculer dans la pauvreté est en hausse de trois points par rapport à 2019près des deux tiers des Français ayant une personne proche en situation de pauvreté, « une situation qui ne s’améliore pas depuis au moins six ans », précise Ipsos.

81 % estiment que leurs enfants ont plus de risque de connaître la pauvreté.

Retard scolaire

Logements exigus, difficultés d’accès à internet (absence d’équipement ou d’abonnement)… : 44 % des parents d’enfants scolarisés pensent que leurs enfants ont pris du retard durant le confinement, un retard que 15 % estiment « irrattrapable ».

Solidarité

Cependant, le SPF a une raison de se réjouir : plus des deux tiers des personnes interrogées se disent prêtes à s’impliquer auprès des personnes confrontées à la pauvreté.


       Selon le rapport du défenseur des droits, la crise a exacerbé les inégalités

Rendu public le 8 juin, le rapport annuel du défenseur des droits pointe des inégalités criantes encore aggravées par le confinement. Le recul des services publics et les rapports tendus avec la police arrivent en tête des réclamations reçues par l’institution.

C’est un rapport qui arrive comme une triste confirmation. Dans son rapport annuel rendu public le 8 juin, le Défenseur des droits alerte sur « les inégalités sociales et territoriales, les reculs des services publics déjà à l’œuvre [qui] ont été exacerbés » avec l’épidémie de coronavirus.

Jacques Toubon, qui s’apprête à quitter l’autorité indépendante après six années à sa tête, pointe non seulement l’aggravation des inégalités pendant le confinement, mais aussi un climat de tensions entre police et population.

Une caisse d’enregistrement des violences policières

Suite à une année 2019 secouée par les manifestations récurrentes des « gilets jaunes », l’institution a enregistré un bond de quasiment 29 % des dossiers liés à la « déontologie de la sécurité », dont la majorité concerne l’action des forces de l’ordre. Des chiffres qui tombent mal dans un contexte où la police française est accusée de tolérer dans ces rangs une culture raciste et un usage de la force souvent démesuré.

Cela dit, sur les presque 2 000 contestations reçues, le Défenseur des droits a conclu à un « manquement » des agents dans seulement 10,7 % des cas. Mais il pointe « une crise de confiance des citoyens à l’égard des forces de sécurité » et appelle à « une prise de conscience des autorités » pour sortir des « logiques “guerrières” », une recommandation qui entre en résonance avec les récentes mobilisations contre les violences policières.

Le confinement a aggravé les inégalités sociales

Suite à la crise sanitaire et la période de confinement inédites, l’ancien ministre de Jacques Chirac, a assorti ce dernier rapport sur l’année 2019, d’une synthèse sur son action depuis mars 2020. Malgré une activité nécessairement ralentie, le Défenseur des droits a joué son rôle de « démineur des discriminations de la vie quotidienne » au plus fort de l’épidémie, assure M. Toubon.

Et de citer les appels à rouvrir les bureaux de poste et les guichets de demande d’asile, la nécessité d’adapter l’attestation de sortie aux handicapés ou à désengorger les prisons face aux virus.

Optimiste, il espère qu’après avoir rendu les inégalités « encore plus criantes », la « crise sanitaire (…) conduira à un meilleur accès aux droits ». Il y a du pain sur la planche : le Défenseur des droits a reçu 103 000 réclamations en 2019, soit 7,5 % de plus que l’année précédente. Les demandes ont même bondi de 40,3 % en seulement cinq ans.

Elles concernent surtout les relations avec les services publics — plus de 60 000 réclamations, en hausse de 10,4 % sur un an parmi lesquelles le « sentiment d’abandon » provoqué par « la fracture numérique et la dématérialisation à marche forcée » des services publics.


 

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