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La notion de Sécurité Nationale n’a jamais été autant utilisée pour protéger et développer les intérêts des pays dont certains sont allés en guerre au nom de sa défense.
Pour notre pays et de plus en plus, des hommes politiques se réfèrent à la notion de « Sécurité Nationale » pour exiger la prise de décisions ou pour s’opposer à des projets qu’ils considèrent comme susceptibles de la menacer. Dans le contexte actuel, la Sécurité Nationale qui a un caractère global et diversifié et dont les composantes essentielles reflètent la solidité de l’Etat et de ses prérogatives, est l’objet de menaces intérieures et extérieures que l’on examinera successivement en épinglant certains faits :
1) Sur le plan intérieur de la politique et de l’économie :
- Les acteurs de la « politique intérieure » qu’il s’agisse de ceux du Pouvoir en place ou de partis politiques formant des alliances ou en dehors de celles-ci, agiraient aux limites de ce qui est toléré par rapport aux exigences de la Sécurité Nationale. Les exemples qui ressortent de ce qu’on a appelé la politique « d’Ettawafak » ou du consensus, ont révélé certaines anomalies de nature à affaiblir l’invulnérabilité de ladite Sécurité dont notamment :
°° L’absence de vision globale homogène au niveau des Structures de l’Etat qui dans l’exercice de leurs prérogatives, donnent l’impression de servir plutôt des tendances partisanes,
°° S’ajoute à cette dernière l’éclatement des Départements Ministériels en cellules « d’influences partisanes » invisibles, fragmentant en réalité la prise de décisions administratives,
°° Les éléments précités ont eu pour effet de faire essouffler les Structures de l’Etat et d’éroder le pouvoir de ses dirigeants dans la mesure où plusieurs centres de décisions ont émergé et dont chacun se référerait à une certaine orientation partisane non avouée,
°° L’absence de transparence dans la mise en œuvre des Affaires de l’Etat qui devrait normalement répondre aux objectifs convenus, a démontré la non fiabilité de l’approche « d’Ettawafak » et entrainé des bouleversements dans l’Appareil de l’Etat censé fonctionner selon le principe de neutralité. Ceci a mis en danger, dans diverses circonstances, la stabilité du pays et par voie de conséquence sa Sécurité Nationale,
°° Le caractère conflictuel des récents rapports entre les composantes de l’Exécutif ont mis en évidence la nature non adaptée du Système politique prévu par la Constitution eu égard à la nécessité de faire refléter ,en toutes circonstances, l’Unité de l’Etat et la force de sa cohésion ; le dérèglement de l’appareil de l’Etat et son éclatement en gestation, ont créé des situations difficilement réparables dans la mesure où l’invulnérabilité du pays est exposée à de sérieux risques,
°° Les informations diffusées au sujet des dossiers des martyrs Belaïd etBrahmi relativement à des infiltrations partisanes des « Services de Sécurité » et de certains « départements ministériels » et autres structures techniques sont de nature à déstabiliser davantage notre Sécurité Nationale,
°° Les diverses actions devant la justice et la saisine du Conseil National de Sécurité d’affaires liées à la Sécurité Nationale ont suscité de nombreuses interrogations à l’intérieur et à l’extérieur car porteurs de signaux négatifs paralysant toute relance de l’activité économique.
Des solutions urgentes et tranchantes sont nécessaires pour arrêter ce dérapage et engager le processus de normalisation de la vie publique par la voie d’une « Justice indépendante »,
- Quant aux initiatives et programmes économiques arrêtés au prix de plusieurs mois de consultations à tous les niveaux, on pourrait, sans hésitation, parler aussi d’absence de vision globale même si certains Plans conjoncturels aient été établis. En effet :
°° Le chômage, y compris celui des diplômés, n’a pu être maîtrisé et les solutions qui ont été retenues sont partielles car conjoncturelles manquant de détermination politique tant la crédibilité de celle-ci était absente. Les Gouvernements successifs ont plutôt cherché des palliatifs aux crises apparues alors qu’il était plutôt nécessaire de dire l’amère vérité de la situation et d’agir en conséquence à moyen terme,
°°Il en est de même du Développement Régional dont les solutions apportées ne répondaient pas aux besoins spécifiques de chaque région entrainant un éparpillement des moyens sur l’ensemble du territoire ce qui n’a fait qu’exacerber les mécontentements lorsqu’il s’agit en plus de la pénurie d’eau, du manque des moyens de transport, de la carence de cadres de l’Education Nationale, de la Santé Publique ou de la pauvreté tout court,
°° La détermination de l’Etat à faire assurer l’extraction de certaines ressources minières et de gisements de pétrole – même en menaçant de recourir à l’usage de la force publique- n’a pas trouvé d’échos crédibles dans les régions concernées. Leurs habitants exprimaient leur mécontentement de ne pas voir le développement franchir le pas en leur direction. Il ne faut pas occulter dans ce cadre, les manipulations de certaines forces politiques ou d’affairistes véreux, cherchant une déstabilisation de la région et du pays pour maintenir le statuquo favorable à des opérations commerciales illicites notamment dans les secteurs du pétrole et des phosphates outre la poursuite de la contrebande aux frontières,
°° La problématique du commerce informel (plus de 50%) restera posée particulièrement pour le sud tant qu’une solution pour l’amélioration des conditions de vie des populations concernées n’est pas trouvée. L’investissement massif en infrastructures et en Zones franches, outre le développement de Centrales géantes du photovoltaïque dont la production est destinée aux besoins locaux ou à l’export, auraient été des facteurs importants de création d’emplois. Il y a une impérieuse nécessité de soustraire le sud du pays aux pressions et aux manipulations sécuritaires extérieures qui – à travers notre histoire récente- ont été et continuent d’être à l’origine de sérieuses préoccupations,
°° L’autre plaie de l’activité économique réside dans la pratique généralisée de la corruption dans la majeure partie des secteurs, pratique qui, non seulement handicape la croissance mais conjuguée au commerce informel, constitue une réelle menace pour la Sécurité Nationale dans la mesure où l’émergence de réseaux mafieux
organisés et coordonnés – flirtant avec des milieux terroristes, sapent les prérogatives de l’Etat et mettent sa crédibilité en danger.
°° D’autres données sont venues compliquer la conjoncture économique du fait de leur impact sur les conditions de vie de la quasi majorité des citoyens y compris de la classe moyenne. Il s’agit surtout du taux d’inflation (environ 7,5 % pour 2018), la non revalorisation des salaires des fonctionnaires de la Fonction Publique – salaires devant de toute urgence être harmonisés au niveau de celle- ci – ou de la détérioration du taux de change du dinar avec toutes les incidences sur le coût de très nombreux produits, outre la dérégulation des marchés des produits agricoles et maraîchers notamment. Il y a espoir de voir l’ensemble de ces problèmes examinés au Conseil National du Dialogue Social récemment crée ce qui éviterait de très nombreuses perturbations sectorielles.
- Carences ou défaillances de certaines Institutions :
°° Les « Instances » prévues par la Constitution de 2014 qui devaient être indépendantes à l’égard des Partis Politiques et du Pouvoir en place, n’ont pu remplir leur rôle ; leur carence ou leur inexistence, sont venues se greffer aux autres menaces à la Sécurité Nationale ; les perturbations observées au sein de l’ISIE ainsi que le non-respect des décisions de la HAICA, ont desservi les objectifs démocratiques proclamés outre l’insuffisance de moyens financiers ou l’orientation partisane dans le choix de leurs membres,
°° « L’Instance Vérité et Dignité » est perçue, par certains observateurs, comme un précédent négatif de la transition démocratique dans la mesure où elle se serait embarquée dans la sélectivité d’orientations ne répondant pas aux objectifs de la « Justice transitionnelle » provoquant la déception des attentes d’une majorité de tunisiens dont des catégories spécifiques de victimes d’injustices intolérables. Les scénarios que l’IVD a mis en place ne seraient pas –selon eux – conformes à l’Image que voulait se donner – à l’intérieur et à l’extérieur « la Révolution de la Liberté et de la Dignité ».
°° Enfin, le fait de n’avoir pas mis en place la « Cour Constitutionnelle » prévue par la Constitution de 2014 est révélateur du manque de volonté politique qui n’a fait que favoriser l’émergence de situations politiques conflictuelles au sein du pouvoir en place ce qui n’a pas manqué d’affaiblir la crédibilité et la stabilité du pays et sa Sécurité Nationale l’exposant, en conséquence, à de nombreuses interférences étrangères dans ses intérêts vitaux.
Les éléments inhérents au contexte intérieur précédemment ventilés et qui représentent de réelles menaces sur la Sécurité Nationale, ont été amplifiés par d’autres faits extérieurs venus interférer dans nos affaires intérieures d’où…
- II) L’impact d’autres faits extérieurs :
De nombreuses études politiques et de reportages ont mis en relief la compétition – parfois ostentatoire – de forces étrangères dans notre pays. Qu’il s’agisse du renseignement ou d’organismes se préoccupant -sous couvert de Société Civile- de l’orientation de l’opinion et de la « glorification du terrorisme » sous ses différentes facettes, y compris les préparatifs de jeunes désorientés à des tâches terroristes. Les Autorités tunisiennes chargées de veiller à la sécurité intérieure et extérieure ont maintenu une vigilance soutenue dans le traitement de tels faits assurant des succès notables.
Diverses composantes viennent compliquer la mission des Forces de sécurité intérieure et extérieure ; les observateurs énumèrent les suivantes :
1)L’affirmation souvent entendue de liens politiques d’appui de certains pays à des courants politiques tunisiens s’opposant sur la scène nationale a engrangé une déstabilisation des gouvernements successifs depuis 2014 et sabordé toute solution globale à long terme aux problèmes que vit le pays. De surcroît, la crise survenue entre les pays arabes du golfe à propos des relations de certains d’entre eux avec l’Iran, l’arrivée au pouvoir du Président Sissi en Egypte, les guerres en Syrie au Yémen et le blocus de Qatar, ont exacerbé l’évocation de certaines obédiences,
2) La détérioration de la situation en Libye et l’implication de nombreux courants extérieurs et intérieurs représentait une menace tangible à la Sécurité Nationale tunisienne imposant une vigilance accrue et à coûts élevés pour la protection de la bande frontalière. Cette situation qui s’est traduite par une détérioration de nos échanges commerciaux (autrefois plus de 3000 Milliards de DT à l’export) avec la Libye voisine, a favorisé des tentatives d’infiltration dont la plus connue est celle de l’attaque de Ben Guerdène repoussée avec une bravoure historique,
Les différentes initiatives menées au niveau maghrébin, onusien et euro- méditerranéen pour faire sortir les libyens de l’imbroglio dans lequel ils ont été mis, trouvent certaines difficultés pour parvenir à un accord de paix ; l’espoir resterait possible tant que le Dialogue se poursuit après la Conférence de Palerme de novembre 2018.
Les libyens devraient tirer les leçons des bouleversements catastrophiques survenus dans certains pays dont ceux – comme le caractérisent certains – du « printemps arabe » ; ils devraient autrement souffrir davantage et voir leurs ressources dilapidées.
En tout état de cause, des Puissances diverses tiennent en mains la paix et tant que leurs intérêts ne sont pas encore satisfaits, elles profitent de la présence de certains courants extrémistes à la solde de pays étrangers ayant intérêt au partage d’influence dans la commercialisation future du gaz et du pétrole libyens dans la mesure où les capacités de production du pays sont importantes pour l’équilibre du marché international. Il y a une forte probabilité d’association du règlement de la crise libyenne à celui de l’ensemble de la Région du Moyen – orient semble-t-il !
3) Diverses tentatives ont ciblé nos rapports avec l’Algérie, rapports dont la solidité remonte à l’histoire commune de libération outre des intérêts stratégiques et en particulier une lutte déterminée et coordonnée contre le terrorisme. Les observateurs ont relevé certaines interrogations de l’Algérie voisine sur des orientations politiques particulières comme sur nos relations avec l’OTAN ou une prétendue implantation de bases étrangères en Tunisie.
La sincère et fraternelle coopération entre les dirigeants des deux pays a permis de dissiper tout malentendu confirmant la solidarité inébranlable de leurs relations et en particulier leur lutte contre les menaces à leurs Sécurités Nationales respectives ; l’échange d’informations stratégiques permanent étant la règle.
4) Quant aux autres partenariats stratégiques :
Sans exclure ni ceux résultant de notre appartenance à l’UMA ni ceux représentatifs d’équilibres régionaux arabe et africain notamment, on est enclin, en toute objectivité, à nous appesantir sur le partenariat qui représente plus de 75% de nos échanges, à savoir celui avec l’Union Européenne.
Sans prétendre faire une évaluation de l’ensemble de nos rapports avec l’U.E., on essayera, compte tenu des négociations en cours de l’ALECA, de faire ressortir les paramètres de l’Accord précité qui sont susceptibles d’avoir un impact déstabilisateur sur notre pays.
Au préalable, l’on observe en toute transparence que les accords conclus avec l’U.E. en 1976 et 1995, ont favorisé – malgré certaines réserves – le développement de l’Economie Nationale et ont permis en trois décennies – toutes aides techniques et financières considérées – de positionner notre pays sur le marché international.
L’objectif de l’ALECA de libéralisation des échanges de tous biens et services est restrictif et atrophié car excluant la libre circulation des personnes qui est le paramètre essentiel des affaires, ce qui génère en conséquence un déséquilibre des concessions réciproques et qui ne sera pas en concordance avec l’approche de solidarité stratégique surtout à l’étape post 14 janvier.
Aussi et en toute circonstance, devrions – nous avancer les éléments ci-après :
- Le modèle démocratique tunisien en gestation est représentatif de valeurs partagées avec l’U.E.,
- Le déséquilibre structurel auquel est arrivée l’Economie Tunisienne devrait être perçu par l’U.E. comme une étape non appropriée à des engagements à long terme de surcroît non partagés ce qui n’a pas manqué d’inciter certains à s’interroger sur les raisons de l’insistance de l’UE à parvenir au « plus vite » à la conclusion de l’ALECA,
- La déstructuration d’organismes tunisiens dans la phase de la transition démocratique est inadéquate aux exigences communautaires d’un « alignement » notamment aux normes européennes,
- Les demandes de l’U.E. de libéralisation en particulier des secteurs agricoles, des services, des investissements, des marchés publics exigent une préparation tunisienne et une mise à niveau sectorielle à l’instar de ce qui a été fait dans les accords de 95 pour le secteur industriel et qui doit être mis en œuvre dans un contexte de stabilité politique et sociale,
- Le délicat problème de la migration et de ses répercussions sur les deux rives de la Méditerranée a continué d’être examiné sous l’angle humanitaire. Toutefois, tant que des solutions ne sont pas apportées à ses causes profondes et qui sont liées aux politiques de marginalisation menées par certains pays à l’égard de catégories sociales spécifiques en matière de développement et d’absence de bonne gouvernance, rien ne pourrait empêcher des désespérés de risquer leur vie et de s’exiler à la recherche des conditions de survie et d’opportunités d’échapper à la misère. Relativement à l’exode des compétences vers les pays développés, il devrait y avoir un mécanisme de compensation et une approche de développer les filières dont les pays concernés en ont besoin,
- Les Parties aux négociations devraient se soucier de la réalité de l’équilibre des concessions réciproques ; à défaut, elles remettraient en cause l’esprit et le caractère stratégique de l’ALECA. Elles devraient poursuivre le dialogue en faisant ressortir les domaines à libéraliser -à brefs délais par accords séparés – et qui ne constitueraient pas une menace à la stabilité du marché intérieur ; la signature de l’accord global pourrait intervenir lorsque les conditions politique, économique et sociale sont stabilisées et le permettraient,
- Les éléments déstabilisateurs potentiels ressortiraient particulièrement de l’importance des secteurs des services (60%du PIB et 50% de l’emploi) et des produits agricoles (10% du PIB et 45% de l’emploi en zones rurales) et de la mise en œuvre des directives et normes européennes qui ne trouveraient pas à présent les conditions de leur adaptation dans l’économie tunisienne.
L’octroi de concessions s’accommoderait mieux de l’accès à l’ensemble des mécanismes communautaires dans les secteurs qui présenteraient des perturbations du marché intérieur ou qui dénatureraient les équilibres des échanges commerciaux.
Il y a de sérieux risques de déstabilisation de l’Economie Tunisienne dans la difficile conjoncture actuelle caractérisée par un faible taux de croissance, un déficit commercial record, un déficit budgétaire élevé et une inflation galopante, outre un taux de chômage non maitrisé et un ensemble de paramètres liés à l’ambiance politique et à l’absence de confiance aussi bien chez les citoyens que des investisseurs pour l’avenir. Toute perturbation dans les circuits par suite de la libéralisation globale, en vertu de l’ALECA, pourrait entraîner des mouvements sociaux de contestation supplémentaires compliquant davantage le délicat contexte de la transition. Il n’y a pas d’urgence à substituer l’ALECA à l’Accord de 1995 avec l’U.E. et il n’y a aucune raison objective de mise en cause de nos rapports avec celle-ci. En cette étape, la sagesse des deux Parties devrait favoriser le risque Zéro !
Dernier volet lié aux menaces potentielles à la Sécurité Nationale est en rapport avec la Diplomatie. Qu’en est-il ?
III) Au niveau diplomatique :
La Diplomatie est à l’image des Structures de l’Etat et de l’efficacité de ses rouages.
La période post 14 janvier 2011 a mis à rude épreuve l’appareil diplomatique et les tentatives de le présenter comme un outil au service du régime dictatorial précédent ont échoué. En effet, le professionnalisme qui a caractérisé les activités des cadres et agents du Ministère des Affaires Etrangères à la Centrale et à l’extérieur, a eu pour mérite de permettre la poursuite de la Mission du Ministère au nom de l’alternance démocratique et si des abus ont été enregistrés, ils ne pouvaient que résulter d’instructions dont les auteurs assument la responsabilité conformément aux règles du droit. Dans la foulée des mouvements et des bouleversements des rouages de l’Etat, il a été observé que la Diplomatie a été ciblée notamment aux stades ci –après :
- Les représentations diplomatiques et consulaires étrangères ayant en principe l’exclusivité de la compétence d’accréditation en matière des relations internationales n’auraient pas respecté les Conventions Internationales en la matière et certains de leurs agents se sont déployés en marge de l’illicite mettant souvent en veilleuse les procédures locales reconnues sur le plan international,
- Lesdites représentations se sont trouvées en position d’immixtion dans les affaires intérieures du pays ce qui n’a pas manqué d’être relevé par certaines Institutions officielles étrangères (Parlement) selon certaines informations publiques,
- La Société Civile Internationale, dont certains des différents organes opérationnels en Tunisie, ont donné l’impression d’agir en l’absence de l’Etat et se seraient laissées entrainer dans la manipulation de l’opinion en vue d’affaiblir les Structures Institutionnelles,
- Le recours à ce qui est appelé la « diplomatie parallèle » ou « populaire » n’a pas manqué de perturber la sérénité de l’unité de la voix diplomatique semant la confusion au niveau national et international. Des représentants étrangers ont tiré profit du dérèglement observé. Les déclarations et les rencontres de différents responsables de partis politiques tunisiens avec des représentants étrangers – aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur- ont été largement commentés et ont donné l’occasion à l’apparition d’obédiences à divers milieux étrangers préjudiciables à l’unité de la « voix diplomatique tunisienne ».
Les discordances des positions exprimées par des responsables non autorisés par les organes officiels tunisiens aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur dans le domaine des relations internationales sont source d’affaiblissement de l’appareil de l’Etat et sont perçues comme une allégeance à l’égard de milieux étrangers venus troubler l’exclusivité de l’appareil diplomatique tunisien chargé de défendre et de protéger les intérêts de la Tunisie ; notre Sécurité Nationale s’en est ressentie en conséquence.
Ce qui précède révèle la complexité de la conjoncture actuelle en Tunisie.
Que penser ?
Qu’il s’agisse de la politique intérieure avec l’absence de confiance et les tiraillements entre les partis politiques, de la situation économique, sociale et financière dégradée à tous les niveaux, d’une Société civile affaiblie, cohabitant avec certaines organisations apparentées peu transparentes, d’une administration pléthorique et surtout avec une chute drastique du pouvoir d’achat de la très grande majorité des couches sociales y compris de ce qui représentait une réussite du système tunisien à savoir la classe moyenne ; l’ensemble gangréné par une corruption et un commerce de réseaux mafieux irriguant le tissu social tunisien. De toute évidence, l’on ne peut qu’observer l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays, impasse qui ne pourrait être dépassée qu’en revenant à la source des pouvoirs c’est-à-dire le peuple tunisien.
En effet, la crise est de nature fondamentale du fait qu’elle touche l’ensemble des composantes d’une société tunisienne désorientée, des structures de l’Etat souffrant de l’absence d’une vision globale et d’une détermination politique forte de mener les douloureuses réformes qui s’imposaient depuis 2011 confirmant le défaut d’un leadership pour les mener depuis 2014 surtout que le paysage politique né suite aux élections législatives n’a pu être assaini eu égard à la fragilité des partis politiques et au « tourisme parlementaire ».
L’absence de confiance entre les partis politiques , les tendances observées aussi bien au niveau des Structures Gouvernementales qu’ au sein de la Chambre des Représentants du Peuple, ont mis en exergue la déficience du Système politique qui émanait de la Constitution de 2014 tant les partis politiques se partageant l’Exécutif , n’ont pu se détacher de leur qualité partisane noyant l’Etat dans des tergiversations ,bafouant les intérêts de la Nation et provoquant une multiplication des affrontements dans le paysage politique .
Lorsqu’on évoque sans discontinuité l’existence d’une « chambre noire » ou de « cellules infiltrées » dans les Services de l’Etat, « de tentatives de coups d’Etat » ou « de projet d’assassinat », il y a de toute évidence, des raisons de penser que le pays ne serait pas digne de la confiance aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et que son avenir est incertain et que rien n’est à exclure y compris la perte de la liberté d’expression jamais aussi forte qu’en ce moment :
°°°° Comment voulez –vous qu’on vienne investir chez nous lorsqu’on parle d’un Ministre ou d’un Chef de Gouvernement projetant un coup d’état ?
°°°° Comment voulez – vous qu’on vienne passer des vacances chez nous lorsqu’on entend parler d’un projet d’attentat contre un chef d’Etat étranger ?
°°°° Comment voulez –vous que l’on croie en la stabilité du pays quand le Conseil de Sécurité
Nationale et le tribunal militaire sont saisis d’affaires de coup d’état ?
°°°° Comment voulez – vous que les citoyens tunisiens croient en leur Constitution Républicaine lorsque des courants politiques et autres ne respectent pas son caractère démocratique ?
°°°° Comment voulez –vous qu’on construise un espace de vie digne de tout tunisien quel que soit sa tendance politique et ses croyances lorsqu’il observe le comportement non conforme à ce dont il a rêvé de certains de ses représentants élus ?
Convenons que nous vivons une crise politique essentielle et profonde par suite de la non- émergence d’équilibre en tout domaine dans le pays. Dans ce cas, il serait impératif d’appeler « le Peuple qui est la source des pouvoirs » à se prononcer sur cette situation anormale. La démarche ne pourrait être que la consultation du peuple par voie de référendum ou autre pour se prononcer par oui ou par non sur des élections législatives anticipées et à bref délai.
La Tunisie qui devait également tirer la leçon de situations tragiques vécues par des pays qui ont dérapé, se doit d’avoir le courage de reconnaître l’impossibilité de pouvoir achever, dans les circonstances actuelles, sa transition démocratique et d’opter pour la mise en œuvre de ses Institutions pour sortir de cette grave crise générale – par le dialogue et la sagesse – à la recherche d’un équilibre politique représentatif des vœux et des orientations futurs de son Peuple lui permettant de mettre en place une vision globale de relance de ses capacités productives sur tous les plans dans une gouvernance sans failles. Les douloureuses réformes dans le pays devront se faire dans le respect des Institutions Républicaines et le strict respect de la loi. Les anomalies observées dans le fonctionnement et l’organisation de la Société Tunisienne doivent disparaître par un ordre rigoureux, respectueux de l’ensemble des droits et des libertés des citoyens et grâce à une justice véritablement indépendante !
Les menaces pesant sur la Sécurité Nationale dans les secteurs examinés impliquent une prise de conscience populaire et collective pour une plus grande justice sociale dans le pays – et le plus vite sera le mieux – en vue de se prémunir contre tout débordement mettant en péril les Institutions de la République. Il me semble que la seule alternative est de revenir au Peuple pour qu’il puisse assumer en toute conscience sa destinée dans les années à venir et rompre avec le laxisme auquel il risquerait fort de s’habituer et qui ne mènerait qu’à la dictature ! C’est par cette voie et seulement par cette voie que notre Peuple pourrait repartir sur de nouvelles bases démocratiques !
Une fois de plus, il se vérifie qu’on ne dirige pas un Etat avec des compromis !
Salem FOURATI
Le 7/12/2018
*Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que son auteur