Coalition à l’Allemande en France : Entre Stabilité et Dérive Démocratique

Olaf Scholz, candidat à la chancellerie du Parti social-démocrate (SPD), fait un geste en se tenant aux côtés de Norbert Walter-Borjans, du Parti social-démocrate (à gauche), des chefs du parti vert Annalena Baerbock (deuxième à gauche) et Robert Habeck (troisième à gauche), du président du Parti libéral-démocrate (FDP) Christian Lindner (deuxième à droite) et de Volker Wissing (à droite), alors qu’ils arrivent pour une conférence de presse conjointe à Berlin, en Allemagne, le mercredi 24 novembre 2021. Après des semaines de négociations, les dirigeants des trois partis présentent un contrat de coalition pour un nouveau gouvernement allemand.                (AP Photo/Markus Schreiber)/TH
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La proposition de François Bayrou et d’autres responsables politiques proches d’Emmanuel Macron d’introduire un système de coalition en France, calqué sur le modèle allemand, soulève un débat important. Cette proposition vise à résoudre le problème de l’absence de majorité absolue aux élections législatives françaises. Cependant, cette idée est loin de faire l’unanimité. Le modèle allemand, souvent loué pour sa stabilité, est critiqué par certains comme étant néfaste pour la démocratie et les citoyens, car il réduirait considérablement l’opposition politique, créant ainsi une sorte de parti unique omniprésent.
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Risque d’effondrement prématuré du gouvernement
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Le Guardian souligne que l’aversion de la France pour les coalitions pourrait entraîner un risque d’effondrement prématuré pour tout nouveau gouvernement. François Bayrou a été l’un des premiers à proposer l’adoption de ce modèle, en tendant la main aux forces de gauche, à l’exception de La France Insoumise (LFI). Il va même plus loin en déclarant que l’impulsion devrait venir d’Emmanuel Macron, qui nommerait un Premier ministre rassembleur. Cette approche est perçue par certains comme une manière de « voler » les élections aux Français, en maintenant Emmanuel Macron et ses alliés au pouvoir malgré une défaite aux législatives.
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Un « coup d’État démocratique » ?
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Les résultats des législatives ont suscité des réactions vives, avec des figures politiques comme Éric Ciotti, Mathilde Panot, et Manon Aubry dénonçant un « coup d’État démocratique » ou un « coup de force présidentiel ». La mise en place d’une coalition à la manière allemande est perçue par certains comme une tentative de contourner la volonté des électeurs, en particulier ceux du Rassemblement National (RN) et du Nouveau Front Populaire (NFP), qui ont obtenu un soutien significatif. Le refus de former une coalition avec ces partis est vu comme une non-reconnaissance de leur victoire électorale, mettant ainsi la démocratie française en danger.
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L’expérience des coalitions en Europe
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Le Guardian rappelle que d’autres pays européens, comme la Suède, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas, ont une longue tradition de gouvernements de coalition. Toutefois, le système électoral français à deux tours a historiquement favorisé des majorités à parti unique, une réponse au chaos de la Quatrième République. La décision d’Emmanuel Macron de maintenir Gabriel Attal comme Premier ministre, malgré leur défaite aux législatives, est perçue comme un « vol » démocratique, critiqué tant par la droite que par la gauche.
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 La coalition en Allemagne : un modèle contesté
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En Allemagne, le modèle de coalition est loin d’être idéal. Selon l’ARD, une grande majorité d’Allemands s’inquiète pour l’état de leur démocratie, avec une confiance en déclin envers les institutions étatiques. Une étude de la fondation Friedrich-Ebert révèle que 60% des Allemands ont peu ou pas confiance dans le gouvernement fédéral, et près de 80% ne font pas confiance aux partis politiques. Ces chiffres montrent que le modèle de coalition allemand, pourtant vanté par certains responsables politiques français, ne résout pas les problèmes de confiance des électeurs en la démocratie.
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Opposition à la coalition en France
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En France, la proposition de coalition avec Emmanuel Macron est rejetée tant par la droite que par la gauche. Des figures comme Laurent Wauquiez, Gérard Larcher, et Valérie Pécresse s’opposent fermement à une coalition avec Macron. La gauche appelle également à respecter le résultat des urnes et à nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire. Le RN, de son côté, dénonce des « arrangements indignes ».
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Conclusion
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La proposition d’adopter un système de coalition en France, sur le modèle allemand, suscite de vifs débats. Si cette approche est perçue comme une solution à l’absence de majorité absolue, elle est aussi critiquée pour ses implications démocratiques. L’expérience allemande montre que la coalition n’est pas une panacée et peut même exacerber la défiance des citoyens envers leurs institutions. En France, l’opposition à cette idée reste forte, tant à droite qu’à gauche, soulignant les défis d’une telle transformation politique.
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Kamel Hamroun


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