Par Arezki Ighemat, Ph.D in economics
Master of francophone literature (Purdue University)
Les pays qui sont aujourd’hui engagés directement dans la confrontation Israel-Iran sont, bien sûr, les deux belligérants. Un troisième pays—qui, pour l’instant n’est pas impliqué dans le théâtre des combats—est constitué par les Etats-Unis. Ce dernier—bien que non directement concerné, est en train de réfléchir à la manière et aux moyens à utiliser pour intervenir dans le conflit avec pour objectif avoué—mais certainement pas que—la destruction des capacités supposées iraniennes de production d’armes nucléaires. Nous disons « supposées » parce que, de la bouche-même du directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Nucleaire, « il n’y a aucune preuve que l’Iran est sur la voie de produire des armes nucléaires ». Si, pour l’instant, la décision des Etats-Unis d’intervenir ou non est encore au stade de la cogitation et de la « Situation Rooom », la plupart des experts militaires et politiques pensent que les Etats-Unis finiront par intervenir pour ne pas laisser leur allié israélien de longue date tout seul dans le combat contre son « ennemi numéro 1 ». En conséquence, au total, pour le moment, il y a trois pays qui sont plus ou moins impliqués dans le conflit.
La question qui probablement taraude tout le monde aujourd’hui est : « Que fait le reste du monde pendant que le conflit fait rage : d’un côté, le Sud Global dans sa totalité—l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine ; et de l’autre, le Nord Global (non compris les deux pays engagés directement et les Etats-Unis, non encore impliqué mais potentiellement intervenant)—l’ensemble de l’Europe, l’Australie, la Nouvelle Zélande, etc—« ? Ces pays sont, soit dans une posture de spectateurs, soit sont divisés en deux clans : ceux qui penchent vers Israel et ceux qui soutiennent l’Iran. En attendant, aucune initiative tangible n’a été avancée dans le sens de l’organisation d’une rencontre et d’un dialogue entre les deux belligérants—probablement avec l’intermédiation d’un ou de quelques pays médiateurs—en vue de la résolution du conflit par la voie diplomatique. Ces deux grandes régions—le Sud Global et la grande majorité du Nord Global—qui constituent la plus grande partie du monde, semblent complètement en dehors de ce conflit alors qu’ils sont tout à fait conscients que, si le conflit dure et s’étend à toute la région, cela aura sans aucun doute des répercussions fatales sur l’ensemble de la planète. Si tous les Etats qui composent le Sud Global et le Nord Global faisaient entendre leurs voix—principalement par la voie de l’Organisation des Nations-Unies—ils auraient beaucoup de chances d’éteindre le feu qui brûle entre l’Iran et Israel et d’éviter qu’il ne consume l’humanité toute entière dans son sillage. Un autre groupe régional, récemment créé, pourrait aussi faire entendre sa voix : il s’agit des BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Arabie Séoudite, Egypte, Ethiopie, Emirats Arabes Unis, et Iran). Le fait que l’Iran soit membre de ce groupement peut—contrairement à ce que l’on pourrait penser—constituer un atout dans le sens où les autres membres du groupe pourraient travailler avec l’Iran pour organiser une rencontre internationale—notamment dans le cadre des Nations-Unis et en coopération avec l’Agence Internationale de l’Energie Nucléaire—pouvant aboutir à une solution durable et définitive à ce conflit qui, comme il a été ci-dessus, peut conduire à une conflagration mondiale fatale. Si le Sud Global et le Nord Global continuent à se comporter comme de simples spectateurs—comme c’est le cas aujourd’hui– il y a un risque majeur certain que, non seulement les pays impliqués dans le conflit seront décimés—avec bien entendu des dégâts humains et matériels inestimables—mais que le monde dans son ensemble s’engouffre dans un imbroglio dont on ne peut pas prédire la fin mais dont on est certain qu’il aura des répercussions désastreuses sur l’ensemble de l’humanité.
