Le 34ème Sommet de l’Union Africaine s’ouvre aujourd’hui par visioconférence

Lamamra : «il est urgent de décoloniser le Sahara occidental»

 

Dans une contribution au débat organisé par le Centre africain pour l’arbitrage constructif des conflits, reprise par la Radio nationale, Haut représentant de l’Union africaine au programme «Pour faire taire les armes» et membre du Conseil de suivi et de recherche pour la paix, basé à Stockholm, Lamamra s’est longuement consacré à la question de la décolonisation du Sahara occidental, dont il a souligné l’urgence en estimant que «ne pas mettre fin à la colonisation au Sahara occidental est de plus en plus inquiétant».

Il faut dire que l’occupation illégale marocaine de ce territoire décrété en attente de décolonisation par les Nations unies dure depuis plus d’un demi-siècle et qu’elle interpelle la communauté internationale par le fait qu’il s’agit de la dernière colonie dans le continent africain.

En 1991, sous l’égide de la Minurso alors chargée de l’organisation du référendum d’autodétermination, le Maroc et le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, avaient accepté le plan de paix de l’ONU conjuguant au cessez-le-feu la convocation rapide d’un référendum, mais c’était compter sans les manoeuvres dilatoires du royaume marocain qui est parvenu, depuis cette époque, à faire échouer toutes les tentatives pour organiser la consultation référendaire. Rabat s’est par-là même constamment opposé à la prise en charge des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU à travers la tenue du référendum basé sur l’autodétermination.

Peu à peu, le royaume marocain est arrivé à contraindre la Minurso à un rôle de figurant, multipliant les entraves et les obstacles devant les émissaires de l’ONU et infligeant au peuple sahraoui d’innombrables exactions, sans compter l’exploitation effrénée des richesses du Sahara occidental. C’est fort de ce constat que le diplomate algérien a dénoncé «les sempiternelles tergiversations autour de la décolonisation du Sahara occidental ainsi que la persistance des conflits armés en Afrique (qui) sont plus qu’inquiétantes».

Pour lui, «les conflits armés ont fait saigner l’Afrique de 1000 milliards de dollars, depuis la guerre froide», ajoutant qu’ «outre le plus grand nombre de morts dans le monde, des crises alimentaires, des crises humanitaires, le continent souffre de la dislocation sociale à côté de l’effondrement total des économies, la destruction du cadre politique et le paysage environnemental». Dans le cadre de la préparation du 34ème sommet de l’UA qui s’ouvre aujourd’hui par visioconférence, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) a engagé sa première action, depuis la réinscription de la question du Sahara occidental à son agenda, avec un sommet spécialement consacré à la question du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

C’est ce qu’a précisé le Haut représentant de l’UA, Ramtane Lamamra, devant le Centre africain pour l’arbitrage constructif des conflits, indiquant que le CPS «tiendra un sommet sur le Sahara occidental, tandis que la troïka pourrait se réunir au cours des prochains jours pour trouver des idées et faire des suggestions». A l’instar de Smaïl Chergui, commissaire en charge du CPS,

Lamamra juge que les récents développements entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), conséquence de l’agression militaire menée par les forces marocaines à El Guerguerat contre des civils qui manifestaient contre la brèche illégale créée dans cette zone tampon, «confirme la fragilité de la situation et la nécessité d’agir» afin de dégager une solution mutuellement satisfaisante qui assure au peuple sahraoui l’exercice effectif de son droit à l’autodétermination par la tenue d’un référendum.

Chaabane BENSACI

   34e sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba : Une absence de candidatures algériennes et des questions

  par Dr LAÏD ZAGHLAMI

L’Algérie est parmi les quelques rares pays en Afrique qui a toujours prôné une politique africaine constante et constructive.

Cette politique inspirée de notre lutte de libération est en parfaite harmonie avec nos principes de soutien aux mouvements de libération pour leur indépendance. Si l’objectif politique de soutien aux causes justes est presque atteint pour la plupart des pays colonisés qui ont reconquis leur indépendance, il reste le conflit au Sahara occidental qui relève de la responsabilité des Nations unies. Le Sahara occidental est un territoire non autonome qui est colonisé par Maroc.

Une absence économique et financière

En revanche, il y a lieu de constater avec une certaine déception voire même amertume l’absence quasi totale de notre présence économique et financière sur le continent. Rares sont les entreprises algériennes qui ont investi ou comptent investir dans les domaines de l’économie, de l’industrie, l’agriculture, la finance en Afrique, etc.

Notre présence est restée symboliquement cantonnée dans la sphère politique et sécuritaire. Le volet économique a été complètement sous-estimé au profit d’autres pays qui ont saisi l’opportunité de se positionner dans les domaines économiques et stratégiques, tels que les banques, les services et l’aviation.

Toute politique sans une implication économique et une présence humaine sur le terrain est vouée à l’échec. En termes concrets, c’est l’économie qui en fin de compte détermine la politique, quoi qu’on en dise.

Il est possible de voir notre pays rattraper son retard, surtout avec l’adoption de l’accord de libre-échange conclu par les pays africains en juillet 2020. L’Algérie risque toutefois de rater le train si elle continue à reléguer au second plan les questions économiques et financières.

Un périple diplomatique opportun ou opportuniste ?

Sur le plan diplomatique, Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères, a mené récemment des visites dans plusieurs pays d’Afrique. Ce dernier avait entamé un périple diplomatique en Afrique du Sud, au Congo démocratique, au Lesotho, en Angola, au Kenya et en Libye.

Ces déplacements qui interviennent à quelques jours du 34e Sommet des chefs d’Etat africains en Ethiopie, ne doivent pas nous faire oublier que depuis plus de deux décennies, aucun Président algérien ne s’était rendu dans au moins les pays de l’Afrique australe avec lesquels on partage les mêmes principes et préoccupations et surtout pour les avoir soutenus dans leur lutte pour l’indépendance.

Addis-Abeba était le seul point de rencontres et contacts. La capitale éthiopienne, qui abritera le sommet via la diplomatie du zoom. Elle verra une participation active de tous ses membres eu égard au menu et à l’agenda chargé des travaux. Il y a le conflit entre le Sahara occidental et le Maroc, les conflits internes en Libye, au Sud Soudan, dans la région des Grands Lacs au Tchad, le problème du barrage de la renaissance entre Ethiopie, Egypte et Soudan.

Ces conflits apparents et latents ne doivent pas occulter la question cruciale de l’opération lancée par l’Union africaine «faire taire les armes» et qui est prolongée jusqu’en 2030 en raison de sa complexité, aussi de la complicité des pays pourvoyeurs d’armes, de la multiplicité des acteurs non-étatiques (bandits et terroristes qui représentent 75% des conflits, en plus de l’existence de 40 millions d’armes légères et où la Libye a elle seule compte 23 millions avec toutes les répercussions sur notre paix et sécurité.

Un seul candidat comme au temps du parti unique

L’autre sujet délicat est l’élection du nouveau leader pour les commissions de l’Union africaine. La présidence ne change pas de mains, puisque curieusement l’actuel président Faki Moussa Mahamat est le seul candidat en lice pour sa propre succession.

Pourquoi ? L’Afrique n’est-elle pas en mesure de proposer d’autres candidatures pour au moins faire preuve de démocratie, transparence et de pluralisme. La pensée unique a-t-elle encore de beaux jours devant elle ?

S’agit-il d’un arrangement tacite entre Africains, ou la candidature du diplomate Mahamat est-elle le résultat d’une recommandation voire du forcing d’un pays européen ? Va-t-il succéder à lui-même ou peut-on s’attendre à des surprises faute de quorum de voix requis ?

Aucune candidature algérienne aux commissions de l’UA

Ce qui est cependant politiquement et diplomatique incompréhensible, c’est l’absence totale de toute candidature algérienne à aucune commission de l’Union africaine. Pourtant, notre pays est parmi les plus importants contribuables de l’Union africaine. Est-ce un retrait stratégique ou tactique ? Peut-on mieux défendre nos intérêts publiquement ou en coulisses ? Peut-on compter sur nos amis et alliés pour préserver nos intérêts ? Difficile à dire.

En tout cas, la première sortie physique du président Tebboune en février 2020 à Addis-Abeba pour le Sommet de l’Union africaine, juste avant l’avènement de la Covid-19 et le discours qu’il avait prononcé ne militent pas et ne justifient pas ce retrait des instances africaines. Il avait appelé à un engagement concret au sein de l’Union africaine.

La réponse est donc à chercher ailleurs. Elle est certainement à trouver auprès de ceux qui en ont décidé autrement, car ce ne sont pas les candidatures potentielles qui font défaut.

En effet, le pays recèle de compétences internationales avérées, mais l’étroitesse d’esprit, la mentalité clanique, régionaliste et revancharde de certains font acte d’opposition voire même d’obstruction, face aux vertus et valeurs de la compétence du bon sens et de l’intérêt national.


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