Algérie / 7e édition du Prix Mohamed-Dib : Mustapha Benfodil, lauréat en langue française avec Body Writing

 

 

Les lauréats de la 7e édition du Prix littéraire Mohammed-Dib 2020, organisée par l’association « La grande maison », ont été dévoilés dans la soirée de mardi dernier, lors d’une vidéo diffusée en direct sur la page Facebook du Prix littéraire, ayant pour objectif de motiver la créativité littéraire chez les jeunes dans les trois langues arabe, amazighe et française.

Le président du jury, l’académicien et critique Mohamed Sari, a ainsi annoncé en direct que le roman Body Writing de Mustapha Benfodil, publié par les éditions Barzakh, a décroché le prix en langue française. Quant à Abdelmonaim Bensayah, il a décroché le Prix en langue arabe pour son roman Li narkos Tarantila thouma namout, paru aux éditions El Mahir. Quant au prix en langue tamazight, il a été décroché par Mourad Zimu pour son roman Kawitu publié aux éditions Casbah. Dans le contexte particulier de la pandémie du coronavirus, où les cérémonies accueillant un grand nombre de participants ont été suspendues, l’association « La grande maison » s’est adaptée en optant pour l’annonce des lauréats en ligne afin de maintenir la périodicité de ce prix mettant à l’honneur les écrivains algériens.

Dans une allocution prononcée avant l’annonce des lauréats de cette édition spéciale, Sabeha Benmansour, présidente de l’association « La grande maison», a déclaré que «cette année plus que jamais chargée d’émotion (…) avec des événement qui ont bouleversé l’humanité », en soulignant que malgré ce contexte, tous les membres de l’association et ceux du jury ont redoublé d’efforts afin d’être à la hauteur des écrivains qui ont postulé pour le prix. Précisant ainsi que «c’est le moment de la reconnaissance de la jeune écriture algérienne et ceux au plus haut niveau de l’intellectualité, celui d’un prix littéraire symboliquement porté par le nom d’un écrivain immense ».

Il est à noter que cette 7e session devait initialement clôturer une série d’événements culturels dédiés à la célébration du centenaire de la naissance de l’auteur de la Grande maison, mais le contexte de la pandémie a bouleversé le programme.
Toutefois, malgré ce contexte, Sabeha Benmansour estime que « l’organisation même de ce moment rendu possible grâce à l’avancée de la technologie, sa diffusion en ligne a permis d’accueillir un public encore plus large, va au-delà de ce que nous pouvions imaginer».
Ce défi relevé grâce à une volonté commune et à un engagement à maintenir toujours présente une action menée à l’honneur des jeunes écrivains, se veut aussi « un hommage sans cesse répété à celui qui les parraine de sa symbolique et de sa force d’écriture », confie la présidente de l’association « La Grande maison».

Sabeha Benmasour a tenu à saluer le soutien des diverses institutions d’Etat, dont le ministère de la Culture et, plus particulièrement, l’Office national des droits d’auteurs (ONDA) qui contribuent depuis trois années à assurer l’aspect financier des récompenses des auteurs lauréats.

Le prix dédié à Khaled Drareni

Dès l’annonce des Lauréats de la 7e édition du Prix Mohamed-Dib, l’écrivain et journaliste Mustapha Benfodil a déclaré dans une vidéo diffusée en ligne : «Je dédie ce prix à mon confrère et frère Khaled Drareni qui purge une peine de deux ans de prison à Koléa. C’est à lui à qui j’ai pensé en premier et à tous les détenus d’opinion et les prisonniers politiques». Enchaînant : «Je pense sincèrement que la répression n’est pas la solution et ne mène nulle part. Je pense que la place de ces personnes, privées de liberté et de l’affection des leurs, n’est pas en prison.»

Ainsi, le lauréat de l’un des plus importants prix littéraires algériens a exprimé son soutien indéfectible à Khaled Drareni et à tous ceux qui ont été emprisonnés pour leurs opinions où leur vision politique.
Par ailleurs, très ému de recevoir le Prix Mohammed-Dib pour Body Writing, il avoue sa « très grande émotion » de recevoir ce très prestigieux prix (…) « Un prix qui porte le nom d’un écrivain très cher à mon cœur dont l’oeuvre protéiforme m’a profondément marqué.»

Le lauréat a également rendu un fervent hommage au « fabuleux travail» que mène l’association « La grande maison » présidée par Sabeha Benmansour, soulignant que «c’est grâce à eux que nous avons ce soir cette visibilité et je tiens encore une fois à saluer tout ce qu’ils entreprennent pour faire vivre la culture et pour transmettre l’esprit de Mohamed Dib et pour le perpétuer dans toutes les actions qu’il produisent ».

Appel pour un plan d’urgence pour les métiers du livre

En exprimant sa gratitude aux éditions Barzakh, qui l’accompagnent et qui œuvrent depuis une vingtaine à faire vivre la littérature algérienne, Mustapha Benfodil a lancé un appel pour un réel soutien aux métiers du livre. Il a déclaré à ce propos : « Je profite de cette tribune pour plaider le soutien aux métiers du livre. Ce sont des métiers qui se trouvent extrêmement menacés face à la crise sanitaire qui a fortement impacté la filière du livre. Je souhaite ardemment que les pouvoirs publics se penchent sur les métiers du livre parce que c’est grâce à tous ces artisans que nous existons en tant qu’auteurs. Je souhaite de tout mon cœur qu’on imagine un plan d’urgence pour venir en aide à ces métiers.»

Mustapha Benfodil a également tenu à saluer les éditions françaises Macula, qui ont publié en France Body Writting, sous le titre Alger, Journal intense, qui permettent aux livres primés de «continuer à voyager, à rencontrer d’autres lecteurs et à toucher d’autres publics».
Pour rappel, lors de la précédente édition, en 2018, les romans qui ont été primés sont Moul El hira en langue arabe d’Ismaïl Ibrir, Enza de Sami Messaoudène en tamazight et la Défaite de Mohamed Saadoune en langue française.

Lire : Body Writing ou le roman mode d’emploi

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