
Par Pr. Abderrahmane Mebtoul, Expert international
Les tensions en mer Rouge, qui est une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie, en cas d’extension du conflit en Palestine, risquent d’avoir un impact sur l’évolution du cours des hydrocarbures. Près de 12 % du commerce mondial passe par la mer Rouge avec près de 30% des volumes de conteneurs, les pétroliers transitant par la mer Rouge représentent entre 12 et 14% du trafic maritime mondial, mais c’est le détroit d’Ormuz contrôlé par l’Iran qui est la zone de transit d’hydrocarbures la plus importante au niveau international avec un flux quotidien de pétrole évalué à 21 millions de barils soit l’équivalent de 21 % de la consommation mondiale en produits pétroliers qui est une route importante pour le pétrole. Les tensions en mer Rouge perturbent le commerce maritime et pousse les principales entreprises de fret à faire un détour par le cap de Bonne-Espérance, à l’extrémité sud de l’Afrique, pour éviter le canal de Suez, entraînant des coûts plus élevés en raison de l’allongement de la durée du voyage. Cela a d’abord des conséquences sur les marchés pétroliers.
C’est ainsi que le cours Brent a bondi jusqu’à 4% après les frappes contre le Yémen à plus de 80 dollars le baril vendredi. Mais les cours du pétrole ont baissé. Ils sont cotés le 15 janvier 2024 à 77,77 dollars le Brent et 72,26 dollars le WIT américain. Le prix de cession du gaz sur le marché libre est coté à la mi- janvier 2024 entre 32/35 dollars le /MWh, où en France, le prix du MWh sur le marché du PEG du 2024-01-12 est de 28.943 euros le MWh contre 33.398€/MWh le 2023-12-27, représentant une baisse de 13% et ce après avoir culminé au début du conflit avec l’Ukraine à 250/300 euros le MWh. Les cours du pétrole et du gaz ont vu une bonne partie de leurs gains s’effacer, le bond lié à la dégradation de la situation géopolitique au Moyen-Orient s’est essoufflé, faute d’effet direct sur l’offre, les bourses n’anticipent pas pour l’instant une extension du conflit .Mais selon bon nombre d’observateurs, il faudra être attentif aux évolutions géostratégiques alors que 60% des grands groupes énergétiques sont au Moyen Orient, région représentant 40% des réserves prouvées de la planète et les 2/3 des réserves mondiales de pétrole. Un élargissement du conflit au Moyen Orient notamment de l’implication de l’Arabie Saoudite avec une production de 10 millions de barils/j , de l’Iran 3,4 millions de barils jour , sans compter les Emirats arabes unis, 3,7 millions barils/j et l ‘Irak 4,1 millions de barils/j pourrait avoir pour conséquence un baril de plus de 100 dollars. Cela aurait un impact sur toute l’économie mondiale à court terme mais avec un effet négatif à moyen terme avec une récession serait plus importante, le FMI avant ces tensions prévoyant un ralentissement de la croissance mondiale pour 2024 de 2,6 % en 2023 à 2,4 % en 2024, soit près de trois quarts de point de pourcentage en dessous de la moyenne des années 2010.
L’autre impact direct de ces tensions concerne le commerce international, avec une hausse des coûts. Les détours par le Cap de Bonne Espérance avec les surcoûts et les primes de risque ont des conséquences sur le transport maritime. Le nombre de navires commerciaux transitant par le Canal de Suez a reculé de -30% et le nombre de tankers de -19%. Dans le même temps, le commerce maritime transitant par le Cap de Bonne Espérance lui a quasiment doublé, le nombre de navires commerciaux a augmenté de +66% et le nombre de tankers de +65%. Par conséquent, nous assistons à des prix du fret maritime plus élevés. Récemment, les prix pour la principale direction de la Chine vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe ont augmenté jusqu’à 60%, atteignant le plus haut point de l’année 2023, avec un coût supplémentaire de 1.000 à 2.000 USD pour un conteneur transitant par la région européenne. Cela a un impact sur les coût des produits accélérant le processus inflationniste mondial. Selon Allianz Trade, une multiplication par deux des coûts du fret maritime générerait +0,7 point d’inflation en Europe et aux USA, contre +0,3 point en Chine. Pour l’inflation, cela signifierait une hausse de +0,5 point, soit 5,1% d’inflation en 2024. Cela se traduirait par un impact de -0,9 point de croissance du PIB pour l’Europe et de -0,6 point pour les USA. A l’échelle mondiale, l’impact sur la croissance du PIB serait de -0,4 point, ce qui la limiterait à +2% pour 2024.
Les tensions géopolitiques actuelles reflètent un bouleversement mondial qui influe sur les méthodes de gestion des États. Nous nous orientons vers un monde fragmenté multipolaire devant connaître une profonde mutation, par ailleurs exposés aux nouveaux dangers systémiques avec les impacts du réchauffement climatique (catastrophes naturelles, incendies, inondations, pénuries d’eau douce) et les cyberattaques. L’Algérie doit avoir une stratégie d’adaptation, y compris à la situation actuelle qui a un impact certains tant sur ses exportations et surtout ses importations.
Les effets de la crise en Mer rouge sur l’économie mondiale et le cours des hydrocarbures
La mer Rouge est une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie. Près de 12 % du commerce mondial passe par la mer Rouge avec près de 30% des volumes de conteneurs. Les pétroliers qui transitent par la mer Rouge représentent entre 12 et 14% du trafic maritime mondial, mais c’est le détroit d’Ormuz contrôlé par l’Iran qui est la zone de transit d’hydrocarbures la plus importante au niveau international avec un flux quotidien de pétrole évalué à 21 millions de barils soit l’équivalent de 21 % de la consommation mondiale en produits pétroliers.
La crise en mer Rouge a des conséquences économiques certaines. L’Egypte est directement affectée puisqu’environ 20 000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, la route maritime la plus courte entre l’Europe et l’Asie. Les attaques menées par les Houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge perturbe donc le commerce maritime et pousse les principales entreprises de fret à faire un détour par le cap de Bonne-Espérance, à l’extrémité sud de l’Afrique, pour éviter le canal de Suez, entraînant des coûts plus élevés pour le fret en raison de l’allongement de la durée du voyage.
Concernant l’impact sur le cours des hydrocarbures, le Brent a bondi jusqu’à 4% après les frappes contre les Houthis à plus de 80 dollars le baril. Mais au cours de la journée du 12/01/2023, les cours du pétrole ont vu une bonne partie de leurs gains s’effacer, le bond lié à la dégradation de la situation géopolitique au Moyen-Orient s’est essoufflé, faute d’effet direct sur l’offre et le 13 janvier 2023 à 8h Gmt le cours était de 78,32 dollars pour le Brent et 72,76 dollars pour le WIT. Mais selon bon nombre d’observateurs, il faudra être attentif aux évolutions géostratégiques dans l’ensemble de la région, car 60% des grands groupes sont au Moyen Orient, représentant 40% des réserves prouvées de la planète et les 2/3 des réserves mondiales de pétrole. Un élargissement du conflit au Moyen-Orient notamment de l’implication possible de l’Arabie Saoudite avec des réserves prouvées de 266,578 milliards de barils et une production de 10 millions de barils/j et de l’Iran , réserves prouvées 157,530 milliards de barils, une production de 3,4 millions de barils jour et 2eme réservoir de gaz dans le monde 37.000 milliards de mètres cubes gazeux , après la Russie 47.000 milliards de mètres cubes gazeux, sans compter les Emiraties, 3,7 millions barils/j et l ‘Irak 4,1 millions de barils/j pourrait avoir pour conséquence un baril de plus de 100 dollars et donc un impact sur toute l’économie mondiale. La récession serait plus importante. Avant les tensions en mer rouge, le FMI prévoit un ralentissement de la croissance mondiale pour 2024, passant de 2,6 % en 2023 à 2,4 % en 2024, soit près de trois quarts de point de pourcentage en dessous de la moyenne des années 2010.
A.M.
Tensions en mer Rouge : Quel impact sur l’économie mondiale ?
Le deuxième plus gros exportateur de gaz naturel liquéfié, QatarEnergy, a décidé de la suspension du passage de ses méthaniers par la mer Rouge.
L’escalade des tensions en mer Rouge risque d’avoir des effets durables sur l’économie mondiale. Plusieurs grandes compagnies maritimes ont annoncé depuis le début de l’année avoir détourné leurs navires du Canal de Suez vers le Cap de Bonne espérance perturbant les chaines logistiques et des surcoûts sur le fret. La situation commence aussi à toucher l’industrie pétrolière et gazière. Le deuxième plus gros exportateur de gaz naturel liquéfié, QatarEnergy, a décidé de la suspension du passage de ses méthaniers par la mer Rouge. Une situation qui suscite de sérieuses inquiétudes sur l’effet de ces tensions sur les marchés énergétiques, sur l’évolution de l’inflation, et par conséquent sur l’économie mondiale dans son ensemble. En effet, l’agence de presse britannique Reuters a annoncé hier, en citant une source haut placée, que QatarEnergy a cessé d’envoyer des pétroliers via la mer Rouge. La même source précise qu’au moins quatre navires transporteurs de GNL qatari ont été retenus ce week-end après que les forces américaines et britanniques ont mené des dizaines de frappes aériennes et maritimes contre le Yémen. « C’est une pause pour obtenir des conseils de sécurité. Si le passage (à travers) la mer Rouge reste dangereux, nous passerons par le Cap (de Bonne-Espérance) », a déclaré la source à Reuters. « Il ne s’agit pas d’un arrêt de la production », a-t-elle ajouté. Reuter souligne que le détour peut prolonger le trajet les cargaisons de gaz de 9 jours. Il faut dire que pour l’heure, la situation en mer Rouge n’a pas d’impact durable sur les marchés énergétiques. Vendredi, les prix du baril de pétrole Brent ont bondi à plus de 80 dollars après les premières frappes américano-britanniques contre le Yémen, mais ont vite effacer leurs gains pour se situer à 77,74 dollars hier. Les cours du gaz sur le marché européen n’ont pas été affectés et restent orientés à la baisse. Le fait est que les tensions en mer Rouge n’ont pas eu d’impact direct sur les approvisionnements, alors que les niveaux de stocks européens de gaz restent élevés. Cependant, la situation en mer Rouge suscite de sérieuses inquiétudes sur l’impact sur les marchés énergétiques et sur la croissance économique, notamment en Europe.
Ainsi, le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, a souligné hier que « ce qui se passe en mer Rouge semble, pour l’instant, ne pas avoir de conséquences sur les prix de l’énergie et l’inflation. Mais nous pensons qu’il faut surveiller cela de très près car ces conséquences pourraient se matérialiser dans les semaines à venir ».
Il faut dire que les tensions en mer Rouge ne s’apaisent pas. Après les deux attaques menées par l’alliance américano britannique au Yémen, l’armée américaine a indiqué hier qu’un missile de croisière antinavire a été tiré dimanche depuis une zone du Yémen contrôlée par les Houthis vers un destroyer US. Il faut dire qu’après les premières attaques US vendredi, les Houthis a souligné que tous les intérêts américains et britanniques étaient devenus des « cibles légitimes » pour ses forces en réponse à leur « agression directe et déclarée » contre le Yémen.
Les Houthis ont, rappelons-le, annoncé au mois de novembre dernier, leur intention de cibler les navires israéliens et ceux à destination de l’entité sioniste transitant par le détroit stratégique de Bab El-Mandeb à l’entrée de la mer Rouge tant que l’agression israélienne contre Ghaza et le siège imposé à l’enclave ne sont pas levés. C’est dans ce contexte que Washington a mis en place une coalition pour officiellement « protéger la navigation maritime » en mer Rouge, mais qui a pour objectif d’apporter un soutien explicite à l’occupation sioniste. Une démarche qui n’a au final fait qu’alimenter les tensions et menace le trafic maritime dans la région/ Notons que 12% du trafic maritime mondial y transite et 4% à 8% des cargaisons mondiales de GNL y sont passées en 2023. En 2023, un total de 16,2 millions de tonnes métriques (MMt), soit 51% des échanges de GNL, ont transité par le canal de Suez depuis l’est du bassin atlantique, tandis que 15,7 MMt ont emprunté le canal depuis l’ouest du bassin pacifique, selon S&P Global Commodity Insights. Le Qatar, les États-Unis et la Russie sont les expéditeurs les plus actifs de GNL via le canal de Suez.
Samira Ghrib