Abdelmadjid Tebboune, président algérien: «On a vu les conséquences des prolongements successifs au pouvoir en Afrique»

 

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L’Opinion organisait mardi soir, avec l’agence de communication 35° Nord, la web conférence «Gouvernances, afri-capitalisme et soft power : la nouvelle donne africaine»

Dans ce cadre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune nous a accordé une interview exclusive, en duplex depuis Alger, dans laquelle il revient sur les crises politiques en Afrique, en donnant de précieux conseils à ses pairs du continent.


    Tebboune au journal français L’Opinion : Le hirak a mis fin à la comédie du 5e mandat

par R. N.

Dans un entretien au journal français L’Opinion, le président de la République a déclaré que «la Constitution est un document sacré. Si le peuple la respecte, les dirigeants doivent la respecter encore plus. C’est peut-être philosophique pour certains. En Algérie, plus personne ne pourra toucher à la Constitution pour (réaliser) un troisième mandat». Tout en estimant que «dix ans, c’est suffisant pour exprimer ses idées, développer son schéma de développement politique», Tebboune a assuré qu’il s’interdit «de juger mes pairs et ne jette la pierre à personne. Mais on a vu les conséquences de ces prolongements successifs.

Le président Zeroual avait fixé une limite à deux mandats. Moi, j’y tiens personnellement, aussi bien pour la Présidence que pour le Parlement». Le Président a assuré par ailleurs qu’»aucun journaliste n’a été arrêté pour le fait d’être journaliste», «seulement, le fait d’être journaliste ne donne aucune immunité concernant l’atteinte à l’ordre public», a-t-il indiqué, affirmant que «les arrestations ne sont pas faites sur la base des idées, des slogans ou le fait d’être opposant». A une question sur les décisions prises pour restaurer l’autorité de l’Etat, le Président a déclaré que «nous avons procédé à des changements dans tous les corps de l’Etat et nous nous sommes attelés à fournir les efforts pour que le projet de Constitution soit le reflet réel de la demande populaire de changement, comme je m’y étais engagé durant la campagne». Il a rappelé que le 22 février 2019, «pratiquement, toute la population est sortie dans la rue pour exprimer son ras-le-bol par rapport à tout ce qui s’était passé les deux à trois années précédentes et s’était achevé par une comédie de préparation d’une élection pour un cinquième mandat, sachant que le président Bouteflika était devenu impotent. Le hirak béni a mis fin à cette comédie».

«Nous avions déjà eu notre propre printemps algérien»

A une question relative aux bouleversements politiques qui ont eu lieu en Afrique depuis 2011, Tebboune a déclaré que l’Algérie «n’a pas subi le printemps arabe. Le 5 octobre 1988, nous avions déjà eu notre propre +printemps algérien+». Et de souligner que «le multipartisme a aidé à l’introduction de nouvelles idées politiques et économiques. Le pays a commencé à entrer dans le libéralisme pour sortir de l’économie socialiste et administrée. Malheureusement, il y a eu un dérapage en 1992. Cette démocratie débutante à laquelle tout le monde aspirait a été squattée par un mouvement islamiste». «Nous sommes entrés dans les ténèbres de la transition qui a duré une dizaine d’années avec un nombre de victimes incalculables, des pertes économiques estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars… On a essayé, par la suite, de reprendre le cours normal des choses. A la fin des années 2012-2014, on a revécu les mêmes déviations avec un pouvoir personnel adossé à la +kleptocratie+ qui s’est emparé des richesses du pays. Cela a donné le ‘hirak béni’ du 22 février», a ajouté le Président.

Mali: «la solution réside dans les accords d’Alger»

Au sujet de la situation au Mali, Tebboune a assuré que la solution est à «90% algérienne». Le Président a rappelé que tous «les antagonistes se sont retrouvés (par le passé) à Alger et ont accepté un mode d’emploi pour régler cette question et reprendre une intégration réelle du Nord et du Sud à travers des actions sociales, politiques, économiques, organisationnelles», affirmant que «la solution réside dans les accords d’Alger». A propos de la crise libyenne, Tebboune a indiqué que pour «reconstruire la Libye, il faut commencer par bâtir la légitimité populaire». «Il faut donc organiser des élections, quitte à le faire d’abord région par région». La démarche consistera, ensuite, à «reconstruire toutes les institutions : Assemblée nationale, élection d’un Premier ministre, peut-être même d’un président de la République. Il faudra aussi revoir la base de la Constitution et l’équilibre des forces politiques pour asseoir de bonnes relations et le respect entre les institutions de l’Etat». A une question sur une possible collaboration avec le président français pour résoudre ces crises, Tebboune a indiqué qu’»on peut travailler ensemble sans que les actions des uns soient antonymiques à celles des autres. En partenaires égaux -et je maintiens égaux-».


3 thoughts on “Abdelmadjid Tebboune, président algérien: «On a vu les conséquences des prolongements successifs au pouvoir en Afrique»

  1. Le président Tebboune a exprimé lundi sa ferme volonté d’en finir une bonne fois pour toutes avec la politique des quotas qui a structuré le paysage politique algérien depuis l’instauration du pluralisme et favoriser l’émergence d’une nouvelle classe de jeunes élus.

    Dans un discours prononcé par son conseiller Boualem Boualem au séminaire international intitulé « la constitution au service du citoyens », le président de la République est revenu sur la récente installation de la commission chargée de revoir le régime électoral, indiquant qu’elle « est composée d’experts en droit et de représentants du ministère de l’intérieur afin de préparer un projet qui puisse garantir la transparence et la régularité des futures élections »

    Il s’agit aussi pour le président Tebboune, poursuit son conseiller, « d’encadrer le financement des élections pour faire respecter la volonté populaire et en finir définitivement avec les quotas afin de donner les mêmes chances à tous les candidats engagés dans la compétition électorale ».

    Le président entend ainsi « protéger les voix des citoyens, renforcer la scène politique, à travers l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes élus », selon Boualem Boualem, qui ajoute que « dans l’Algérie nouvelle, personne ne sera protégé, personne ne bénéficiera de l’impunité, de l’immunité, l’argent proviendra uniquement du travail, de la création de richesse pour que le citoyens puisse constater un changement réel »

    Evoquant à ce propos les procès en corruption d’anciens responsables, le président de la république pointe dans son propos « l’ampleur du préjudice porté aux ressources de l’Etat » en plus de « la perte de confiance entre le gouverneur et le gouverné ».

  2. Ceux qui ont refusé de participer à l’enrichissement (de la proposition) de la nouvelle constitution feraient mieux de se taire !!! Ils doivent, honnêtement, se considérer comme non concernés !
    Leur hypocrisie est poussée jusqu’à attendre la mouture finale proposée à référendum pour sortir de leur paresse et léthargie pour se montrer « véritables opposition » ; qu’ils sont là actifs pour le bien de l’Algérie et tutti quanti, alors qu’ils n’ont pas de base, même dans leur fief !
    La preuve c’est qu’ils tiennent à leur incongrue et sournoise « phase de transition » qu’ils veulent diriger eux-mêmes ….SANS vote du peuple…au nom du peuple ! (en sollicitant l’accord de l’armée SVP !!)
    C’est ça leur « démocratie »

  3. L’essentiel est que la « 3issaba » (la bande de malfaiteurs) et leurs « amis » pseudo démocrates est en prison et d’autres amis suivront ! Le hirak, qu’ils ont tenté de chevaucher pour le dévier, n’est qu’un prétexte ! Il ne les concerne pas !
    Ont-ils parlé des accusations portées par Ahmed Bensaada dans son livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algériens » à l’encontre de leurs « amis » Bouchachi, Assoul et Tabbou (en plus de la LADDH, RAJ, Addi etc) ? Oh que non ! Pourtant c’est plus grave !
    Des accusations avec des preuves sur leurs accointances avec des ONG initiatrices des « printemps » desquelles ils ont reçus des dizaines de milliers de dollars ! (c’est peut-être pour apporter la démocratie … par le désordre ?)
    Un de leur « ami » avocat leur a-t-il suggéré de les défendre en apportant les preuves que c’est faux ?
    Le Ministre du Commerce dont la probité n’est pas à démontrer et dont la famille est une des plus révolutionnaire se voit visé, par …cet avocat en créant un pendant des plus exécrable contre le ministre pour sauver son client partisan comme lui du système déchu ?
    Que pensera cet avocat de ses « amis » cités dans le livre s’il est convaincu que les faits sont avérés ? Il les qualifiera comment ? A-t-il lu le livre ? Sinon qu’il ait le courage de le lire en donnant son avis avec des preuves convaincantes comme celle de A. Bensaada !
    En fait, il est dans le sillage des dénigrements, à la mode, car hostiles aux changements qui feront perdre biens des avantages et des privilèges. Mêmes objectifs et mêmes méthodes que les valets de la 3issaba, que leurs presses, qu’Al Magharibia, Rachad, Zitout, Dhina et Cie ! La caravane est passée il y a … 9 mois!

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