Actualités / AU FIL DES JOURS

08.08.2019

Par Belkacem Ahcène-Djaballah

Actualités

– Lundi 29 juillet : le Fln a le sentiment, selon son SG, d’être « marginalisé » dans la démarche du dialogue depuis la désignation du panel de personnalités pour assurer la mission de médiation. Il va même jusqu’à « avertir » contre « toute forme d’exclusion… ». On comprend la frustration (du Fln) de ne pas participer, pour la première fois de sa vie, au processus de rénovation et de redressement de la vie politique du pays, mais faut-il s’en étonner ? Plus de 60 ans de règne castrateur, le peuple a dit son mot : « Ça suffit, dégagez… Le Fln au Musée » ! (reprenant ainsi une phrase de feu Boudiaf qui avait estimé, déjà en 1972, « que le Fln était mort… A partir du moment où ce pourquoi il est né, la libération du pays, a été atteint, il fallait trouver autre chose… »). Cette fois-ci avec bien plus de vigueur et de détermination qu’en 88-90. Le risque est grand pour lui (le parti), à force de ramer à contre-courant des vœux populaires et d’insister de tout perdre en voulant encore tout (ou presque tout) conserver. 

– Jeudi 1er août : enfin, les femmes saoudiennes âgées de 21 ans et plus vont être autorisées à obtenir un passeport et à voyager à l’étranger sans devoir obtenir l’accord préalable d’un « tuteur » de sexe masculin. Depuis juin 2018, elles étaient déjà autorisées à conduire une voiture et à assister à des matches de foot… Des petits pas administratifs, un grand pas pour la gent féminine ! Encore faut-il qu’elles puissent sortir librement de chez elles. Tout cela va surtout concerner, comme toujours, la « tchitchi » du coin. 

– Vendredi 2 août : 24èmes marches populaires dans presque toutes les villes du pays, marches toujours pacifiques. Mais, cette fois-ci, les foules ont un ton au-dessus. Pour prouver leur détermination ? De la colère longtemps contenue ? De tout un peu, un peu de tout. 

24ème vendredi, mais toujours pas de solution concrète proposée… Les uns comme les autres se retranchant soit derrière des textes (si triturés par le passé que l’on ne sait plus comment les interpréter), soit derrière les demandes populaires. Et, au milieu, comme d’habitude, en ces moments-là, les manipulateurs, les opportunistes, les magouilleurs, les nostalgiques, les revanchards, les surenchérisseurs… Partis politiques ne voulant pas « rater le train », experts, « doktours » et autres spécialistes d’ici et d’ailleurs ayant raté leur carrière ou voulant la « (re-) lancer », (très) vieux routiers du système en manque de notoriété ou en recherche de nouvelles sensations, jeunes (et moins jeunes) voulant réussir leur révolution, « affairistes » en attente d’un « coup »… et, bien sûr, quelque(s) part(s), tous ceux -pays, lobbies…- qui ne nous veulent pas du bien. Et, attention, « casseurs » pas loin ! 

Entre-temps, le commerce continue à fleurir (pour combien de temps encore ?) dans une ambiance d’angoisse du lendemain et dans une économie qui commence à patiner et des administrateurs encore plus méfiants. 

Une impasse ? A première vue oui, en examinant de très près. Avec de gros risques de dérapages. Comme si la leçon sanglante de la décennie 90 n’a jamais servi à élever le niveau de conscience politique… de tous; la manipulation politicienne (comme celle entreprise par Bouteflika et ses alliés ou serviteurs) et la cogitation intellectuelle (et journalistique) n’apportant que plus de confusion et de dangers. Car les extrémist(m)es sont là, aux aguets ! Et, ne voilà-t-il pas qu’on (qui exactement ?!?!?!) parle de « désobéissance civile ». Que faire ? Une rencontre panel-représentants de l’Armée-représentants du Hirak…, mais aucun parti politique ? 

Extrait d’une longue contribution parue in El Watan (d’ Hacene Boukaraoun… from Japan, svp ! Ceci pour faire plaisir à notre ministre anglophone) : « Itnahaw ga3 n’est pas la solution. La démocratie en est une. La démocratie veut dire élection, contrôle et aussi et surtout évaluation. Laissons le temps à l’institution militaire de faire le travail de nettoyage indispensable. Il est évident que pour que cela se fasse, elle-même doit se renouveler. Ne regagnons plus nos demeures, ne laissons plus jamais la rue aux autres (note : souligné par moi). Soyons vigilants… Il lui (l’Armée) sera demandé de rendre compte après cette mission de salubrité publique ». 

Citations : 

– C’est inutile de parler de dialogue avec les autres si on n’est pas capable de se parler avec soi-même (Khenchelaoui Zaïm, anthropologue des religions. « Entretien » © Liberté, mardi 20 septembre 2016). 

– Le grand drame de la démocratie en Algérie, c’est qu’en vérité, le processus ne s’est pas appuyé, au départ, sur une doctrine ou une « œuvre politique » que seule une intelligentsia pouvait produire, soit à l’université, soit dans les arts et les lettres. Sa courte « histoire » n’a trouvé personne pour la porter et, au contraire, c’est elle qui a porté les intellectuels (Rachid Boudjedra, chronique « Les limites de l’art dans les transformations politiques », (c) Révolution africaine, 27 janvier 1992. 

– La démocratie est un apprentissage continu, une patiente discipline de soi-même (Ferhat Abbas, « Demain se lèvera le jour », un inédit publié à titre posthume. Essai © Alger-Livres Editions, 2010). 

Archives brûlantes : 

– Le 20 mars 1990 : un acteur principal, Abdelhamid Brahimi, ex-Premier ministre englouti par la tempête d’Octobre, ex-ministre du Plan et de l’Aménagement du Territoire, président, à partir de 1981, de la toute-puissante Commission des grands équilibres par laquelle transitaient les opérations financières à l’étranger, ex-représentant de Sonatrach aux Etats-Unis d’Amérique, ex-wali de Constantine, ex-officier de l’Aln, etc. C’est tout dire sur la « crédibilité » des informations divulguées. Une journaliste du quotidien du soir El Massa, (Hadda Hzam, alors -et toujours- jeune journaliste, et actuelle directrice du quotidien Al Fedjr) était présente lors d’une de ses conférences tenue à l’Institut des sciences économiques du Caroubier (Alger). Et pour répondre à l’attente d’un public de plus en plus friand de «révélations», notre reportrice n’a saisi que ce qui lui a paru essentiel, et qui sera publié dans l’édition du 22 mars : l’ex-chef du gouvernement a fait état de commissions de 20% versées à des opérateurs sur les marchés contractés avec l’extérieur. En calculant sur une base de 20 ans d’importations, cela donnait le chiffre effarant de 26 milliards de dollars, soit un peu plus que le niveau de la dette extérieure du pays (environ 24 milliards de dollars). 

Devant l’esclandre, une mise au point a été faite quelques jours après. Elle précisait que le chiffre a été le fruit d’une gymnastique intellectuelle se basant… sur la déclaration d’un haut responsable, en l’occurrence M. Mouloud Hamrouche, qui, lors de journées d’études parlementaires, avait critiqué les «surcoûts des importations», qu’il évaluait à 20%. «Ce que j’ai dit», devait-il préciser par la suite, dans une interview accordée à l’Aps, «n’a rien à voir avec les accusations de détournement et de pots-de-vin». 

– Samedi 5 avril 2014 : la presse rapporte que A. Sellal a annulé son meeting électoral qu’il devait organiser à Batna… et cela suite au conseil du Président lui-même. Il est donc allé à Sétif dans la même salle du stade de l’ES Sétif, là où Bouteflika s’était adressé aux citoyens, une dernière fois, le 8 mai 2012. …Pour A. Sellal, A. Bouteflika « est comme l’Entente ! Il a, lui aussi, un second souffle impressionnant ». 


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