Actualités / AU FIL DES JOURS

 Belkacem Ahcene-Djaballah

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– Selon moi, le Hirak est un ensemble de forces qui, avec le temps qui passe, se multiplient certes mais s’opposent… souvent… en catimini. On y retrouve de tout. Et, c’est très bien car il est devenu un MOUVEMENT représentatif de la société réelle… si multiple en idées et si diverse en projets. Il ne s’agit pas de le structurer, de l’enfermer dans le carcan d’une organisation (chez nous, à terme, toujours bureaucratisante au profit d’une personne ou d’un groupe). Il doit s’affirmer encore beaucoup plus au titre de l’expression publique et libre du citoyen, expression qui ne passe ni par les médias classiques, ni par les partis, ni par les réseaux sociaux, ni par des «leaders». Une expression CONTINUELLE… mais un peu moins éparpillée dans le temps et les lieux et indépendante des revendications syndicales ou catégorielles. CEPENDANT, il ne faut pas trop se faire d’illusions -comme le laissent croire certains de nos intellectuels et autres «influenceurs» – sur l’incapacité du Pouvoir (en place ou à venir après le 12/12/2019) à récupérer (presque) tout ou parties du mouvement, car le Pouvoir est, à lui seul, un MOUVEMENT (une force d’inertie ?)… mais un mouvement fait de deux ou trois forces au maximum, donc plus outillé ( ?!) et mieux organisé. Un seul défaut, son poids… (et sa lourdeur ?).

Dommage, le HIRAK n’a pas pu faire émerger (ou laisser émerger) non des «dirigeants» (car, yetnahaw gâa !) mais seulement des «têtes d’affiche» bien pleines, non polluées ou perverties par le «système» et, surtout, décidées à continuer l’expression politique nouvelle après l’avoir synthétisée et transformée – sans déviations – en propositions de dialogue ou de négociation. ON en a vu certaines (les «têtes») au début puis, pff, elles ont abandonné en cours de route, soit découvrant leur incapacité à aller plus loin et/ou plus haut, soit tentées par une possible «récupération» avantageuse, soit par manque d’endurance, soit… par lâcheté. Ecrire, c’est bien. Parler, c’est mieux. Marcher, crier et guider, c’est une toute autre affaire. Seuls des jeunes «porteurs de printemps et d’espérances» ont continué, sans répit, et peuvent soutenir le rythme du Mouvement… ainsi que certains (heureusement pas nombreux et assez vite rabroués) «allumés».

Que faire? Continuer à s’exprimer publiquement sur la vie politique et économique du pays et sur le devenir de la société. Sans tomber dans le piège des idéologies extrémistes et provocatrices et des (pour la plupart assez bien construites) thèses à soutenir seulement devant un jury de fac’ ou à éditer… Et, encourager l’émergence de leaders ( des têtes d’affiche et non des «dirigeants») agissant… et pensant. Il y en a ! Ceci pour sortir du tunnel des incompréhensions et pour entamer, toujours pacifiquement, une transition avantageuse pour la société et le pays … et toujours pacifique. Avec ou sans un élu à la magistrature suprême. Le suite est une toute autre affaire.

ETRE «PRESIDENT» !

Jeudi 1er mars 2012

Le poste de président de la République (ou de chef de l’Etat) est le plus haut poste de la hiérarchie des décideurs. Dans tous les pays du monde, du plus démocratique au plus autocratique.

Y arriver n’est pas une mince affaire, et il faut passer par des épreuves connues des seuls initiés des affaires du «pouvoir profond». Aux Etats-Unis d’Amérique par exemple, que l’on soit noir, blanc ou rouge ou jaune, nul ne peut émerger s’il n’émarge (lui et ses promoteurs ou protecteurs) sur les registres (multiples, au moins deux, le démocrate et le républicain) des cercles… du «complexe militaro-industriel». En France, sur les registres (multiples, au moins deux, le socialiste et le libéral) des cercles… du «complexe médiatico-financier ». En Algérie, sur le registre (unique… et c’est une tradition bien ancrée depuis 62 ) de la «famille révolutionnaire & Co»… élargie, depuis les années 90, au complexe… osons le mot, «politico-affairiste». Dans certains pays en développement terriblement bananiers, sur le registre des copains de caserne ou des camarades d’école ou de lycée, quand ce ne sont pas les fils, les frères, les gendres ou les cousins de la tribu… Encore que cela ne paie plus!

Mais, heureusement, il y a le reste des postes présidentiels.

D’abord, le poste de Pdg. Président-directeur général ! Très convoité et ce pour plusieurs raisons : au niveau du contenant, il charrie avec lui tout un lot d’avantages et de phantasmes. D’abord, Président… comme le Président, et ce n’est pas peu, puis Directeur, ce qui vous donne le droit de commander (les gens et les biens… et chez le traiteur du coin) sans partage .. et,surtout, surtout, G.é.n.é.r.a.l. Ni major, ni de corps d’armée, mais tout de même Général.

Au niveau du contenu, c’est du «trois en un» garanti pur délice, surtout si vous êtes à la tête d’une entreprise économique ou commerciale publique qui a des ressources et qui n’est visitée par les contrôleurs de la tutelle que tous les 36 du mois.

Ensuite, le poste de simple président. Tout y passe. Djib bark ! Organisation, comité, association, club, parti politique, tout est bon.

Durant plusieurs décennies, tout particulièrement les deux dernières, c’est une course effrénée au poste de Président. Pas Secrétaire général. P.r.é.s.i.d.e.n.t ! On ne sait pas exactement pourquoi tout le remue-ména (in)ge (s). Certains observateurs assurent que c’est parce que PRESIDENT cela sonne bien et que, devant le naufrage des entreprises publiques économiques et industrielles dont il ne reste plus rien à «plumer», entraînant du même coup la dévalorisation du titre de DG, on se rabat sur un titre désormais très coté au «top» des postes d'(ir-)responsabilité, presqu’intouchable.

D’ autres avancent l’existence d’un virus issu de «l’air du temps»… le tintamarre médiatico-politique qui accompagne et suit les multiples élections ayant, en quelque sorte, contaminé les gens. La «présidentialite» aiguë ! Une incurable maladie.

Depuis les dites deux dernières décennies, et même avant, donc, on se bat comme des chiffonniers pour le poste de Président… même si cela n’est fait que d’ «emmerdes », de coup bas et d’«enfants dans le dos».

Les luttes les plus sanglantes ont commencé d’abord au niveau des APC et, étonnant, pas au niveau des APW. Problèmes de terrain (s) plus fertile (s) ?

Ensuite, elles se sont propagées pour toucher les associations et autres Ong, tout particulièrement celles dites nationales, les gens ambitieux boudant généralement les associations de proximité où, après avoir démarré à douze, on se retrouve au bout de quelques mois seul à gérer, tout en étant critiqué.

Il n’y a pas une association nationale ou organisation qui n’ait eu ses «redresseurs» voulant chasser le président en poste.

Enfin, et c’est le «must» des postes présidentiels, il y a la course pour les postes de Présidents d’un club, sportif… si possible au sein duquel le football est roi. Puis, avec l’annonce d‘élections législatives (et la ré-ouverture du champ politique), la nouvelle loi électorale, l’augmentation des postes de députés… et l’augmentation des salaires et primes y afférentes, c’est au tour des partis politiques.

On y rencontre de tout: des généraux et des colonels à la retraite, des vendeurs d’eau, des entrepreneurs, des syndicalistes, des médecins, des charlatans, des transporteurs,… des émigrés, des «double-nationalité», des fonctionnaires en poste, des promoteurs immobiliers, des fonctionnaires retraités, des vieux, des tout jeunes, des businessmen, des banquiers, des hommes d’affaires, des affairistes, des ex-députés,… tous porteurs d’espoirs (ceci dit pour les supporteurs et pour le comptable du club)… mais tous dévorés par l’ambition… de réussir à transformer un club (ou, demain, un parti politique), peut-être minable, en champion ou en détenteur de la Coupe d’Algérie… et, pourquoi pas, de la Coupe des clubs champions (arabes c’est mieux et c’est bien vu, africains, ça l’est un peu moins, mais c’est à prendre). Du même coup, on est à la Une des journaux, au JT de 20 heures… et, pourquoi pas, grâce à la foule, admirative des succès enregistrés, et que vous «contrôlez bien», pour ne pas dire «manipulez» quand il le faut, surtout en phase de succès, on peut se permettre bien des caprices : menacer de partir, démissionner, revenir sur sa décision, menacer de boycotter, exiger, fustiger les instances nationales, insulter les arbitres, virer les entraîneurs au moindre du sport, le champ le plus labouré ! On a vu (et on ) voit donc de tout dans le starting-block : des anciens joueurs, des soi-disant anciens joueurs, des anciens ministres, des «fils de famille» escrocs, des escrocs à la recherche d’une famille, des limonadiers, des marchands de pépins, bloquer la circulation, saisir les instances internationales, devenir député ou sénateur (pour l’immunité pour ce qui concerne les «voyous» infiltrés ou exfiltrés)… on peut se rapprocher des «grands décideurs»… et, sublime conquête, du «grand Sachem». Les retombées sont alors multiples car vous faites partie, désormais, de la nouvelle classe (???) des personnes influentes dans ce pays. Si ce n’est pas votre fortune et vos affaires locales qui s’en trouveront grandement améliorées, ce sera, certainement, peut-être, si vous avez un dos bien souple et une amulette d’on ne sait quel «zaouia», une carrière politique qui vous ouvrira les bras : député, sénateur au minimum… et, pourquoi pas, ministre, ambassadeur, représentant au sein d’une organisation internationale… Ce qui est sûr, et c’est ça le plus important, vous serez de toutes les mondanités, de toutes les fêtes… et, surtout, couvert par une immunité certaine, de tous les «coups». Les grands et les petits. Les tordus et les bas. En attendant la prochaine «réforme » ou le prochain «redressement»… ou les prochaines élections. Hélas, le Hirak de février 2019 et la mise à l‘écart du  »Grand Sachem» et de ses „sorciers» (hélas, pas tous… pour l’instant) la donne a changé, mais les habitudes, bien ancrées, sont encore bel et bien là.


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