Actualités / AU FIL DES JOURS

Belkacem Ahcene-Djaballah

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– J’ai lu, récemment, quelque part, que «les portraits géants portent malheur et menaient droit au mur». Pour sûr, les candidats à l’élection du 12 décembre ont dû lire la même appréciation. C’est peut-être pour éviter cela qu’ils font une campagne sans portrait, petit ou grand, affiché. Enfin, nos politiques commencent à apprendre les leçons de l’histoire !

L’histoire du portrait géant (plus tard il faudra faire, aussi, l’histoire du portrait «en-cadré») commencée en 1999, avec l’arrivée de A. Bouteflika à «La Casa del Mouradia». On apprendra assez vite «sur le terrain» qu’aucun président n’avait «osé» pousser le bouchon aussi loin. S’estimaient-ils déjà assez «grands» ! Peut-être ? Ou trop modestes, malgré tout ? J’étais alors chargé de la com’ à la Présidence (depuis 1994, exactement juste après l’arrivée du Président Zeroual). Bouteflika venait d’accéder au pouvoir. En attendant qu’un photographe réussisse son «portrait» (ce qui fut une «mission impossible» pour les très grands professionnels qu’étaient Merazi et Ben, malgré tous leurs efforts et toutes les séances de «pose»), IL avait demandé à ce qu’on laisse encore en place les anciens portraits de celui qui L’avait précédé. Pardi, pour LUI, un «quart de président» ne pouvait LUI nuire. Gentil, n’est-ce pas ! Cela a duré en gros près de deux mois. Mais, un soir, assez tard, un «ami qui LUI voulait du bien » LUI rapporta… qu’il y avait (encore !) un portrait officiel du Président Zeroual accroché au salon d’honneur de l’aéroport… «ce qui était inadmissible… à la limite du sabotage». Coup de fil !… Gueulante !… Le soir (plutôt la nuit) même, branle-bas de combat !… Mobilisation du service technique de l’institution et de tous les walis !… Mobilisation de l’imprimerie de l’Anep (chargée des tirages des portraits officiels)… qui va consommer tout son stock de papier… Le «portrait géant» allait bientôt naître… dans l’irrespect total des textes régissant les dimensions et l’emploi du portrait présidentiel officiel. Ainsi, on ne va pas tarder à le trouver en des lieux souvent innommables. Quelques jours après… une quinzaine de fonctionnaires étaient informés – par un communiqué de presse diffusé au Jt de 20 h – de leur «fin de fonction» » avec même des sous-entendus «diffamatoires» pour certains. A noter que certains journaux («mortellement démocrates») étaient tout «heureux» de titrer, en «Unes» et sans explications, le «limogeage». Ah, oui ! C’est moi-même qui avais diffusé le communiqué (remis par un nouveau conseiller tout «mielleux»)… où j’occupais la 3ème place. Sur le podium ! Dans la foulée, on devenait, pour près de deux décennies, «persona non grata». Un «opposant» à éviter par les nouveaux «cachiristes», quoi ! Une autre histoire.

– Le Hirak est magnifique car le mouvement a permis de réconcilier le peuple algérien avec ce qu’il a de plus noble : la solidarité, l’engagement, la disponibilité… qualités que l’on croyait à jamais disparues, emportées par les «folies vertes» des années rouges. Le Hirak dure déjà depuis près de dix mois, chaque vendredi (et mardi) apportant son lot de revendications, de réponses et de propositions de solutions. Pas dramatique, c’est là le lot de toute «révolution». La décantation viendra bien à un moment donné ou à un autre, bien qu’il faille aller assez vite pour éviter la déroute économique… si espérée par ceux qui «ne nous veulent pas du bien». Ils sont nombreux, certains parlementaires européens n’étant que la partie visible de l’iceberg ! L’autre, le grand, le vrai drame, c’est l’apparition d’une «radicalisation» qui ne dit pas son nom, le mouvement se voyant, au fil du temps et des hésitations, «infiltré», sur ses ailes, par des forces groupales ou para-partisanes et dangereuses pour une vie politique quotidienne sereine et de dialogue : ainsi, tous ceux qui ne sont pas p.o.u.r. sont «c.o.n.t.r.e.» ! Et tous ceux qui sont contre sont immanquablement traités soit de «cachiristes», soit de «traîtres», soit de… chacun y allant de son couplet. Gare aux dérapages et aux intolérances, sur sa droite comme sur sa gauche ! «Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, (qu’) il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, (qu’) il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et (que), peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse» (Camus Albert, «La Peste». Roman (c) Enag Editions, Alger 2012).


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