Actualités / AU FIL DES JOURS

Par Belkacem Ahcène-Djaballah

1. C’est vraiment pathétique de voir, d’entendre et de lire des «thèses» plus politiciennes et partisanes ou dogmatiques que raisonnées sur l’origine du mouvement populaire que l’Algérie connaît depuis quelque temps. Qu’entend-on donc ? : « Le mouvement a été soigneusement préparé». Du déjà vu et entendu après Octobre 88. Par qui ? On ne nous le dit pas (ou jamais) avec précision. «Eux !», «Houma !». Complotisme quand tu nous tiens ! Il n‘y aurait donc de «mouvement» populaire que prémédité par on ne sait quelle(s) «organisation(s)» ou on ne sait quel pays qui ne nous veut pas du bien. Le spontanéisme des foules, ça n’existe pas. Bien sûr, la suspicion vient toujours de ceux dont la «jeunesse» est soit bien loin derrière, soit mal vécue ou mal assumée. En tout cas venant de ceux qui ont, quelque part, un compte à régler avec les autres. Il y a, aussi, quelques «jeunes» et même certains vieillards, ambitieux comme pas possible, aux dents bien plus longues que leur intelligence, qui essayent de profiter de l’«occasion» pour gravir les échelons de la vie politique. Ah ! il y a aussi des «spin doctors» qui, par leurs ouvrages ou analyses sur le mouvement populaire, pour la plupart alarmistes, font tout pour faire «oublier» des casseroles que le régime bouteflikien avait mis en sourdine… pour s’en servir un jour peut-être. 

2. Extraits d’un récent entretien d’«Algérie patriotique» avec l’écrivain franco-marocain, un ami de l’Algérie, Jacob Cohen

Q : Que pensez-vous des manifestations populaires contre le système en place en Algérie ? 

R : J’ai d’abord été surpris, agréablement surpris, parce qu’on pense généralement que le peuple reste englué dans ses problèmes du quotidien, qu’il a développé une résignation fataliste face à un pouvoir tentaculaire et qui n’évoluera jamais. Et puis, une étincelle fait enflammer la rue. Les réactions populaires demeurent mystérieuses et imprévisibles, et c’est une bonne leçon que les pouvoirs établis négligent de méditer tant ils sont sûrs de leur emprise. 

3. Enfin… Voilà donc la presse écrite publique qui se met de la partie en «couvrant» de manière plus ou moins complète (même si ce n’est pas totalement et exactement rapporté) les événements liés au mouvement populaire. Bien sûr, il a fallu attendre la troisième semaine… mais il n’était pas trop tard pour (bien) faire. Octobre 88 a été une très grande occasion historique pour libérer l’expression et libéraliser le champ médiatique. Grâce, non à Mouloud Hamrouche comme on a trop tendance à le faire croire (encore qu’il y a joué un rôle moteur par sa compréhension et son ouverture d’esprit… ce que ses pairs lui feront payer très cher par la suite), mais surtout aux journalistes eux-mêmes, alors tous appartenant (c’est bien le mot) au secteur public et auxquels on appliquait, par le biais d’une censure invisible et une auto-censure bien distillée (au nom de la Révolution, de la sécurité nationale, du respect des constantes nationales…), les règles d’info au seul service des gouvernants de l’heure et, souvent de leurs caprices (je sais de quoi je parle !). Il s’agit aujourd’hui, pour les journalistes (du secteur public mais aussi du secteur privé dirigé par des «privés» parfois plus censeurs que l’Etat lui-même) de proposer et /ou d’imposer la libération de ce qui était resté inaccompli durant près de trois décennies. 

4. Istimraria TV : un projet de télévision devant servir de caisse de résonance médiatique au cinquième mandat de Bouteflika, était sur le point de voir le jour. Les équipes techniques et rédactionnelles ainsi qu’un gros budget auraient été dégagés par Ali Haddad et d’autres hommes d’affaires pour mettre sur orbite cette télévision qui devait entamer son travail juste après la validation des candidatures, dont celle de Bouteflika, par le Conseil constitutionnel. Le projet devait être dirigé par l’ex-directeur du groupe médiatique d’Ali Haddad ( Le Temps et Algérie News) et un ex-rédacteur en chef de l’ENTV… et membre de l’ARAV. 

On se souvient que durant les mandats précédents des chaînes de Tv et même des titres de presse écrite avaient été lancées par des hommes d’affaires et/ou politiciens «souteneurs». Les chaînes de Tv de Kahlifa allaient dans le même sens avant qu’elles ne soient «démolies» pour s’être rapprochées – après sa «rupture» avec les maîtres de l’heure» – d’un candidat présidentiel concurrent. 

En moins de dix ans, Rafik Abdelmoumène Khalifa, était devenu le premier patron privé du pays… et il a même été désigné «Manager de l’année» en 2001 par le «Club Excellence Management et l’Isg d’Alger» (Moumène Khalifa a reçu par la suite à Genève, en mai 2002, le prix du meilleur manager de l’année délivré par le Forum de Davos et le Certificat de membre de Global Leader for To morrow). Son empire diversifié dans la pharmacie, la banque et le transport aérien, entre autres, pèse, assurait-il en 2002, un (1) milliard de dollars de chiffre d’affaires pour 200 millions de résultat net. Il était, assurait-il toujours, l’unique actionnaire du groupe «aux capitaux 100% familiaux». 

35 ans (en 2003), principal sponsor de l’Olympique de Marseille (OM) et de bien des équipes sportives algériennes, Dg de Khalifa Airways et de Khalifa Bank, il est le fils de Laroussi Khalifa, décédé en 1990. Ce dernier, ingénieur agronome, membre de l’Aln durant la Guerre de libération nationale (dans les services secrets!) a été, en 1962, ministre de l’Energie et de l’Industrie, puis ambassadeur à Londres, enfin Directeur général… d’Air Algérie… avant de se retrouver en prison de 1967 à 1969. Il lèguera, à son fils, une pharmacie… qui produira un médicament générique (le Synthol), le premier en Algérie. Le reste de la «saga» Khalifa est connu (une chaîne de télévision en France et une radio en Grande-Bretagne, et surtout à travers le «sponsoring» socio-culturel et sportif : Olympique de Marseille, JSK…), sauf que beaucoup s’interrogeaient déjà sur les origines exactes d’une aussi grosse fortune, apparue aux yeux de certains trop rapidement, reléguant le Groupe Cévital de Issâad Rabrab, l’autre milliardaire (300 millions de CA et 2500 salariés… et qui a mis, dit-on, trente ans pour bâtir son entreprise) loin derrière. 

D’autant que ni la banque ni la compagnie aérienne, qui représentaient 95% de l’activité du groupe, n’étaient objectivement rentables. La suite est connue (Voir fiche Khalifa groupe / liquidation): Khalifa Rafik est aujourd’hui en fuite à l’étranger, en Grande-Bretagne (qui pose des conditions difficiles à respecter en contrepartie de l’extradition), recherché par Interpol (avis 2003/13596), accusé d’avoir transformé, entre autres, sa banque, avec bien des complicités ou des silences, en une gigantesque blanchisserie qui lui aurait permis de changer l’argent des épargnants (privés et publics) en devises et de l’envoyer à l’étranger. 

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