Algérie / Colloque international sur la finance islamique : Les modes opératoires passés en revue

La finance islamique vient de voir son ancrage légal et réglementaire prendre forme, suite à la récente adoption, par le Conseil de la monnaie et du crédit, du règlement relatif aux conditions d’exercice des opérations bancaires y afférent. La ressource humaine, censée accompagner cette dynamique, est-elle bien formée ? À cette question, Kamel Rezzig, enseignant à l’université de Blida 2, en marge du Colloque international dédié à aux «Modes opératoires de la finance islamique», ouvert hier au Centre international des conférences,    indique que le décret en question impose à toute banque conventionnelle qui veut ouvrir une fenêtre islamique, de disposer de deux comptabilités distinctes. Enchaînant, il relève que les commissaires aux comptes, n’ayant pas reçu une formation spécialisée, ne peuvent pas certifier pour les comptes de finance islamique. Et d’ajouter : «Le Conseil national de la comptabilité et le Haut conseil islamique devront prendre en charge cette opération.». L’universitaire estime que le gouvernement peut s’appuyer sur l’émission de sukuk islamiques, une solution qu’il trouve meilleure que la planche à billets. Lui emboîtant le pas, Nasser Hideur, directeur d’Al Salam Bank, dit que l’émission de ces titres nécessitera une assise légale. Dans l’attente d’un amendement du Code de commerce, soutient-il, est proposé une alternative, avec la Bourse d’Alger et la Cosob, qui puisse trouver un ancrage juridique dans le Code de commerce et l’adapter pour être conforme aux préceptes de la charia pour éviter la notion de créances assorties d’intérêts. «Il s’agit de titres participatifs, hybrides», explique M. Hideur. Et d’expliquer que la «solution consiste, d’une part, à neutraliser la partie fixe, pour qu’il n’y ait pas versement d’intérêt, avec une rémunération variable et indexée à la performance, et, de l’autre, voir les souscripteurs renoncer volontairement à la garantie de remboursement et deviennent ainsi investisseurs qui participent au risque».
De son côté, Bouabdellah Ghlamallah, président du Haut Conseil islamique, évoque la place de la finance islamique à travers le monde, laquelle, dit-il, mène à des situations de stabilité financière et à des relations internationales plus stables. Comme il rebondit sur l’intérêt des grandes institutions à ce modèle de finance.  En effet, le FMI a indiqué que «les banques islamiques réalisent des opérations comportant des profils de risque et des structures de bilan qui diffèrent de manière importante à certains égards des banques conventionnelles». À ce titre, l’institution mondiale appelle à redoubler d’efforts pour renforcer les cadres de réglementation et de surveillance afin de prendre en compte les spécificités des banques islamiques et promouvoir la stabilité financière et un développement pérenne, en particulier dans les pays où la finance islamique est devenue systémiquement importante.
 Fouad Irnatene

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