Algérie / Des adversaires du mouvement populaire et comment les neutraliser (contribution)

Un article d’une extrême importance attire l’attention en ce qui concerne le rôle d’agents étrangers, notamment états-uniens, dans les mouvements populaires de contestation dans le monde contemporain (1).

Si l’observateur averti n’est pas étonné du contenu de ce texte, par contre le reste des citoyens devrait absolument lire ce texte, le méditer et tirer les conséquences indispensables. Il en va du résultat du mouvement populaire, en Algérie comme ailleurs, s’il ne veut pas accoucher d’une nouvelle oligarchie dominante.

Agents étrangers et leurs harkis indigènes

La particularité du texte de Ahmed Bensaada est d’attirer l’attention sur le rôle des agents étrangers. Bien entendu, il faut absolument en tenir compte. Depuis l’antiquité et partout dans le monde, le « cheval de Troie » est une tactique de guerre de l’ennemi étranger pour vaincre le peuple qu’il agresse pour le dominer. Cependant, des remarques semblent nécessaires à considérer.

Les techniques utilisées par l’agent étranger pour manipuler le mouvement populaire s’inspirent directement de techniques inventées précédemment par un mouvement populaire et/ou ses leaders, eux-mêmes. Par exemple, la fraternisation des manifestants citoyens avec les forces de répression, police ou armée, ont existé déjà lors de la Commune de Paris de 1871, et par la suite, avec le soulèvement prolétarien en Russie, pour prendre leur plus extrême utilisation par le mouvement indépendantiste indien, sous la conduite de Gandhi.

C’est dire qu’au sujet de ce fait extrêmement important dans un mouvement populaire, la fraternisation entre citoyens manifestants et forces de répression, autrement dit la recherche de solidarité de la part des forces de répression avec les citoyens manifestants, ce fait peut être à double effet.

Si les citoyens (et leurs leaders réellement au service du peuple) sont suffisamment conscients des enjeux, même si un agent étranger (et ses harkis locaux) emploient la technique de la fraternisation entre citoyens manifestants et forces de répression, ces mêmes citoyens et leurs leaders doivent veiller à ce que cette fraternisation ne serve pas des intérêts occultes étrangers, mais uniquement ceux du peuple. C’est appliquer la règle « à malin, à malin et demi », ou « l’arroseur arrosé ».

En effet, par l’emploi de la fraternisation entre manifestants et forces de répression, que font les agents impérialistes sinon de récupérer une action positive pour servir leurs propres buts manipulateurs ?… Eh bien, les citoyens conscients, en recourant à la technique de fraternisation, ne feront, à leur tour, que reprendre à leur compte, au service réel du peuple, cette technique de changement social.

Il faut, donc, veiller absolument à ce que la dénonciation, – indispensable -, de l’action d’agents étrangers impérialistes (et de leurs harkis indigènes) ne conduise pas les citoyens à se démobiliser (sous le prétexte que leur mouvement est manipulé par l’étranger), mais uniquement à veiller à ce que leur mouvement soit le produit de leur propre décision et serve uniquement leur propre intérêt.

Quant aux leaders qui inspirent et conduisent le mouvement populaire, deux hypothèses se présentent. La première est qu’il s’agit, comme A. Bensaada le démontre, d’agents occultes impérialistes, relayés par leurs agents harkis locaux. Cependant, il est tout aussi envisageable que des leaders, au service réellement du peuple, agissent de manière cachée, pour éviter d’être arrêtés ou assassinés, soit par des agents du système étatique contesté, soit par des agents étrangers impérialistes (ou leurs harkis).

La fraternisation est évoquée ici comme le fait le plus important. Le même raisonnement est à suivre concernant les autres actions constatées lors du mouvement populaire : nettoyage des rues, offre de fleurs aux policiers ou soldats, emploi de l’humour, caractère absolument pacifique du mouvement, etc.

Ce sont là des techniques, et, comme telles, elles peuvent servir soit les agents étrangers impérialistes, soit le peuple. Que, par conséquent, ce dernier (et ses leaders réels) emploient ces techniques au service du peuple. Car il est d’importance vitale de les employer, afin, d’une part, que le mouvement populaire ne débouche pas dans la violence, – laquelle ne peut pas le servir, en aucune manière -, et, d’autre part, en veillant à ce que la fraternisation ne soit pas récupérée par des agents étrangers, mais servent à la concrétisation des intérêts du peuple.

Ajoutons cette autre observation. Dans son précieux texte, A. Bensaada cite, preuves à l’appui, des associations algériennes qui ont bénéficié de subventions financières. Elles montrent sinon une accointance consciente et volontaire avec des officines impérialistes, du moins une manipulation de la part de ces dernières.

Cette constatation, bien que extrêmement utile à révéler, doit, toutefois, éviter deux fâcheuses conséquences.

D’une part, il faut veiller à ne pas semer une suspicion injustifiée en ce qui concerne toute association citoyenne, en tant que telle, proclamant servir le peuple (en invoquant la « démocratie », la « liberté », les « droits de l’homme et de la femme », etc.). D’autre part, il est indispensable de veiller à connaître à fond les formes de financement de toute association, notamment celles occultes, mais il est également utile de discerner l’utilité d’associations citoyennes réellement au service du peuple.

« Exporter la démocratie ».

Bien entendu, l’impérialisme, quelque soit sa forme, a toujours caché son criminel but en se masquant comme « défenseur » et exportateur de « démocratie ». Comment dès lors le démasquer ?

La solution est simple. Il faut savoir que ce que l’impérialisme appelle « démocratie » n’est rien d’autre que le capitalisme, ce système par nature psychopathe, parce que son but unique et suprême est le profit, lequel ne peut être obtenu que par l’exploitation économique de la force de travail, physique et intellectuelle, de l’être humain.

Par conséquent, en ce qui concerne toute organisme qui se proclame « démocratique » ou poursuivant l’établissement de la « démocratie », il est d’une importance vitale de connaître ce que le mot « démocratie » contient (2). Voilà le motif pour lequel mes contributions textuelles veillent, chaque fois qu’il est question de démocratie, à éclaircir ce que ce terme contient d’ambiguë, donc de manipulateur, et ce qu’il faut entendre par « démocratie » dans son sens originel et authentique. Rappelons-le, car il est indispensable de le répéter afin de démasquer totalement l’imposture manipulatrice. La démocratie authentique, à savoir la gestion de la société par et pour le peuple (on appelle ce principe : autogestion, quoique le mot semble être passé de mode), se réalise uniquement à trois conditions.

1) Élimination sous toutes ses formes de l’exploitation économique de l’être humain par son semblable, donc, élimination du capitalisme, pour le remplacer par la socialisation (ou collectivisation) des moyens collectifs de production et de distribution sociaux. À ce sujet, écartons un malentendu. Les termes « socialisation » ou « collectivisation » ne se réfèrent pas aux prétendus « socialisme » ou « communisme » proclamés par les oligarchies étatiques qui s’en réclamaient, et cela à partir de 1917 en Russie, jusqu’au « socialisme » de l’époque du colonel Boumédiène.

2) Sans l’élimination de l’exploitation économique, il est impossible d’éliminer ce qui implique son existence : la domination politique. Il s’agit de la remplacer ce système social, caractérisé par la hiérarchie autoritaire oligarchique, par la coopération consensuelle populaire (ou citoyenne), en établissant les structures adéquates.

3) Et sans l’élimination de l’exploitation économique et de la domination politique, il est impossible d’éliminer ce qui légitime leur existence : le conditionnement idéologique. Il faut le remplacer par la liberté totale de penser et de s’exprimer, liberté qui suppose, pour être authentique, l’égalité absolue des citoyens en matière de droits et de devoirs, et leur solidarité réciproque.

Par conséquent, au sujet de toute organisation qui se réclame de la « démocratie », par exemple les diverses associations citées par A. Bensaada, il est indispensable, comme le fait l’auteur, d’en dénoncer le financement occulte, donc une collusion avec des officines impérialistes (capitalistes, soulignons-le) étrangères, relayées par des officines autochtones, également capitalistes.

Cependant, il faut également : soit créer des associations qui soient réellement au service du peuple, et au financement sans occultation ni ambiguïté, soit, encore, si on milite dans les associations citées par A. Bensaada, agir en sorte de les rendre totalement indépendantes par rapport aux officines impérialistes qui les financent. Encore une fois, il s’agit d’appliquer le principe « à malin, malin et demi », ou de « l’arroseur arrosé ». Il s’agit là d’un principe de base de la guerre, ici sociale : retourner les armes de l’ennemi contre lui.

Cyberespace

L’un des domaines d’action sociale est le cyberespace. Bien entendu, il est utilisé aussi bien par des citoyens et leaders populaires honnêtes que par des agents impérialistes et leurs harkis locaux.

Cependant, il est vrai que le terrain du cyberespace a une caractéristique fondamentale : ce terrain est le mieux maîtrisé et utilisé par les personnes qui disposent le plus d’argent et, donc, également de la formation adéquate à l’utilisation de ce terrain. Il n’est donc pas étonnant de constater que les agents impérialistes et leurs harkis indigènes, financés et formés par eux, possèdent la plus efficace maîtrise de ce terrain de confrontation.

Il reste donc aux militants sincères de la cause populaire, en plus de leurs efforts de lutte dans  le cyberespace, d’occuper le plus possible un autre terrain : celui concret où le peuple travaille, habite, étudie et prend ses loisirs. Que l’on se rappelle le principe fondamental : transformer ses faiblesses en force ! C’est ainsi que les guerres populaires de libération ont affronté des adversaires infiniment plus puissants en argent et armes matérielles, et les ont vaincus. La solution fut la fusion la plus complète des « élites » honnêtes avec le peuple, partout où il existe, dans une relation d’action réciproque où force intellectuelle et force physique se complétaient harmonieusement.

Que, donc, le cyberespace, toutes proportions gardées, soit traité par le peuple et ses leaders honnêtes comme furent traités les avions, chars, soldatesques et moyens de communications colonialistes et impérialistes. Un tout petit exemple personnel pour comprendre ce propos. Durant la guerre de libération nationale algérienne, alors que j’étais enfant, mon quartier était quadrillé par des hauts-parleurs qui diffusaient à longueur de journée la propagande colonialiste, accompagnée de musiques adéquates ; cependant, il me suffisait d’entendre, pendant une heure, la radio clandestine algérienne, diffusée à partir du Caire, pour démystifier l’obsédante et apparemment puissante propagande colonialiste.  Mieux encore : quand un moudjahid descendait de la montagne, ou un moussabil (combattant civil clandestin dans les villes), ou un simple citoyen patriote intellectuel  parlaient avec nous de manière discrète, à la maison, alors la propagande colonialiste des hauts-parleurs était réduite à néant !… C’est dire l’importance absolument fondamentale de la relation physique la plus profonde entre le peuple et les personnes en mesure de l’aider à comprendre où sont ses intérêts et la manière de les concrétiser.

L’autre moyen est le suivant : le plus rapidement possible, contribuer à ce que le peuple dispose de ses organisations autonomes d’association, de délibération et de décision ; que ces auto-organisations soient caractérisées par les indispensables liberté, égalité et solidarité. Ces aspects écartent toute violence, tout dogmatisme, toute forme d’autoritarisme hiérarchique, et stimulent l’établissement du consensus le plus large, sans négliger ni diaboliser la minorité qui exprime un avis différent (car il est possible que ce dernier se révèle, à expérience faite, plus judicieux). C’est là l’unique et la meilleure garantie, pour le peuple, de se prémunir contre toutes les formes de manipulations occultes, qu’elles soient étrangères ou  internes.

S’il est vrai, comme le constate A. Bensaada, que, par exemple, « les vidéos, les chansons, les parodies de chansons, les sketchs et les clips détournés ont été (et sont toujours) très efficaces », cette efficacité sera redimensionnée à sa correcte mesure, au service du peuple, si ce dernier dispose de ses auto-organisations afin d’examiner le contenu et la valeur de ces ingrédients du cyberespace. Voir l’exemple mentionné précédemment concernant les hauts-parleurs et les musiques du système colonial.

A. Bensaada note justement, d’une manière générale : « Autant la méthode de la lutte non-violente est d’une efficacité redoutable dans la destitution des autocrates, autant elle n’a aucune incidence sur la période qui s’en suit. » Ceci dit, il faut ajouter une précision. Il est et en sera comme Bensaada l’affirme, mais à une condition : tant que le peuple ne prendra pas conscience d’un fait, que la seule manière du peuple pour ne pas être dupé dans son mouvement légitime, c’est de  s’auto-organise, de la base (périphérie) et dans toute activité sociale (travail, habitat, études, loisirs, etc.), jusqu’au centre, incarné par les institutions gouvernementales. L’histoire sociale mondiale le montre a satiété : tout le problème est là ! La capacité du peuple de disposer de sa propre auto-organisation autonome, libre, égalitaire et solidaire.

Adversaires internes

À propos du texte de Ahmed Bensaada, la personne qui m’a envoyé son article remarque : « Il manque à l’analyse un détail, mais de taille, une explicitation du rôle des services (le pouvoir) algériens ».

Il est vrai que le peuple n’a pas seulement comme adversaire l’agent étranger impérialiste capitaliste (et ses harkis indigènes), mais également des adversaires internes :

1) les prétendus « islamistes » : lors des manifestations populaires du vendredi 29 mars 2019, qui donc avait intérêt dans l’agression de militantes féministes du mouvement populaire, dénonçant le code féodal de la famille, sinon des « islamistes » ?

2) les prétendus « démocrates » laïcs : les « leaders » politiques et les « intellectuels », d’une certaine déclarée « opposition » au système, qui s’empressent, personnellement ou en actionnant des « trolls » à leur service (3), de créer les conditions pour parvenir au pouvoir étatique, comme nouvelle oligarchie, masquée de « démocratique ».

3) les institutions internes au service de l’oligarchie locale jusqu’alors dominante : car il serait illusoire de croire que toutes les personnes dirigeant des institutions étatiques, et ayant largement bénéficié de privilèges, en faisant partie du système social contesté par le peuple, soient devenus solidaires des revendications légitimes de ce peuple.

Concernant les deux premiers adversaires, leurs référents sont différents : pour les premiers, « Dieu » (interprété à leur manière) ; pour les seconds, le « divin marché » proclamé comme « libre ». Cependant, pour les deux, le but est identique : l’établissement d’un système capitaliste. Toutefois, pour les premiers, il est conçu sous forme de « charia », autrement dit de dictature totalitaire cléricale, et, pour les seconds, sous forme de « libéralisme », qui se révèle être une forme de dictature totalitaire masquée, parce que, quelque soit le parti au pouvoir, il doit avoir comme idéologie le capitalisme le plus débridé, parce que permettant le profit le plus gros.

Le troisième adversaire du mouvement populaire, ce sont les institutions de contrôle et de répression sociaux. Elles sont l’émanation du pouvoir étatique dominant en place, et, donc, ont intérêt à sa continuité, sous sa forme existante, ou, en cas de mouvement populaire trop critique (ce qui est le cas aujourd’hui en Algérie) sous une autre forme, plus acceptable pour le mouvement populaire, mais, cependant, à son détriment. Deux exemples.

Lors de la marche des manifestants, le vendredi 05 avril 2019, comment expliquer l’énorme embouteillage provoqué à l’entrée Est d’Alger, par l’intervention de la gendarmerie, puis l’usage par celle-ci de gaz lacrymogènes contre les citoyens ?

L’une des propositions du pouvoir actuellement en place est d’encourager et d’autoriser la création de partis politiques, de syndicats et autres associations. Le motif invoqué est d’augmenter l’aspect démocratique du nouveau système social. Or, l’expérience historique mondiale prouve que les partis politiques finissent toujours par former une caste anti-démocratique, aux intérêts convergents avec ceux de l’oligarchie étatique, et cela quelques soient leurs proclamations contraires. Il en est ainsi tant des partis « libéraux » que des partis « révolutionnaires ». La même expérience historique montre que seul l’auto-organisation du peuple, se dotant de ses propres structures libres, égalitaires et solidaires est la garantie d’une authentique démocratie.

Intelligence du peuple

Concluons d’une manière claire. À moins d’être un ignorant, un naïf ou un manipulateur, il est évident que, profitant du surgissement du mouvement populaire, des adversaires s’activent à le neutraliser, en le détournant pour satisfaire leurs propres intérêts de caste.  

1) Les oligarchies étrangères et leurs harkis indigènes, au nom de la « démocratie », font tout pour mettre la main sur les ressources naturelles, les moyens collectifs de production et le territoire de l’Algérie, comme de tout pays de la « périphérie » de la planète. Pour y parvenir, ces oligarchies doivent évidemment recourir aux harkis locaux adéquats de la conjoncture, occultes et jouant le rôle de « leaders » du changement « démocratique » ;

2) L’oligarchie locale encore au pouvoir et celle qui veut la remplacer, sous prétexte de « démocratie » (éventuellement de « charia »), de « développement économique » et de lutte contre la « corruption », veut, elle aussi, gérer à son profit les richesses du pays.

L’important pour ces deux agents, étranger et interne, est le profit à tirer par l’exploitation économique, à travers la domination politique et le conditionnement idéologique du peuple. Ces caractéristiques sont d’autant plus masquées, sous des étiquettes démagogiques flatteuses, parce que le peuple est conscient des enjeux, et le montre lors de ses manifestations publiques. La récupération par la manipulation est une tactique pratiquée par toutes les oligarchies, étrangères et indigènes ; malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, cette tactique a vaincu les mouvement populaires.

Il est donc indispensable qu’à l’analyse des actions occultes des agents externes (et de leurs harkis locaux) soit également ajoutée une analyse des agents internes (de tous les agents internes), adversaires du mouvement populaire, dans et hors des institutions du système contesté. C’est dire combien d’obstacles se présentent contre le désir du peuple de s’émanciper de tout servilisme. À ce sujet, il faut avoir à l’esprit un principe, valable pour les individus comme pour les peuples : il est plus facile de reconnaître et combattre ses ennemis plutôt que ses faux amis. Espérons que le peuple, face à tous ses redoutables, impitoyables et masqués adversaires, saura édifier sa propre auto-organisation, libre, égalitaire et solidaire, et, ainsi, déploiera toute son intelligence pour gagner la victoire légitime qu’il espère !

Kaddour Naïmi,

Email : [email protected]

Renvois :

(1) Ahmed Bensaada, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

(2) Dans le texte de A. Bensaada, voir la citation concernant le site officiel du CIPE.

(3) Voir des exemples dans le texte de A. Bensaada.AuteurKaddour Naïmi 

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