Algérie / Discours intégral du chef d’état major de l’ANP Ahmed Gaïd Salah


Le général Ahmed Gaid Salah, en visite à Ouargla, a prononcé ce lundi 20 mai un discours consacré à la situation politique. Le discours a été diffusé par le ministère de la Défense nationale. Nous le produisons intégralement :

« Les résultats réalisés jusque-là dans le domaine de la lutte contre la corruption constituent une des exigences fondamentales des Algériens fidèles, loyaux et jaloux de leur patrie, des résultats qui vont dans la bonne direction, en harmonie avec la fédération des efforts et la convergence des visions entre l’Armée et le peuple. Dans le cadre de cette harmonie, il est préférable que les marches se caractérisent par un niveau raisonnable et suffisant d’organisation et d’encadrement efficace pour faire émerger de vrais représentants qui se distinguent par leur sincérité et intégrité pour transmettre les revendications légitimes de ces marches, en leur évitant toute forme d’anarchie et de tomber dans le piège de l’infiltration par des individus ayant des plans suspects qui utilisent ses manifestations comme un portail pour scander leurs slogans et brandir leurs bannières, et une passerelle pour transmettre certaines revendications irrationnelles, telle que l’exigence du départ collectif de tous les cadres de l’Etat, sous prétexte qu’ils représentent les symboles du système. Il s’agit d’une revendication non objective et irraisonnable, voire dangereuse et malveillante, qui vise à déposséder les institutions de l’Etat de ses cadres et les dénigrer. Ces cadres qui ont eu le mérite de servir leur pays à tous les niveaux, avec intégrité et dévouement, et nul n’a le droit de se substituer à la justice en leur proférant des accusations et en réclamant leur départ.

Le but de ces instigateurs et ceux qui gravitent autour d’eux, est de barrer la route à toutes les solutions possibles et de plonger le pays dans une impasse politique préméditée afin d’atteindre leur objectif d’entrainer le pays vers le vide constitutionnel. Dans ce cas, les manifestations populaires deviennent une monture facile pour ces individus afin de promouvoir des idées qui ne servent pas l’Algérie et qui ne se conforment nullement aux revendications populaires scandées. Aussi, il devient impératif de revoir la manière d’organiser ces manifestations et la nécessité de les encadrer par des personnes ayant un esprit nationaliste responsable, qui craignent Allah quand il s’agit de leur peuple, leur patrie et les institutions de leur Etat, et œuvrent à transmettre les revendications populaires dans le cadre d’un dialogue sérieux et constructif avec les institutions de l’Etat, prenant en considération les revendications réalisées jusqu’à présent, grâce à l’accompagnement permanent de l’Armée Nationale Populaire, qui s’est engagée à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté

Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur l’absence flagrante des personnalités nationales, des élites et des compétences nationales face aux évènements et évolutions accélérés que connait notre pays et qui requièrent des propositions constructives à même de rapprocher les points de vue divergents.

En somme, ceux qui veulent maintenir le pays dans l’impasse sont des individus et des entités qui tentent sciemment de nous mener vers le vide constitutionnel avec tous les risques et menaces qu’il peut comporter. L’impasse politique et le vide constitutionnel planifiés de manière délibérée par ces entités est un parcours aux conséquences désastreuses sur les plans économique et social du pays, notamment dans le domaine des investissements et la préservation des postes d’emploi et du pouvoir d’achat des citoyens, voire sur tous les autres plans ayant un lien avec le processus de développement de manière générale. Il parait que certains sont dérangés de voir l’Etat préserver sa notoriété et que ses institutions continuent à s’acquitter normalement de leurs missions, en dépit de cette crise 

Dans ce sillage, il y a lieu d’indiquer que la tenue des élections présidentielles mettra un terme à tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise. Il est certain que l’étape principale serait d’accélérer la création et l’installation de l’instance indépendante pour l’organisation et la supervision des élections. Nous attendons, dans ce cadre, l’accélération de la prise des mesures adéquates pour la mise en œuvre de ce mécanisme constitutionnel, considéré comme l’outil juridique idoine pour préserver la voix de l’électeur et donner une crédibilité aux élections.

Aussi, la tenue des élections présidentielles permettra d’éviter de tomber dans le piège du vide constitutionnel et tout ce qui s’en suivra comme dangers et dérapages aux conséquences désastreuses, ce qui exige des enfants dévoués de l’Algérie, jaloux de la notoriété de leur patrie et des intérêts de leur pays et sa place parmi les nations, d’adhérer à cette démarche décisive pour l’avenir du pays

En cette occasion, je tiens à indiquer que l’Article 102 de la Constitution que nous avons proposé d’adopter en toute responsabilité, sincérité et dévouement, en date du 26 mars passé à Djanet en 4e Région Militaire, en ce qu’il constitue une solution constitutionnelle appropriée, je dis, cet article a suscité de nombreuses interprétations erronées et tendancieuses de la part des têtes de la bande qui ont créé autour dudit article une agitation afin d’avorter toute démarche présentée par le Commandement de l’Armée Nationale Populaire. Ceux-là même qui ont démontré par ces positions qu’ils sont les ennemis de toute démarche salutaire même si elle est en faveur du pays, car leur parcours professionnel témoigne qu’ils n’ont rien donné à cette Armée, pour la simple raison qu’ils se sont affairé à réaliser leurs intérêts personnels étroits, loin de ce que leur dicte leur devoir national envers l’Armée et la Nation et il semble que leur ressentiment envers l’Armée et son Commandement a atteint un tel degré qu’ils sont véritablement contrariés par toutes ces étapes de développement que notre Armée a franchies sur plus d’un plan. Ce dépit a atteint des limites dangereuses, dont l’objectif clair est d’affaiblir l’Armée et freiner cet effort de développement considérable, ignorant que quiconque se met en travers de l’Armée Nationale Populaire et son Commandement et œuvre à entraver ses efforts, se dresse nécessairement contre l’intérêt de l’Algérie.

Nul doute que les têtes de la discorde, qui ont été démasqués, ainsi que leurs actes criminels et pernicieux néfastes pour l’Algérie, sont aujourd’hui en train de subir la sanction juste et équitable qu’elles méritent par la force de la loi. Ce sera également le sort de tous ceux qui sont impliqués dans le complot contre l’Armée Nationale Populaire et l’Algérie, en commettant des actes criminels. Ceux-là même que les enquêtes persévérantes et approfondies en cours, ne manqueront pas de dévoiler dans l’avenir et seront eux aussi sanctionnés de manière juste et équitable par la force de la loi.

Ainsi, tous ceux qui ont été désignés dans des fonctions supérieures et qui, au lieu de faire en sorte que ces fonctions et postes qu’ils occupent soient une opportunité pour affirmer leur dévouement à leur Armée et à leur patrie, à travers un travail sur le terrain et productif, ils s’évertuent à mettre les avantages de leurs fonctions essentiellement au service de leurs intérêts personnels, croyant à tort que continuer, voire insister, à manigancer des complots et des conspirations leur garantira la réussite dans ce qu’ils commettent. Nous les mettons en garde avec la plus grande rigueur que l’Etat algérien est fort par ses lois, son peuple et son Armée, qui forment un rempart solide pour protéger cette chère patrie, des complots de ceux qui veulent, sans scrupule aucun, enliser l’Algérie dans des méandres aux conséquences inconnues »


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Les trois lectures possibles du discours du général Gaïd-Salah à Ouargla

Par Kamel M. – En appelant à «accélérer» la mise en place de la commission d’organisation et de supervision des élections présidentielles, le chef d’état-major de l’ANP semble pointer un doigt accusateur vers le chef de l’Etat intérimaire. En effet, échaudé par l’échec prévisible de la rencontre «inclusive» à laquelle Abdelkader Bensalah avait appelé sans que lui-même n’y prenne part, ce dernier se tient en retrait, ne prenant aucune décision et attendant les «orientations» de l’institution militaire qui «pilote» la période de transition dont l’issue paraît de moins en moins proche.

Les «vœux» de l’armée, exprimés par la voix du général Ahmed Gaïd-Salah, sont perçus comme des «ordres» depuis qu’il a appelé à l’application de l’article 102 de la Constitution stipulant l’empêchement du président de la République et donc sa destitution. Ce qui fut fait dans les semaines qui avaient suivi son discours. L’appel lancé à partir d’Ouargla, ce lundi, signifie que la machine électorale va être mise en branle et que des contacts vont être établis dès maintenant avec des personnalités de l’opposition et des «représentants» du mouvement populaire pour tenter de constituer cette instance sur laquelle pèse la lourde tâche d’assurer le bon déroulement d’un scrutin à haut risque.

Et, justement, à propos de l’élection présidentielle, à travers laquelle l’armée voit la seule issue à la crise pour «barrer la route à ceux qui cherchent à prolonger la crise» – dixit le général Gaïd-Salah qui n’a pas nommé ces «perturbateurs» qui ont intérêt à ce que la situation s’envenime –, ce dernier n’a pas fait un abcès de fixation sur la date du 4 juillet dans son discours de ce lundi. Est-ce à dire que l’échéance électorale sera reportée de quelques mois, le temps de trouver un terrain d’entente avec les nombreux opposants à cette démarche dont certains craignent qu’elle provoque un clash entre l’armée et le peuple ?

Cette allusion claire à ceux qui veulent faire basculer le pays dans l’instabilité signifie, quant à elle, que l’arrestation des généraux Toufik et Tartag, du frère du président déchu, Saïd Bouteflika, et de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, n’est que le début sur une liste qui risque de s’allonger. Si on a bien saisi son message, le chef d’état-major de l’ANP insinue que ceux qu’il accuse d’avoir «comploté» contre l’Etat et contre l’armée n’ont pas tous été «neutralisés».

Plus le temps passe, plus l’armée se voit impliquée davantage dans la gestion de l’après-Bouteflika. Abdelkader Bensalah joue le rôle tout à fait secondaire de gardien du temple, en attendant de remettre les clés du palais d’El-Mouradia au prochain locataire pour cinq ou dix ans. En tout cas, plus pour deux décennies.

K. M.


Pourquoi l’ANP ne peut pas envisager une solution à l’égyptienne


20.05.2019

Gaïd Salah rejette l’appel de Taleb, Ali-Yahia et Benyelles

Le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, a réagi indirectement ce lundi l’appel de l’avant-veille par Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles pour un « dialogue franc et honnête » entre le commandement de l’ANP et des « figures représentatives » du Hirak. 

« Il devient impératif de revoir la manière d’organiser ces manifestations et la nécessité de les encadrer par des personnes ayant un esprit nationaliste responsable, qui craignent Allah quand il s’agit de leur peuple, leur patrie et les institutions de leur État, et œuvrent à transmettre les revendications populaires dans le cadre d’un dialogue sérieux et constructif avec les institutions de l’État, prenant en considération les revendications réalisées jusqu’à présent, grâce à l’accompagnement permanent de l’Armée Nationale Populaire, qui s’est engagée à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté », a déclaré Gaïd Salah dans une allocution prononcée ce lundi à Ouargla en marge d’une visite de travail en quatrième région militaire. 

La référence effectuée à l’engagement de l’ANP « à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté » peut être interprétée comme une fin de non-recevoir clairement opposée à l’appel des trois personnalités à un « dialogue franc et honnête » entre l’institution militaire et l’opposition dont le Hirak. 


L’appel de Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Benyelles à l’état-major de l’armée



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