Algérie / Le Hirak à l’épreuve de la pandémie mondiale

15.03.2020

CONTRIBUTION

Par Abdennour Abbas

La pandémie mondiale du coronavirus a exposé encore une fois les limites du pouvoir illégitime. Même au milieu d’une crise sanitaire mondiale, le pourvoir algérien est incapable de mobiliser le peuple pour son plan de prévention et de gestion de la pandémie.

À l’heure où j’écris cet article, 48 cas ont été officiellement déclarés en Algérie. Vu la progression exponentielle de la contagion, il suffirait de deux semaines pour atteindre plusieurs milliers de cas, et un cas sur six subira des complications respiratoires qui pourraient être fatales pour les personnes âgées ou vulnérables.

Étant donné la précarité de notre système de santé (un autre produit de ce régime), ralentir la progression de la maladie est la seule option disponible. Le lien entre le pouvoir et le peuple algérien étant définitivement rompu, le Hirak doit rapidement prendre les décisions nécessaires pour faire face à cette pandémie.

L’esprit du Hirak est de remettre la raison, la compétence et la justice dans la gestion des affaires publiques. Cet esprit exige aujourd’hui de préserver la vie de nos concitoyens des conséquences fatales d’une contagion incontrôlable. Une suspension du Hirak pour deux semaines ralentira la progression de la maladie et sauvera certainement des vies. Aussi, cette suspension temporaire démontrera encore une fois la maturité de ce mouvement populaire inédit.

De l’autre côté, le pouvoir devrait voir cette suspension temporaire comme une trêve, et devrait s’abstenir de toute exploitation de cette période de crise sanitaire pour museler ou atténuer le Hirak ou le prévenir de se reprendre plus tard. Il devait au contraire, prendre les décisions nécessaires pour faciliter la participation du peuple aux actions de prévention. La responsabilité du gouvernement est aussi de prendre en urgence les actions suivantes :

– Assurer un approvisionnement suffisant des appareils nécessaires pour faire face à la détresse respiratoire, cause principale des décès liés au COVID-19.

– Augmenter le nombre des espaces dédiés aux patients présentant des complications respiratoires. Étant donné le nombre de personnes souffrant de diabète ou d’hypertension en Algérie, il faut s’attendre à un taux élevé de cas sévères nécessitant des soins intensifs.

– Augmenter la capacité de dépistage de la maladie en mettant à disposition des services de santé les kits de diagnostic nécessaires.

– Suspension des vols provenant de pays à risque, et affrètement d’avions pour tout rapatriement nécessaire de citoyens algériens. Tout rapatriement doit être suivi d’une mise en quarantaine pendant deux semaines.

Aussi, Je tiens à attirer l’attention de nos compatriotes sur la mésinformation courante sur internet concernant cette pandémie. Il n’y a pas de vaccin ou de remède miracle ou de solution traditionnelle pour éviter la contagion. Le seul moyen de prévention dans toute situation de pandémie est d’éviter les grands rassemblements, réduire les déplacements et adopter les gestes d’hygiène nécessaires.

Pour une information fiable, j’encourage tout le monde à se référer au site de l’Organisation Mondiale de la Santé (https://www.who.int/ar/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public/q-a-coronaviruses).

Abdennour Abbas, Professeur à l’Université du Minnesota, USA


Lire aussi :

Abdelaziz Djerad ,Premier ministre, le 15.03.2020

Algérie / Coronavirus : le nombre de cas monte à 54

L’Algérie compte 54 cas de nouveau coronavirus, selon le dernier bilan dévoilé ce soir à 20 heures par l’ENTV. Le nombre de décès s’élève à quatre.

Sur les six nouveaux cas enregistrés ce soir, cinq ont été diagnostiqués à Blida, « en lien avec la première famille infectée », selon la même source. Le sixième cas est un ressortissant iranien, actuellement hospitalisé à Adrar.


>> Coronavirus en Algérie : le point sur la situation ce dimanche

Le bilan – Le coronavirus continue de propager en Algérie. Dix-sept nouveaux cas, dont un décès, ont été enregistrés ce dimanche 15 mars, portant à 54, dont quatre morts, le total des contaminations depuis l’apparition de la pandémie en Algérie.

La nouvelle victime, décédée ce dimanche, est une femme de 84 ans habitant la wilaya de Blida, toujours la plus touchée par l’épidémie.

Sur les dix-sept nouveaux cas, quatorze ont été enregistrés à Blida, deux à Guelma et un à Adrar. Ce dernier, un ressortissant iranien, est actuellement hospitalisé dans un hôpital de cette wilaya du Sud. C’est le deuxième étranger diagnostiqué en Algérie, après le ressortissant italien.

Les principales mesures annoncées

Face à la hausse du nombre de contaminations, les autorités multiplient les mesures. Le gouvernement a décidé de suspendre toutes les liaisons aériennes et maritimes avec la France, à compter du mardi 17 mars. Un dispositif est prévu pour le rapatriement des Algériens bloqués en France et les Français bloqués en Algérie.

Dans une note datée de ce dimanche 15 mars, la direction du commerce de la wilaya d’Alger a annoncé la fermeture de plusieurs types de commerces qui accueillent un nombre important de personnes à la fois. Les commerces concernés sont les cabarets et discothèques, les restaurants dînatoires et les salles de fêtes, les bains maures, les salles de jeux et les quinzaines commerciales.

Le ministère de la Jeunesse et des Sports a annoncé le report, à compter du lundi 16 mars, de toutes les manifestations sportives (championnats et coupes), toutes disciplines confondues, jusqu’au 5 avril.

Appels à la suspension momentanée du hirak

Dans ce contexte, et après les manifestations de vendredi qui ont été marquées par une forte mobilisation, les appels à suspendre les marches hebdomadaires pour éviter une propagation du coronavirus se multiplient.

Certains émanent d’acteurs engagés dans le hirak, comme Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH). Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate, le journaliste Hafid Derradji, Sofiane Djillali, le professeur Nourredine Melikchi, appellent à suspendre les marches.

Dans une tribune à TSA, Abdennour Abbas, chercheur algérien établi aux États-Unis, va dans le même sens : « L’esprit du Hirak est de remettre la raison, la compétence et la justice dans la gestion des affaires publiques. Cet esprit exige aujourd’hui de préserver la vie de nos concitoyens des conséquences fatales d’une contagion incontrôlable. Une suspension du Hirak pour deux semaines ralentira la progression de la maladie et sauvera certainement des vies ». Aussi, cette suspension temporaire démontrera encore une fois la maturité de ce mouvement populaire inédit.


Épidémie du nouveau coronavirus 2019 nCov : L’Algérie prend la menace au sérieux

Le ministère de la santé

par Djamila Kourta 12 février 2020

Après avoir mis en place le dispositif d’alerte et de vigilance contre l’épidémie du coronavirus, qui consiste à renforcer les moyens de surveillance et de protection au niveau de tous les aéroports et tous les vols internationaux, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière passe à une étape supérieure, à savoir le plan de préparation pour une éventuelle riposte face à des cas infectés.

Ce plan s’articule autour de cinq axes qui portent essentiellement sur la surveillance épidémiologique, virologique, prise en charge préventive et curative et le renforcement de l’organisation des services de santé en termes de soins et de moyens. «Pour le moment, il n’y a aucun cas suspect en Algérie de coronavirus. Les personnes qui se sont présentées à l’hôpital en état de panique ne répondent pas du tout au tableau qui définit le cas suspect. Ces personnes ont été prises en charge et les prélèvements qui ont été effectués sur elles ont confirmé qu’il s’agissait de la grippe saisonnière», a insisté, hier, le Dr Samia Hammadi, de la direction de la prévention au ministère de la Santé lors d’une journée de formation et d’information au profit des journalistes sur le coronavirus, organisée conjointement avec l’OMS. Mais cela n’exclut pas le fait que «cette épidémie peut toucher toutes les régions du monde et l’Algérie n’est pas pour autant épargnée», a-t-elle ajouté.

C’est pour quoi les mesures de prévention sont préconisées et «elles doivent être respectées. D’ailleurs, nous sommes parmi les premiers pays à avoir mis en place le dispositif d’alerte et de vigilance contre le nCoV-2019 qui est aussi adapté à la grippe. Un plan de communication a été adopté justement pour mieux sensibiliser la population sur les mesures à prendre afin d’éviter les contaminations». C’est ainsi que des notes portant les conduites à tenir ont été adressées aux différents organismes chargés de l’accueil, de transporter ou de soigner les personnes en provenance de la Chine.

Après avoir donné les principales caractéristiques de ce virus, le Dr Mohamed Zeroual, infectiologue à l’hôpital El Kettar, est revenu sur les mesures de prévention et de protection à prendre à l’hôpital, dans un avion, en communauté face à un cas infecté au nouveau coronavirus, dont le taux de contagion est estimé à 2,2 moins que le Sras, le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et la rougeole. Il a ainsi insisté sur le caractère vigilant face à toutes suspicions qui pourrait être classée comme cas suspect pour qui des recommandations strictes sont définies.   


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