Algérie / Manifestations nocturnes contre l’élection présidentielle à venir

Les protestataires algériens contre l’élection présidentielle à venir ont décidé d’intensifier leur mobilisation en la rendant quotidienne. Une manifestation nocturne s’est tenue le 20 novembre et s’est soldée par une vingtaine d’arrestations.

A trois semaines de l’élection présidentielle prévue le 12 décembre, les protestataires mobilisés depuis neuf mois en Algérie ont décidé d’intensifier leur mobilisation. Le 20 novembre, une première manifestation nocturne s’est tenue à Alger, après un appel sur les réseaux sociaux à sortir chaque soir et plus seulement les mardis et vendredis comme c’était le cas jusque là.

«Non au vote !», «on jure qu’il n’y aura pas de vote !», scandaient plusieurs centaines de jeunes, principalement des hommes. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées en marge de cette mobilisation improvisée dans le centre de la capitale algérienne. Les manifestants ont toutefois assez rapidement été dispersés par des policiers en tenue anti-émeutes. Si les protestataires refusent l’élection à venir, dont la campagne a été lancée le 17 novembre, c’est par rejet total du pouvoir en place auquel ils ne font pas confiance pour organiser le moindre scrutin. Pour eux, il ne s’agit, à travers ces élections, que de recycler un système dont ils ne veulent plus. En effet, les cinq candidats qui se sont présentés ont tous, à un moment ou à un autre été au service de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir pendant 20 ans, poussé à la démission par la rue début avril.

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Le Hirak (le mouvement de protestation) exige le démantèlement du «système» tout entier et son remplacement par des institutions de transition. Si des initiatives d’auto-organisation politique fleurissent ici et là, la structuration d’une véritable force d’opposition peine à voir le jour. Le processus de changement semble devoir prendre du temps et les protestataires n’entendent pas se faire voler leur soulèvement par l’élection d’un président issu de l’ancien système. Le chef de l’armée en appelle aux «enfants fidèles» de l’Algérie De son côté, le haut commandement militaire, incarné par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, homme fort du pays, rejette catégoriquement les revendications du Hirak et toute autre sortie de crise que l’élection du 12 décembre. Gaïd Salah en a ainsi appelé le 20 novembre aux «enfants fidèles» de l’Algérie et à leur «devoir envers la Patrie» lors de la présidentielle du 12 décembre. «L’Algérie, qui est capable de choisir la personne qui la dirigera dans la prochaine étape, fait appel à ses enfants fidèles dans ces circonstances particulières», a déclaré le général. «J’insiste sur le mot fidèles, ces fidèles qui sont très nombreux sur tout le territoire national», a poursuivi Ahmed Gaïd Salah, comme pour les opposer à ceux qui rejettent massivement le scrutin. Il a en outre évoqué «le rôle de sensibilisation des médias, des mosquées, des zaouïas [confréries soufies] et des imams» dans la sensibilisation nécessaire, selon lui, de la population à ce dessein.

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>> Présidentielle : l’armée en appelle aux “enfants fidèles” de l’Algérie

Le chef d’état-major de l’armée algérienne en a appelé mercredi aux “enfants fidèles” de l’Algérie et à leur “devoir envers la Patrie” lors de la présidentielle du 12 décembre, fortement contestée par la rue.

“L’Algérie, qui est capable de choisir la personne qui la dirigera dans la prochaine étape, fait appel à ses enfants fidèles dans ces circonstances particulières”, a déclaré le général Ahmed Gaïd Salah.

Ce dernier est l’homme fort du pays depuis qu’Abdelaziz Bouteflika, président pendant 20 ans, a été contraint à la démission en avril par un mouvement inédit de contestation du régime, le “Hirak”.

“J’insiste sur le mot fidèles, ces fidèles qui sont très nombreux sur tout le territoire national”, a poursuivi le général Gaïd Salah, semblant les opposer aux Algériens qui rejettent massivement au scrutin.

“L’Algérie a profondément besoin d’eux. La fidélité est ce qui caractérise la forte relation entre le citoyen et sa Patrie”, a-t-il souligné.

Les manifestants crient depuis plusieurs semaines, lors de défilés hebdomadaires massifs à travers le pays, leur opposition à la tenue de la présidentielle devant élire un successeur à M. Bouteflika. Un scrutin qui ne vise, selon les contestataires, qu’à régénérer le système au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, dont ils veulent se débarrasser.

Depuis le début de la campagne dimanche, les déplacements des candidats et leurs réunions, pourtant placés sous forte protection policière, sont régulièrement perturbés par des manifestants hostiles à la tenue de l’élection.

Mercredi soir à Alger, une manifestation nocturne, la première depuis le début de la campagne, a réuni plusieurs centaines d’opposants au scrutin qui ont répondu à des appels lancés sur les réseaux sociaux.

La police est intervenue pour disperser les manifestants et au moins 23 personnes ont été arrêtées, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le général Gaïd Salah, qui s’exprimait mercredi pour la 2e fois en 48 heures, a invoqué “le sens du devoir envers la Patrie” et souligné l’importance de s’en acquitter “avec efficacité”, évoquant notamment “le rôle de sensibilisation des médias, des mosquées, des zaouïas (confréries soufies) et des imams”.

Les zaouïas ont soutenu durant ses 20 ans de présidence M. Bouteflika, qui avait réhabilité leur rôle après son arrivée au pouvoir et en avait fait des relais auprès de la population.

Mercredi, un membre du Syndicat des zaouïas a démenti auprès de l’AFP l’existence – dont ont fait état certains médias – d’une fatwa du syndicat qualifiant de “mécréants” ceux qui s’opposent au scrutin.

“Cette fatwa est fausse. Nous n’avons jamais dit cela”, a assuré Boumediene Benamar. “Nous demandons aux gens d’aller voter. Nous estimons que la solution à la crise passe par le scrutin”.


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