Algérie / Me Bouchachi répond à Gaid Salah, appelle à la poursuite des manifestations

Me Bouchachi s’est exprimé dans la soirée de ce jeudi sur la désignation de Abdelkader Bensalah à la tête de l’État, la convocation du corps électoral pour le 4 juillet et les déclarations de Gaid Salah sur les demandes des Algériens qualifiées par le chef d’état-major de l’ANP d’ »irréalisables ».

« Nous avons toujours dit que les Algériens, quand ils sont sortis le 22 février, ont dit, d’une seule voix, non au 5e mandat, non à ce système. Nous voulons une véritable démocratie (…) Après l’activation de l’article 102, ils nous disent que celui qui va encadrer et diriger la période de transition, c’est Abdelkader Bensalah, que monsieur Nourredine Bedoui va organiser les élections et que M. Belaiz, en tant que président du Conseil constitutionnel va proclamer les résultats. Nous rejetons tout cela dans la forme et dans le fond », a déclaré d’emblée le célèbre avocat, et l’une des figures du mouvement populaire, en direct sur sa page Facebook.

Me Bouchachi rappelle que les Algériens sont sortis « non pas pour le départ de Bouteflika, mais pour le départ du régime. Les 3B ou les 4B, ne sont pas habilités à diriger la période de transition. M. Bensalah est l’un des symboles du régime de Bouteflika. M. Bedoui a été wali et a truqué les élections, il est devenu ensuite ministre de l’Intérieur, et organisé des élections truquées. M. Belaiz, l’un des symboles du régime, a été ministre de la Justice, ministre de l’Intérieur, deux fois président du Conseil constitutionnel ».

Et à l’avocat de s’interroger : « Peut-on leur faire confiance pour encadrer la période de transition, et organiser des élections transparentes ? Ils ne sont pas légitimes pour faire cela ». « La morale politique, et la morale tout court exige qu’ils ne peuvent pas continuer à jouer ce rôle (…) La morale exige d’eux de démissionner immédiatement (…). Ces personnes étaient en fait des travailleurs chez l’ex-président Bouteflika, puis chez la bande qui entourait le président ».

Me Bouchachi juge impossible d’organiser des élections transparentes dans un délai de trois mois, et dans les conditions politiques actuelles. « Peut-on parler des élections présidentielles dans la situation actuelle au moment où tout le peuple algérien dit non. L’imposer aux Algériens, cela signifie qu’il y a une volonté cachée de ne pas changer de régime, mais de poursuivre avec le même système », affirme-t-il.

Pour Me Bouchachi, un pouvoir sans légitimité populaire, sera une proie facile aux puissances étrangères. « Le régime politique savait que le peuple le refusait, et tirait sa force de l’étranger. Pour plaire aux étrangers, il détruisait l’économie du pays, son histoire », accuse-t-il.

Sur les déclarations du chef d’état-major de l’ANP, le général Ahmed Gaid Salah, qui a qualifié mercredi à Oran les demandes des Algériens d’ »irréalisables », Me Bouchachi répond : « J’étais déçu. Depuis le premier communiqué du 26 février qui contenait des menaces contre les manifestants, d’autres communiqués ont été diffusés, qui disaient que l’ANP va soutenir le hirak et se ranger du coté du peuple algérien. Le dernier communiqué du commandement de l’état-major est désolant. Il dit qu’il ne veut pas de demandes irréalisables. Le peuple n’a présenté aucune demande irréalisable. Dans le monde entier, aucune période de transition ne s’est faite avec les symboles d’un régime corrompu ». « Les demandes du peuple ne sont pas irréalisables », insiste Bouchachi.

Sur le respect de la Constitution, auquel s’accroche le pouvoir pour imposer sa transition, Me Bouchachi rappelle que « l’article 102 aurait du être activé en 2014, en 2016 ».

Me Bouchachi émet une série d’interrogations sur la position de l’armée. « Le pouvoir peut transgresser la loi et la Constitution et quand le peuple réclame l’application de l’article 7, on parle de demandes irréalisables ? », « Est-ce que l’état-major est avec le peuple ? Ou il veut se rallier aux résidus du régime ? »

Me Bouchachi exprime son souhait que « l’ANP, ne peut en aucun cas, s’allier à un régime en fin de règne. Est ce que l’ANP veut que l’Algérie aille vers une vraie démocratie ou la poursuite du système avec d’autres personnes ? Je dis que l’ère du choix par l’institution militaire des présidents doit cesser. Je garde espoir que lorsque l’ANP va regarder les marches de demain, va rester avec le peuple, nous voulons construire un État dans le respect des principes de Novembre ».

Me Bouchahi lance un appel aux Algériennes et aux Algériens que cette révolution pacifique est une continuité de la révolution de novembre, qui a libéré la terre mais pas l’homme, selon lui. « Il faut de la patience, du pacifisme. Ce n’est pas de notre droit de s’arrêter en milieu du chemin. Aujourd’hui, nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos enfants, des générations. Nous sommes en train de se battre pour les futures générations pour sauver cette révolution. Nous n’avons pas le droit de reculer, il faut poursuivre, d’une façon pacifique. Nos demandes ne sont pas irréalisables, elles sont légitimes ».


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