Barrages souterrains, une solution efficace à développer en Algérie

 

Comme souvent en été, Tamanrasset connaît des pluies diluviennes. Contrairement au nord de l’Algérie, dans cette région située à l’extrême sud du pays, la saison des pluies correspond à l’été.

Un lointain effet de la mousson estivale du Golfe de Guinée. Pour retenir l’eau des crues, les agriculteurs demandent plus de barrages souterrains.

L’oued Tamanrasset en crue

En ce mois de juillet, l’oued Tamanrasset est en crue. Il traverse d’est en ouest la ville du même nom. Les eaux chargées de limon sont de couleur marron. À l’ouest de la ville, à Tahaggart, l’eau s’engouffre sous les 32 énormes buses du pont.

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La vue de ces eaux en furie attire les curieux. C’est un spectacle que beaucoup ne veulent pas manquer. Plus loin, assis sur les berges, les curieux observent les flots tumultueux.

Au milieu d’un pont submergé par les eaux, un homme en difficulté essaie de retenir sa moto couchée au sol. Deux jeunes avec de l’eau jusqu’aux genoux, viennent à son secours sous les yeux admiratifs de la foule.

Plus en amont, à nouveau des attroupements le long des berges. Chacun commente ou prend des photos pour immortaliser la scène, il n’a pas plu autant depuis 3 ans

On voudrait des barrages sur l’oued

Dans la campagne, face à l’oued en crue, Boubacar, président de l’association agricole d’Ahanghass (Ahaggar), confie à Ennahar TV sa joie de voir cette pluie salvatrice. « On ne veut pas que cette eau parte ailleurs. On voudrait des barrages traditionnels, des obstacles qui permettent d’arrêter l’eau, de la ralentir afin qu’elle s’infiltre dans le sol », a-t-il demandé.

Abdallah, agriculteur, réclame également l’aide de l’État pour la construction d’obstacles dans l’oued. À Tamanrasset les besoins en eau du secteur agricole sont en augmentation.

Algérie, l’expérience des barrages souterrains

Depuis 2011, l’adduction en eau potable de la ville de Tamanrasset est assurée par une canalisation de 750 km en provenance d’In Salah. Un projet gigantesque qui a coûté des milliards de dollars à l’État.

Les puits et forages servent principalement à l’agriculture. En 2000, afin de stabiliser le niveau de la nappe de l’oued In Amguel, un barrage souterrain ou inféroflux a été construit.

Pour le profane arrivant sur le site du barrage, la déception est grande : aucun monstre de béton. Et pour cause, le barrage est souterrain, il s’agit de petite retenue hydraulique. Le plus souvent, seul un muret d’un mètre de haut dépasse du sol.

Lors du 1er séminaire international sur la ressource en eau au Sahara, les experts Ould Ali Mahfoud et Boutoutaou Djamel expliquaient qu’il s’agissait d’édifier une paroi de béton en profondeur.

Dans le cas du barrage Timiaouine (Bordj Badji Mokhtar), la profondeur de cette paroi atteint 25 m dont seul un mètre dépasse du sol. Son but est de diminuer « la vitesse d’écoulement, en conséquence, créer une recharge supplémentaire de la nappe ».

Stockage en profondeur, moins d’évaporation

À In M’guel, la paroi de béton édifiée en travers des alluvions de la cuvette de l’oued permet une capacité de stockage souterrain de 4 millions de m3, et de 10 millions de m3 dans le cas du barrage d’Adrar. Un stockage non soumis à l’évaporation puisque souterrain.

Dans la cuvette d’In M’guel, les sondages réalisés par les services de l’hydraulique ont montré la présence de couches de sables, de lits de galets ou de sables grossiers.

Des couches profondes de 26 à 50 m qui reposent sur du granite imperméable. Ce sont ces couches qui emmagasinent l’eau des violents orages d’été. Les relevés établissent des moyennes de précipitations mensuelles totalement différentes de celles du nord du pays : 8,2 mm en août et un minimum de 1,1 mm en février.

Des barrages souterrains peu coûteux

L’expérience acquise en Algérie montre que ces barrages sont adaptés aux zones semi-arides et arides dont la pluviométrie annuelle est souvent répartie sur deux ou trois mois. Une période suffisante pour recharger les nappes alluviales à partir des crues d’oued.

 

En absence de barrage, dès la fin des pluies, les nappes se déchargent rapidement que ce soit par écoulement naturel ou exploitation. Le pompage devient difficile. Seul le barrage permet de freiner l’écoulement en aval et de stabiliser le niveau de la nappe.

Selon ces experts, les avantages de ce mode de captage souterrain sont multiples : facilité de conception, faible coût, utilisation de moyens locaux et de main d’œuvre non spécialisée.

Pour Boubacar et Abdallah, seul un barrage souterrain leur permettrait d’avoir plus d’eau dans leur puits.


 

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