«Le blocage» des sites d’information en Algérie pointé par un autre média électronique

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Algérie62 avertit contre le risque de disparition «de dizaines de journaux électroniques […] dans les prochaines semaines» à cause des «blocages» imposés par l’administration. Il dénonce le limogeage d’une responsable du ministère de la Communication et appelle la Présidence à agir «avant qu’il ne soit trop tard».

Après Tout sur l’Algérie (TSA), Algérie62 dénonce à son tour les blocages et la censure des médias électroniques. Le journal répond notamment à la suggestion faite par le ministère de la Communication à tous les sites de se domicilier en «.dz» et pointe le limogeage injustifié d’une responsable estimée et reconnue par les médias. Le ministère n’a pour l’heure toujours pas réagi.

«Après avoir cru aux déclarations des officiels sur la prise en charge et l’accompagnement du secteur, des dizaines de journaux électroniques risquent de disparaître dans les prochaines semaines et mois», écrit Algérie62, invitant les hautes autorités du pays à agir «avant qu’il ne soit trop tard».

Se domicilier en «.dz»?

Ainsi, s’exprimant sur l’exigence pour tous les sites d’information de se domicilier en «.dz», le média affirme que, bien que tous les journaux électroniques soient tenus de payer 10.000 dinars (62 euros) par mois pour que le Centre de recherche sur l’information scientifique et technique (CERIST) les héberge, la tâche n’est pas du tout facile à cause de la bureaucratie.

À ce propos, Algérie62 cite le directeur d’un journal électronique qui témoigne «sous couvert d’anonymat par peur de représailles» de la part de l’administration.

«C’est un vrai cauchemar, je ne sais plus quoi faire», déclare-t-il. Et d’expliquer: «Je suis allé dans une agence commerciale d’Algérie télécom à Alger pour m’inscrire au point « .dz ». On m’a demandé de payer 28.000 dinars (174 euros) pour l’installation de la ligne, et ce en plus des autres dossiers que nous avons déjà déposés dans d’autres organismes pour passer au « .dz » et se conformer à la loi».

Selon le site, cette situation concerne également des «dizaines d’autres journaux qui ne veulent pas s’exprimer sur le sujet» pour éviter les «représailles de ceux qui agissent […] contre la volonté de l’État» qui s’est engagé à développer ce secteur, tel qu’affirmé à maintes reprises par le Président Abdelmadjid Tebboune.

«Nous sommes écœurés par les nombreux blocages volontaires ou involontaires de quelques responsables qui [ont profité] de l’absence du Président de la République [rentré le 12 février d’Allemagne où il était soigné contre le Covid-19, ndlr]» pour entraver la réforme de ce secteur.

Une responsable nommée par le Président, limogée en son absence?

Dans le même sens, Algérie62 évoque le limogeage «injustifié» de la responsable nommée par Abdelmadjid Tebboune au ministère de la Communication, pour réorganiser le secteur des médias électroniques.

Une journaliste de 20 ans de carrière «a été brutalement virée sans aucune explication», pendant l’absence du Président qui se trouvait alors en Allemagne pour des soins médicaux. Une responsable qui a convaincu «par sa spontanéité et engagement».

L’intéressée ayant été nommée par deux décrets présidentiels et limogée sans aucune notification, Algérie62 appelle la Présidence de la République et le ministère de la Communication à faire toute «la lumière» sur cette affaire aux répercussions négatives sur «les institutions de la République».

À ce jour, le ministère de la Communication n’a pas encore commenté les propos tenus par TSA et Algérie62.


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La menace est réelle. L’Algérie dispose des compétences pour faire face aux cyberattaques. Elle peut même riposter. Elle l’a fait et elle le fera si elle est menacée

Sans tirer la moindre balle ni faire le moindre mort! La guerre se fait désormais à distance, c’est-à-dire sur Internet. Le week-end dernier on a pu avoir un «avant- goût» de ces cybers-affrontements. Il y a eu une «passe d’armes» entre les hackers algériens et leurs homologues marocains. Ce sont ces derniers qui ont lancé les «hostilités». Profitant du contexte géopolitique tendu entre les deux pays, ces pirates informatiques se sont attaqués à des sites Internet de certaines institutions. À l’image de celui de l’Agence algérienne pour la valorisation des hydrocarbures (Alnaft). Ils y ont effectué une opération de «sabotage» en changeant sa page d’accueil pour y afficher des messages à la gloire du Royaume chérifien et le roi Mohammed VI. La riposte algérienne n’a pas tardé! Elle a été même des plus violentes! Plusieurs sites d’institutions marocaines ont été bloqués par le hacker algérien.

Les autorités marocaines ont tenté de «dissimuler» cette riposte en bloquant l’accès à ces sites, tout en imposant un «black-out» sur la réplique algérienne. Mais sur les réseaux sociaux, nos hackers, affichent fièrement leurs exploits. Certains se vantent même d’avoir récupéré des informations importantes sur ces sites alors que les attaques marocaines n’ont été capables que d’en modifier les pages d’accueil. Quoi qu’il en soit, on semble assister aux prémices d’une guerre électronique entre les deux pays. Il ne faut pas s’étonner de voir les animosités monter d’un cran. Surtout s’il s’avère que des hackers algériens aient réussi à récupérer des données sensibles de sites stratégiques du voisin de l’Ouest. Des «bruits de clavier» résonnent à nos frontières virtuelles ! L’Algérie est-elle prête à faire face à cette guerre d’un nouveau genre? Il faut savoir que cette menace est prise au sérieux depuis plusieurs années. Le pays dispose d’équipes très compétentes en la matière. Des milliers de personnes ont été formées ces dernières années pour assurer la sécurité informatique du pays.

De plus, elle a des hackers qui sont considérés comme des références en la matière à travers le monde. Très patriotes, ils n’hésitent pas à «contrer» et «bombarder» l’ennemi dès qu’une attaque arrive. Aussi, il faut savoir que même une «cyberattaque» d’envergure ne risque pas de paralyser complètement le pays, comme ça pourrait être le cas sous d’autres cieux. Il y a d’abord le fait que la digitalisation n’est pas aussi importante que dans d’autres pays. Ce qui fait que beaucoup d’institutions ou de l’Etat ne sont pas dépendantes des outils informatiques pour pouvoir fonctionner. Il y a aussi le fait que l’Algérie ait une certaine souveraineté numérique avec le contrôle des données internes. Ce qui lui permet de «fermer» les vannes quand elle le souhaite. Il n’en demeure pas moins qu’un problème se pose au niveau de nos institutions publiques. La question de la sécurité informatique n’a pas la place qu’elle doit occuper.

Pourtant, un décret ministériel, daté de plusieurs années, oblige chaque institution ou entreprise étatique de se doter d’un responsable de sécurité des systèmes d’information (SI). Néanmoins, de l’avis de tous les spécialistes, le rôle du SI reste flou. Tout comme leur efficacité. Les dernières attaques en sont la meilleure preuve. Où se situe donc le problème? Certainement pas au niveau des compétences. Il faut voir ailleurs. Peut-être du côté de l’organisation au sein de ces entreprises et la définition des rôles? C’est la question à laquelle il faudra vite répondre. Car, notre sécurité informatique est en jeu… /

Walid AÏT SAÏD

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