La COP27 : plaidoyer pour un Conseil de sécurité de l’énergie

     

 

 Par le Professeur Chems Eddine Chitour

«Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps (…) Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère (…) Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes!(..) Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.»
(Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII)

Résumé
La COP27 s’est tenue en Égypte à Charm El-Cheikh du 6 au 19 novembre. Deux grands évènements ont été organisés : la conférence des chefs d’État et de gouvernement et les représentants des 180 pays et la conférence de l’Union des Parlements internationaux (UPI).
L’Algérie a envoyé une délégation de deux sénateurs pour participer aux travaux de l’Union internationale des Parlements. Je suis intervenu au nom de l’Algérie en plaçant le débat au niveau du sort des pays vulnérables impactés durement par les changements climatiques depuis l’avènement de l’exploration des énergies fossiles. Nous avons profité de l’opportunité lors d’un entretien avec M. Duarde Pacheco, président de l’UIP, pour lui remettre le livre blanc réalisé par l’Algérie sur les impacts des changements climatiques et les efforts qu’elle fait pour les atténuer.
L’autisme est tel que la production des énergies fossiles continue sans aucune restriction malgré les vœux pieux d’arrêter leur production. Curieux hasard, j’ai proposé que les Nations unies mettent en place un Conseil de sécurité de l’énergie. C’est exactement la même proposition du président brésilien quatre jours après mon intervention. La COP 27 va probablement ne pas imposer de contraintes, la pollution va continuer, les phénomènes extrêmes seront plus récurrents. Les pays du Sud ne seront pas dédommagés pour les catastrophes du fait de l’égoïsme des grands.
Dans toute cette agitation, l’Égypte vient de signer le contrat du siècle, elle a signé avec l’Europe un contrat win-win pour la production d’hydrogène vert pour l’Union européenne alors qu’elle est loin de l’Europe contrairement à l’Algérie qui tarde à lancer enfin son ambition de proposer à l’Europe un hydrogène vert moins cher.

État des lieux d’une planète avec une humanité à deux vitesses
La transition énergétique consiste à substituer aux énergies fossiles des énergies sans CO2. La cause n’est plus l’épuisement des énergies fossiles (on parle de moins en moins de peak oil) mais les effets délétères engendrés sur l’environnement terrestre, notamment le climat, qui sont catastrophiques. L’humanité a passé le cap des 8 milliards d’individus le 15 novembre 2022, selon l’ONU. Il y a désormais 8 milliards d’humains à nourrir, abreuver, vêtir, héberger, soigner, éduquer, transporter, divertir, chauffer et climatiser. Chaque seconde de nos vies nécessite, à notre époque, de grandes quantités d’énergie. Mais sait-on vraiment à quoi carbure l’humanité ? 80% de notre consommation d’énergie sont couverts par des ressources fossiles. La première des énergies bas-carbone est le bois (environ 10%), suivi du nucléaire (5%), l’hydraulique, le solaire et l’éolien complétant les 5% restants.(1)
Les Terriens même impactés ne perçoivent pas très bien la thermodynamique des masses d’air d’eau et de température et l’impact d’un dixième de degré (passer de 1,3 à 1,4 °C) et il y a encore des climato-septiques qui exonèrent les énergies fossiles en parlant d’une façon savante du cycle de Milanković qui doit certainement intervenir mais qui n’est pas le paramètre déterminant de la débâcle actuelle. Ce qui intéresse le citoyen du monde impacté car habitant dans une région hot spot, c’est comment survivre et résister à une tornade dont il est responsable.

Les impacts de l’activité actuelle sur le réchauffement climatique
Le monde connaît un bouleversement inégalé depuis des siècles ; d’un côté, pluies diluviennes, inondations, de l’autre, sécheresses et incendies. Le réchauffement climatique a plusieurs effets négatifs sur la sécurité mondiale, la hausse moyenne des températures provoque une fonte des glaces continentales d’où la hausse du niveau des mers. Les rapports de l’ONU prévoient une sécheresse sans pareille entre 2025/2030 avec une pénurie d’eau douce et donc une crise alimentaire. Le Giec estime que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici 2100. Des zones côtières vont disparaître, plus l’acidification des océans qui tue la faune et la flore marines. Ces changements affectent les écosystèmes marins et les populations qui en dépendent.
L’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies. Des inondations d’un côté, des sécheresses de l’autre. Toute action dans une zone déterminée du globe a un impact sur le reste du monde, le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C d’ici 2030, alors que la borne d’après le Giec devrait être 2100.
Le réchauffement planétaire entraîne le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes : tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresses, incendies.
Enfin, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Selon le rapport du Giec, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique. Le chiffre de migrants climatiques doublera à 220 millions envisagés d’ici à 2050 à cause de toutes ces catastrophes.
Les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. Pour l’AIE, nous sommes loin du compte et les 26 COP n’ont pas réglé le problème fondamental de la baisse du CO2 par l’abandon des énergies fossiles. Au contraire, la guerre en Ukraine a agi comme un effet d’aubaine. Tout le monde s’est remis au charbon et on a verdi le gaz naturel alors qu’il pollue à 70%, comme le pétrole et à 50% comme le charbon. La raison invoquée par les stratèges européens est que nous ne pouvons pas laisser les citoyens européens avoir froid ! Tant pis si les pays du Sud vont souffrir !

Le double langage des pays développés
Malgré l’urgence et les appels incessants à agir, les émissions de CO2 dues aux énergies fossiles continuent de progresser en 2022 au lieu de diminuer : ce sont 40,6 milliards de tonnes de CO2 de plus injectées dans l’atmosphère en 2022. Ceci n’est pas étonnant. On apprend que l’exploration et la production de pétrole se portent bien. Deux fois plus d’aides pour le fuel que pour le renouvelable. En 2021, plusieurs États et institutions financières s’étaient engagés à mettre un terme à leurs financements des énergies fossiles à l’international d’ici à la fin 2022. Parmi eux, certains des plus gros financeurs des énergies fossiles. Pour Laurie van der Burg qui codirige l’ONG Oil Change International, «les pays du G20 et les principales banques de développement financent presque deux fois plus les projets d’énergies fossiles que de projet d’énergies propres chaque année. Ils fournissent 55 milliards chaque année de financements publics pour les énergies fossiles contre 29 milliards pour les énergies renouvelables. (…) On a relevé aussi des signes inquiétants de retour en arrière, car tous les pays signataires réinvestissent dans le gaz pour remplacer les combustibles fossiles russes».(2)
Dans un rapport présenté à la COP27, l’ONG américaine Oil Change International révèle que les nouveaux projets de production de pétrole et de gaz approuvés en 2022 et susceptibles de l’être au cours des trois prochaines années pourraient larguer dans notre atmosphère 70 milliards de tonnes de CO2. Soit l’équivalent des émissions totales de 468 centrales à charbon ou de 17% du budget carbone mondial restant pour maintenir le réchauffement planétaire à + 1,5 °C. Le budget total qui reste est de l’ordre de 420 milliards de tonnes de CO2 à ne pas dépasser si on ne veut pas dépasser les 1,5°C. «Si l’on brûle tout le pétrole et le gaz contenu dans les champs dans lesquels l’industrie fossile a investi en 2022 et dans lesquels elle compte investir sur la période 2023-2025, cela représente l’équivalent de deux ans d’émissions annuelles du secteur mondial de l’énergie.»(2)
Dans un rapport présenté le 16 novembre à Charm el-Cheikh (Égypte), l’ONG Oil Change International dévoile que les multinationales énergétiques, TotalEnergies en tête, veulent investir dans de nouveaux projets fossiles qui pourraient, entre 2022 et 2025, rejeter l’équivalent des émissions de près de cinq cents centrales à charbon. Pis, durant la COP27, plusieurs contrats gaziers internationaux ont été conclus. Cet expansionnisme fossile est en totale contradiction avec les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie qui exhorte depuis mai 2021 à la fin immédiate de tout investissement dans les énergies fossiles pour respecter l’accord de Paris. Et d’ici à 2030, la production mondiale de pétrole et de gaz doit diminuer respectivement de 4% et 3% par an pour être conforme à la trajectoire de +1,5 °C de réchauffement global.(2)
Il faut ajouter aussi que les États de l’Union européenne (UE) relancent leur consommation d’énergies fossiles depuis le lancement de la guerre en Ukraine.
Enfin, certains pays, à commencer par la Chine et l’Arabie saoudite, demandent à revenir sur les engagements déjà pris, notamment celui de viser une limitation du changement climatique à +1,5 degré d’ici la fin du siècle, car il serait déjà trop tard.

Ce que nous avons déclaré à la Conférence des Parlements
Nous avons insisté sur l’importance de maintenir un équilibre entre les politiques visant à affronter le changement climatique et ses impacts négatifs et les efforts de développement et de la lutte contre la pauvreté et la faim. Cela ne peut se faire qu’en tenant compte des spécificités de ces pays, qui sont à des degrés divers impactés par l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Nous avons insisté dans le même contexte sur la nécessité «de changer de stratégie pour faire face au changement climatique, en rendant le contenu de l’Accord de Paris reconduit par la COP27 contraignant, en insistant aussi sur le fait que les résultats de la «COP 27» devraient constituer «un tournant dans la voie des mesures obligatoires pour préserver l’environnement, l’avenir des futures générations, en y allouant les fonds nécessaires».
Devant la débâcle actuelle de l’autisme des grands, de la souffrance des pays peu développés sans voix mais pas sans droits humains, il est nécessaire de réfléchir globalement à la fois pour l’homme mais aussi pour la planète qui risque de disparaître en nous menant à la sixième extinction qui ne sera pas extérieure mais de la responsabilité de l’homme ce que l’on appelle l’anthropocène (l’ère de la gestion catastrophique de la Terre par l’homme). Nous avons proposé au nom de notre pays la mise en place d’un «Conseil de Sécurité de l’Énergie» à l’image du Conseil de sécurité et qui aurait à veiller aux grands équilibres, et à la responsabilité en pollution de chaque pays et qui en payera le prix s’il dépasse un quota donné, compatible avec ce que peut accepter la Terre en terme de pollution et qui se ramène à se stabiliser autour de 20 milliards de tonnes de CO2 au lieu des 40 milliards de tonnes actuelles. Nous avons la satisfaction de constater que trois jours après la proposition algérienne concernant la mise en place d’un Conseil de Sécurité de l’Énergie, le président brésilien Lula fait la même proposition. Ce qui nous conforte dans la justesse de notre proposition qui fera, nous en sommes sûrs, son chemin.
Enfin pour contribuer à la réduction du CO2, nous avons proposé que les Parlements du monde fassent la proposition aux Nations unies de planter 1 000 milliards d’arbres à croissance rapide d’ici 2050 et essaient de suivre dans chaque pays la mise en place de ce projet capable de réduire, selon les études, de 50% la quantité de CO2.
L’Algérie se propose de planter 1 milliard d’arbres sur 10 ans et plus en fonction de ses moyens. Par ailleurs, nous avons annoncé aussi que l’Algérie s’est engagée, à travers sa contribution au niveau national, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7% d’ici 2030, en fonction de ses capacités et de ses propres moyens, et que cette contribution passera à 22% si elle obtient les moyens financiers et techniques nécessaires de la part des instances de financement.
J’avais enfin insisté sur l’exemplarité des dirigeants dans la sobriété énergétique. J’avais fait remarquer que des centaines d’avions atterrissent à Charm El-Cheikh émettant du CO2. À titre d’exemple, la COP26 a eu un triste record. Plus de 100 000 tonnes de CO2 émises. J’avais cité mon exemple pour avoir consommé l’équivalent d’une tonne de CO2 et j’avais promis de compenser cela en plantant 25 arbres !

Que faire pour arrêter cette descente aux enfers ?
Pour l’AIE, les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20% des réductions d’émissions nécessaires d’ici 2030. Si on veut réellement être opérationnel, il faudra investir chaque année autour 4 000 milliards de $ au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en développement. Morgan Stanley va plus loin si on veut une transition réelle vers la nouvelle façon de consommer l’énergie. Les cinq industries clés : énergies renouvelables, véhicules électriques, hydrogène, captage/stockage du carbone et biocarburants. Il faudrait 50 000 milliards de $ !
Comme nous le lisons dans cette publication, la COP 26, à l’instar des 25 COP précédentes, a été un coup d’épée dans l’eau : «L’année qui s’est écoulée depuis la COP26 à Glasgow, franchement, a été une année de procrastination climatique. D’ici 2030, nous devons réduire les émissions de 30 à 45%, mais depuis la COP26, nous avons réduit de 1%. Nous avons donc un long chemin à parcourir», a déclaré la cheffe du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen, lors d’un événement à la COP27. Nous vivons actuellement dans un monde qui s’est réchauffé de 1,1 degré Celsius depuis l’ère préindustrielle, et nous constatons déjà une augmentation des tempêtes, des sécheresses, des inondations et des mauvaises récoltes.
«Les politiques actuelles nous amènent à un monde à 2,8 degrés Celsius… Il est important que nous ayons une conversation sur la réduction des émissions et sur qui en assume la responsabilité. Le G20, qui se réunit cette semaine même… est collectivement responsable de 75% de toutes les émissions», a-t-elle souligné, demandant à ces économies d’investir dans la finance climatique et la «justice climatique».(3)

Le coût de la transition vers le développement durable
C’est un fait, les changements climatiques sont de plus en plus récurrents et violents. On parle de terrorisme climatique dont les donneurs d’ordre sont les pays industrialisés et les victimes, les pays du Sud qui sont doublement impactés dans leur survivance. Entre les incendies (pays méditerranéens du Sud, pour certains, inondations catastrophiques comme à Bab-El-Oued (870 morts en novembre 2001), 1 370 morts au Pakistan en octobre 2022), la sécheresse pour tout le stress hydrique synonyme de famine, la peine est double pour ces pays, ils n’arrivent pas à passer aux énergies renouvelables et ils sont impactés durement (pertes humaines et matérielles). Ces dégâts ne sont pas pris en charge par les pays responsables. Cependant, à la COP27, le problème est posé mais les compensations proposées sont dérisoires !
L’Afrique qui pollue pour 4% et qui est la plus durement impactée. C’est un problème existentiel. Il s’agit dans la COP27, comme je l’ai souligné, de sortir du piège de la COP21 qui avait fait miroiter une sorte de crise. On sait comment cela s’est terminé.
En 2015, les pays pollueurs envoyaient 32 milliards de tonnes de CO2 dans l’espace. Il était prévu une décrue de 2 milliards de tonnes de CO2/an. On se retrouve en 2022 avec près de 40 milliards de tonnes. Plus que jamais l’accord de la COP27, pour qu’il ait une crédibilité, doit être contraignant. De plus il est plus que jamais temps de mettre en place un vrai financement, le fonds vert de 100 milliards de dollars ne fonctionne pas et il est dépassé.

Le président Lula pour une ONU du climat
«Je suis là aujourd’hui pour vous dire que le Brésil est de retour !» a lancé à plusieurs reprises le futur président Lula da Silva, avec la volonté réaffirmée de faire de la protection du climat et de l’environnement une priorité. Il explique vouloir développer l’agro-écologie, valoriser les savoirs des peuples indigènes, plaider pour renforcer l’aide financière aux pays vulnérables au changement climatique et défendre la création d’une ONU climat. «Nous avons un besoin urgent de mécanismes financiers pour remédier aux pertes et dommages causés par le changement climatique, nous ne pouvons plus reporter ce débat.»

L’hydrogène vert sauvera-t-il la transition énergétique ?
C’est un fait, la grande majorité des pays se lance dans la production de l’hydrogène vert, notamment l’Europe, mais aussi les pays du Sud de la Méditerranée (Égypte, Tunisie, Maroc). Alors que l’hydrogène renouvelable est au cœur de la politique menée pour renforcer l’indépendance de l’Union européenne vis-à-vis des hydrocarbures russes, des importations massives seront certainement nécessaires pour remplir les objectifs européens en la matière.
Dans ce sens, le plan européen a pour ambition de déployer l’hydrogène renouvelable, en combinaison avec les installations photovoltaïques et éoliennes, afin de réduire de 50 milliards de m3 environ les importations de gaz. Un «accélérateur hydrogène» est aussi envisagé pour permettre de fabriquer 17,5 GW d’électrolyseurs d’ici 2025, pour alimenter le secteur de l’industrie.
L’Allemagne fait également reposer sa stratégie de transition énergétique sur l’hydrogène, mais la crise de l’énergie est passée par là et les coûts de production, déjà élevés, ont explosé en France comme dans d’autres pays d’Europe. Ainsi, fabriquer un kilo d’hydrogène vert en France coûte 6 euros, contre 2,5 euros au Chili et dans certains pays d’Afrique. Alors forcément, les énergéticiens envisagent de délocaliser sa production au-delà de nos frontières.(4)
Deux pays organisateurs des réunions du G20 et de la COP 27 ont su régler les problèmes financiers qui freinent le développement de leurs pays. Ainsi, après l’Afrique du Sud en 2021 (avec le plan de 8,5 milliards de dollars entériné au début de COP27), un nouveau partenariat pour une transition énergétique juste a été lancé en Indonésie, à l’occasion du G20. 20 milliards de dollars ont été annoncés pour ce fonds qui doit permettre à l’archipel de sortir du charbon.
L’Égypte décroche le contrat avec l’Union européenne sur l’hydrogène vert. À la COP 27, l’UE et l’Égypte ont signé un partenariat sur la production d’hydrogène vert. À Charm el-Cheikh un partenariat stratégique sur l’hydrogène vert. Objectifs affichés : activer la transition énergétique égyptienne, mais également trouver des sources alternatives d’énergie au gaz russe. L’ambition égyptienne est de devenir un hub d’hydrogène à faible teneur en carbone, d’où la signature d’un partenariat avec l’UE.
L’Union européenne et l’Égypte ont négocié ce document avec l’aspiration de répondre aux intérêts des deux parties dans une approche gagnant-gagnant. «En Europe, nos besoins en hydrogène vont augmenter jusqu’à 20 millions de tonnes d’ici 2030. C’est beaucoup !» explique Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne. L’UE espère produire elle-même 10 millions sur les 20 nécessaires. Il reste donc à importer l’autre moitié. «Le choix de l’Égypte vient aussi de sa proximité avec l’Europe. La Commission européenne a également annoncé une contribution de 35 millions d’euros à la nouvelle plateforme égyptienne en charge de la transition énergétique du pays.

Beaucoup d’agitations pour un maigre résultat de la COP27
Le projet d’accord élaboré à la COP27 en Égypte maintient l’objectif de limitation du réchauffement global à 1,5 degré Celsius mais laisse sans réponse bon nombre des questions en suspens. Le projet d’accord final présenté par l’Onu réaffirme l’objectif de limitation du réchauffement à 1,5 degré retenu l’an dernier à la COP26, à Glasgow.
Il appelle aussi les pays signataires à «accélérer les mesures visant à réduire progressivement la production d’électricité à base de charbon et à supprimer progressivement et rationaliser les aides publiques inefficaces aux carburants fossiles». Il ne demande donc pas formellement de mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles, comme l’avaient demandé l’Inde et l’Union européenne.
«Le principal élément qui manque dans le document, c’est un engagement clair concernant le soutien financier destiné aux pertes et dommages pour les plus vulnérables», «si le texte n’est pas corrigé, la COP27 aura fait défaut aux plus vulnérables du monde». Parmi les questions non résolues figurent aussi celle du financement de l’adaptation des pays en développement à l’impact du réchauffement et celle du durcissement des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Business as usual : malheur aux damnés de la Terre ! Ainsi va le monde !!

La conclusion du G20 en Indonésie
Dans le communiqué final publié, les pays aux économies les plus développées ont notamment déclaré vouloir tenir leur engagement des 1,5°C. Un soulagement pour beaucoup à Charm El-Cheikh : «C’est un signal politique fort, réagit Aurore Mathieu du Réseau action climat. On aimerait bien que ça se traduise concrètement ici par une date de sortie des énergies fossiles notamment puisqu’on sait que, pour réduire ces émissions, il faut sortir des énergies fossiles notamment.»

Conclusion
Dans notre intervention, nous avons aussi insisté sur la nécessité de revoir fondamentalement le format de ces rencontres festives. Notre pays pourrait développer ce concept de Conseil de sécurité de l’énergie. C’est-à-dire que l’énergie est une cause existentielle pour la planète. Les milliers de morts du fait de ce tueur silencieux qu’est le changement climatique pèsent moins que la mort de deux personnes à la frontière Pologne- Ukraine (aussi respectables et précieuses soient-elles), mort qui risque, dit-on, de déclencher la Troisième Guerre mondiale. Ce tintamarre provoqué par une poignée de pays atteints d’hubris et qui pensent gouverner le monde à leur idée. Non, les Nations unies doivent se ressaisir si elles ne veulent pas finir comme la défunte Société des nations.
Le Secrétaire général n’arrête pas d’alerter sur le fait que nous allons droit dans le mur. Cela ne suffit pas, il faut qu’il s’en remette à l’Assemblée des Nations unies s’agissant d’une cause aussi importante que celle du devenir de l’humanité. Il nous faudra moraliser la consommation d’énergie ! Il n’est pas normal qu’un Américain ou un Saoudien soit à 8tep/an et un Somalien à 0,5 tonne, qu’un Qatari soit à 35 tonnes de pétrole par habitant et par an ! Non, les peuples devraient se ressaisir pour avoir le droit de décider de leur sort et ne pas confier le destin de la planète à des aventuriers du libéralisme laminoir et des pays atteints du mythe des races supérieures. Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères et qu’ils sont embarqués sur ce vaisseau fragile qu’est la planète bleue Gaïa.
S’agissant de l’Algérie, mon sentiment est qu’elle peut faire sa part dans l’atténuation des émissions du CO2 en mettant en œuvre sans tarder un partenariat d’exception avec l’Union européenne et l’Allemagne pour la production d’au moins 10 millions de tonnes de CO2. Nous sommes quand même les plus proches de l’Europe ! Cette réflexion a débuté il faut s’en souvenir en mars 2021 avec un workshop avec la participation de l’Allemagne qui avait plusieurs fois montré sa disponibilité à accompagner l’Algérie à faire sa transition d’une façon apaisée et qui lui permette d’envisager un avenir hors la rente.
Plus globalement, nous sommes absents des grands rassemblements où les vraies décisions se prennent. Nous traitons par le mépris les rendez-vous où les pays pugnaces arrivent à arracher même un dollar. À Charm El-Cheikh, nous étions bien seuls. Nous avons assuré le minimum, nous aurions pu faire plus avec un soutien local qui nous a manqué, malgré notre disponibilité.
C. E. C.

1.https://www.revolution-energetique.com/quelle-est-la-consommation-denergie-des-8-milliards-dhumains-sur-terre/ 16 Nov 2022
1. Mickaël Correia https:/ /www. mediapart. fr/journal/ international/161122/en-pleine-cop27-l-industrie-petro-gaziere-investit-dans-de-nouveaux-projets-fossiles
3.https://www.tunisie-tribune.com/2022/11/16/a-la-cop27-des-experts-appellent-a-maintenir-lobjectif-du-rechauffement-de-la-planete-a-15-degre-celsius/
4. Lorraine VERON https://www.revolution-energetique.com/leurope-devra-t-elle-importer-de-lhydrogene-pour-sa-transition-energetique/ 8 Nov 2022
5. Katy Daigle, William James et Shadia Nasralla https://www.challenges.fr/top-news/la-cop27-a-encore-besoin-de-temps-blocage-sur-les-pertes-et-dommages_835740
Video de mon intervention à Charm Echeikh https://fb.watch/gTls-tWADP/


              La Terre va mal

Très attendue par les peuples conscients des enjeux du changement climatique, la COP 27 s’est achevée dimanche, dans une atmosphère de grande frustration. C’est la plus longue de toutes les COP, et c’est aussi la plus décevante par rapport aux attentes affichées à son ouverture, le 6 novembre dernier, à Charm el-Cheikh, en Égypte. «Ça n’a pas été facile» mais «nous avons finalement rempli notre mission», a assuré son président, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, les pays africains ayant obtenu un fonds pour soulager les souffrances des peuples les plus affectés par les changements climatiques alors même qu’ils ne contribuent en rien aux causes du phénomène. La COP27 a approuvé la création de ce fonds en vue de financer les dégâts climatiques subis par les pays «particulièrement vulnérables». Cela n’a pas été du goût des principaux pollueurs, qui ont freiné de toute leur force, et la question reste posée de savoir dans quelle proportion ce fonds sera effectivement utile. Quant à l’enjeu majeur de la réduction des gaz à effet de serre, les discussions n’ont abouti à rien, sinon de vagues promesses, tandis que les conséquences dévastatrices se multiplient partout dans la planète, au Pakistan comme au Nigeria, où les inondations ont été meurtrières.
Les participants ont fini par adopter, au prix de multiples acrobaties et de nombreux compromis, une Déclaration finale qui appelle à une réduction «rapide» des émissions de gaz mais elle ne comporte aucun engagement marquant par rapport à la COP précédente, à Glasgow, en Écosse. Le SG de l’ONU, Antonio Guterres, n’a pas fait mystère de son amertume en concluant que la COP 27 n’a pas répondu aux exigences de la situation. Les tractations ont été si difficiles que le calendrier en a été bousculé et la COP 27 elle-même a failli tourner court, tant le texte sur l’aide aux pays pauvres aura été contesté par les plus riches. Elles ont consacré l’impasse pour ce qui est de l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Le réchauffement «devrait être contenu» à hauteur de 1,5°C, est-il affirmé dans la Déclaration de la COP 27 mais c’est plus un voeu pieux qu’un véritable programme. Les engagements pris ne permettent nullement de tenir cet objectif ni de contenir la courbe du réchauffement à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Même concrétisés, ils ne freineront pas la trajectoire de plus de 2,4°C en 2100, voire celle, désastreuse, de 2,8°C, au rythme actuel des émissions. Quand on considère les récentes catastrophes, entre sécheresses, incendies et inondations gigantesques, on mesure à quel point la Terre est en danger.

Chaabane BENSACI


 

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