Covid-19 : le coronavirus continuera-t-il de se propager cet été ?

Par Coralie Lemke 

Certains virus disparaissent à l’arrivée de l’été, comme la grippe ou le rhume. Mais le coronavirus Covid-19 semble se propager même dans les pays chauds et secs, comme au Moyen-Orient.

La police et les équipes médicales guident des personnes à la sortie d’un hôtel. 
AFP
Les bons gestes pour se protéger
Limiter ses déplacements et ses rencontres avec les autres au strict minimum.
Pratiquer le télétravail lorsque c’est possible.
Se laver les mains très régulièrement à l’eau et au savon (au moins 20 secondes) ou à défaut au gel hydro-alcoolique, à chaque arrivée dans un nouveau lieu.
Ne pas rendre visite aux personnes âgées pour éviter de les contaminer, ni aux personnes souffrant déjà d’une autre maladie.
Ne pas serrer la main ou faire la bise pour se saluer.
Tousser ou éternuer dans l’intérieur de son coude.


Que faire en cas de suspicion d’infection ?
Appeler le 15 à l’apparition du moindre symptôme tels que la toux, la fièvre, la conjonctivite, une grande fatigue, des courbatures. Pour des questions non médicales, appeler le numéro vert Coronavirus au 0 800 130 000 (gratuit, 7 jours sur 7, 24h sur 24).

Après avoir démarré à Wuhan en Chine en décembre 2019, l’épidémie de Covid-19, dont est responsable le coronavirus Sars-CoV-2, s’est propagé dans le reste du monde. Parmi les pays les plus touchés, on compte la Corée du Sud, l’Iran ou encore l’Italie. Des premiers cas ont été enregistrés en Afrique mais aussi au Moyen-Orient. Le Sars-CoV-2 est désormais présent au Qatar, avec 238 cas au 11 mars 2020, au Bahreïn, où 77 infections ont été annoncées parmi la population, au encore au Koweït qui comptabilise 72 cas conformés. Le pays a annoncé suspendre tous les vols commerciaux à partir du 13 mars 2020 et ce jusqu’au 26 mars, sauf pour les avions qui fournissent des services de première nécessité. La population ne peut désormais plus se rendre dans les restaurants ou dans les cafés. L’Arabie Saoudite compte, elle, 21 malades. Au Qatar, le pays dans lequel le nombre de cas est le plus important, la contamination s’est faite via des expatriés placés en quarantaine dans une résidence après que trois habitants ont été diagnostiqués positif au coronavirus. Au Bahreïn, les personnes infectées revenaient d’un vol de rapatriement de l’Iran.

Un virus sans « saisonnalité » ?

Au vu du nombre d’infections enregistrées dans les pays du Moyen-Orient, la température pourrait ne pas avoir d’effet sur le coronavirus. De façon générale, les virus sont stables à basse température. C’est pour cela que le rhume ou la grippe se propagent plutôt autour de l’hiver qu’au cœur de l’été. Lorsque les températures sont fraîches et l’environnement humide, ils se conservent longtemps sur les mains et sur les surfaces inertes. « Les virus respiratoires se développent par temps froid et humide, parce que ce sont ces conditions qui permettent leur transmission« , rappelle Olivier Schwartz, directeur de l’unité Virus et immunité de l’Institut Pasteur, à nos confrères du Parisien. (le confinement et le manque d’aération jouent également un rôle dans la propagation du virus).

Ajouté à cela, certaines épidémies sont influencées par le climat voire même le vent, à l’image de la méningite à méningocoques. « La méningococcie frappe le plus lourdement une zone de l’Afrique subsaharienne connue pour être la « ceinture de la méningite », qui s’étend du Sénégal à l’ouest jusqu’à l’Éthiopie, à l’est. Pendant la saison sèche, entre décembre et juin, les vents chargés de poussières, les nuits froides et les infections des voies respiratoires supérieures se conjuguent pour endommager la muqueuse rhinopharyngienne, augmentant ainsi le risque de méningococcie« , rappelle l’Institut Pasteur.

Les coronavirus stoppés autrement

Si le Sars-CoV-2 se développe dans les pays désertiques, peut-être qu’il résiste aux fortes chaleurs. Il serait possible qu’il ne s’arrête pas à la saison chaude en Europe et qu’il n’existe donc pas de « saisonnalité » pour ce virus comme il en existe pour les autres. Difficile pour le moment de tirer des conclusions fermes sur la dynamique virale du Sars-CoV-2. Comme les cas augmentent de jour en jour à travers le monde, inutile de regarder quels sont les pays les plus touchés pour le moment et, en fonction de leur température, d’essayer de déduire les températures les plus propices à la dissémination du virus. D’autant que les lieux d’apparition de nouveaux cas ne correspondent pas nécessairement aux zones géographiques où la contamination s’est produite. En témoigne le premier malade enregistré au Brésil, qui a été infecté lors d’un séjour en Italie.

A 65°C pendant cinq à dix minutes

Difficile aussi de le comparer aux autres épidémies de coronavirus ayant sévi ces dernières années. Le Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), apparu en novembre 2002, avait fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale. Il avait disparu en juillet 2003, pas sous l’effet de la chaleur mais grâce aux mesures prises par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « L’une des mesures essentielles de lutte consistait à déterminer les chaînes de transmission. D’autres mesures ont été prises pour endiguer l’épidémie, notamment le dépistage rapide des cas et leur isolement, la mise en quarantaine des sujets contacts, les restrictions aux voyages. L’ouverture de centaines de centres de soin des affections fébriles et le recours aux médias pour inciter le public à contrôler plusieurs fois par jour l’apparition éventuelle de fièvre ont permis d’améliorer encore le dépistage« , rappelle l’OMS. Par la suite, l’interdiction de la consommation de la civette, l’animal réservoir du virus, avait permis de « prévenir toute réintroduction » du virus, comme l’avait souligné le Pr Arnaud Fontanet de l’Institut Pasteur à l’AFP. L’épidémie de Mers se poursuit, elle, parce que le réservoir du virus est le dromadaire, un animal domestique.

Des études ont permis de déterminer à quelle température le Sars-CoV-2 perd son potentiel infectieux. Pour cela, une exposition à 56 °C pendant 20 à 30 minutes ou à 65°C pendant cinq à dix minutes s’avèrent indispensables. C’est de cette façon que le matériel du CHU de Lille est stérilisé, comme le rapporte Anne Goffard, une virologue de l’établissement à Checknews. En attendant de savoir si les beaux jours auront un effet sur le virus, les mesures de confinement et d’hygiène citées plus haut restent le seul moyen de limiter la propagation – et donc la mortalité – du coronavirus.


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