Le Covid-19 y fait des ravages Le Maroc affole L’OMS

       13704 nouvelles contaminations et 229 décès ont été recensés entre le 3 et le 14 août.

 

La crise sanitaire mondiale, qui semblait être maîtrisée au Maroc, a subitement dérapé. Le nombre de contaminations a franchi, pour la première fois, les 1000 cas, le 30 juillet, avant de frôler la barre des 1500 cas le 12 août puis enregistrer un autre triste record le lendemain: 28 décès. Le nombre des cas graves et critiques explose, celui des personnes sous respiration artificielle ne cesse d’augmenter, indique-t-on. La situation est jugée inquiétante.

L’OMS tire la sonnette d’alarme. «La situation deviendra plus grave si cette tendance haussière se poursuit», a prévenu le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, lors d’une visioconférence, tenue jeudi dernier, depuis Genève. Tedros Adhanom Ghebreyesus a appelé les autorités marocaines à «faire plus pour inverser cette tendance et à être plus fermes» dans les mesures prises pour endiguer la pandémie, soulignant que même si «le nombre de cas de contamination et de décès au Maroc reste faible en comparaison avec d’autres pays», la tendance est à la hausse. Le bilan officiel établi le 15 août par les services de santé marocains fait état de 41 017 cas de contamination et de 632 décès. Un constat préoccupant. La presse marocaine constate amèrement que le royaume a enregistré, en quelques semaines, autant de cas de Covid-19 que durant le pic des trois premiers mois de la pandémie. Cette évolution inquiétante de l’épidémie a suscité doutes et inquiétude parmi les responsables gouvernementaux, les experts scientifiques et la population. La situation épidémiologique s’est aggravée avec la levée du confinement, puisque le nombre de cas enregistrés ces dernières semaines équivaut à celui du total des personnes infectées durant les trois mois et demi précédents, rapporte, dans son édition du lundi 3 août le quotidien Al Ahdath Al Maghribia. Les autorités marocaines semblent dépassées. Les scientifiques, qui redoutent une «vague jamais égalée», tentent d’expliquer cette explosion du nombre de contaminations et de décès. Trois hypothèses sont émises. La première est que le virus a pu atteindre les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques avec l’augmentation des cas positifs après le déconfinement.
La deuxième a trait aux personnes asymptomatiques. Elles sont 85% à ne montrer aucun symptôme de contamination par le coronavirus et ne le découvrent qu’après avoir atteint des stades critiques menant souvent à la mort. La troisième cause réside dans la forte contamination des jeunes qui développent des cas sévères et deviennent de dangereux porteurs pour les cas-contacts les plus fragiles, estime Azzeddine Ibrahimi, le directeur du Centre du laboratoire de biotechnologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat. La situation semble incontrôlable, malgré le durcissement des restrictions dans certaines villes (Tanger, Fès et Asilah…), le renforcement des contrôles pour s’assurer du respect des gestes barrières, le Covid-19 redouble de férocité. Les structures sanitaires du pays commencent à être saturées, ce qui fait craindre le pire. Le Maroc est passé de la lumière à l’ombre, depuis sa décision de déconfiner. Cité en exemple dans sa stratégie de lutte contre la propagation de la pandémie, à ses débuts, il est pointé désormais du doigt, au point de recevoir un retentissant camouflet de la part de l’Union européenne qui l’a retiré de la liste des pays exemptés de restrictions de voyage, à cause d’une recrudescence des cas de contagion par le Covid-19. Le Maroc occupait, il y a quelques jours, la 61ème place au niveau mondial, en nombre de décès et la 58e en termes de contamination. Au niveau africain, il dépasse désormais l’Algérie, en nombre de contaminations avec plus de 40000 cas, ce qui augure des difficultés qui pourraient être catastrophiques pour l’économie marocaine. Un sujet sur lequel le pouvoir marocain ne s’épanche pas trop, mais qui pourrait vite tenir le haut du pavé.
Le choc du Covid-19 pousse brusquement l’économie marocaine à une grave récession, la première depuis 1995. L’économie devrait être doublement affectée par les chocs économiques intérieurs et extérieurs. Le PIB réel devrait se contracter de 4% en 2020 dans le scénario de référence, ce qui contraste fortement avec l’expansion de 3,6% prévue avant l’épidémie, écrit la Banque mondiale dans son rapport de suivi de la situation économique du Maroc, des perspectives économiques et de l’impact de la crise de Covid-19. Dans le secteur informel 66% des travailleurs ont perdu leur emploi. Le déficit budgétaire global devrait s’élargir à 7,5% du PIB en 2020, près de quatre points de pourcentage de plus que prévu avant le Covid-19. La dette publique et extérieure devrait aussi augmenter, souligne l’institution de Bretton Woods. Des ingrédients qui sentent la poudre…

Mohamed TOUATI

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