Crise libyenne : Bernard-Henri Lévy chassé de Tarhouna

    A. Z.

Le pseudo philosophe français Bernard-Henri Lévy, très impliqué dans la décision française d’intervenir en Libye contre Mouammar El Gueddafi en 2011, a provoqué une controverse après une visite mouvementée samedi dans l’Ouest libyen, d’où il a été pratiquement chassé comme un vulgaire malfrat.

Selon des sources locales, BHL a atterri samedi à bord un jet privé à l’aéroport de Misrata, à 200 km à l’ouest de Tripoli. Il devait y rencontrer plusieurs responsables locaux et députés avant de visiter Tarhouna (ouest) pour enquêter sur des charniers découverts dans la ville, après le départ des troupes du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen.

Intervenant brièvement sur la chaîne libyenne pro-GNA Libya Al Ahrar, BHL a indiqué être venu en Libye «en tant que journaliste» pour un reportage pour le quotidien américain Wall Street Journal.

BHL, rapporte l’AFP, devait d’abord être reçu hier par Fathi Bashagha, ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et par des responsables des villes de Misrata et Tarhouna. Mais son programme tomba à l’eau. Tout le monde a en effet refusé de le rencontrer. La raison ? Il n’est pas difficile de la deviner. Après son engagement auprès des rebelles en 2011, BHL a beaucoup perdu de son aura.

Il est même devenu persona non grata pour de nombreux Libyens, notamment pour son activisme en faveur d’une intervention internationale en 2011, menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Une intervention qui a détruit la Libye et plongé les Libyens dans une guerre civile qui ne connaît pas encore son épilogue.

L’opposition à sa visite par une grande partie de l’opinion publique dans l’Ouest libyen est motivée aussi par les accusations du GNA contre la France, soupçonnée d’avoir appuyé l’offensive de Haftar contre Tripoli. Si l’objectif de la visite de BHL était de redorer le blason de la France dans l’Ouest libyen après son soutien au maréchal Haftar, c’est donc un fiasco complet.

Samedi, des groupes pro-GNA ont d’ailleurs empêché le convoi de BHL d’entrer à Tarhouna, à 65 km au sud-est de Tripoli et dernier fief des pro-Haftar dans l’Ouest. Des coups de feu ont été tirés en l’air pour preuve de leur détermination à lui interdire l’accès de la ville. BHL n’a eu d’autre alternative que de rebrousser chemin très vite et de reprendre son avion. Il n’oubliera certainement pas de sitôt sa virée libyenne.

Embarrassé par l’affaire, le bureau de Fayez Al Sarraj, chef du GNA, a démenti «tout lien» avec la visite de BHL et annoncé dans un communiqué avoir ouvert une «enquête» sur les circonstances de la visite, promettant des «mesures dissuasives» contre toutes les personnes impliquées dans l’organisation de la visite./


Par     Héraut de l’intervention franco-britannique en Libye au nom des droits de l’homme, Bernard-Henri Lévy s’est à nouveau rendu sur place ce 25 juillet, avant d’être refoulé. Retour sur cette visite mouvementée avec Bob Dulas, fin connaisseur du pays et «diplomate de l’ombre».

Un nouvel opus des aventures de Tintin dans les bacs. Chemise immaculée comme à son habitude, Bernard-Henri Lévy a encore fait des siennes ce week-end en Tripolitaine. Ce 25 juillet, à bord d’un jet privé, il a atterri à Misrata afin d’enquêter sur des charniers dans la ville de Tarhouna, «en tant que journaliste», a-t-il déclaré, pour le Wall Street Journal.

Sauf que le sauveur autoproclamé de la Libye n’est visiblement plus en odeur de sainteté dans le pays, son convoi ayant été bloqué, essuyant des tirs et des insultes antisémites, une attaque revendiquée par des groupes pro-GNA (Gouvernement d’union nationale), reconnu par l’Onu.

Il ainsi dû écourter son séjour, annulant même son rendez-vous avec Fathi Bashagha, ministre de l’Intérieur du GNA. L’affaire a pris une tournure politique lorsque le chef du gouvernement reconnu par les Nations unies, Fayez el-Sarraj, a démenti «tout lien» avec la visite de BHL et annoncé dans un communiqué avoir ouvert une «enquête» sur les circonstances de la visite.

BHL en mission pour la France?

Ce gouvernement soupçonne la France d’avoir appuyé l’offensive de Haftar contre Tripoli, ce dont Paris se défend. Le reporter BHL était-il alors en mission pour l’Élysée? Difficile de l’affirmer avec précision. Sputnik a interrogé Bob Dulas, «diplomate de l’ombre», ayant notamment conseillé Mouammar Kadhafi. Il est l’auteur de Mort pour la Françafrique (Éd. Stock). En apprenant l’information, celui-ci a immédiatement fait le rapprochement. Bernard-Henri Lévy pourrait s’être rendu sur le territoire libyen «pour aller essayer de remonter la cote du maréchal» Haftar. Dulas ne voit aucun autre prétexte plausible:

«Il n’y a aucune raison pour qu’il retourne là-bas après le bordel qu’il y a mis. C’est insensé. C’est même risqué […] Il faut être givré pour s’appeler BHL et aller sur place aujourd’hui. Il risque de se faire pendre par les pieds, pour ne pas dire autre chose, ils lui en veulent tous.»

Mais comment expliquer le désamour de la population envers celui qui a encouragé l’intervention franco-britannique en 2011? Robert Dulas considère que les Libyens «étaient heureux avant que BHL n’y mette les pieds, aujourd’hui c’est la catastrophe… BHL, pour eux, c’est le diable

Des islamistes invités de BHL à l’Élysée

Le chaos et les déchirements successifs du pays depuis la mort de Kadhafi seraient le résultat de l’intervention occidentale en 2011. Pour les Libyens, les principaux responsables de la situation du pays sont Nicolas Sarkozy et l’essayiste. Robert Dulas narre une anecdote lui provenant d’un commandant libyen:

«Quand il est venu à Benghazi, il a fait un discours où il s’exprimait en français, personne ne comprenait, mais comme les gens avaient été briefés auparavant, ils criaient bravo, mais ils ne savaient pas ce qu’il racontait […] C’est un peu comme un artiste ou comme un clown. Il y a un moment où il faut savoir se retirer de la scène.»

«La seule chose qui lui importe, c’est lui, son ego, qu’on le voie en priorité avec ses chemises blanches et dans des endroits pas possibles», poursuit Robert Dulas, ce diplomate de l’ombre, accusé de «barbouzerie» par certains, qui a un contentieux personnel avec l’écrivain.

Conseiller officieux du leader libyen à l’époque, Robert Dulas a créé Secopex, une société militaire privée, avec Pierre Marziali, ex-militaire du 3e RPIMA de Carcassonne. Pourtant ils seraient devenus gênants aux yeux des services français et de l’Élysée. Marziali en a payé le prix fort, il a été exécuté en mai 2011 par des membres de la «katiba (ou brigade) du 17 février». Canal Plus y consacra d’ailleurs un Special Investigation «Pierre Marziali: Une affaire d’État?».

Quelques jours auparavant, les deux Français se sont rendus à l’Élysée pour avertir la Présidence de la composition très louche du Conseil national de Transition libyen, reconnu précipitamment par Nicolas Sarkozy, entre djihadistes et anciens cadres du pouvoir. Parmi le cortège de personnalités libyennes présenté à Nicolas Sarkozy par BHL, on y retrouvait notamment Mustafa el-Sagezli, de cette même Brigade du 17 février. Des personnes à qui l’État français a fourni armes et financements.


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    BHL a échappe de peu à la mort en Libye?

 

Le philosophe très médiatique, qui intervient dans les média et sur les théâtres de guerres organisés par l’Otan en se mettant toujours en scène dans son costard à la chemise toujours blanche même dans la poussière et sous la chaleur du désert, vient, selon ses dires, d’être chassé sous les hurlements et la mitraille de troupes du GNA et de civils en Libye.

Les fantômes des morts des nombreuses guerres provoquées par BHL semblent être en train de vouloir en finir avec le tyran de la scène médiatique et le chuchoteur des divers présidents notamment français.

Bernard Henri-Lévy (BHL), le philosophe français milliardaire, qui a soutenu et poussé la décision française d’intervenir en Libye contre Mouammar Kadhafi en 2011, a provoqué une controverse après une visite mouvementée samedi dans l’Ouest libyen en étant accompagné d’une troupe armée et déguisée en militaires lourdement armés.

Sur son compte Twitter, BHL a publié une photo de lui entouré d’une dizaine d’hommes en uniforme, armés et encagoulés en affirmant être à Tarhouna: «Juste après mon reportage sur les champs de mise à mort. Ces gens là sont la vraie police libyenne qui protège la presse libre. Tellement différent des voyous qui ont essayé de bloquer mon convoi sur le chemin du retour vers Misrata. Le reportage complet sera publié prochainement». BHL voulait, en écrivant, certainement obtenir le soutien du GNA sur l’existence d’un charnier pour accuser Haftar alors que de nombreux témoins ont certifié que ce charnier est de la responsabilité de troupes du GNA: «Aujourd’hui, 25 juillet. Champ de mise à mort à Tarhouna. Cette ville a subi le martyre de Kadhafi. 47 cadavres, dont des enfants, les mains serrées dans le dos, ont été récemment mis au jour: ils ont subi le martyre des proxies Haftar. Ma peine. Ma colère. Solidarité avec Tarhouna».

Les réseaux sociaux ont vite réagi à sa visite en Libye, ce qui a suscité ironie et colère. Joseb écrit sur Twitter: «BHL tout sourire en costard de luxe se fait photographier devant un charnier en Libye le 25 juillet. Il adore ça! Ce cynique tartuffe n’a honte de rien».

Le journaliste Alaeddin Saleh, journaliste libyen, a écrit dans Observateur Continental sur les massacres du GNA, confirmant les mensonges dangereux du philosophe français.

Damien Rieu, une figure du mouvement des Identitaires en France résume la question sur la visite de BHL: «Il a ruiné le pays et il pensait qu’ils allaient l’accueillir avec des louanges?»

Le fauteur de guerres, lui, parle de son reportage paru dans Paris-Match: «Mon reportage sur la Libye paraît ce jeudi dans Match. Pas le choix devant pareille marée de saloperie. On y lira: 1 ma fierté d’être revenu à Misrata; 2 ma honte pour la horde d’antisémites qui ont tiré sur mon convoi; 3 comment j’ai fait, jusqu’au bout, mon travail d’écrivain».

En effet, BHL écrit dans Paris-Match que les hommes armés ont voulu le tuer en le traitant de «chien de juif» à moins que cela soit encore un de ses nombreux tours médiatiques pour faire le buzz: «Et voilà que vous vous trouvez face à un groupe d’hommes en armes et uniforme sable, entourés de civils eux-mêmes munis de kalachnikovs et vociférant des insultes, qui commencent à tirer en hurlant «chien de juif» tandis qu’un pick-up, équipé d’un de ces canons antiaériens de 14,5 mm qui vous coupent un blindé en deux, se met en position sur le passage de votre convoi».

En effet, selon ses dires, il écrit qu’il était «escorté par les forces spéciales envoyées par le ministre de l’Intérieur, Fathi Bashagha, le 25 juillet». BHL sur le lieu d’un tournage sur un charnier faussement attribué à Haftar? Fut-il réellement chassé? Car ce n’est pas l’homme à prendre des risques!

Olivier Renault


 

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