Des ONG chargent les autorités marocaines

RÉPRESSION DU HIRAK DU RIF

Pour les ONG, le jugement rendu par la cour d’appel de Casablanca “démontre pour la énième fois l’absence d’un État de droit et d’une justice sociale et démocratique” au Maroc.

Un collectif regroupant soixante-dix associations et syndicats a dénoncé dans une tribune publiée hier par le quotidien français L’Humanité la “répression aveugle” du gouvernement marocain suite à la confirmation des lourdes peines allant jusqu’à vingt ans de prison ferme à l’encontre des militants du Hirak du Rif. Ce collectif formé d’associations maghrébines (Algérie, Maroc et Tunisie) et européennes, dont la plupart françaises, souligne qu’“alors que les militants jugés ont porté pacifiquement durant des mois des revendications sociales, économiques, culturelles et politiques les plus élémentaires (droit à la dignité, à la santé, à la reconnaissance effective de la langue amazighe, au désenclavement de la région du Rif), la réponse du Makhzen marocain a été, comme à son habitude, la répression aveugle et la militarisation renforcée du Rif”. Ajoutant que le jugement de la cour d’appel de Casablanca “démontre pour la énième fois l’absence d’un État de droit et d’une justice sociale et démocratique”, au Maroc, le collectif affirme que le combat des Marocains “s’inscrit aussi en résonance avec les luttes pacifiques menées dans l’ensemble de l’espace maghrébin, en particulier celle du peuple algérien, pour un Maghreb des peuples pluriel, de la dignité, de la démocratie et de la solidarité”. Les signataires de la tribune appellent à cet effet l’ensemble des démocrates, des femmes et des hommes épris de justice à “exprimer leur indignation face à ce déni de justice”, et expriment leur “totale solidarité” avec le combat des prisonniers du Hirak et leurs familles “pour la dignité, la justice sociale et la démocratie”. Ils déclarent également soutenir “toute initiative pacifique pour la libération immédiate des prisonniers du Hirak du Rif, des prisonniers des autres mouvements sociaux et des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc”. Ceci étant, les familles des détenus du Hirak du Rif, réunies au sein de l’association Thafra lil Wafae wa Attadamoun (la paix pour la loyauté et la solidarité) présidée par Ahmed Zefzafi, le père de Nasser Zefzafi, se mobilisent pour soutenir les prisonniers quelques jours après leur transfert dans différentes prisons à Fès, Tétouan, Tanger, Nador et Al Hoceima, où ils ont été répartis. Les familles expriment leur colère et annoncent dans un communiqué publié sur la page facebook de Mohamed Ahamjik, le frère de Nabil Ahamjik, lui aussi transféré à Fès, un grand rassemblement dimanche prochain, 21 avril, à Rabat. L’objectif est d’organiser une marche pour revendiquer la libération des détenus du Hirak et de tous les détenus politiques. Cet appel a fait réagir l’Association marocaine des droits humains (AMDH), qui a publié un communiqué hier pour montrer son soutien à cette démarche, assurant qu’elle y participera à travers son bureau central et ses sections locales. L’association invite aussi “les forces vives contre la répression et la détention politique, ainsi que les citoyens à participer en chœur à cette marche”. 

Merzak Tigrine

Photo mise en avant: Manifestation devant le tribunal, à Casablanca, 6 avril 2019. © D.R

A Rabat comme dans plusieurs autres villes du Maroc, des manifestations ont lieu régulièrement pour dénoncer la répression du makhzen

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