Des signes et des langues

par Mourad Benachenhou

« La question qui se pose est la suivante: pourquoi l’écriture arabe imprimée sur la monnaie nationale nigériane, le naira, a-t-elle été supprimée ?… Ce qui était écrit sur le billet de banque nigérian n’a pas plus de relation avec l’Islam que la traduction du présent article en arabe… C’était du hausa (langue vernaculaire nigériane, nda ) écrit en caractères arabes… Les mots imprimés en caractères arabes incluaient « Naira Byiar »n « Cinq Nairas » en hausa, « Naira Goma », qui veut dire « Dix Nairas » en hausa, et non en arabe. »(Peregrino Brima, https://theeagleonline.com.ng/illiteracy-ignorance-in-removal-of-arabic-on-naira-by-peregrino-brimah/ 

Les grandes bibliothèques nationales et les universités de grands pays ,et également d’états africains contemporains, renferment des milliers de manuscrits traitant de sujets tant religieux que séculaires, aussi bien que des documents officiels, traités de paix internationaux ou contrats privés, et écrits dans les langues locales, mais en caractères arabes. 

L’alphabet arabe, dominant dans les langues écrites africaines originelles 

L’alphabet arabe dans les différentes parties du continent africain avait suivi l’expansion de l’Islam, qui s’est faite quasi exclusivement au contact des rares commerçants arabophones, suffisamment audacieux pour s’aventurer dans ces régions lointaines. 

Ces marchands ne représentaient qu’eux-mêmes, et étaient à la recherche de gains commerciaux. Ils n’avaient ni état puissant , prêt à venir leur porter main forte, en cas de danger, ni mission officielle les chargeant d’explorer les différentes parties du continent africain, d’en établir la cartographie, d’en répertorier et étudier les populations, d’en inventorier les richesses minérales, en vue de leur occupation future par les états arabes ou musulmans, dont ils étaient les sujets. 

Ils n’étaient pas, comme les milliers de missionnaires chrétiens, non seulement les exportateurs d’une religion céleste, mais également, l’avant-garde de l’invasion coloniale et de la division de l’Afrique entre les grandes puissances de l’époque. Il n’y a ni de Savorgnon de Brazza, ni de Livingstone musulman, ni même de Léopold II arabe, roi d’une « Belgique » musulmane, dont l’infâme « Etat Libre du Congo » continuerait à peser lourd dans la conscience de ses concitoyens et coreligionnaires, après plus d’un siècle. 

Une adoption librement décidée de l’alphabet arabe 

L’adoption de l’écriture arabe par les locuteurs de langues africaines n’était pas la conséquence directe d’une politique délibérée de la part d’occupants qui auraient utilisé la violence militaire pour imposer tant leur alphabet que leur religion et que leur administration. Cette adoption a été libre de toute contrainte étrangère, tout comme la conversion de larges portions des populations africaines à l’Islam. Il n’y a eu ni associations missionnaires puissantes, œuvrant à partir de capitales arabo-musulmanes, et ayant pour objectif la conversion volontaire ou forcée à l’Islam des populations païennes, ni politique planifiée d’inventaire des langues locales, de leur mise en écriture arabe, et de la traduction de manuels religieux en ces langues pour répandre la langue arabe et convertir les populations à l’Islam. Les périodes historiques des royaumes berbères du Maghreb comme de l’Etat- garnison des pachas et des Deys, unificateur du territoire algérien, sont suffisamment connues pour qu’on ne les rappelle pas ici ; elles constituent des démentis cinglants aux tentatives de les assimiler aux systèmes coloniaux romain ou français. 

La langue arabe a été librement choisie et répandue comme langue d’administration et de référence intellectuelle, en plus de son usage religieux, par les souverains berbères locaux, et l’alphabet arabe a été adopté par les locuteurs autochtones sans contraintes officielles, et les gouvernant de la Régence, bien qu’ils aient administré le pays, avec l’appui de milices turques ottomanes, pendant trois siècles, pour la défense de l’Algérie contre les croisés espagnols, n’ont jamais tenté de changer les structures linguistiques de l’Algérie, au point qu’il ne reste de leur présence que quelques mots dans la langue parlée , mots diligemment répertoriés par le regretté Mohammed Bencheneb,(1869-1929) polyglotte maitrisant 9 langues outre l’Arabe et le Français, et lui-même d’origine turque. 

Aucun état arabe ou musulman présent à La Conférence de Berlin 

Aucun état musulman ou arabe de l’époque n’a été invité à La conférence tenue à Berlin (15 Novembre 1884- 26 Février 1885) entre les puissances de l’époque,( Congo Conference Or West Africa Conference) en vu du partage de l’Afrique ; et aucun état musulman(y compris l’Empire ottoman, pourtant « puissance européenne, qui occupait alors en Europe des territoires plus grands que n’importe quel état européen de l’époque, à l’exception de la Russie tzariste, et présent alors dans 4 pays africains), ni arabe, n’a été signataire, sous quelque forme que ce soit, ou partie au traité( connu sous le nom officiel de « General Act of the Berlin Conference ») sorti des travaux de cette conférence, qui s’est fondée essentiellement sur les informations fournies par les « explorateurs scientifiques » des pays participants, que ces explorateurs aient été poussés par la soif de connaissances ou par le désir de faire partager à tout prix leur foi religieuse aux populations africaines. Et comme tout un chacun sait, Berlin n’est pas située dans un pays africain, et n’est pas la capitale d’un état arabo-musulman ! 

Missionnaires chrétiens, agents précurseurs et préparateurs de l’invasion coloniale de l’Afrique 

Une fois officialisée, l’occupation coloniale a non seulement ouvert l’exploitation des riches ressources naturelles de l’Afrique aux entrepreneurs des différents pays européens qui se sont partagé, de manière peu démocratique, ce continent, mais a également mis sous domination « chrétienne » totale les populations locales, les livrant à l’arbitraire de la conversion aux différents cultes chrétiens, dont les missionnaires, même en provenance de pays se targuant d’être « laïcs » étaient financés et soutenus par les états coloniaux. 

La domination politique, économique, religieuse et administrative, ne peut réussir qu’à condition que soient maitrisées les langues locales. Le maitre, pour se faire obéir, doit soit parler la langue de son esclave, soit le forcer à apprendre sa propre langue. Les puissances coloniales, avec l’appui subventionné des missions chrétiennes, ont utilisé la linguistique pour assurer leur domination. Elles ont encouragé l’étude des langues locales africaines par les institutions savantes universitaires, mais également par les institutions militaires chargées d’imposer aux populations indigènes le nouvel ordre légalisé par un accord international dans lequel n’était parti aucun état africain, arabe ou musulman. 

La linguistique militaire au service de la conquête coloniale 

On a ainsi vu les professeurs d’universités et les généraux se tenir la main pour effectuer les recherches linguistiques sur les langues des malheureux pays tombés dans l’escarcelle du partage de l’Afrique. Ainsi, en Algérie, on connait le rôle des interprètes militaires dans les études linguistiques sur la langue arabe, mais on ignore généralement que le premier dictionnaire français-berbère, datant de 1846, a été établi par une décision du ministère de la guerre français,(1844) donnant à une commission composée d’un professeur d’université et de militaires de carrière, le soin de le rédiger. 

Bien des études linguistiques portant sur la langue arabe que sur les langues berbères en Algérie ont été menée par des officiers français, du simple lieutenant jusqu’au général, sans compter les études ethnographiques, destinées moins à permettre une exploration scientifique désintéressée des populations algériennes, qu’à mieux les connaitre pour mieux les dominer. Ainsi, se sont rendu fameux par leurs études ethno-linguistiques le colonel Rinn, le général Hanoteau, le Général Faidherbe, le lieutenant Aucapitaine, et des centaines d’autres, dont les publications étaient commanditées par les autorités civiles et militaires coloniales, et publiées à leurs frais soit dans les revues «scientifiques » des sociétés savantes locales ou nationales. 

Ainsi, pour ne citer qu’un exemple des objectifs visés par ces écrits « savants », voici ce qu’écrit le futur général (alors encore capitaine) Hanoteau, dans son introduction à son ouvrage sur la grammaire berbère, intitulé « Essai de Grammaire Kabyle »( Alger, Constantine, Paris, Mars 1858) livre dédié au Maréchal Randon, gouverneur de l’Algérie. Ce traité a la particularité de couper avec les signes du texte de la Bible berbère traduite sous l’auspice du vice – consul américain Hogdson, texte écrit et imprimé à Londres, reproduisant l’Evangile suivant St Luc, en caractères arabes, et éditée en 1833, et avec le plus récent dictionnaire sur la même langue publié en 1844,- mentionnant dans son introduction « l’alphabet kabyle » comme adapté de l’alphabet arabe, à l’exception de deux lettres- adopte, en tout arbitraire, les caractères latins 

« L’étude de la langue berbère, outre l’intérêt qu’elle présente au point de vue scientifique, a pour nous, en Algérie, a un but plus pratique et une utilité plus immédiate sous le rapport de l’administration et de la domination du pays. »(page XVII) 

Ce manuel, selon son auteur, n’a pas d’autre objectif immédiat que d’assurer le contrôle des populations parlant une des versions linguistiques berbères et occupant une localisation géographique spécifique sur le territoire algérien. Il ne s’est pas agi de donner une nouvelle vie à la langue locale, ou de la reproduire sous une forme à la écrite et imprimée pour l’éducation de cette même population dans sa propre langue. Le propos est d’ordre militaire et politique exclusivement. 

A noter que, quelque vingt années plus tard, René Basset, l’infatigable et prolifique linguiste pour l’Arabe comme pour les langues berbères, adopte, sans hésitation, et sans même se justifier, les caractères arabes pour rédiger sa fameuse grammaire intitulée : « Manuel de Langue Kabyle (1887, Paris, Maisonneuve, et CH. Leclerc Editions), » prouvant que ces caractères étaient largement et tout à fait naturellement utilisés par les locuteurs de l’époque 

Bannir L’Alphabet Arabe pour couper les liens avec L’Histoire des langues locales 

Mais, pour les linguistes coloniaux, s’assurer d’une connaissance suffisante des langues locales en en établissant par écrit les règles grammaticales, et en en inventoriant le vocabulaire sous forme de dictionnaires bilingues, n’est pas suffisant. Encore faut-il éviter que ces productions intellectuelles ne servent d’autres objectifs que ceux pour lesquels elles ont été établies. 

Il ne fallait surtout pas que cette production suscite chez les populations qu’elle couvre des idées allant à l’encontre de ses objectifs, et en particulier, devait être écartée toute possibilité de rappel de l’unité religieuse ou de continuité historique de la part de ces populations. Il était impératif pour les administrateurs coloniaux, comme pour leurs auxiliaires religieux, les missionnaires chrétiens, d’effacer l’histoire passée de la langue, histoire qui se manifestait par l’alphabet que ses locuteurs avaient adaptée et utilisée sans autre contrainte que l’exemple. 

Du passé, faisons table rase ? 

Il est difficile de croire qu’une langue reste orale pendant des siècles, alors qu’elle est parlée par un nombre important de personnes, qui, d’une manière ou d’une autre, sont obligés de communiquer à la fois oralement, et également par écrit avec d’autres membres de leur communauté. 

Donc, imaginer que les locuteurs d’une langue, si restreint soit son aire géographique, ne soient pas tentés de l’écrire, et qu’ils n’aient jamais choisi de mettre par écrits leurs pensées et leurs sentiments, sous quelque forme que ce soit, est difficile à accepter. 

Il se trouve que les langues locales dans les pays musulmans, qu’ils aient ou pas connu une présence arabe, ont systématiquement été écrites en arabe. 

Pour que l’entreprise de domination coloniale réussisse, tout comme le projet de christianiser les populations locales dominées, projet appuyé de manière plus ou moins directe par les autorités administratives coloniales, qui voyaient en la christianisation des populations « vaincues » la garantie de la perpétuation du système colonial (voir la réponse donnée à un prêtre résidant en Algérie, par le président du conseil français Gambetta, -qui, comme ministre de l’intérieur a été signataire du Décret « Crémieux » dans le ballon dirigeable qui l’évacuait de Paris, assiégée par les Prussiens, à Tours, en Novembre 1870 -lors de sa visite en 1873 à cette colonie : « la laïcité ne s’exporte pas »), il fallait que le travail de reconstruction linguistique en cohérence avec la logique de domination coloniale rompe la continuité sociale et religieuse entre les différentes composantes des populations indigènes. 

Une langue écrite en caractères arabes n’est pas une langue écrite ? 

L’alphabet arabe, adopté sans contrainte pour l’écriture des langues locales, devenait subversif tant aux yeux des autorités administratives coloniales, que du point de vue des missionnaires chrétiens. Ils ont alors inventé la légende des « langues sans écriture propre, » légende répétée dans toutes les langues nationales des autorités coloniales, Français, Anglais, Allemand, Russe, comme des missions chrétiennes. 

Pour elles, toute langue locale écrite en caractères arabes était considérée comme une langue non écrite, et, donc, sujette, sans contrainte, à être réinventée comme langue écrite en caractères « chrétiens, » ou « européens. » Tous les colonisateurs, quelle qu’ait été leur langue nationale, ou le culte chrétien qu’ils pratiquaient, ont utilisé la même argumentation pour justifier l’appropriation alphabétique des langues locales qu’elles étaient obligées d’apprendre et de formaliser pour assurer leur domination. 

On trouvera toujours, ou presque, dans toutes les grammaires sur les langues locales du pays colonisé, ou en voie de l’être, livres écrits par des militaires, des missionnaires, ou même des universitaires, en provenance des états coloniaux, la phrase suivante, plus ou moins modifiée selon les cas : « la langue x n’a pas d’alphabet propre, ou si elle en avait un, son utilisation est tombée en désuétude. Les rares fois où elle est écrite, c’est en caractères arabes, sous l’influence de l’Islam. De plus, ces caractères arabes ne permettent pas de représenter les sons de la langue x, sans modification. Donc, on peut tout aussi bien l’écrire en caractères latins, d’autant plus que cet alphabet permet sa lecture, et donc, son apprentissage facile par nos concitoyens, et, de plus, il ouvre la voie à la disparition de la langue locale, puisque les indigènes pourront facilement adopter la langue du colonisateur. » 

A partir de ce raisonnement repris en cœur par tous les linguistes coloniaux, dont certains recrutés parmi les autochtones, il n’y a pas une langue africaine ou même asiatique, du wolof au malgache, en passant par le hausa, l’ibo, le fulani, le swahili, le tagalog, le malais, l’azeri, le kirghize, etc etc, langues écrites en caractères, langues écrites initialement en caractères arabes, et parfois avec des littératures abondantes, pour lesquelles le même argument n’a pas été utilisé, donnant le droit quasi moral aux linguistes coloniaux de lui imposer une écrite latine ou cyrillique, ou même probablement chinoise, selon le car de figure en cause. (voir la tentative menée depuis la Révolution Culturelle par les autorités chinoises de forcer les Ouygours, islamisés de leur propre chef depuis le 16ème siècle, et utilisant l’alphabet arabe, à leur substituer les caractères latins, ou sinon à être qualifiés de « terroristes. ») 

Le cas du Kiswahili, Langue vieille de 1100 ans 

On pourrait prétendre que ce qui est affirmé ici est de la simple conjecture, une affirmation qui ne reposerait sur aucune preuve en dehors des changements dans les alphabets utilisés, qui pourraient se justifier par des considérations pratiques et de bon sens. On laisse volontairement de côté les exemples qui peuvent être tirées de la prolifique production linguistique coloniale en Algérie, car elle est reproduite à merci sur l’internet, et est facile d’accès, malgré ses lacunes, ses biais, ses mensonges, son caractère raciste et méprisant envers les locuteurs en cause. 

De plus, laissons aux chercheurs de longue haleine le soin de tenter une approche plus originale qui rompt une fois pour toute avec la solution paresseuse de simplement reproduire et glorifier les écrits coloniaux sur le sujet, y compris lorsqu’ils colportent des préjugés, si ce ne sont des calomnies et des insultes contre les locuteurs de telle ou telle langue locale. 

De toute façon, l’ambition de cet écrit se limite à attirer l’attention, non à traiter de tout le sujet dans un article court. On se contentera de citer l’introduction à l’ouvrage sur la langue swahili,(langue mixte arabe-bantoue écrite en caractères arabes, depuis le Xème siècle jusqu’à la fin du XIXème siècle) dans la partie Est de l’Afrique, du Kenya à l’Afrique du Sud, à Zanzibar, aux Comores et au Nord de Madagascar, et dans la ville yéménite de Mukkela) intitulé , en anglais : « Outline of The Elements of the Kiswahili Language with Special Reference to The Kinaka Dialect, » (Tubingen, 1860) et dont l’auteur est le révérend Dr J. L. Krapp, missionnaire de la Société des Missionnaires de l’Eglise en Afrique de l’Est : « Au début de mes études sur le swahili, j’ai souvent pensé à utiliser les caractères arabes dans mes traductions et mes autres écrits, mais, finalement, je me suis résolu à adopter les caractères romains pour les raisons suivantes : 

… c) j’ai considéré que, par l’introduction des caractères arabes, une porte serait largement ouverte au prosélytisme musulman, parmi les tribus de l’intérieur, dont il est probable qu’elles seront christianisées et civilisées par la suite, 

d)j’ai conçu que la race japhétique (la race blanche européenne, nda) qui donnera l’impulsion à l’amélioration des tribus nilotiques. Ainsi l’alphabet arabe serait seulement une barrière aux Européens… 

e)j’ai pris en considération la facilité qu’auraient les indigènes à étudier les langues européennes. » 

Il a, en quelques phrases, effacé 11 siècles d’histoire de la langue et de la littérature swahilis, au nom de la religion, et pour les intérêts du système colonial qui, alors, était en gestation, et n’avait pas encore enfoncé ses griffes sur un continent qui, jusqu’à présent, n’arrive pas à se débarrasser de la malédiction coloniale. Il n’y a qu’à lire les gros titres de la presse internationale pour le constater ! 

Mais, ce qu’il a écrit, avec une franchise pleine de cynisme, se retrouve chez tous les linguistes coloniaux, du nord au sud et de l’est à l’ouest du continent africain, aussi bien qu’en Asie, et que colportent, avec fidélité, même les intellectuels autochtones qui se proclament défenseurs des langues locales, et paradoxalement au nom de la défense de la culture qu’elles portent. 

En conclusion, 

On se contentera de citer le Professeur Joseph Errington, de l’Université de Yale, aux Etats Unis d’Amérique, qui, dans un ouvrage rédigé en anglais, mais peu connu, parce que probablement trop subversif, et pourtant méritant non seulement d’être lu avec attention par les linguistes des ex-colonies, et plus précisément les « revivalistes, » dont certains redoublent actuellement de férocité, mais encore plus d’être traduit, et intitulé : « Linguistics in a Colonial World, A Story of Language, Meaning and Domination, »(Blackwater Publishing, 2008, Malden, USA, Oxford, UK, Carlton, Australia) 

« De nombreux signes visibles du passé colonial dans le présent globalisant amène facilement à se demander si une nouvelle ère originale est présente ou en train de se faire, ou s’il y a jamais eu une rupture définitive qui nous sépare de la période coloniale…(p. 1)… Les linguistes peuvent être considérés comme un groupe particulier d’agents coloniaux qui ont adapté les lettres européennes à des modes étrangers de parlers, et, par ce moyen, conçu les conduits nécessaires pour la communication à travers les lignes de la puissance coloniale. Quelles qu’aient été les différences entre les méthodes qu’ils ont suivies, ils ont transformé les alphabets familiaux en des images visuelles d’étranges langues. Leurs systèmes d’écritures, ou orthographes, étaient le point commun de départ pour le travail de rédaction des grammaires, des dictionnaires, des textes d’instruction, etc.(p.4)… 

L’Algérie arrivera-t-elle à se débarrasser de la malédiction de la politique linguistique coloniale et de sa néfaste production intellectuelle qui empoisonne le débat actuel, à l’ombre des écrits d’une période qu’on croyait révolue sans appel? C’est là une question qui reste sans réponse. L’avenir seul donnera une réponse à cette question. 

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