France / Le président de la République Emmanuel Macron répond à Brut (REPLAY)

– 0:47 Première partie de l’interview : les violences policières  – 43:30 2ème partie de l’interview : séparatisme et vivre ensemble  – 1:10:39 3ème partie : le Covid-19    – 1:36:25 4ème partie : l’écologie – 2:00:47 5ème partie : les questions de la communauté Brut sur d’autres sujets.



         
Emmanuel Macron parle de la guerre d’Algérie au média en ligne Brut

«Des tas de mémoires qui sont autant de blessures»

Une chose est sûre, le gouvernement est contraint, pas à pas, de reculer sur l’article 24 car l’opinion est, très largement, hostile à la loi « Sécurité globale »

 

 

 

 

 

Dans un long entretien de plus de 2h au média en ligne Brut, le président français Emmanuel Macron s’est livré à son exercice préféré de grand équilibriste de la politique interne et internationale. Prenant prétexte du climat social agité, avec des manifestations, depuis une semaine, contre la loi de «sécurité globale», il a voulu s’adresser, surtout, aux jeunes. Pour cette raison, les discriminations et les violences policières ont constitué l’essentiel du menu, sur le plateau de Brut.

Tout en reconnaissant qu’il existe «des violences par des policiers», Macron, qui «n’a pas de problème à répéter le terme», entend, cependant, le «déconstruire», parce qu’il «est devenu, dit-il, un slogan pour des gens qui ont un projet politique. Il y a des policiers qui sont violents» et «qu’il faut sanctionner», mais la bonne méthode, pointe-t-il, consiste à afficher «zéro tolérance, des deux côtés» parce que «la violence est dans notre société».

A ce titre, il a vivement condamné les violences subies par une policière, «attaquée par des fous», des «gens ensauvagés», pendant les manifestations du samedi 28 novembre, à Paris. Ainsi, le président français invite à ne «pas avoir qu’un regard sur la violence».
S’agissant de la question des contrôles au faciès, qui gangrène la société française depuis de trop nombreuses années, le chef de l’Etat reconnaît cette réalité et annonce la mise en place d’une plate-forme nationale de signalement des discriminations, gérée par l’Etat, le défenseur des droits et des associations, en janvier prochain. «Aujourd’hui, quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé… On est identifié comme un facteur de problème et c’est insoutenable», a déploré Macron qui, par ailleurs, s’insurge contre l’idée selon laquelle le gouvernement «réduit les libertés en France», une référence brute à la proposition de loi «Sécurité globale».

«La France a été caricaturée» dans le débat qui accompagne l’article 24 de ce projet, s’indigne Macron qui ajoute qu’il s’agit, là, d’«un grand mensonge. On n’est pas la Hongrie ou la Turquie», proteste-t-il, convaincu que le débat est «contaminé par un discours militant, hostile au gouvernement et à votre serviteur».
Une hostilité incarnée, dans l’esprit de l’intervenant, par le propos du président turc Erdogan qui a appelé les Français à «se débarrasser de Macron». Les raisons d’un tel courroux, au demeurant partagé, sont nombreuses: la Libye, d’abord, les richesses gazières en Méditerranée orientale, ensuite, et, pour finir, le Nagorny Karabakh, la France ayant toujours été en pointe sur le «génocide arménien».

Une chose est sûre, le gouvernement est contraint, pas à pas, de reculer sur l’article 24 car l’opinion est, très largement, hostile à cette démarche, même si Emmanuel Macron regrette que les journalistes contribuent à «une coproduction de la mauvaise image de la France», dès lors qu’ils sont en première ligne contre cette loi qui les menace au premier plan.

Promettant pour la circonstance une «nouvelle aide exceptionnelle» pour les jeunes en difficulté (150 euros), assortie d’une «amélioration du système des bourses», le président Macron a, en outre, abordé le «travail historique sur la guerre d’Algérie» pour affirmer que la France doit le parachever, afin de réconcilier les mémoires. Il a, par-là même, rappelé qu’un rapport a été demandé et que ce document «permettra la réconciliation des mémoires parce que nous avons, dans notre pays, des tas de mémoires de la guerre d’Algérie, qui sont autant de blessures, et qu’il faut dire à la jeunesse issue de l’immigration, que la République vous reconnaît».

Chaabane BENSACI

 

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