En Louisiane, un fabriquant d’accordéons qui ne s’est jamais autant amusé (reportage)

L’Organisation internationale du Travail (OIT) a célèbré son centenaire en 2019. Dans le cadre de sa commémoration, elle a lancé un projet de photographies intitulé « Dignité au travail : l’expérience américaine » pour documenter la vie professionnelle des gens à travers les États-Unis. ONU Info s’est joint à l’OIT pour une visite au sud de l’État de Louisiane.

Clarence Martin est le fils d’un cultivateur et charpentier. Il a ouvert Martin Accordions à Lafayette, en Louisiane, après avoir renoncé à travailler comme chef de chantiers. Martin Accordions fabrique, répare et accorde des accordéons. Son fils et sa fille y travaillent également.

Photo : OIT/John IsaacClarence Martin (à gauche) parle à un client dont il a réparé l’accordéon.

« J’ai presque 80 ans, mais je m’amuse beaucoup », déclare Clarence Martin.

« J’étais entrepreneur résidentiel et ébéniste, mais il y a 37 ans, j’ai décidé, après des problèmes physiques, que j’avais besoin d’un nouvel emploi. Ma femme m’avait acheté un accordéon et j’ai tout démonté pour voir comment c’était fait. Après l’avoir reconstruit, j’ai décidé que c’était ce que je voulais faire dans la vie.

J’ai mesuré l’accordéon et documenté chaque partie, puis mon fils a fait les dessins de ces pièces sur son ordinateur, ce qui m’a permis d’avoir des plans sur lesquels me baser.

J’ai commencé à faire des mélodéons, des accordéons originaires d’Allemagne. Ils sont appelés accordéons cajuns en Louisiane. Nous en avons fait cinquante la première année et après trois ans, nous étions un gros fabricant ici en Louisiane. Maintenant, au cours d’une bonne année, nous pouvons en faire plus de 200.

Le bois d’érable piqué est l’un de mes bois préférés. Plus le bois est dur, meilleur est le son.

Nous n’étions que trois personnes. Il est difficile d’apprendre aux gens à faire des accordéons, car cela prend trop de temps. Si vous faites la moindre erreur, vous devez jeter l’accordéon et recommencer. J’ai même vu un accordéon qui n’a pas bien tourné, terminer dans la fosse du barbecue. Il sonnait si mal.

Je travaille toujours 10 à 12 heures par jour. Je ne pourrai jamais en avoir assez de ce travail. J’ai toujours été un bosseur et maintenant ma fille est pareille.  Elle venait dans l’atelier après l’école et a dit qu’elle aimerait m’aider. C’est très amusant pour nous de travailler en famille.

La meilleure partie de ce travail est de rencontrer des gens du monde entier et en particulier des pays francophones comme le Canada et la France. C’est un plaisir et un honneur de fabriquer des accordéons. Ce fut le travail le plus gratifiant que j’ai eu. Je ne me suis jamais autant amusé de toute ma vie.

Je voudrais développer l’entreprise car il y a de plus en plus de demande d’accordéons, mais nous avons besoin de plus de personnes aussi bonnes que moi ou mieux. Nous avons un homme qui a appris à faire des accordéons en regardant par-dessus mon épaule et il est excellent, meilleur que moi, mais il n’est pas encore prêt à prendre sa retraite. Je lui ai dit quand il prend sa retraite, il a un travail ici ».

Photo : OIT/John IsaacMartin Accordions est une entreprise familiale. Ici, le fils de Clarence Martin, Anthony polit le corps d’un nouvel accordéon.

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