Energie solaire : La BAD lorgne le sahara algérien

       85% des 2,4 millions de km2 de l’Algérie sont constitués par le Sahara.

«D2P» (Desert to Power), un projet que la Banque africaine de développement compte déployer dans le Sahel, un projet électrique géant qui fera du Sahel l’une des plus grandes zones de production d’énergie solaire au monde, a précisé la BAD dans un communiqué publié sur son site Web.
Le Sahara algérien, riche en énergie solaire et en vent, peut produire le volume considérable de 1000 MW/heure grâce à des centrales solaires. Avec cette capacité d’exploiter des énergies renouvelables en grande quantité en s’équipant de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes, l’Algérie fait partie du projet «Desertec» avec ses voisins frontaliers, le Maroc et la Tunisie. Le but étant de pouvoir subvenir à plus de 90% de leurs besoins en électricité, mais aussi d’exporter, notamment dans les pays européens. L’initiative industrielle «Dii» allemande présentée dans une étude «Desert Power 2050» qui reprend les grandes lignes du projet «Desertec», précise que l’Algérie dispose d’une capacité exceptionnelle de production d’énergies renouvelables.
Equipée de panneaux voltaïques et d’éoliennes, l’Algérie est toute désignée à devenir un acteur majeur des énergies renouvelables tout en ayant une indépendance énergétique.

Le projet «Desertec»
Il y a une dizaine d’années, est né le projet «Desertec» qui considère que si l’on recouvrait moins de 0,5% des déserts mondiaux (40 millions de km²), de centrales solaires thermiques, de panneaux photovoltaïques ou d’éoliennes, cela suffirait à répondre à la demande d’électricité internationale. Cet ambitieux projet implique de nom-breux partenaires, notamment les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena). Le Sahara étant un désert très ensoleillé de 10 millions de m², ces pays pourraient, grâce à lui, couvrir une grande partie de leurs besoins en électricité. Avec le surplus du produit, ils pourraient aussi dynamiser leurs économies en exportant cette énergie. L’électricité, qui y sera produite, est estimée à 60 milliards d’euros. De plus, les besoins en électricité ne cessent de croître, principalement dans les pays de la zone Mena dont la demande quadruplera d’ici 2050. Le projet «Desertec» est soutenu par l’initiative industrielle allemande «Dii», créée en 2009, qui est composée de nombreux partenaires en provenance de 15 pays. Le but final étant de créer un nouveau marché des énergies renouvelables produites dans le désert et permettant aux pays producteurs d’en être les acteurs principaux.

Des centrales vertes en Algérie
Avec les nouvelles centrales solaires l’Algérie fournira une importante production d’électricité. Elle devrait toucher ainsi une part conséquente des 60 milliards d’euros estimés de ce nouveau marché et ainsi, booster son économie. Des entreprises se sont déjà engagées pour lancer des projets d’exploitation d’énergie solaire.
Si les pays européens achetaient l’électricité produite dans les déserts à hauteur de 20% de leurs besoins, ils pourraient réaliser d’importantes économies budgétaires. Effectivement, l’économie serait de 30 euros par mégawatt/heure importée. De plus, l’Europe diminuera progressivement sa dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire en atteignant ainsi plus facilement ses objectifs environnementaux en faisant des économies d’énergie substantielles.
Aussi, la BAD compte-telle développer une grande zone de production mondiale d’énergie solaire dans la région du Sahel.
Cette initiative vise à produire 10 gigawatts d’énergie afin de fournir de l’électricité à 250 millions de personnes d’ici à 2025, dont au moins 90 millions de personnes seront connectées au réseau électrique pour la première fois.
En sus des systèmes solaires photovoltaïques domestiques individuels, «D2P» permettra de déployer des mini-réseaux photovoltaïques et des centrales de production d’électricité captive à usages commercial et industriel, selon la BAD. Il est également prévu de produire de l’électricité en synergie avec les programmes agricoles et hydrauliques. «L’initiative a reçu l’encouragement et l’aval politiques des chefs d’Etat et de gouvernement du G5 Sahel en septembre 2019 à Ouagadougou», ajoute la BAD.
La BAD avance que «D2P» couvre pas moins de 11 pays allant du Sénégal, à l’Ouest, à Djibouti, à l’Est et touche les cinq pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Nigeria, le Sénégal et le Soudan.
Selon l’indice de vulnérabilité au changement climatique 2017, les projections estiment que la menace du changement climatique entraînera une perte annuelle de 2 à 4% du PIB dans la région du Sahel d’ici à 2040, alerte par ailleurs la BAD.
Au cours de ces dernières années, les ressources de la Banque, allouées au financement de l’adaptation au changement et à la résilience climatiques ont quintuplé, passant de 338 millions/dollars en 2016 à 2 milliards de dollars en 2019, a fait savoir la BAD.

Des organismes financiers engagés
La Banque européenne d’investissement, l’Agence française de développement, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), Power Africa (USA), «Africa 50» et le Fonds vert pour le climat (GCF) se sont déjà engagés dans le financement et l’accompagnement de cette initiative.
L’appui technique de la BAD a également permis l’ouverture des projets au secteur privé, un important levier pour accélérer le déploiement des projets. En sus d’une résilience accrue face au changement climatique, l’initiative «D2P», permettra un meilleur taux d’accès à l’électricité dans la région et stimulera le développement économique et social et des innovations dans le domaine de la santé, dans des pays du Sahel à faible revenu.

Abdelkrim AMARNI

              Algérie : Energie solaire et contrôle qualité

Trois laboratoires en voie d’accréditation

Les laborantins concernés ont suivi des formations au Colorado (USA).

Trois laboratoires de contrôle qualité dans le domaine de l’énergie solaire, relevant du Centre de développement des énergies renouvelables (Cder), sont en voie d’accréditation par l’Agence algérienne d’accréditation (Algerac), a indiqué samedi dernier le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (Cerefe) dans un communiqué.
Il s’agit du Laboratoire de test des modules solaires photovoltaïques (Pvtl), du Laboratoire d’essais des capteurs solaires à circulation et de chauffe-eau (Lecs) et du Laboratoire d’étalonnage des pyranomètres, (LEP), d’après l’inventaire dressé par le Cerefe concernant les institutions pouvant être impliquées au niveau national en matière d’infrastructure-qualité dans le domaine de l’énergie solaire.
Le premier laboratoire est équipé de bancs de tests pour le contrôle qualité des modules photovoltaïques pour applications terrestres, qualification de la conception et homologation, ce qui permet de valider la fiabilité et les performances des modules fournis par le fabricant, les organismes de contrôle qualité ou l’utilisateur final, note la même source.
L’équipement du laboratoire Pvtl a été financé par le Fonds national de la recherche scientifique et du développement technologique de la direction générale de la recherche et du développement technologique (Dgrsdt).
Quant à l’accompagnement technique, il a été assuré par le laboratoire américain, «National renewable energy laboratory (Nrel)», leader mondial dans le domaine des énergies renouvelables, suite à un accord conclu fin 2016 entre le Cder et le Ctcn (Climate technology centre & network) du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement).
À la faveur de ce soutien technique, les laborantins ont suivi des formations en juillet 2018 au sein de l’organisme OTF (Outdoor Test Facility) du Nrel, au Colorado (Etats-Unis) et des exercices de calibrage et d’inter-comparaison ont été réalisés entre le Pvtl et Nrel, précise le communiqué.
Le laboratoire Pvtl est équipé de quatre bancs d’essais destinés à effectuer 12 parmi les 19 tests que compte la norme IEC 61215.
Le deuxième laboratoire (Lecs) peut mener des essais permettant d’évaluer les performances thermiques des capteurs et des systèmes solaires, de caractériser leur fiabilité et leur durabilité dans des conditions réelles les plus défavorables et de vérifier si les produits testés répondent aux normes et aux standards internationaux en vigueur, explique le Cerefe.
Il est en mesure de mener, sur les capteurs solaires, des essais de fiabilité, des essais de détermination des perfor-
mances du capteur solaire plan à circulation liquide et des essais de détermination de la fiabilité du chauffe-eau solaire «Dhws».
Le Laboratoire d’étalonnage de pyranomètres, est équipé, quant à lui, d’un banc de tests qui permet de prendre en charge quatre pyranomètres ainsi que l’étalon de référence. Il permet aux bureaux d’études d’optimiser le dimensionnement des centrales photovoltaïques par une mesure juste et fiable, explique-t-on et de souligner que dans ce cadre, l’installation d’un système de production électrique par énergie solaire exige, au préalable, la connaissance du gisement solaire afin de dimensionner de manière optimale le système photovoltaïque.
La fiabilité des mesures du rayonnement solaire nécessite un contrôle rigoureux et un étalonnage régulier des instruments de mesure (pyranomètres) pour qu’elle soit «la plus juste possible», relève le Commissariat dans son communiqué.
À cet effet, le laboratoire procède à la comparaison entre l’instrument de mesure de référence et l’instrument à étalonner pour une même valeur mesurée dans les mêmes conditions et dans le même laps de temps. Le pyranomètre du laboratoire est raccordé au «World radiometric center» (WRC Davos Suisse) référence mondiale dans l’étalonnage des instruments de mesure du rayonnement solaire, détaille la même source.
Le Commissariat a noté, par ailleurs, que le deuxième et le troisième laboratoire avaient bénéficié d’un soutien technique dans le cadre du projet «Renforcement de l’infrastructure qualité pour l’énergie solaire au Maghreb».
Ce projet, qui a démarré en 2013 et étendu pour la période 2016-2020, est coordonné par l’organisme national allemand de métrologie Physika-lisch Technische Bundesanstalt (PTB) et cofinancé par le ministère allemand de l’Economie et de la Coopération (BMZ), est-il précisé. Dans son premier rapport annuel, le Cerefe a souligné que «la mise en place de règles, reconnues en matière d’assurance qualité des produits et services, reste un élément important pour accompagner la durabilité des investissements engagés dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique». Le commissariat juge, à cet égard, que «l’instauration de structures de qualification, normalisation et certification, ainsi que la diversification des bureaux d’études et laboratoires spécialisés d’accompagnement permet de lancer sur de bonnes bases les programmes de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.


 

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