Espionnage marocain: Le journal Le Monde détient des «preuves»

  par R. N.

 Des éléments techniques attestent de l’utilisation par Rabat du logiciel d’espionnage à l’encontre de Français», lit-on dans un article du journal français Le Monde de mercredi, apportant de nouveaux éléments confirmant l’utilisation par le Maroc du logiciel espion Pegasus. Citant des analyses effectuées par Le Security Lab de l’ONG Amnesty International et confirmées par Citizen Lab, un laboratoire de recherche de l’université de Toronto, Le Monde a indiqué que les téléphones des journalistes et personnalités espionnés, 40 dont 15 en France, ont été effectivement infectés par le logiciel Pegasus.

«Les experts ont fait parler les archives de téléphones d’Apple. Les iPhones ont ceci de particulier qu’à chaque fois qu’un composant» du système d’exploitation iOS «est lancé», «une trace est consignée dans la mémoire du téléphone», précise l’article. «Les experts du Security Lab d’Amnesty ont découvert dans cet historique des traces de composants totalement étrangers à iOS. Dans certains cas, leur fonctionnement s’accompagnait de l’exfiltration de données», ajoute Le Monde pour qui c’est «la preuve qu’un logiciel espion s’était activé sur ces téléphones».Selon Le Monde, «chaque composant porte un nom, attribué par le développeur du logiciel : on les retrouve à l’identique sur les téléphones dépiautés par Amnesty. On les a aussi détectés dans des cas d’infection passée par Pegasus, comme celle du dissident émirati Ahmed Mansour».

Le journal affirme aussi que les traces retrouvées par Le Security Lab d’Amnesty International sur les téléphones ciblés par le Maroc sont similaires à celles découvertes par LookOut, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité des appareils mobiles.

«Elle y avait alors découvert les mêmes noms de composants aujourd’hui exhumés par Amnesty International. La preuve qu’il s’agit d’un seul et même logiciel espion : Pegasus».

Ces mêmes experts ont également réussi, dans certains cas, à isoler des adresses internet utilisées par Pegasus pour communiquer avec l’extérieur. Il s’est avéré que toutes ces adresses, récupérées par les experts, ces trois dernières années, présentent d’importantes similitudes, preuves de l’activité d’un seul et même logiciel espion.

Pour s’introduire sur un iPhone, Pegasus a utilisé une faille logicielle dans l’application iMessage. «Pour l’exploiter, l’infrastructure technique du client de NSO Group -l’entreprise à l’origine du logiciel espion Pegasus- «contacte» l’appareil ciblé comme s’il voulait lui envoyer un iMessage. On trouve donc sur les appareils infectés la trace de ce contact ainsi que le compte Apple -une adresse e-mail- utilisée pour ce faire par le client de Pegasus», a souligné Le Monde.

«Le Maroc était bel et bien client de Pegasus»

Revenant sur des cas d’espionnage par le Maroc via le logiciel Pegasus découverts en 2019, l’article cite l’affaire Omar Radi, journaliste critique d’El Makhzen, Joseph Breham, un avocat ayant travaillé sur le Sahara Occidental et Lenaïg Bredoux, journaliste à Mediapart, auteur de plusieurs enquêtes sur les services de renseignements marocains.

«Pour les attaques documentées en 2019, le compte iCloud [email protected] a été retrouvé sur les téléphones du journaliste Omar Radi, de Joseph Breham, avocat ayant travaillé sur le Sahara occidental, d’un autre avocat spécialiste des droits de l’homme qui veut rester anonyme et de la journaliste de Mediapart Lenaïg Bredoux, qui a consacré des enquêtes au patron du renseignement marocain, Abdellatif Hammouchi. Ce compte Apple est propre à chaque client de NSO. On trouve ainsi des traces d’un autre compte Apple chez les journalistes hongrois infectés par Pegasus et un troisième compte chez les victimes indiennes», écrit Le Monde.

Concernant le gouvernement français, le journal Le Monde précise qu»’il a pu faire analyser par Amnesty International le téléphone de l’ancien ministre de l’Ecologie, François de Rugy, ciblé au même moment que le reste de ses collègues d’alors : c’est le compte « bergers.o79 » qui apparaît.

Dans le cas du téléphone du président Emmanuel Macron, le journal affirme qu’«une analyse n’a pas été possible», ajoutant que le téléphone de «l’ex-parlementaire Leïla Aïchi, sélectionnée comme une cible potentielle très peu de temps avant Emmanuel Macron, présente aussi des traces de bergers.o79».

«Pour les activités plus récentes de Pegasus en France», l’article relève que «le compte «bergers.o79» disparaît totalement, remplacé par un autre probablement, car le logiciel espion a fait évoluer sa technique et utilise alors une autre faille de iMessage, à savoir linakeller 2203[@]gmail.com retrouvée en juillet sur les téléphones de beaucoup de personnalités et journalistes».

Pour Le Monde, «les numéros correspondant aux téléphones ciblés en France figurent parmi une liste de cibles potentielles coïncidant avec les priorités géostratégiques du Maroc».

«Selon nos informations, plusieurs services de l’Etat en France ont acquis la conviction que le Maroc était bel et bien client de Pegasus», ajoute la publication.

«En outre, le Citizen Lab de l’université de Toronto, en se basant sur les traces techniques laissées sur Internet par chaque logiciel espion lorsqu’il communique avec son serveur de commande, avait identifié, dès 2018, un client de Pegasus au sein de l’appareil sécuritaire marocain ciblant en majorité des numéros marocains mais aussi français et algériens», précise encore le journal.


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                                    par Boudjemâa Haichour*

  Le monde de l’espionnage new cybernétique vient d’être démantelé pointant du doigt une collaboration qui n’a jamais cessé depuis des décennies entre le Royaume du Makhzen et l’entité sioniste. Une affaire d’espionnage entre les services spéciaux marocains et le Mossad israélien, soutenue par leurs gouvernements respectifs, vient d’éclater au grand jour. Un des plus grands scandales du siècle où plus de 17 médias internationaux ont révélé l’utilisation d’un logiciel israélien dénommé «Pegasus».

Il s’avère que parmi les pays utilisateurs se trouve être au cœur de manipulation d’intelligence et de surveillance, le Maroc devenu un des collaborateurs du sionisme mondial contre les peuples et les Etats. Ce logiciel espion «Pegasus» est l’œuvre de l’entreprise sioniste NSO Group dont le travail se fonde sur une liste de plus de cinquante mille numéros de téléphones sélectionnés ayant été ciblés.LISTE DE 6000 ALGERIENS CIBLES PAR LE LOGICIEL PEGASUS

Le réseau de messagerie avait déjà déposé une plainte en 2019 contre NSO, l’accusant d’avoir infecté des smartphones des dizaines de journalistes, défenseurs des droits de l’homme et des membres de la société civile dans de nombreux pays, selon des médias d’investigation. Avec l’aide du Mossad, le Maroc a toujours eu recours aux services israéliens de mettre sur écoute l’Algérie et ses dirigeants. Ses écoutes clandestines réalisées par le logiciel «Pegasus» ont choqué l’ensemble de la communauté internationale, agissement considéré d’inacceptable dans des pays où la liberté de presse constitue une des préoccupations majeures de toute société démocratique.

L’Union européenne s’est déclarée que si cela s’avère vrai, il ne saurait être accepté de tels agissements gravissimes. Evoquant ce logiciel Pegasus, le Washington Post écrivait : «Il y a une forte corrélation temporelle entre le moment où les numéros sont apparus sur la liste et leur mise sur surveillance».

LE LOGICIEL D’ESPIONNAGE PEGASUS MAROC/ISRAEL UNE MENACE A LA SECURITE INTERNATIONALE

«Etant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationale et humaine».

C’est à travers un communiqué que «l’Algérie a exprimé sa profonde préoccupation suite à l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus contre des responsables et des citoyens algériens tout en condamnant vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales».

L’ANP FORCE D’EQUILIBRE ET DE SECURITE REGIONALE

L’Armée algérienne héritière de l’ALN a commencé sa mue depuis qu’elle s’est affirmée en tant qu’armée populaire professionnellement d’élite. Elle s’est consacrée à rejoindre les grandes armées technologiquement pourvue de tous les armements sophistiqués à même de sécuriser le territoire et combattre toute tentative d’atteinte à la stabilité du pays.

C’est une armée-pivot dans la lutte contre la cybercriminalité et le terrorisme transnational dans la région du Sahel comme digue et mur infranchissables vers la rive nord de la Méditerranée. L’ANP dispose d’une confiance populaire inégalée qui la met dans une posture de force tranquille lui permettant d’accompagner tout le processus de démocratisation institutionnelle de l’Algérie nouvelle.

En tant qu’institution républicaine, elle est un acteur incontournable, jouissant de respect dans ses alliances stratégiques au plan international. L’ANP considère que la stabilisation durable du Sahel passe aussi par un développement global répondant aux exigences de la sécurité des peuples et de leurs ressources, condition nécessaire à la quiétude de son environnement.

POUR UN BON VOISINAGE DE PROSPERITE PARTAGEE

Le bon voisinage que l’Algérie a toujours préconisé est miné par les tentatives marocaines qui continuent, avec l’aide de l’entité sioniste et d’autres acolytes, à empêcher de créer un espace de prospérité de sécurité partagée tant dans les pays du Maghreb qu’au Sahel. L’Algérie est consciente que la stabilisation globale de la région doit s’élever au niveau des résolutions des Nations unies, de l’Union africaine et des pays riverains de la Méditerranée lorsqu’il s’agit du droit des peuples à l’autodétermination comme c’est le cas du peuple du Sahara occidental.

«L’ENTITE SIONISTE ET L’ILLEGALITED’UN STATUT A L’UA» OBSERVATEUR D’UNEENTITE RACISTE A L’U AFRICAINE ?

S’il est vrai que nos frères africains en la personne du «président de la Commission africaine d’accueillir l’entité sioniste, connue par son racisme à l’égard des peuples d’Afrique et des Arabes, même si cela n’est pas de nature à altérer le soutien constant et actif de l’organisation continentale à la juste cause palestinienne, y compris son droit à l’établissement d’un Etat indépendant avec Al Qods pour capitale».

Il n’est pas aussi de nature démocratique et illégale d’accepter quels que soient la courtoisie et le respect qu’on doit à la fraternité des peuples africains qui ont connu la discrimination du sionisme à travers le monde. Ce n’est pas une pratique militante et diplomatique soient-elles courtoises, d’accepter et de légitimer cette décision contraire aux valeurs, principes et objectifs consacrés dans l’Acte constitutif de l’Union africaine. Les dirigeants du Makhzen qui deviennent les porte-paroles de cette entité raciste, est démontré par cette alliance stratégique des services marocains et du Mossad de cyber-espionnage du SNO Pegasus d’Israël. L’Afrique libre saura refuser tôt ou tard cette courtoisie déplacée.

Ce sont des défis qui doivent mobiliser les Etats à concrétiser ce Maghreb des peuples pour un vivre-ensemble dans une sécurité pleine et entière et non celle que le Maroc s’emploie à travers le logiciel sioniste Pegasus qu’il met à espionner ses voisins.

Avec la crise sanitaire mondiale qui infléchit lourdement les économies de tous les pays de la planète. En effet le logiciel Pegasus est venu couronner les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Etat hébreu en échange d’un marchandage commencé du temps du Président Donald Trump.

JOE BIDEN ET LA DIPLOMATIE ACTIVE DU DROIT INTERNATIONAL

Ce dernier qui a violé d’une manière unilatérale le 10 décembre 2020 les différentes résolutions de l’ONU sans passer par un référendum a admis directement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Alors que les instances de l’ONU ont mis en place la Minurso, Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, et n’ont cessé de défendre le droit pour le peuple sahraoui à bénéficier de l’autodétermination.

Mais à contrario de son prédécesseur, le Président Joe Biden semble vouloir une diplomatie active conforme au droit international contrairement à Donald Trump qui est adepte d’une diplomatie de crise. Il sera intéressant d’observer ce que fera l’administration Biden sur ce dossier de décolonisation.

DECOLONISATION ET AUTODETERMINATION D’UN PEUPLE

Il s’agit d’installer une représentation américaine sur terre sahraouie, décision contraire aux résolutions des Nations unies, assortie d’une enveloppe de 2,4 milliards d’euros en guise de soutien financier pour des projets d’investissements privés et sa reconnaissance de sa pleine souveraineté sur le Sahara occidental. Le lobby juif de plus de 700 mille juifs vivant en Israël d’origine marocaine y a infléchi sur cette décision.

L’Espagne quitte en 1976 cette colonie laissant derrière elle un conflit entre le peuple sahraoui sous sa représentation légitime le Polisario, qui revendique sa pleine souveraineté sur sa terre et son droit à l’autodétermination c’est-à-dire son indépendance.

Alors que le Maroc qui a entamé sous le règne de Hassan II, la marche verte pour en prendre possession illégalement de ce territoire de 266.000 km2. Le Maroc a fait fi de toutes les résolutions onusiennes, construisant un «mur de la honte», un rempart de 2.700 km. L’Algérie qui a 150 km de frontière commune avec la RASD, reste discrète et soutient cette cause juste de décolonisation du peuple sahraoui.

L’ANP PUISSANCE DE SECURISATION REGIONALE FACE AUX ENJEUX GEOPOLITIQUES

Les enjeux et les rapports de forces stratégiques doivent prendre en considération les effets déstabilisants, tels le trafic d’armes et de drogues qui se fondent sur des plateformes de transit et de réseaux, rendant vulnérable la Méditerranée qui tend à devenir un espace de confrontation stratégique, alors qu’elle est considérée comme le berceau des civilisations et un carrefour majeur d’échanges économiques et culturels.

L’Algérie est consciente de l’émergence de puissances régionales où les objectifs et les positions changent selon leurs intérêts surtout lorsqu’il s’agit de protéger militairement leurs investissements dans la région du Maghreb et de la Méditerranée ainsi que des pays subsahariens qui recèlent des potentialités énergétiques et minières.

La Méditerranée qui est une mer de 2,5 millions de km2 possède trois accès à savoir :

1-Le détroit de Gibraltar qui donne accès à l’Atlantique et aux ports d’Europe du Nord et un point de passage entre l’Afrique et l’Europe.

2-Le détroit des Dardanelles long passage de 90 km reliant la mer Egée à la mer de Marmara qui donne accès à la mer Noire.

3-Le canal de Suez qui donne accès à la mer Rouge et par le détroit Bab-el-Mendeb aux océans Indien et Pacifique et donc aux ressources gazières et pétrolières du golfe Persique.

Ce sont des lignes de communication et de transport maritime qui sont parmi les principales artères économiques mondiales (soit 25% du fret maritime, 30% du trafic pétrolier et 31% du tourisme). A ces flux de marchandises s’ajoutent les flux de données transitant par un réseau de câbles sous-marins. C’est dans ce cadre que l’ANP est devenue une des plus puissantes forces militaires de la Méditerranée.

L’ANP demeure une force de dissuasion mais qui riposte à toute velléité interventionniste dans la région pour la sécurisation de ses frontières. Modernisation et professionnalisation sont les maîtres-mots d’une armée qui s’est forgée depuis le combat de libération nationale et qui continue à se frayer le chemin vers sa révolution technologique avec un matériel électronique sophistiqué de dernière génération, qu’elle déploie dans ses forces terrestres, aériennes et navales.

*Chercheur universitaire – Ancien ministre

Bibliographie :

1- Stratégies de sécurité en Méditerranée : (Nathalie Ruffié- Philippe Gros-Vincent Tourret) Observatoire des conflits futurs-Ifri-Note n°4 Octobre 2018.

2- Louis Pinard : Institut d’études de géopolitique appliquée-(L’antagonisme entre la reconnaissance d’Israël et la marginalisation du Front Polisario) – Février 2021.

3- Vidalie A. : «La grande muraille du Sahara – mur de défense ou mur de la honte ?» L’Express du 11 Août 2017.

4- APS : «Affaire Pegasus «Le Maroc continue à faire de l’espionnage au profit d’Israël», publié le 19 Juillet 2021.

5- Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne : «L’affaire Pegasus d’espionnage est un agissement inacceptable».

6- Mediapart : site d’information a déposé une plainte le 19 Juillet à Paris faisant état d’espionnage par un service marocain, à l’aide du logiciel israélien Pegasus sur deux de ses journalistes.


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