Essais nucléaires français dans le Sud du pays : Le crime impuni

    Entre 1960 et 1966, la France a effectué 57 expérimentations et explosions nucléaires dans le désert algérien.

Il y a 61 ans, la France coloniale effectuait son premier essai nucléaire dans le Sud algérien. Une opération baptisée «Gerboise bleue», d’une puissance de 70 kilotonnes, équivalente à une explosion 3 à 4 fois plus puissante que celle de la bombe lancée en 1945 sur Hiroshima. Entre 1960 et 1966, la France a effectué 57 expérimentations et explosions nucléaires. Il s’agit de quatre explosions aériennes dans la région de Reggane, 13 explosions souterraines à In Ikker, 35 essais complémentaires à Hammoudia, dans la région de Reggane, et cinq expérimentations sur le plutonium dans une zone à In Ikker, située à 30 km de la montagne où ont eu lieu les essais souterrains.

À ce sujet, le chef de service du génie de combat du Commandement des forces terrestres, le général Bouzid Boufrioua, a affirmé, dans un entretien à la revue El-Djeïch, que «la France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 Etats de l’Assemblée générale de l’ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l’interdiction des armes nucléaires ‘‘Tian », qui vient s’ajouter aux traités antérieurs». En 132 ans d’occupation destructive, les essais nucléaires au Sud du pays restent parmi les pires crimes perpétrés par la France coloniale.

Leurs retombées et conséquences sanitaires et environnementales sont toujours visibles et se font encore ressentir. Des conséquences que la France refuse toujours d’admettre. Une question brûlante, certes, abordée par l’historien français Benjamin Stora dans son rapport sur «Les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie». Une approche insuffisante aux yeux du directeur de l’Observatoire des armements en France, Patrice Bouveret.

Dans un entretien accordé à l’APS, Patrice Bouveret regrette que l’historien Stora n’ait pas accordé une «grande importance» aux conséquences sanitaires sur les populations de Reggane et de Tamanrasset, victimes des essais nucléaires effectués par la France en Algérie. Une approche également rejetée par l’Organisation des moudjahidine (ONM). Celle-ci reproche à l’historien d’avoir «occulté les crimes coloniaux», notamment les essais nucléaires. Des crimes «perpétrés par l’Etat français, de l’aveu des Français eux-mêmes», a souligné le secrétaire général par intérim de l’ONM, Mohand Ouamar Benelhadj. «Les Algériens n’attendent pas de l’Etat français une indemnisation financière pour les millions de vies (perdues), mais l’appellent à reconnaître ses crimes contre l’humanité», a ajouté Benelhadj.

Pour ce faire, la récupération des archives liées aux explosions nucléaires françaises en Algérie, «est préalable pour mesurer les répercussions de ce crime contre l’humanité aux plans sanitaire et environnemental», estime l’historien Mohamed El Korso, dans une déclaration à l’APS. Qualifiant la loi Morin relative aux conditions et modalités d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français, d’«évasive» et d’«injuste» Mohamed El Korso appelle la France à tenir ses engagements d’indemniser les victimes, dont la plupart sont décédées, soulignant que «les séquelles radioactives persistent à travers les générations».

Smaïl ROUHA

Essais nucléaires : Recrudescence de cas de cancers, de malformations congénitales

L’Association «El Gheith El Kadem» d’aide aux malades dans la wilaya d’Adrar alerte sur une recrudescence «inquiétante», ces dernières années, des cas de cancer de tous les types, de malformations congénitales et de stérilité dus à la radioactivités induite par les explosions menées par la France coloniale dans la région de Reggane, le 13 février 1960.


    Essais nucléaires dans le Sud algérien, « un génocide » au sens du droit international

Essais nucléaires dans le Sud algérien, "un génocide" au sens du droit international

ALGER – Les résultats des explosions nucléaires menées par l’occupation française dans le sud algérien durant les années 1960 constituent « un génocide » au sens du droit international humanitaire, a affirmé, samedi à Alger, le maitre de conférence à l’université de Tipasa, Houcine Fouzari.

Animant une conférence intitulée « les explosions nucléaires au Sud de l’Algérie vu de l’angle du droit international humanitaire » à l’Institut national des études stratégiques globales (INESG) dans le cadre de la célébration de l’anniversaire tragique des premiers essais nucléaires effectués par l’occupation française au Sud de l’Algérie le 13 février 1960, M. Fouzari a fait savoir que « les résultats de ces essais constituent un génocide au sens du droit international humanitaire ».

Pour le conférencier, ces essais nucléaires, qui se sont poursuivis jusqu’en 1966 et dont le nombre s’élève à 17 essais, constituent également « une violation des traités internationaux et des chartes relatives aux droits de l’Homme, entrainant une responsabilité internationale qui doit être assumée par la France », affirmant que « la France est appelée aujourd’hui à présenter une réparation morale et matérielle aux victimes de ces essais ».


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Soulignant les effets désastreux des essaies nucléaires au Sud de l’Algérie sur différents plans, dont sanitaire et environnemental, M. Fouzari a précisé que ces essais nucléaires avaient pour objectif de faire de la France « une puissance nucléaire répressive au service des ses intérêts suprêmes », qualifiant le programme nucléaire français de « programme ambitieux et stratégique avec des apparences pacifiques et un fond militaire ».

A l’époque, les autorités françaises « avaient conscience du risque de ces essaies et de leurs résultats désastreux sur la santé de l’Homme et l’environnement, ce qui l’a amené à effectuer ces essais dans ses colonies en dehors du territoire français », a-t-il dit.

Selon le même intervenant, les autorités françaises ont prétendu que « ces essais effectués au sud de l’Algérie étaient propres et exécutés dans des régions inhabitées, utilisant le terme ‘essais nucléaires’ au lieu ‘d’explosions nucléaires’ afin d’induire l’opinion publique en erreur ».

Rappelant que les explosions nucléaires au Sud de l’Algérie avaient fait plus de 40.000 morts en sus de leurs effets néfastes sur la santé de la population, l’agriculture, l’alimentation et la démographie », M. Fouzari a affirmé, dans ce sens, que les résultats des essais « constituent un réel danger sur la santé des générations futures et mettaient en péril la sécurité environnementale et régionale ».


 

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