France / Covid-19 : Covisan, un premier dispositif sanitaire et solidaire

30.04.2020

Casser la transmission dans les foyers familiaux, tel est l’objectif du dispositif innovant Covisan mis en place par l’AP-HP qui a démarré mi-avril. Déjà près de 400 malades ont été pris en charge. Quand sanitaire rime avec solidaire.

Casser la transmission du virus dans les clusters (foyers). Tel est l’objectif du dispositif Covisan récemment mis en place par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), en Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Paris, qui a déjà pris en charge environ 400 malades. Proposé par le Pr Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), il s’agit d’un dispositif innovant, sanitaire et solidaire, né de l’expérience humanitaire de ce médecin à Haïti entre 2010 et 2019.

Le docteur Ozkaya (d) réconforte une patiente qui récupère après avoir été malade du Covid-19, dans un hôtel à Chelles reconverti en centre de traitement, le 22 avril 2020   AFP – LUCAS BARIOULET

 

Permettre aux personnes atteintes de ne pas contaminer leur entourage

“Il s’agit de répondre de manière adaptée au cas par cas en établissant un lien de confiance avec le patient, insiste le Dr Piarroux. Tout repose sur une alliance tissée avec les personnes atteintes d’une forme légère ou modérée de Covid-19 qui arrivent dans le système de soins par l’intermédiaire des urgences, de leur médecin généraliste ou du 15. Ensuite, nous les accompagnons au mieux pour les aider dans leur confinement et leur permettre de ne pas contaminer leur entourage. Nous allons donc plus loin que la seule pose d’un diagnostic de Covid.”

Des équipes mobiles constituées d’un binôme médical et social

Concrètement, le dispositif repose à la fois sur des hôpitaux, des médecins généralistes de ville, des chambres mises à disposition dans des hôtels mais surtout sur des équipes mobiles — une vingtaine pour l’instant — qui se déplacent à la rencontre des patients. “Le rôle de ces binômes, tous constitués d’un référent médical (étudiant en médecine ou en soins infirmiers, interne en biologie…) et d’un référent social (bénévole, membre d’association.. ), est d’aller à la rencontre des patients, précise le Pr Piarroux. Pas de manière intrusive mais après y avoir été en quelque sorte invités, suite à une prise de contact avec les patients. Qui poursuit : “Tous les référents reçoivent une formation théorique d’une demi-journée puis une phase d’immersion auprès d’équipes déjà opérationnelles. Nous sommes en train de monter en puissance”. Renaud Piarroux estime à environ 500 le nombre de binômes pour couvrir la totalité de l’Ile-de-France où, actuellement, environ 2.000 nouveaux cas de Covid + (positifs au Covid) sont recensés chaque jour.

Les situations familiales analysées au cas par cas

Une fois cette alliance établie, des tests PCR peuvent être réalisés chez les sujets contacts, des relevés cartographiques sont réalisés (voir carte ci-dessous – cliquez dessus pour voir en plus grand) et, au-delà, les situations familiales analysées au cas par cas. La personne est-elle isolée ou pas ? Quelle est la superficie de son logement ? Quelle est sa mobilité, son activité ? Est-il possible quand plusieurs personnes habitent ensemble de mieux isoler la personne atteinte de Covid-19 en réaménageant les espaces de vie et les modes de partage des lieux communs ?… Autant de questions qui dépendent de chaque situation. “Finalement, le recours à l’isolement en chambre d’hôtel, toujours volontaire, est en fait très minoritaire, seulement une dizaine de cas sur les premiers patients pris en charge », confie le Pr Piarroux.

Crédit : Covisan

Ce dispositif, l’isolement des personnes Covid+, n’aurait-il  finalement pas pu être proposé plus tôt ? “Non, ce n’était pas possible de démarrer avant, précise  le médecin. Ce n’est en fait que maintenant, la situation se calmant un peu, que nous sommes en mesure de le faire.”

Éviter une 2e vague épidémique et sécuriser le déconfinement

Covisan a déjà démarré sur plusieurs sites en Ile-de-France ( hôpitaux Pitié-Salpêtrière, Avicenne, Bichat-Claude-Bernard, Louis-Mourier, Robert Debré, Hôtel Dieu, centre Picpus) et d’autres localisations devraient suivre. Ce dispositif poursuit aussi deux autres objectifs : éviter une seconde vague épidémique et sécuriser la perspective du fameux déconfinement dont les premiers axes ont tout juste été présentés mardi 28 avril par le Premier ministre Édouard Philippe. Au niveau national, selon le Comité scientifique, 30.000 équipes seraient nécessaires.


 

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