Honte du passé? Pourquoi certains pays cherchent-ils à falsifier l’histoire de la Seconde Guerre mondiale?

En prévision du Ve Forum international sur la Shoah, un historien israélien spécialiste de l’Holocauste a livré à Sputnik son opinion sur les raisons qui poussent des pays d’Europe de l’Est à falsifier l’histoire.

© Sputnik . B.Fishman

Certains pays d’Europe de l’Est préfèrent ne pas connaître la vérité sur leur propre passé, surtout lorsqu’il s’agit de la Seconde Guerre mondiale et de la collaboration avec l’occupant allemand, estime l’historien Aron Chneer, de l’institut israélien de la mémoire des victimes du nazisme et des héros de la résistance, le Mémorial de Yad Vashem.

«Ceci concerne aussi la Pologne. Nous rendons hommage aux résistants, aux Polonais ayant combattu l’arme à la main les Allemands. Mais il y a eu d’autres pages. Cela a eu lieu, et c’est vrai, j’en ai parlé à plusieurs reprises et des documents le prouvent, hélas: participation de Polonais aux crimes contre les Juifs… On tuait des Juifs, ramenait ceux qui s’étaient évadés des camps; des pogroms survenus après la guerre sont également connus», a indiqué dans une interview à Sputnik celui qui a étudié des milliers d’affaires pénales ouvertes par le SMERSH (le département de contre-espionnage de l’armée soviétique durant la Seconde Guerre mondiale), et qui a parlé dans un de ses livres des procès les plus retentissants de criminels nazis.

«Politisation» de l’histoire

D’après Aron Chneer, de nos jours, dans certains pays de l’Europe de l’Est, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale est refaçonnée par complaisance envers la conjoncture politique.

«Le problème de la mémoire historique est extrêmement politisé et cela concerne pratiquement l’Europe dans son ensemble et avant tout, je pense, les pays d’Europe de l’Est qui, en falsifiant leur propre histoire, en refusant de la percevoir d’une manière objective, règlent leurs comptes avec l’Union soviétique, oubliant, c’est dommage, que c’est justement l’Armée rouge qui a libéré ces pays de l’Allemagne hitlérienne et des Nazis», a-t-il expliqué.

«La Pologne d’aujourd’hui n’existerait pas»

L’historien, qui participe au travail du Ve Forum international sur la Shoah qu’accueillera Jérusalem le 23 janvier -jour anniversaire de la libération d’Auschwitz-, estime que si la Pologne n’avait pas été libérée en 1944-45, le pays actuel n’existerait pas. Il a ainsi commenté le refus du Président Andrzej Duda de participer à l’événement qui réunira des représentants de plus de 60 pays, dont notamment les Présidents Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, ainsi que la chancelière Angela Merkel.

«La Pologne d’aujourd’hui n’existerait pas. Les Nazis ne comptaient même pas créer une quelconque autonomie. Le territoire de la Pologne aurait tout simplement été liquidé et cet État n’aurait pas existé», a-t-il martelé, ajoutant qu’à son avis, le forum en question n’était pas le lieu où avoir cette discussion politique.


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