Importante attaque d’un camp de l’armée nigérienne près de la frontière du Mali

Des hommes armés ont lancé lundi une importante attaque à l’aide de “véhicules kamikazes” contre un camp de l’armée nigérienne dans la zone d’Inates (ouest du Niger), près de la frontière du Mali, a annoncé à l’AFP une source militaire nigérienne.

L’attaque a été menée avec “deux véhicules kamikazes appuyés par des bandits à motos”, a-t-on précisé de même source.

C’est dans cette même zone que 18 combattants de l’organisation Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) ont été tués lors d’une opération conjointe des forces armées nigériennes, françaises et américaines menée du 8 au 18 juin dans l’ouest du Niger.

L’opération conjointe s‘était déroulée dans la région frontalière nord de Tongo Tongo où est actif un groupe de l’EIGS impliqué dans l’embuscade du 14 mai 2019 qui avait coûté la vie à 28 soldats nigériens, avait alors souligné le gouvernement nigérien.

En octobre 2017, l’EIGS avait revendiqué une attaque qui avait coûté la vie à quatre soldats américains et cinq militaires nigériens dans la zone de Tongo Tongo, située dans la région de Tillabéri (ouest), à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec le Mali.

Cette attaque survient au moment où Niamey accueille cette semaine (4 au 8 juillet) un sommet de l’Union africaine (UA) qui doit réunir une cinquantaine de chefs d’Etat. La capitale nigérienne, déjà habituellement fortement militarisée, fait l’objet d’un déploiement de forces spéciales en vue de cet événement que les autorités considèrent comme important pour l’image du pays.

Pays très pauvre, le Niger – comme ses voisins sahéliens, le Mali et le Burkina – fait face à des attaques récurrentes des groupes jihadistes dans l’Ouest. Le Niger est aussi confronté aux raids du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le Sud-Est.

AFP


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Carole KOUASSI avec Reuters  29/05

MALI

Les Etats de l’Afrique de l’Ouest confrontés à la menace djihadiste ne devraient pas prendre pour acquis la présence militaire française dans le Sahel car Paris n’y sera pas pour toujours. Voici en substance résumée l’intervention de Jean-Yves Le Drian devant la commission parlementaire des affaires étrangères, ce mardi.

Le chef de la diplomatie française n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le laxisme des dirigeants du Sahel alors que la sécurité se détériore chaque jour un peu plus dans cette région. Ces dernières semaines, en effet, la région aux frontières poreuses a enregistré une flambée de violence de groupes liés à Al-Qaïda et à l‘État islamique.

La multiplication des attaques dans la région du nord du Burkina Faso, à la frontière du Mali et du Niger à laquelle s’ajoute la montée des conflits ethniques a davantage souligné la difficulté que rencontre la communauté internationale pour rétablir la stabilité régionale.

Le G5 Sahel doit progressivement assumer ses responsabilités. Barkhane ne peut pas tout faire. Le témoin doit être repris par les pays concernés.

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Pour Jean-Yves Le Drian, cependant, il est du devoir des chefs d’Etat concernés de contenir la menace. “Les autorités des pays du Sahel ne doivent pas rester dans une zone de confort où penser que Barkhane (les forces françaises) est derrière eux”, a déclaré Le Drian à la commission parlementaire des affaires étrangères.

“C’est une tentation, mais progressivement, il faut dire que la sécurité des Africains sera assurée par les Africains. L’objectif n’est pas que Barkhane reste là pour une éternité”, a-t-il martelé.

Dès 2013, la France est intervenue au Mali pour chasser les militants islamistes qui occupaient le nord. Depuis lors, l’ancienne puissance coloniale a gardé environ 4 500 soldats dans la région dans le cadre des opérations Barkhane de lutte contre le terrorisme. Toujours sous l’impulsion de Paris, les pays du Sahel, aidés des Nations unies et des puissances occidentales ont mis sur pied la force du G5 Sahel composée de soldats maliens, nigériens, burkinabés, tchadiens et mauritaniens pour lutter contre les djihadistes.

Mais cette force censée servir de relais à Barkhane rencontre des difficultés dans sa mission en raison notamment des retards dans le paiement de l’argent promis et de la mauvaise coordination entre les cinq pays membres.

“Le G5 Sahel doit progressivement assumer ses responsabilités. Barkhane ne peut pas tout faire. Le témoin doit être repris par les pays concernés. Ça arrive, mais pas assez vite”, a déclaré Le Drian.

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Ses propos sont une rare critique contre les pouvoirs de la région, mais surtout, le signe d’un agacement de Paris dont les opérations sont contrariées par la flambée de l’extrémisme avec l’arrivée de nouveaux groupes radicaux. A cela, s’ajoutent les pressions des Etats-Unis qui militent pour un retrait de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Une mission budgétivore et carnivore qui reste la plus meurtrière des missions de paix de l’ONU.

Les États-Unis ont notamment déclaré en mars que la Minusma n’avait pas réussi à rétablir la paix et que le Conseil de sécurité devrait envisager un retrait majeur. Une décision qui mettrait alors les soldats français et ceux des pays de la région seuls face à la menace djihadiste.


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