Les inondations en Algérie suscitent colère et dérision

       Comme chaque fin d’été, plusieurs villes et régions du pays sont submergées par les eaux de pluies sans que les autorités ne parviennent à juguler ce phénomène
Alger-centre au lendemain de la tempête, le 8 septembre 2020 (AFP)
Alger-centre au lendemain de la tempête, le 8 septembre 2020 (AFP)

Dans la nuit du 7 au 8 septembre, plusieurs régions d’Algérie ont connu des pluies torrentielles, emportant une fillette à Mila (dans l’est du pays) et causant d’énormes dégâts matériels notamment à Alger. Cette disparition s’ajoute à trois autres décès depuis début septembre, toujours causées par de fortes pluies.

Traduction : « À Mila, dans l’est du pays, les sinistrés d’un récent tremblement de terre souffrent des conséquences des pluies torrentielles. »

Dans la capitale, des scènes apocalyptiques ont été filmées par les habitants et largement partagées sur les réseaux sociaux. On y voit rues, routes et tunnels inondés, ainsi que des parkings et des lignes du tramway sous l’eau.

Selon le ministre algérien des Ressources en eau, Arezki Berraki , ces inondations « ont été causées par les tempêtes et les grandes quantités d’eau tombées sur une courte période ».

« Les pluies torrentielles survenues ces dernières 24 heures en Algérie s’inscrivent dans les activités météorologiques saisonnières mais ont été affectées par de violents changements climatiques, devenant ainsi plus intenses », a-t-il ajouté.

« La quantité d’eau tombée en trois heures [dans Alger] équivaut à la quantité d’habitude enregistrée durant un mois complet. »

Pour le ministre, il s’agit d’un « phénomène météorologique exceptionnel et les avaloirs, quelles que soient leurs capacités, ne pouvaient pas absorber les quantités de pluie tombées en un laps de temps réduit ».

« Il y a du vrai dans l’explication, mais aussi comme un aveu que l’effort d’adaptation qu’appellent de tels changements n’a pas été fait. Il est difficile de convaincre que ce qui arrive aux trémies après chaque précipitation est normal, alors que ce n’est pas le cas », nuance le site d’information TSA.

Le mur d’enceinte de l’ambassade de France dans le quartier huppé de Hydra sur les hauteurs d’Alger s’est effondré à la suite de la tempête.

« Après le ‘’complot des liquidités’’ voici le ‘’complot du torrent’’ », écrit sur Facebook le poète et chercheur Achour en allusion aux enquêtes exigées par les autorités, l’une sur la crise du manque de liquidités dans les bureaux de poste depuis des semaines, et l’autre sur les dégâts des pluies à Alger et dans d’autres villes du pays.

Le président Abdelmadjid Tebboune a demandé à la police d’enquêter sur les raisons de la gravité de ces inondations.

Alors que certains internautes ciblent « l’incivisme » de ceux qui jettent les ordures n’importe où, ce qui contribue à boucher les évacuations d’eau, d’autres ont tenté de conjurer la catastrophe par un esprit de dérision.

Beaucoup sur les réseaux sociaux regrettent que les autorités locales n’aient pas pris en compte les leçons des terribles inondations à Bab el Oued, quartier populaire du centre d’Alger, le 10 novembre 2001 qui ont fait près de 700 morts.

Pourtant, il y a quelque jours, le quotidien El Watan consacrait un article sur l’opération d’entretien du réseau algérois d’évacuation des eaux  « en prévision de la saison hivernale ».

Durant le mois d’août, les autorités locales affirment avoir effectué « le curage de plus de 180 000 regards, le débouchage de 10 000 canalisations d’évacuation des eaux usées et pluviales, l’évacuation à la décharge publique de 240 000 mètres cubes de terre et de gravats et la restauration de 117 000 mètres carrés de routes et trottoirs ».

« Les dernières précipitations ont mis à nu ces travaux qui ont été accomplis de manière superficielle. Sinon, comment expliquer qu’en quelques jours seulement, les mêmes avaloirs qui ont été curés se bouchent et débordent, provoquant des inondations sur d’importants axes routiers ? », s’interroge le même El Watan.

En septembre 2019, Alger avait connu les mêmes dégâts provoqués par les traditionnelles fortes précipitations de l’automne.


 

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