Israël, «génocidocratie» et «valeurs sacrées du monde libre»

     par Mourad Benachenhou

«Les Palestiniens sont un cancer et ils doivent être éliminés» (général major Moshé Ayalon, Chef d’état-major de l’armée sioniste, cité par Yitzhak Loar: «Journal» London Review of Books)

A l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’Homme, célébrée par le monde entier le 9 décembre de chaque année, Josep Borrell, «ministre des Affaires étrangères» de l’Union européenne, a publié, en cette date commémorative de 2022, un communiqué de presse, dans lequel il rappelle les engagements européens à mettre au centre des relations internationales la défense des droits de l’homme. Il a proclamé, entre autres:

Une profession de foi forte…

«Cette journée est l’occasion de rappeler que les droits de l’homme sont universels, indivisibles, inaliénables, interdépendants et intimement liés. Alors que leur promotion et leur protection sont un impératif pour défendre la dignité humaine, le véritable respect et la réalisation des droits de l’homme sont également indispensables pour la paix, la démocratie et le développement durable.

L’UE continuera à surveiller, à attirer l’attention et à prendre des mesures décisives dans les enceintes internationales pour combattre et prévenir les violations et atteintes aux droits de l’homme, et à soutenir les initiatives internationales visant à demander des comptes à tous les auteurs».

(https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2022/12/09/human-rights-day-10-december-2022-statement-by-the-high-representative-on-behalf-of-the-european-)

Mais une application… Quelque peu limitée et biaisée

Ce même communiqué présente la liste des «méchants pays,» qui violeraient, suivant les critères «européens» les droits de l’homme tels que définis par cette association. Il pointe du doigt, évidemment, la Russie et les souffrances du peuple ukrainien. Le communiqué fait référence également à des pays qui ont commis «de graves abus» : Afghanistan, Belarus, Ethiopie et au Myanmar/Birmanie. A cette liste d’infamie, toujours selon l’UE, sont ajoutés La Chine et l’Iran. Il souligne aussi que «les femmes et les filles ont été les cibles de la répression et de mesures restrictives… et ont souffert disproportionnellement de violation des droits humains dans les zones de conflit».

On ne peut qu’applaudir à ces déclarations de principe, tout en émettant des doutes sur les critères de choix des pays placés dans cette «liste d’infamie». Se caractérisent-ils vraiment par des politiques particulièrement condamnables de violation des droits universels de l’homme ? Ou s’agit-il plutôt d’une liste, mue par des considérations de politique étrangère qui n’ont rien à voir avec la fréquence des abus que les citoyens de ces pays subissent de la part de leurs autorités ? D’autre part, parmi ces pays, certains sont frappés de sanctions quasi universelles qui les mettent en état de siège international, alors que d’autres ne reçoivent que des «gentilles petites tapes sur les doigts», ce qui met encore plus en doute la crédibilité de la «déclaration de principe de l’Union européenne». Celle-ci se proclame donc unilatéralement et faussement «juge impartial et objectif» n’ayant pour autre motivation, dans ses jugements sur la situation des droits de l’homme dans le monde, que des sentiments humanitaires et la sensibilité aiguë à l’égard de la misère et des souffrances de certains peuples, soumis à l’arbitraire de leurs gouvernements.

Israël, la grande absente de la «liste d’infamie» de l’Union européenne !

On est d’autant plus sceptique non seulement quant à la sincérité de l’Union européenne dans sa posture de «défense du principe universel du respect des droits de l’homme», mais également quant à son absence proclamée de partialité pour l’établissement de la liste des «Etats en état de péché,» car manque visiblement dans cette liste Israël, championne «toutes catégories» de la violation des droits de l’homme.

On tire à juste titre le sentiment qu’Israël est hors de ce monde, que les Palestiniens sont exclus de toute protection, et que les Juifs qui dominent le pays ont reçu une autorisation totale d’en faire à leur tête, sans tenir compte des lois internationales et des règles de morale acceptées universellement, et selon leurs propres lois dictées par le moment et leur projet final. Et leur barbarie n’a aucune limite.

Même les cadavres des Palestiniens assassinés ne sont pas respectés

On a vu ainsi, ce qui constitue un acte infâme et un crime de guerre, car la mutilation du corps des ennemis tués au combat est strictement interdite et depuis des siècles, un médecin militaire israélien pratiquait sur place une leçon d’anatomie sur un Palestinien qui venait d’être assassiné par les forces de sécurité sionistes. Voici ce que raconte un témoignage:

«La leçon a eu lieu à la suite d’un accrochage entre un groupe armé palestinien et une unité des forces de défense israéliennes. Le soldat a dit que le corps du Palestinien a été criblé de balles et que certains de ses organes internes ont été mis à découvert. «Le docteur a déclaré l’homme mort; et, puis, a pris un couteau et a commencé à découper des parties du corps,» a déclaré le soldat. «Le docteur nous a expliqué les différentes parties -la membrane qui couvre les poumons, les couches de la peau, le foie, des choses comme ça» (dans «Lorenzo Veracini: «Israël et la société de la colonie de peuplement», Londres, éditions Pluto Press p. 10).

Borrell est-il si mal informé sur l’Etat des Droits de l’Homme en Palestine occupée ?

Il est difficile de croire que Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, ancien interne dans un «kibboutz,» selon sa propre biographie, ignore totalement non seulement le projet génocidaire sioniste, mais aussi la politique d’apartheid, dénoncée par plus d’une organisation internationale consacrée à la défense des droits de l’homme, et confirmée également par un rapport d’enquêteurs israéliens mobilisés par «Bet’selem,» tout comme les crimes quotidiennement commis par les autorités sionistes contre les Palestiniens.

Le professeur Borrell insiste, pourtant, sur la nécessité de combattre la «propagande» et «la manipulation de l’opinion publique par des entités «gouvernementales», prêtes «à diffuser toutes sortes de mensonges» pour faire avancer leurs «desseins malfaisants».

Mais, étouffer les informations critiques sur les abus systématiques des droits de l’homme et la politique d’apartheid d’Israël et son projet génocidaire peuvent être sans réserves définies comme de la «propagande», car, en cachant les abus commis au nom du sionisme, et sous le couvert de «combattre l’antisémitisme», c’est une image d’Israël non conforme à la réalité qui est présentée au grand public et au monde. Et cela ressortit de la «propagande», tant honnie par Borrell.

Le tout dernier rapport d’Amnesty International date de décembre 2022

Pourtant, cet ancien professeur de mathématiques et diplomate au long cours, polyglotte avéré, peut facilement accéder au site «d’Amnesty International», organisation de défense des droits de l’homme, et lire, dans son texte original, son tout récent rapport, qui a mis à jour l’inventaire des violations de droits de l’homme en Palestine historique, et sous le titre clair de «Israël apartheid in action».

(https://www.amnesty.org/en/wp-content/uploads/2022/11/MDE1560912022ENGLISH.pdf)

Les rapports de cette organisation de défense des droits de l’homme, pourtant bénéficiant de financements de l’Union européenne, sont systématiquement frappés d’un embargo total dans les médias internationaux.

Une liste accablante des abus commis par l’entité sioniste

Ce que rapporte le document d’Amnesty International sur la situation des droits de l’homme en Palestine occupée est rappelé en bref dans cet écrit. Mais, évidemment, rien ne peut remplacer la lecture complète du document.

Les points importants de ce rapport accablant sont rappelés ici :

– Israël est accusé de violations systématiques des droits de l’homme, de pratique de la torture contre les prisonniers palestiniens, de crimes de guerre et de crime contre l’humanité, comme de violations des lois internationales régissant la protection des prisonniers de guerre et des populations civiles dans les zones de guerre occupée.

– Israël est sous le coup d’une enquête de la Cour pénale international portant sur les crimes qu’elle commet contre le peuple palestinien ; cependant, cette colonie de peuplement refuse de laisser le procureur de la CPI accéder à son territoire pour réunir sur le terrain les preuves de ses crimes et de ses violations des lois et traités internationaux.

– Israël pratique une politique d’apartheid contre le peuple palestinien et applique deux systèmes de lois, l’un en faveur de la population juive, le second contre les non Juifs.

– Israël refuse d’adopter une loi garantissant les droits de l’homme en Palestine occupée, et de mettre en place une organisation de défense des droits de l’homme, et ce, malgré de multiples rappels de la « communauté internationale ».

– Israël applique des mesures de punition collective contre les Palestiniens, ce qui est un crime contre l’humanité, et est interdit par les accords internationaux.

– Il continue à commettre quotidiennement des exécutions sommaires contre les Palestiniens, à s’attaquer aux champs et plantations de cette population, à entraver de manière continue la libre circulation des Palestiniens et à empêcher certains d’entre eux d’accéder à leurs propriétés entourées par le mur de séparation construit sur elles et autour d’elles.

– Il occupe encore 40 pour cent du territoire de Gaza, bien qu’affirmant qu’il l’a évacué, et depuis 2007, impose un siège total sur cette bande, pratiquent une politique systématique de destruction des infrastructures et des habitations de ce territoire, empêchent l’importation de matériaux de construction pour permettre la restauration rapide des bâtiments et routes détruites par les bombardements incessants.

– Il continue à utiliser la force létale illégale pour restreindre l’accès des Palestiniens à une zone de 300 m à 1.500 m de large le long de la périphérie de Gaza, couvrant plus de 35% des terres agricoles de Gaza. Il a également restreint l’accès à 85% des eaux de pêche de Gaza, tirant régulièrement sur les pêcheurs s’aventurant au-delà. Etc., etc.

Amnesty International demande finalement que les occupants « mettent fin aux transferts forcés de population, aux arrestations arbitraires, à la détention administrative, à la torture et autres mauvais traitements, aux homicides illégaux et aux blessures infligées, ainsi qu’aux restrictions d’autres droits fondamentaux, tels que la restriction arbitraire de la liberté de mouvement et de résidence des Palestiniens dans leurs communautés, leur droit à la vie de famille et leur droit d’accéder aux moyens de subsistance, au logement, à la nourriture, à l’eau, aux services de santé essentiels et à l’éducation.

« Cesse immédiatement toute activité de colonisation comme première étape vers le démantèlement des colonies israéliennes dans les TPO (Territoires palestiniens occupés) ».

Israël : un état voyou modèle, financé, défendu et protégé par le « monde libre »

En bref, selon ce rapport de Amnesty International, Israël est un Etat criminel qui nargue la «communauté internationale» et refuse d’obéir aux lois et traités internationaux et de laisser le libre accès aux instances judiciaires internationales pour qu’elles recueillent sur le terrain les preuves des crimes qu’il commet contre le peuple palestinien.

Israël est donc un « Etat-paria » qui devrait être frappé de sanctions de la part du «monde libre» l’isolant totalement sur les plans politiques, économiques, financiers, monétaires, culturels et sportifs.

A observer l’indulgence criminelle dont ce « monde libre » fait preuve à l’égard d’Israël, on ne peut que douter des engagements de ses membres, qui se présentent comme incarnant « la conscience de l’humanité », et le stade suprême de la civilisation » et proclament vouloir instaurer et défendre, même par l’usage de la force armée, un ordre international fondé sur la loi et où seraient mis à l’encan tous les Etats qui violeraient les règles de cet ordre.

Borrell : une ignorance feinte de la réalité du projet sioniste

Dans une autre déclaration faite à l’occasion de l’interpellation de nombre de membres du Parlement européen dénonçant le silence de l’Union européenne face à la situation dramatique du peuple palestinien soumis à l’arbitraire colonial et à l’apartheid sioniste, Borrell a rejeté la qualification d’Etat-apartheid contre Israël et est même allé jusqu’à agiter le drapeau rouge de «l’antisémitisme» pour rejeter cette qualification.

Borrell ne peut, tout de même pas, ignorer l’histoire du projet sioniste.

Faut-il rappeler à cet universitaire de haut niveau, féru d’histoire, que ce projet est mené contre le peuple palestinien depuis déjà plus de cent ans, car il date du début du mandat anglais sur la Palestine, en application des décisions du Traité de Versailles (28 juin 1919), qui a suivi la fin de la Première Guerre mondiale ?

Cet infâme traité a « généreusement » divisé entre les «puissances alliées» tout le territoire couvert par la dénomination de «Moyen-Orient», démembrement de l’ex-Empire ottoman. A souligner qu’au congrès préparatoire à ce traité inique et infâme, mais toujours d’actualité, n’ont pris part ni des représentants des pays arabes de l’époque ni, évidemment, des représentants du peuple palestinien.

«Cachez-moi cet apartheid et cette fausse démocratie que je ne saurais voir» ! proclame Borrell.

Mais voici que même une publication israélienne, parmi tant d’autres, enfonce le clou de la situation réelle des droits de l’homme dans la colonie de peuplement d’Israël. Là aussi, on laisse la totale responsabilité de son écrit à un éditorialiste israélien qui dénonce la partialité de Borrell dans l’appréciation de la situation des droits de l’homme. Michael Sfard, tel est le nom de cet éditorialiste, dans un papier publié le 21 décembre sur le quotidien «Haaretz», écrit ce qui suit spécifiquement à l’adresse de l’Union européenne, et sous le titre: «Alors que les crimes d’apartheid s’aggravent, l’exceptionnalisme de l’Occident envers Israël doit cesser». Il continue ainsi : «Alors qu’Israël s’est employé à mettre en œuvre un double système juridique centré sur la discrimination systémique des Palestiniens en Cisjordanie, l’Occident a conservé son propre système juridique double, permettant effectivement à Israël de violer les interdictions établies par le droit international». Il rappelle également dans le cours de son éditorial le traitement différentiel appliqué par l’Union européenne dans sa mise en oeuvre de sa politique de «défense des droits de l’homme, où certains pays «récalcitrants» subissent la foudre de ses sanctions, tandis qu’Israël, qui fait autrement pire qu’eux, échappe à toute pression et continue à jouir du plein appui de cette «association de bienfaisants».

En conclusion:

Les points ressortissant du rapport d’Amnesty International et cités dans cette contribution ne représentent qu’une infime partie des accusations portées contre les violations du droit international et les exactions et crimes commis par les autorités israéliennes contre la population palestinienne, que révèle le long rapport de cette organisation de défense des droits de l’homme.

Pourtant, l’Union européenne s’obstine à fermer les yeux sur les violations extrêmes des droits de l’homme par Israël, autoproclamé unilatéralement «Etat juif,» et donc faisant partager par tous les Juifs du monde, les crimes qu’il commet en continu, sans interruption vingt quatre heures sur vingt quatre, trois cent quatre vingt jours un quart, depuis plus de cent années, si l’on inclut la période du mandat britannique exclusivement administré en faveur du projet sioniste, et en ignorance complète des droits historiques du peuple palestinien; qui ne dit mot sur ces crimes en est le complice et en porte également la responsabilité.

Les déclarations de l’Union européenne sur le caractère sacré et universel des droits de l’homme, dont le respect, selon elle, ne doit tolérer aucune exception, sonnent creux si les Palestiniens sont exclus de ce privilège naturel.

Ces déclarations n’ont aucune crédibilité, car dans la liste noire des «Etats délinquants», manque Israël, dont, pourtant, le noyau central du projet qu’il incarne est un génocide, l’élimination du peuple palestinien du territoire historique de la Palestine, déclarée encore récemment «terre exclusivement réservée aux Juifs».

Publier les crimes commis par l’entité sioniste contre le peuple palestinien ne ressortit pas de «l’antisémitisme», mais simplement du fait que les crimes commis par la colonie de peuplement juive, qui se prétend «membre légal et légitime de la communauté internationale» doivent être évalués et dénoncés sur la base de critères internationalement reconnus et acceptés par tous les «Etats civilisés» faisant partie du « monde libre » dont L’Union européenne, pays et Union qui ne manquent pas de sanctionner lourdement les « Etats récalcitrants à leur ordre », lorsque leurs propres intérêts sont en jeu.

L’Union européenne continue à utiliser le faux-fuyant du combat contre le soi-disant «antisémitisme» pour refuser de reconnaître qu’Israël est fort loin d’être une «démocratie,» car la «démocratie» se fonde sur la citoyenneté compte non tenue des différences de race et de religion, et sur l’égalité des droits de tous les citoyens, ce que cet Etat rejette de manière absolue.

L’Union européenne, et Borrell, son «ministre des Affaires étrangères, plus spécifiquement, se trouvent dans une situation à la fois paradoxale et absurde où ils défendent «bec et ongles,» contre ses propres turpitudes et ses dépassements, une colonie de peuplement dont les dirigeants affirment qu’ils ne reconnaissent de droits de citoyenneté sur le territoire qu’ils contrôlent qu’aux Juifs certifiés comme tels par des rabbins officiellement assignés, et mettent en œuvre un double système légal, l’un destiné aux personnes de confession juive, et l’autre à tout le reste de la population non juive, reconnaissant donc eux-mêmes le caractère d’apartheid de leur Etat.

Même des voix commencent à dénoncer dans la presse israélienne l’apartheid sioniste, sans compter les rapports accablant des organisations internationales de défense des droits de l’homme, dont le dernier publié est celui de Amnesty International, cité amplement dans cette contribution.

Jusqu’à quand Borrell, ancien interne d’un kibboutz, va-t-il continuer à camper sur ses bottes, et à refuser de reconnaître qu’Israël mérite amplement d’apparaître dans sa «liste annuelle d’infamie et d’inhumanité ?»

Quand va-t-il exiger contre cette colonie de peuplement les mêmes sanctions qu’il réclame et fait appliquer contre les autres Etats «délinquants» et poursuivis de sa vindicte faussement indignée.

Borrell doit non seulement et finalement reconnaître qu’Israël est en fait «une génocidocratie» dont l’apparat «démocratique» sert à couvrir son dessein originel qui n’a pas changé des l’inception de son projet, il y a plus de cent années de cela, mais également en tirer les conclusions quant à la révision des rapports trop cordiaux que lui et l’Europe entretiennent avec elle.

La crédibilité de l’UE, et du « monde libre » comme phare de la défense des droits de l’homme s’en trouverait rétablie et son jugement sur le respect de ces droits accepté unanimement et universellement !

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