À propos de journaux et de liberté d’expression

Contribution.-

Très brèves considérations.

En Algérie, on se plaint de la fermeture du journal « Liberté », et l’on craint celle du journal « El Watan ».

Le premier était financé par un patron privé, le second était aidé par les contributions publicitaires de l’État.

Et les deux journaux se déclaraient « indépendants » et « libres » d’exprimer leurs opinions.

Le premier journal pouvait-il se permettre d’exprimer des opinions contraires aux intérêts de son propriétaire financier, et le second formuler des pensées trop opposées à ceux de l’État ?… Dans les deux cas, ne s’agissait-il pas d’une liberté conditionnée, limitée ?

Autre considération. Si un media n’est pas financé uniquement par les contributions de ses lecteurs, qu’en est-il de sa légitimité ?… Quelle est la valeur d’un produit auquel des citoyens n’accordent pas un intérêt au point de l’acheter et lui donner le financement nécessaire à sa production ?

On objecterait : le média véhicule une marchandise particulière : des opinions, des idées. Pour être librement exprimées, peuvent-elles être conditionnées par le financement d’un privé ou, indirectement, d’un État ?

On répondrait : Oui, dans un État au service de la collectivité tout entière. Alors, question : l’État répond-il réellement à cette condition ?

L’intéressant avec les media financés par un privé ou, indirectement, par l’État est de connaître les intérêts défendus par ces derniers, ce qui est également utile.

Le seul media qui a droit à se considérer libre n’est-il pas celui qui est reconnu comme tel par des citoyens libres qui contribuent à son existence par leur libre suffrage : l’achat de la production du dit media ?

Reste la solution de la coopérative auto-financée par ses membres, ou une association financée par un bénévole qui respecte vraiment la production de la vérité, et dont le produit médiatique est reconnu comme utile par l’achat de la part des destinataires.

Ou, encore, un media électronique dont l’existence et le fonctionnement exigent un coût assez bas pour pouvoir exister en produisant des informations et des opinions réellement libres, ce qui ne signifie pas automatiquement qu’elles sont au service de la collectivité toute entière. Aux destinataires d’en juger par la confrontation avec leur propre vécu, celui des autres, et la confrontation avec d’autres sources d’information.


Kaddour Naïmi.


 

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