« La vérité vaincra » assure dans son livre l’ancien président brésilien Lula

Dans un livre paru en décembre dernier, l’ex-président brésilien Lula clame son innocence et dénonce la machination dont lui-même et son pays sont victimes. Condamné par le juge Sergio Moro qui sera nommé ministre de la Justice dès l’accession au pouvoir de Jair Bolsonaro, Lula, provisoirement libéré, continue son combat pour la vérité.

« La vérité vaincra », c’est l’émouvante profession de foi que livre l’ex-président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, au travers d’un long entretien réalisé en février 2018, et complété de ses prises de parole devant le syndicat des métallos de la CUT, tant à la veille de son incarcération en avril 2018 qu’au lendemain de sa libération — qui pourrait n’être que provisoire — en novembre 2019.

Condamné dès juillet 2017 pour corruption passive et blanchiment d’argent à neuf ans et sept mois de prison par le juge Sergio Moro, Lula ne cesse de clamer depuis son innocence.

Tous les ingrédients sont en effet réunis pour démontrer le caractère politique de cette opportune condamnation. C’est elle qui permet au militant d’extrême droite et écocide Jair Bolsonaro d’accéder à la présidence du Brésil en écartant le favori dans les sondages : Lula lui-même.

Bolsonaro n’aura attendu que quatre jours après son accession à la présidence pour nommer le juge Moro ministre de la Justice. Et s’il existait encore des naïfs croyant à l’indépendance du magistrat, les enregistrements que le site de presse The intercept Brasil publie en juin 2019 éclairent sur l’implication de Moro dans cette machination de grande envergure : des accusations non fondées pour écarter un président de gauche.

Cette conspiration juridicopolitique inclut le « coup d’État institutionnel » ayant abouti aussi à l’éviction de la présidente Dilma Rousseff, laquelle avait succédé à Lula. Ses instigateurs ne pouvaient logiquement le retour de celui-ci à la présidence.

Cependant, et alors qu’il en aurait eu l’occasion à maintes reprises, Lula ne s’est pas enfui et s’est livré lui-même avant d’être emprisonné. Fidèle à ses convictions, il croit en la Justice et veut se battre pour la vérité. C’est ce qu’il assure dans ce livre.

Des années de persécutions

Et pourtant que d’épreuves va endurer cet ouvrier devenu président — ce qu’on ne lui pardonne pas — depuis le déclenchement de l’opération judiciaire Lava Jato en 2014.

C’est dans cette période que l’épouse de Lula décède d’un AVC en février 2017. Durant son incarcération, Lula perd aussi notamment son frère en janvier 2019, et son petit-fils âgé de 7 ans en mars 2019. Aux obsèques, auxquelles il est quand même autorisé à assister — cela lui est interdit pour son frère — il promet d’apporter son « diplôme d’innocence » à son petit-fils « au ciel ».

Un bilan extraordinaire

La lecture de La vérité vaincra nous fait entrer aussi entrer « dans la tête de Lula », ses motivations profondes sa fierté d’être un ouvrier, son bilan en tant que président qui a fait accéder les pauvres les noirs, les oubliés, les sans-terre à une meilleure vie, à l’éducation, à l’université, à la culture, à la lecture comme « acte politique. »

Pour les syndicalistes, cet ouvrage porte aussi une vision de la politique qui nécessairement leur parlera, car tout président qu’il fût Lula est toujours resté un métallo dans sa manière d’être et de penser. Son humour populaire, ses références au foot pour analyser d’autres comportements humains surprennent, donnent de la vie, une chair une âme à une pensée qui est tout sauf désincarnée.

Au travers des paroles de Lula, on s’initie aussi à la culture et à l’histoire politique généralement peu connue dans ses détails de ce grand pays. Il emmène ses ministres dans les régions déshéritées, afin qu’ils soient en prise directe avec les pauvres dont il est issu pour mener ses réformes.

Il détaille l’évolution de sa pensée, les défis auxquels on se confronte quand on passe de l’opposition à la direction des affaires, les nécessaires alliances, les erreurs aussi jusqu’à ce « coup d’État “soft” » par lempeachment de son amie Dilma Rousseff.

Malgré ses 74 ans, Lula est encore plein de fougue et de jeunesse, il incarne l’espoir d’un autre futur pour son pays et demeure une source d’inspiration pour le monde entier.

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La vérité vaincraLuis Inacio Lula da Silva, préface Dilma Rousseff

Le Temps des Cerises. 212 pages, décembre 2019, 14 euros.

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