Le Liban insoumis

Des faits d’actualité remettent le Liban en première page de l’actualité : ce lundi 26 octobre, contrevenant à la résolution N°1701 de l’ONU, l’aviation israélienne a attaqué un navire de l’armée allemande faisant partie des troupes de l’ONU au Liban (FINUL 2). De plus depuis une semaine, l’aviation israélienne viole régulièrement l’espace aérien du Liban malgré la demande du ministre de la défense de la France, pays placé par l’ONU à la tête de la FINUL2. Et le ministre de la défense israélien a déclaré que son armée continuera à le faire. Cela vide de sa substance ladite résolution de l’ONU qui visait à « rétablir la souveraineté du Liban sur tout son territoire ». L’hypocrisie des grandes puissances est patente : que fait l’ONU dans ce cas précis ? Rappelons que depuis 1967 des résolutions de l’ONU demandent à Israël de quitter le territoire des fermes de Cheb’a. On croyait que cette fois-ci, Israël allait le faire pour cautériser ce point de fixation de son différend avec le Liban. Israël a retardé son départ pour faire des pressions sur l’ONU et l’obliger à désarmer le Hezbollah – le cauchemar de Tsahal et l’auteur de sa cinglante défaite. La résolution en question (1701) ne prévoit pas que les troupes de la communauté internationale désarment le Hezbollah : c’est une affaire intérieure libanaise. Donc, quand Israël prétend avoir le droit de violer l’espace aérien du Liban tant que le Hezbollah n’est pas désarmé, quand Israël invoque pour cela ladite résolution de l’ONU, Israël triche. Il y a une mauvaise foi évidente d’Israël ; et en plus, il y a toujours occupation de territoires étrangers par la force : les fermes de Cheb’a…, origine du conflit qui vient de se figer. Les mêmes problèmes produisant les mêmes effets, on peut s’attendre à ce que l’histoire bégaie. Ce conflit régional est loin d’être terminé. Tout dernièrement, le sommet de la francophonie s’est déroulé à Bucarest en Roumanie, sans la présence du président du Liban Émile Lahoud, et ce à la demande de la France. Pourtant le Liban est un membre fondateur de l’OIF (organisation internationale de la francophonie). Ces évènements montrent qu’après la récente tentative d’invasion par Israël , le Liban reste l’objet de pressions internationales occidentales très importantes, toutes en infraction avec les résolutions de l’ONU et avec le droit international : invasion territoriale et immixtion dans ses affaires intérieures. Il faut rappeler sans doute que cette organisation (l(OIF) comprend des États donateurs d’aide – la France, la Belgique , le Canada, La Suisse – et des États récipiendaires de celle-ci – tous les autres. Le but premier de l’OIF est de promouvoir l’usage d’une langue ─ le français. Mais, le but implicite pour les donateurs est que l’usage de la langue, en plus du prestige international qu’il confère si les usagers sont plus d’une centaine de millions, soit aussi un vecteur commercial et une source de cadres de haut niveau formés par les pays pauvres francophones et captés par les pays donateurs sans avoir à en payer la formation. Les pays pauvres de l’OIF sont là espérant glaner ou se partager quelques aides bienvenues pour l’économie nationale dans le meilleur cas, pour enrichir encore un peu plus les élites locales corrompues dans un autre cas. Dans une Union Européenne à 27 pays, la crainte de la France était que le Français soit abandonné comme langue officielle parlée uniquement en France et dans une partie de la Belgique. Aussi priorité a été donnée à l’admission de nouveaux membres européens, même si historiquement, ils sont aussi peu francophones que la Bulgarie ou la Roumanie. Dans l’autre sens, la solennité des sessions permet de conforter l’image internationale des régimes qui participent à ces sommets. Traditionnellement, l’OIF regroupe les pays d’Afrique autour des anciennes métropoles coloniales française et belge. Puis, elle s’est étendue aux pays de l’ancienne Indochine. Il est évident que tous les pays participants ne pèsent pas d’un même poids sur la vie et les prises de position de l’OIF qui est une sorte de « Commonwealth à la française » : à travers elle s’exprime la politique africaine et la politique arabe de la France. Des pays comme l’Algérie, soucieux de leur indépendance, refusant cette forme policée de néocolonialisme et de parrainage international sont restés à l’écart ou bien ils ont préféré le statut d’observateurs. Le récent sommet de la francophonie est marqué par deux faits importants : l’entrée de pays nouveaux comme l’Arménie et la Roumanie. Ces pays nouveaux de la Francophonie qui sont à l’évidence des pays récipiendaires de l’aide vont augmenter le nombre des convives autour de la table. Or la France ne mettra pas plus d’argent parce qu’elle doit alléger sa dette extérieure et son déficit budgétaire pour être en conformité avec les obligations de l’Union Européenne. Il y en aura moins pour chacun des candidats à l’aide. De plus, les participants africains, arabes qui étaient les piliers politiques de l’organisation voient avec inquiétude ce basculement de la politique française en faveur des pays de l’Europe de l’est. C’est dans ce contexte que s’est produit le second évènement majeur de ce sommet de la francophonie : le Liban, partiellement francophone depuis le XIX ème siècle et même depuis les croisades ! n’est pas représenté par son chef d’État alors que des pays comme l’Arménie le sont et c’est le président du pays d’accueil, la Roumanie, qui a déclaré avoir refusé d’inviter le président libanais. C’est un comble. Les diplomates ont tenté d’étouffer le scandale en invitant le Premier ministre libanais, Monsieur Siniora le pro-occidental pour contester la politique nationaliste et pro-arabe du Président Lahoud représentatif de la majorité des Libanais tout en étant de confession chrétienne. Cette contradiction va encore s’aiguiser : la France, « pays protecteur de Liban », a voulu être la première force militaire et la coordinatrice de toutes les troupes de l’ONU au Liban. Israël refuse de quitter les territoires occupés depuis 1967. L ‘armée française portant les couleurs blanches de l’ONU va-t-elle bouter Israël hors de frontières du Liban et protéger son espace aérien ? La France n’en est pas à une contradiction près dans cette région. Le soldat israélien fait prisonnier par le Hezbollah est de nationalité française : c’est un immigrant ou un fils de colon, d’occupant français venu s’installer en terre de Palestine. La diplomatie française a officiellement réclamé sa libération. Or il a été fait prisonnier sous l’uniforme israélien. Sous cet uniforme, lui et ses frères d’armes ont tué des civils, hors du cadre autorisé par l’ONU. Ils ont tué, blessé, ruiné d’autres citoyens français – des Arabes libanais de nationalité française parce que beaucoup de ces descendants des Francs des croisades ont eux aussi la nationalité française. Pourquoi la France considère-t-elle certains Français comme plus français que d’autres ? Tout cela donne sur place un climat un peu interlope où le non-dit pèse lourd. Le Président Libanais a ouvertement accusé la France d’immixtion dans les affaires intérieures du pays. On a effectivement lu ici ou là que c’est la France qui a insisté pour que la Roumanie n’invite pas le Président libanais. Ils ont eu l’idée d’inviter à sa place le Premier ministre qui ne pouvait accepter. Celui-ci a délégué le ministre de la culture. En fait dans les relations franco-libanaises ont se retrouve dans une situation à fronts inversés : L’ami des Occidentaux est le Musulman sunnite Siniora pro-américain et l’indésirable est le Chrétien maronite Lahoud et aussi le général chrétien Aoun, chef d’une formation politique chrétienne importante. Ceux-ci se sont avérés panarabes, proches de leur peuple et de la résistance populaire contre Israël, l’occupant d’une partie du Liban. Proche aussi des Palestiniens et des aspirations du reste du monde arabe et du monde musulman. À remarquer : Au Liban, la diplomatie française (et sa francophonie) joue actuellement la légalité du Premier ministre contre celle du Président. En Palestine, elle joue la légalité du Président contre celle du Premier ministre. La contradiction n’est que formelle : au Moyen-Orient, la France joue toujours la légalité la moins appuyée par les citoyens en vue d’y renforcer son influence. La France officielle « vend » au reste du monde la démocratie et les droits de l’homme ; dans sa pratique des relations internationales, elle préfère aller contre la volonté populaire… Le paysage se brouille complètement si l’on tient compte des projets d’intégrer Israël à l’OIF. Israël fait déjà partie de l’Europe pour ce qui concerne les sports et le football. C’est une chimère de la géographie, inventée par l’Occident parce qu’aucun pays de la région ne veut jouer avec l’envahisseur et parce que l’on veut à tout prix faire d’Israël un pays « normal, comme les autres ». Si demain Israël est introduit dans l’OIF, ce sera vraiment la fin de la politique africaine et arabe de la France ; celle-ci se sera définitivement alignée sur les USA et l’OTAN. Tout cela paraît compliqué, mais en fait tout est simple. Profitant de la disparition de l’URSS et de la fin de la guerre froide, il fallait profiter de la suprématie américaine, remettre tout le problème à plat et remembrer le Moyen-Orient dans une nouvelle optique : éliminer ou restructurer tous les États de la région qui s’opposent encore à la politique occidentale. D’où les agressions contre l’Irak. On sait que ces manigances n’ont mené à aucun résultat tangible pour un coût financier et humain qui commence à de venir intolérable. D’où aussi les pressions ascendantes et les menaces ouvertes contre l’Iran. D’où les manœuvres contre la Syrie. À force de pressions, l’Organisation de la Libération de la Palestine , après l’assassinat par empoisonnement de son chef charismatique, Yasser Arafat, les Occidentaux étaient presque arrivés à faire accepter officiellement l’existence d’Israël et aussi d’un État palestinien en forme de bantoustan sud-africain : un État miniature, caviardé par d’immenses colonies sionistes armées ayant un statut d’extraterritorialité. C’est alors qu’un coup de tonnerre déchira le ciel des certitudes des sionistes et de leurs parrains américains et européens : le peuple palestinien a démocratiquement élu une force propre intellectuellement, politiquement et financièrement : le Hamas qui revient sur toutes les concessions sans contrepartie de l’OLP, y compris sur la reconnaissance d’Israël. L’Iran, l’Irak, la Syrie, le Hezbollah au Liban, le Hamas en Palestine – ce faisceau de situations locales avait une signification claire pour les USA et pour Israël : la carte du Moyen-Orient, dessinée au début XX ème siècle, corrigée au milieu du XXème siècle avec la création de la chimère politique nommée « Israël » avait été un échec. En effet, après soixante de guerre, Israël n’a toujours pas réussi à s’intégrer dans une vie régionale pacifique et les intérêts occidentaux restent à la merci du dernier mouvement nationaliste qu’il soit marxiste, panarabe ou islamiste. Il fallait dans le cadre d’un grand remembrement du Moyen-Orient créer des mini États encore plus petits que ceux qui existent, sur la base de contradictions confessionnelles, culturelles et autres, avec au milieu Israël, un État puissant et dominateur. Il est connu que la France a tout fait aux côtés des USA pour obtenir de l’ONU une résolution obtenant le départ des troupes syriennes du Liban. Et l’on sait que sitôt ces troupes parties, Israël a envahi le Liban… comme s’il s’agissait de deux opérations coordonnées. On peut même y voir quatre opérations coordonnées : instrumentalisation de l’ONU contre la Syrie , instrumentalisation de l’ONU contre l’Iran, attaque d’Israël contre le Hamas en Palestine et attaque d’Israël contre le Hezbollah au Liban. Le tout sur fond de « pacification » en Irak… les Algériens connaissent très bien le sens du mot « pacification ». 
C’est dans le contexte de ce plan d’ensemble des USA, du Royaume-Uni, de la France et des nouvelles ambitions diplomatiques (devenir membre du Conseil de Sécurité de l’ONU) et militaires (l’Allemagne intervient désormais en Afghanistan, elle collabore avec les Usa en Irak par le biais de ses services secrets, etc.) internationales de l’Allemagne que nous (Farid Daoudi et Abdellah Ouahhabi ) avons décidé de vérifier le résultat de cette politique sur les populations concernées : les Libanais. Une sorte de radioscopie de chacune des principales communautés libanaises. Comment la société libanaise et ses différentes communautés allaient résister aux forces centrifuges auxquelles elles étaient exposées ? Le Liban allait-il s’incliner devant les injonctions de l’Occident pour se mettre contre la Syrie , contre l’Iran, conter les Palestiniens, contre la cause arabe ? Au plus fort de l’intervention Israélienne, nous avons trouvé sur le site Internet Libanvision.com un texte « le Liban restera souverain et uni » signé par Vénus Khoury Ghata. Celle-ci est un écrivain francophone. Ancienne collaboratrice du Figaro, elle est installée à Paris depuis très longtemps. Elle est maronite. Son point de vue était donc intéressant dans la mesure où il émanait d’une communauté que l’agression israélienne visait à détacher de ses compatriotes chi’ites plus massivement engagés dans la guerre contre Israël. Le texte paru sur les colonnes de Libanvision.com ne contenait aucune information exclusive nouvelle sur le conflit en cours ou sur son origine. Son intérêt venait de ce qu’il exprimait la prise de position d’une communauté donnée. Nous avons donc tenté de joindre Madame Vénus Khoury Ghata ou Monsieur Druart, le directeur de publication du site Libanvision.com pour nous faire confirmer la source du texte et afin d’obtenir l’accord de l’auteur pour être nommément cité. Mais cela ne fut pas aisé et prit du temps. Les évènements chauds se succédant à une vitesse folle, Farid Daoudi a décidé de faire publier immédiatement le contenu du texte sous ses initiales en attendant les éclaircissements à venir : il s’agissait bien d’une compilation de faits connus comme certaines résolutions de l’ONU. Cet article devait être le premier d’une série représentant les points de vue des principales communautés libanaises. Ce texte fut bientôt repris par le Figaro (10.08.06). À la rédaction de El-Moudjahid où Farid avait fait publier le texte « lsraël ne veut pas d’un Liban souverain et uni » (15.08.06), l’affaire fut à tort considérée comme un plagiat. Cela était faux … En effet, Farid Daoudi avait bien fait de ne pas mentionner le nom de l’auteur avant vérification : le Figaro publia bientôt un correctif (12.08.06, p.17) : le texte n’avait pas pour auteur Madame Vénus Khoury Ghata, mais le docteur Pierre Salem. Mais, El-Moudjahid, suite à une crise d’autorité incompréhensible et dans des jalousies internes s’embourba dans de gros mensonges inventant un incident diplomatique franco-algérien lié à la publication de cet article … le tout pour justifier l’interruption de la série de reportages et d’interviews sur la solidité de la société libanaise et sur la force des liens du Liban avec la cause arabe. Nous reprenons ici la suite de cette étude par conscience professionnelle : il faut finir un travail d’explication en direction du lectorat algérien et francophone, de la situation complexe qui prévaut au liban. Nous ne pouvions pas nous rendre au Liban, mais Paris est un petit Liban où toutes les tendances sont représentées. Nous avons fini par trouver Madame Vénus Khoury Ghata et le docteur Pierre Salem et nous les avons interviewé en exclusivité. Nous avons rencontré des personnalités proches du parti chi’ite El-Amal de Nabih Berri, un allié du Hezbollah. Nous avons interviewé aussi un représentant de la communauté sunnite du Liban. Bien sûr, le Hezbollah étant classé « organisation terroriste » en France, il n’a pas été possible de trouver un Libanais acceptant de s’exposer judiciairement en parlant en son nom. Pour l’opinion de son parti, nous nous réfèrerons à l’interview de son chef, Hassan Nasrallah par Talal Salman, le rédacteur en chef du journal libanais As-Safir (cet interview a été traduit par Marcel Charbonnier pour le très riche site voltairenet.org). 

Voici donc ces différents points de vue. Mais, avant, un historique pour mettre les évènements en perspective. 

Il faut savoir qu’au Liban, il est un fait historique que la majorité politique officielle ne représente pas la majorité démographique : un système colonial, puis néocolonial très compliqué, installé au long des XIX ème et du XXème siècles prive certaines communautés et en particulier les Chi’ites d’une représentation politique équitable. Pour savoir le poids des déclarations des uns et des autres sur le terrain, dans « le Liban réel », il faut les pondérer par les observations démographiques et aussi par l’observation des conséquences constatées après la dernière guerre contre l’occupant Israélien. En fait, il faut faire un retour sur l’Histoire du Liban que nous présentons en annexe à ce dossier. Nos deux interlocuteurs maronites, Monsieur Pierre Salem et Madame Khoury Ghata confirment leur attachement au Liban et à la nation arabe de façon nette et semble-t-il définitive. Bien sûr, on retrouve dans leur propos une approche élitiste de la société et une nostalgie, basées sur des avantages acquis durant la longue période coloniale et néocoloniale. Tous deux expriment une sympathie pour le Sunnite Siniora, allié objectif actuel des USA et de la France pour recomposer le Moyen-Orient. Mais cette attirance est réfrénée par le constat de la victoire du Hezbollah qui, par delà les hiérarchies politiques, a consolidé les liens entre les différentes communautés. Notons aussi que nous n’avons pas pu interroger les tenants d’une autre tendance chrétienne importante : les amis du président de la République et ceux du général chrétien Aoun qui sont tous deux proches du Hezbollah et proclament haut et fort l’arabité du Liban en renforçant les relations avec la Syrie. Il suffit de partir de la situation objective de « gibier » que constitue le Moyen-Orient pour tous les prédateurs à la recherche de sources énergétiques sédimentaires, acquises par la force à vil prix dans le cadre d’un marché international sous contrôle. La compréhension de la situation libanaise impose de garder en vue l’histoire de la société libanaise et au de-là les aspirations arabes dans la région. Dans un premier temps, dans le cadre de l’empire ottoman, au XIXème siècle, à l’occasion de troubles sanglants entre les Druzes et les Maronites qui tournèrent à l’avantage des premiers. Cela donna lieu à une vague de réfugiés et d’émigrants, les grandes puissances chrétiennes du XIX ème siècle (la France , la Grande-Bretagne, l’Autriche-Hongrie, la Russie, la Prusse) envoyèrent un corps expéditionnaire ─ d’août 1860 au mois de juin 1861. ─ et obligèrent l’Empire ottoman à créer une province (mutasarrifiya) autonome du Mont-Liban en 1861. Elle devait être dirigée par un gouverneur, sujet ottoman mais obligatoirement chrétien, sous la surveillance des consuls européens. Un conseil consultatif central, majoritairement composé de chrétiens, fut également mis en place sur une base communautaire proportionnelle. Plus tard quand l’empire ottoman fut défait aux côtés de l’Allemagne, après la Première Guerre Mondiale, chacune des deux puissances victorieuses, l’Angleterre et la France , avait ses propres traditions coloniales et elles ont eu pour tâche de se partager le Moyen-Orient. En Afrique, la France pratiquait déjà la colonisation directe par le biais d’une minorité française ou assimilée (des Européens – des Français déportés, des Portugais, des Espagnols, des Italiens, auxquels la nationalité française était accordée très généreusement) pour créer une masse démographique minimale suffisante face aux « indigènes ». Les Anglais excellaient dans la colonisation indirecte : cela consistait à diriger les pays soumis à travers des minorités locales non représentatives, placées au-dessus des majorités locales. Ladite minorité ne pouvait pas garder ses avantages sans le soutien militaire des Britanniques ; elle ne pouvait jamais s’émanciper de cette protection. Ainsi fut fait. Le 20 avril 1920, la France obtient de la Société des Nations un mandat sur les régions syriennes du Levant. Le général Gouraud défait les nationalistes arabes partisans de la Grande Syrie (Ech-Châm) à Maysaloun le 24 juillet, proclame, le 1er septembre, l’État du Grand-Liban et fixe ses frontières internationales en annexant au Mont-Liban maronito-druze le littoral, de Tripoli à Tyr, et la plaine intérieure de la Beqaa , deux zones où les musulmans sont amplement majoritaires. La France créa un Liban autour des Chrétiens maronites, lointains descendants des Croisés, affidés de la France. Ce Liban comptait comme par hasard 54% de Chrétiens et donc 46% de Musulmans. Un peu plus grand, le Liban aurait compté une majorité de Musulmans. Cela a donné un pays d’une superficie à peu près égale à celle d’une région française avec une population de 600 000 habitants. Il ne faut pas prendre très au sérieux les statistiques de cette période coloniale parce qu’elles étaient produites par les puissances coloniales qui les arrangeaient selon leurs intérêts : on peut supposer à juste titre que la population musulmane était en fait légèrement supérieure en nombre aux Chrétiens. Les Sunnites, du moins ceux qui n’étaient pas les opposants vaincus, mis sous la férule des Maronites, acceptèrent néanmoins ce découpage parce qu’il les mettait au-dessus de leurs coreligionnaires Chi’ites, les mal-aimés de l’Islam majoritaire. La Constitution du Liban fut donc confessionnelle : les postes de responsabilités furent répartis selon la religion et cela avantageait « naturellement » les Maronites. Avec le temps, cela se traduisit par l’apparition de classes sociales corrélées avec l’appartenance religieuse : en haut, les Chrétiens Orthodoxes et les Maronites, juste dessous, les Sunnites et en bas, les Ch’ites. Le reste du Moyen-Orient a été « cédé » à la Grande-Bretagne qui avait déjà une grande expérience (acquise en Inde) de contrôle de populations indigènes sans implantation démographique : elle n’utilisait même pas des troupes anglaises pour mener ses guerres, les mercenaires moyen-orientaux et ceylanais sont utilisées en Inde, les Indiens sont envoyés au Moyen-Orient, etc. Seul l’encadrement était d’origine britannique. On connaît l’histoire de Lawrence d’Arabie. La Grande-Bretagne créa ainsi des États, des émirats, des royaumes, des principautés de façon à les opposer les uns aux autres tout en soutenant le plus faible contre la majorité représentative. Les Arabes nationalistes, hormis ceux qui se sont laissés prendre aux jeux coloniaux, ont créé un front pan-arabe, celui de la Grande Syrie , le pays appelé Ech-Châm. Il est notoire que parmi ces nationalistes se trouvaient aussi des Chrétiens. Ils ont voulu résister militairement à cette partition coloniale. Les troupes françaises et anglaises les ont battues et la voie était libre pour les nouveaux États : le Liban, le Syrie, la Jordanie , etc. C’est dans ce contexte, qu’après avoir cherché un pays pour y installer « un foyer national juif », après avoir pensé à l’Afrique, à côté du Nigeria, après avoir refusé le Birobidjan soviétique, le sionisme mondial et la Grande-Bretagne jetèrent leur dévolu sur la Palestine. En 1948, la Seconde Guerre Mondiale avait introduit une nouvelle dimension aux relations internationales : la guerre froide. Aussi, ce qui n’était que promesses le 2 novembre 1917 (déclaration de sir Balfour, ministre des affaires étrangères de la puissance coloniale de tutelle) devint un État, Israël, créé de toute pièce en terre arabe, par le feu et par le sang par 33 votes au sein de l’ONU coloniale de cette époque coloniale très peu représentative des peuples du vaste monde. Aujourd’hui, les seuls pays arabes sont vingt deux, sans compter tous les États qui regroupent le reste du milliard de Musulmans en Afrique, en Asie, en Europe… soit 20% de la population mondiale ! Cela a posé un vrai problème à la France qui avait sa politique arabe à défendre au Moyen-Orient pour contrer l’influence anglaise. Le Quai d’Orsay était contre la création d’Israël. Les Russes voulaient injecter dans cette région des Juifs communistes pour prendre pieds au Moyen-Orient. Les Américains se considéraient comme investis d’une mission anti-communiste universelle. La France maintiendrait-elle son refus alors qu’elle disposait d’un droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU ? En fait, pays vaincu par l’armée allemande et signataire d’un armistice avec Hitler, elle avait récupéré de droit de veto comme un cadeau de la part des USA et de la Grande-Bretagne pour les épauler contre l’URSS. Le chef du gouvernement, Monsieur Léon Blum était d’origine juive. Il n’était pas sioniste, ne prévoyait pas d’émigrer en Israël. Mais les sionistes lui ont envoyé une délégation qui l’a rencontré, qui lui a demandé de lever l’opposition du quai d’Orsay et du représentant de la France à l’ONU comme une reconnaissance de ses propres origines juives. Il a accepté. Un télégramme a été envoyé au délégué de la France. Les sionistes avaient gagné la bataille diplomatique contre les Arabes sous-représentés dans l’Onu coloniale de cette époque. Les Arabes s’opposèrent militairement à la création d’Israël dans le cadre d’une défense arabe commune (Ed-Difa’ El-Arabi El-Moucharak). Le Liban a fourni deux bataillons à cette armée arriérée de soldats à peine sortis de plusieurs siècles de colonialisme turque puis occidental. Les Anglo-Américains avaient fourni les livraisons militaires nécessaires pour faire vaincre Israël. La France ne voulait as que la victoire d’Israël portât atteinte à=aux Chrétien du Liban. Elle obtint la convention d’armistice israélo-libanaise de Ras En-Naqoura qui a fixé, le 23 mars 1949, la ligne de cessez-le-feu sur la frontière internationale délimitée en 1920 par les puissances mandataires. Cependant le Liban n’a jamais signé de traité de paix avec Israël jusqu’à ce jour. Le principe retenu par tous les hommes politiques libanais depuis cette époque est que « le Liban sera le dernier pays arabe à signer la paix et à reconnaître Israël » 

Dès lors la bienveillance des puissances coloniales était partagée entre leurs séides locaux (rois et princes directement sortis du Moyen-Âge et dont le pouvoir dépendait de l’appui militaire de l’Occident) et le nouvel État gendarme créé… avec beaucoup de contradictions et d’incompatibilités. Mais bon an, mal an, le système tenait : les pays de la région étaient « définitivement » divisés, leur richesses naturelles étaient exploitées par l’Occident à vil prix. Quand un pays de la région tentait un mouvement d’émancipation, il était soit déstabilisé par un coup d’État favorable aux métropoles européennes (Mossadegh, etc.) ou aux USA, soit attaqué militairement avec la participation plus ou moins directe d’Israël (invasion de l’Égypte en 1956). 

Cette construction laborieuse ne résista pas au temps. L’existence d’Israël ne justifia pas les espoirs de ses fabricants : 
1. ► le « foyer national juif » n’a jamais vu le jour : la majorité des Juifs boude Israël et continue à vivre à l’étranger ; la plus grande ville juive du monde, c’est New York et non Tel-aviv. 
En face, la démographie des Palestiniens, des Libanais, des Syriens, des Jordaniens ; des Égyptiens, tous des voisins immédiats d’Israël, est galopante. 
Or, à long terme, l’histoire finit toujours par rejoindre le parti de la masse démographique… 
2. ► Il y a aussi des obstacles de géographie physique qui se dressent contre l’immigration en Israël de tous les Juifs du Monde ─ à supposer qu’ils veuillent ou qu’on les force à y aller ─ ; il s’agit que manque d’eau ! 
La quantité d’eau disponible dans cette région ne peut pas assurer un mode de vie occidental à plus de monde que ceux qui y vivent actuellement. Israël est donc poussé sans cesse à des guerres pour élargir son périmètre de nappes phréatiques en repoussant les Arabes toujours plus loin dans le désert, pour occuper leur territoire. D’où des guerres incessantes au coût de plus en plus élevé. 
3. ► Après 60 ans d’existence, l’État sioniste n’est toujours pas rentable économiquement : malgré un transfert technologique inouï, sans un apport financier massif et régulier, il ferait banqueroute en une seule année ; facteur aggravant : la corruption se développe, les scandales financiers se succèdent dans les arcanes du pouvoir. 
4. ► En 60 ans d’existence, les pays de la région n’ont encore jamais accepté cette verrue. Même quand « un accord de paix » a été imposé à un pays en passant par une classe dirigeante soucieuse de sauvegarder sont statut, les peuples n’ont pas accepté. Des touristes israéliens sont assassinés régulièrement. Les sportifs du Moyen-Orient ne veulent jouer avec les joueurs d’Israël si bien que ce pays a été intégré dans les équipes d’Europe. Régulièrement, à l’occasion d’évènements spectaculaires (la guerre d’Irak, l’attaque contre les Twin Towers, etc.), la rue s’exprime spontanément et elle condamne l’existence d’Israël. Enfin, chaque fois que la population peut s’exprimer démocratiquement dans la région (Iran, Liban, Palestine), elle élit des formations politiques qui contestent l’existence d’Israël. 
Cela signifie que l’on ne voit pas la fin de la guerre commencée sous la houlette des puissances coloniale pour imposer Israël ; c’est la plus longue guerre de l’histoire moderne et contemporaine. 
On peut supposer que même si un gouvernement acculé ou acheté a reconnu le droit à l’existence d’Israël sur des terres arabes, cette reconnaissance sera de toute façon remise en cause par le peuple concerné. Tôt ou tard. 
5. ► Israël a été créé pour réparer les fautes de racisme anti-juif des métropoles coloniales sur le dos du peuple palestinien assujetti. Il va de soi que ce pauvre peuple palestinien n’était pour rien dans les crimes historiques commis contre les Juifs : pogroms, holocauste du peuple juif, etc. Mais le résultat de 60 ans d’existence d’Israël est que l’« antisémitisme », c’est-à-dire le racisme anti-juif n’a pas disparu d’Europe. 
Il n’existait pratiquement pas dans le Moyen-Orient musulman (depuis des siècles, dans des sociétés médiévales aux classes et compagnonnages très prononcés, les pays musulmans ont toujours abrité des minorités chrétiennes et juives ; il y eut de hauts fonctionnaires juifs, des ministres juifs… et cela continue aujourd’hui encore…). 
Mais l’existence d’Israël tend à créer, à développer et à fixer dans le Moyen Orient un racisme anti-juif alimenté par les abus militaires et de l’administration raciste israélienne contre les populations arabes. La création de l’État d’Israël n’a atteint aucun des buts antiracistes recherchés. 
6. ► Israël a été créé dans le cadre d’un projet néocolonial de contrôle du Moyen-Orient pour faire du bénéfice en installant à demeure Israël, un gendarme susceptible de garantir militairement l’accès aux hydrocarbures de la région à vil prix lorsque les mécanismes contrôlés du marché sont mis en échec, comme par exemple après la création par l’Algérie de l’OPEP. 
Or le prix de revient de l’existence d’Israël atteint un tel niveau qu’il devient une opération déficitaire pour ses promoteurs Européens et Américains : le prix se compte désormais en vies humaines, en argent donné, en argent non perçu (exemption de droits de douane) et en instabilité internationale, voire en résultats économiques négatifs (les prix du pétrole sont dépendants de la situation dans la région). 
Le décompte des vies humaines donne des chiffres très importants en pertes directes : Israël emporté par son élan guerrier a tué à plusieurs reprises des membres de l’ONU européens ou américains. À cela, il faut ajouter toutes les victimes des réactions désespérées et excédées des populations arabes qui sont passées à l’action terroriste (« guerre du faible contre le fort »). Dans ce chapitre, il faut compter aussi bien les victimes du 11 septembre que des dizaines d’attentats au Moyen-Orient et à travers le monde. Il faut aussi compter les victimes juives des guerres du Moyen-Orient : en fait, même s’ils ont été volontaires à titre individuel, ce sont bien des citoyens européens ou Américains, Juifs émigrés en Palestine ; ils ont perdu la vie dans le cadre d’un vaste plan néo-colonial qui n’a pas obtenu les résultats escomptés. Les pertes indirectes alourdissent ces pertes humaines. 
Pour tenter de faire cesser le carnage, les pays créateurs d’Israël ont été amenés à s’engager dans des guerres locales (l’occupation de l’Égypte en 1956, les interventions contre l’Iran, la guerre contre l’Irak : on y compte pas loin de 3000 morts. Tous ces chiffres n’existeraient pas sans l’abcès de la Palestine. 

Cela a généré des pertes financières considérables et beaucoup de pertes humaines. Bref, depuis la création d’Israël, le nombre de victimes européennes et américaines doit dépasser les 100 000 personnes !… et je ne compte pas les centaines de milliers de victimes arabes et musulmanes ! Je ne compte pas les millions de déplacés ayant quitté temporairement leurs foyers pour fuir les cruautés israéliennes. Ces populations sont parquées dans le plus grand camp de concentration du monde, Gaza (la densité de la population y est la plus élevée qui se puisse mesurer dans le reste de la planète). La communauté internationale paie pour leur subsistance à la place de l’agresseur, Israël, depuis des dizaines et des dizaines d’années. 
7. ► Enfin, il faut savoir que des personnes qui en Europe avaient dix ans au début de la Seconde Guerre Mondiale, en 1939, sont âgées aujourd’hui de soixante dix sept ans ! Ce ne sont plus des personnes en activité professionnelles ; elles ne gagnent plus d’argent, elles sont à la charge de la société, des jeunes générations. Cela veut dire que même si elles ont été antisémites (et tous les Européens ne furent pas des racistes, loin de là !), il n’y a aucune légitimité à faire payer le crime des racistes anti-juifs des années trente par les générations qui sont actuellement productives. La victimologie de l’holocauste passe de plus en plus mal. 
Les abus de celle-ci ajoutés au prix de revient économique et en vies humaines d’Israël pour un résultat quasi-nul font que même le contrôle des médias par des lobbys associés aux forces néocoloniales et sionistes ne suffit plus à faire passer la pilule aux populations européennes et américaines. Un ras-le-bol envers Israël s’installe au plus profond de la population européenne et va se renforçant : d’où le succès politique de formations qui font semblant de s’attaquer aux « immigrés » et dont le vrai but inavoué est de s’attaquer à une autre partie de la population européenne. Lors d’un débat politique, Le Pen avait demandé à un ministre du travail s’il avait la nationalité israélienne – celui-ci l’avait – ; Le Pen a alors laissé entendre que c’était un « mauvais Français » ou du moins qu’il n’avait pas la légitimité pour parler eu nom de la France. 
Dans pas très longtemps, si ça continue, nous serons témoins de graves mouvements de rejet massif. Ce résultat catastrophique de l’idée sioniste a été prévu par beaucoup de penseurs et notamment par des penseurs juifs venus d’horizons très divers : Marx, Trotsky, Freud, Einstein, des Rabbins célèbres, etc. qui ont tous condamné et condamnent encore le sionisme. 
8. ► Les promoteurs de l’État d’Israël ont pensé que l’arme atomique suffirait pour terroriser et geler le Moyen-Orient. Ils ont donc doté cette chimère politique de l’armement nucléaire. Mais les peuples du Moyen-Orient regardent les informations, l’actualité et savent qu’il y a eu Hiroshima et Nagasaki, puis qu’il y a le Japon riche et prospère d’aujourd’hui. Ils savent qu’il y a eu Tchernobyl et que la vie a repris et continue en Ukraine. Ils savent que l’État nucléaire et raciste de l’Afrique du Sud a dû désarmer et redevenir un État normal. Ils savent qu’une guerre nucléaire au Moyen-Orient se déroulerait aux frontières mêmes d’Israël, un pays de superficie réduite, sans profondeur stratégique, qui ne pourra pas utiliser l’armement atomique autrement que comme « chant du cygne noir ». Et après sa mort suicidaire, la vie reprendrait petit à petit dans la paix et la prospérité revenue. 
C’est devant ce constat d’échec d’une politique diligentée pendant plus de soixante ans contre les Arabes que les empires coloniaux recomposés en empires néo-coloniaux sont arrivés à la conclusion que les ensembles politiques imposés aux peuples arabes à l’aube du XX ème siècle étaient trop étendus, trop peuplés. La solution serait selon ces stratèges Folamour de notre temps de recomposer le Moyen-Orient en une multitude de petits pays opposés les uns aux autres par la tendance religieuse, par les us et coutumes, par des contradictions économiques, par des litiges territoriaux, par des conflits dynastiques, etc. Comme d’habitude, l’opération devrait être menée sous couvert de « démocratisation à l’américaine ». Concrètement, il s’agissait d’isoler du réseau financier mondial tous les régimes démocratiquement élus qui refuseront le parrainage des USA et de l’Europe néo-coloniale ; il s’agit de les de les saboter par tous les moyens possibles. Il fallait attaquer le Liban pour le casser, le morceler. Dans la configuration de morcellement poussé, souhaitée l’État d’Israël aurait sa place. Certains petits États iront même solliciter son aide contre le coreligionnaire, le consanguin transformé en ennemi : cela s’est vu dans les micro États de l’Espagne arabe décadente. Ce raisonnement s’est aussi imposé aux USA parce qu’ils ont constaté que, dans la configuration actuelle, le temps a joué contre eux au Moyen-Orient. Les pauvres se multipliant beaucoup plus et beaucoup plus vite que les riches, les Chi’ites du Liban approchent la majorité de la population du pays. Ils sont suivis par les Sunnites. Les Chrétiens ne sont plus la partie majoritaire. De plus, nombreux sont parmi les Chrétiens qui se sentent Arabes avant d’être les alliés des USA ou même de la France. Ils ont vécu le drame palestinien en voisins. Ils accueillent sur leur territoire plus de 500 000 réfugiés palestiniens qui attendent de retourner dans leur pays. Avec le temps, à travers les crises et même des guerres civiles, voire des ralliements partiels à Israël dont ils ont gardé le goût amer du sentiment de trahison, les dix sept communautés qui forment le Liban se sont soudées. Quand l’Occident est l’allié d’un pouvoir fort, même s’il l’a imposé par la force, il le fragilise en critiquant son « manque de démocratie », le « mauvais respect des droits de l’homme », etc. Les oppositions « démocratiques » sont soutenues en sous-main mais pas au point de prendre le pouvoir. Ce soutien sert à garder la pression sur « le pouvoir ami ». En effet, si ce pouvoir fort renforce son assise ; il deviendra de plus en plus revendicatif dans l’arène internationale, de plus en plus nationaliste… par la force des choses, il risque de se retourner contre son maître d’hier : combien de fois les USA ont dû intervenir en Amérique Latine contre des dictateurs qu’ils avaient placés et qui ont pris un air d’indépendance ; Ben Laden a bien été un salarié de la CIA en Afghanistan. C’est pour se prévenir contre ce type un peu spécial de conflits salariaux que les puissances dominantes doivent maintenir leurs marionnettes en état de fragilité relative. Mais quand l’Occident a en face de lui un pouvoir nettement démocratique qui suit la volonté populaire et qui ne reconnaît pas la légitimité d’Israël, alors il finance toute sorte de généraux, de subversions contre l’ « extrémisme » prétendu de ce régime. Peu chaut si comme en Iran, ce régime a une solide base sociale pour son action de justice économique. Peu chaut que ce régime fasse vraiment progresser les sciences et la technologie pour le bien-être de son peuple. Et si la sédition ne marche pas, l’Occident cherche le conflit militaire direct. C’était le cas avec l’Afghanistan et l’Irak. C’est le cas avec l’Iran et de la Corée du Nord. C’est le projet proche pour la Syrie. Après-demain, ce sera le cas avec le Pakistan, avec l’Algérie, avec l’Égypte. Voilà le tableau général et voilà les perspectives stratégiques de l’Occident dans lesquels a pris place la guerre du Liban, la dernière des guerres du Moyen-Orient. Supervisée par les USA, politiquement et comme toujours militairement, y compris au niveau de la fourniture d’urgence d’armement interdits pour surmonter des difficultés imprévues rencontrées sur le terrain. 
Les buts de la guerre étaient les suivants : 
► Compenser les difficultés rencontrées en irak. Cette intervention avait été considérée comme La Solution ! Trois mille victimes américaines plus tard, cela s’est avéré faux. 
► Alors, la fuite en avant s’est imposée : la destruction de la société libanaise en une multitude de petites entités étatiques antagonistes, inféodées aux USA et donc à Israël. 
► Cela permettait aussi de récupérer les eaux du Litani qui viendraient s’ajouter à la nappe phréatique de la zone des fermes de Cheb’a contrôlées depuis 1967. 
► Cela aurait aussi permis de tester contre la milice locale du Sud (Hezbollah) partiellement occupé la future action contre l’Iran qui est un appui solide des forces anti-israéliennes. 
► Enfin, Beyrouth est un centre financier important et un port qui sert de poumon tout le Moyen-Orient. Cela aurait dû faire péricliter cette économie et aurait dû booster l’économie d’Israël. 
Il y a une pause dans les évènements du Liban. On peut faire un point pour voir si Israël a atteint ses objectifs et pour tenter d’imaginer la suite des évènements. 
Au plus fort de l’invasion israélienne, nous avons considéré que l’objectif principal d’Israël était l’éclatement de l’entité libanaise dans le cadre de la politique américaine de remembrement du Moyen6orient. 
Nous avons donc recherché l’opinion des Libanais ? Mais nous n’avions pas la possibilité d’aller sur place. 
Nous avons décidé de travailler la question par le biais d’Internet et aussi en explorant la planète libanaise à travers l’importante communauté qui vit en France. C’est dans ce contexte que nous avons voulu savoir si les USA et Israël avaient réussi à affaiblir la société libanaise. Paris est un petit Beyrouth. Et nous avons fait une enquête dans ce petit Liban. Qui a fait quoi ? Comment la société libanaise a réagi ? Quel est le bilan de cette agression ? Comment les protagonistes extérieurs à la région tentent-ils d’atteindre leurs objectifs ? 

Pour la romancière et poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata , chrétienne maronite, un des buts de l’agression israélienne était de casser la société solidarité et l’entité nationale du Liban en opposant les minorités les unes aux autres : « Kissinger, il y a 25 ans ou 30 ans avait ce rêve de démanteler ce Proche-Orient et en faire des mini états religieux, chiite, sunnite, alaouite, maronite, etc. en présence d’un état juif voisin. Tant que les autres arabes demeureront liés ensemble et formant une entité arabe, il n’y aurait pas de possibilité de vie, d’existence pour Israël. Le malheur serait de voir un jour tout se fracasser en une myriade de petits états religieux pour qu’Israël puisse avoir sa place parmi ces mini-états théocratiques et au plan démographique, avoir un poids comparable. Il serait le plus armé de tous, le plus techniquement performant. Auparavant, je considérais cela comme une plaisanterie. Mais maintenant, je vois qu’on cherche de plus en plus à réaliser ce plan Kissinger. Pendant la guerre du Liban qui était atroce qui est devenue une guerre interconfessionnelle de 1975 jusqu’à 1981, je ne croyais pas que tel était le but des USA. Maintenant, je vois très bien que certaines forces internationales veulent imposer un état chiite qui s’étendrait jusqu’à Beyrouth incluse et après ce serait un état maronite, un état chrétien… 
C’est la politique américaine de ces trente dernières années qui continue, et c’est terrible, d’imaginer qu’il y aurait un jour un état chrétien, de 45 km2, ouvert vers la mer, sans avoir de partenaires commerciaux à l’intérieur des terres, un état alaouite, un état sunnite, un état chiite, … ce qui fait qu’il n’aurait pas chance de survie. Les libanais chrétiens seraient obligés comme ils l’ont fait en 1860 après le génocide par les druzes, d’émigrer, de quitter le Liban. 
Il convient de rappeler que, naturellement, les libanais chrétiens ont toujours joué un rôle intellectuel important dans le Moyen-Orient tout en y étant très intégrés. Ils n’ont jamais eu envie de quitter le liban. Dans le temps, on se sentait chrétien avant de se sentir libanais. Maintenant, on se sent d’abord libanais. Il y a eu la révolution du 14 mars qui fut très importante où Chrétiens, Sunnites, Druzes, etc. se sont rassemblés pour recréer ce Liban multiconfessionnel qui a vécu longtemps très bien et qui aurait pu continuer à vivre s’il n’y avait pas eu le problème palestinien à résoudre. J’ai pitié des Palestiniens, c’est un peuple chassé de son pays. S’il n’y avait pas eu de problème palestinien qui est devenu une force interne dans l’état comme le sont les chiites maintenant, nous n’aurions pas eu de guerre civile entre nous. On s’entendait très bien les diverses communautés. Vous grattez un peu, le sunnite oublie qu’il est libanais, il se joint aux palestiniens et c’est le retour au communautarisme. Mais j’espère que ça n’a pas marché ce coup-ci. Sinon ce serait l’étranglement du liban. Rien qu’en imaginant un Liban chiite, un Liban chrétien, un Liban druze, de petites mouqata’ates, comme au temps des moutassarifines, des ottomans, des petits états, les uns à côté des autres, ce serait la décadence, tout ce qu’on a amassé pendant des décennies qui s’en irait, effaçant des siècles de coexistence pacifique. Mais ce qui est terrible pour le LIban, je considère honteux d’imposer toujours un président de la république maronite, un président de la chambre chiite, un président du parlement sunnite, et de continuer à penser comme ça. Il faut dire qu’au Liban, il y a toujours cette mention de la religion dans les documents d’identité. On a beau l’enlever de notre tête. Je suis chrétienne, mariée à un musulman sunnite Ghata, d’origine albanaise et ma fille est mariée à un juif ; nous nous sentons comme des gens laïcs n’observant aucune religion. On croit en Dieu et cela suffit. 
A ce propos, d’ailleurs, la société libanaise serait prête à retirer la mention confessionnelle des pièces d’identité. Les gens instruits, les gens cultivés y sont favorables. Il y a aussi les objectifs américains. Pour moi, les américains détestent les chrétiens, ils détestent d’ailleurs tout le monde dans la région. Bush veut à tout prix casser ce Proche-Orient et en faire des mini états religieux. Et en plus, le Liban n’aurait pas dû l’intéresser, n’étant pas producteur de pétrole, il l’utilise plutôt comme champ de bataille. On s’est habitué à cela, chaque fois qu’il y a des escarmouches, comme les mères qui ont en marre de leurs enfants qui font la pagaille à la maison, elles les envoient au terrain vague. Nous sommes au Liban le terrain vague du Proche-Orient ». Sur un ton d’amertume, la romancière confiera : « J’ai trois enfants d’un premier mariage qui vivent au Liban, et quand je leur dis venir en France s’établir, ils me répondent non, que c’est notre pays, le Liban, nous allons vivre avec lui, et s’il meure, nous mourrons avec lui ». Concernant le renforcement de la Finul au Liban, elle doutera de sa mission : « Je ne sais pas ce que ça va donner. Je trouve magnifique que ce soit à l’initiative française que les combats se sont arrêtés. Si on se remettait à Bush, rien ne se serait arrêté, tout le Liban aurait été pulvérisé, et pas uniquement le Liban. Israël quant à lui d’autres objectifs : capter l’eau du Liban « il y a trente ans, en France, invitée par l’épouse d’un député mauricien, quelqu’un se présente à moi comme étant le directeur de l’office du Litani, un fleuve totalement enclavé dans le Liban. Je pensais qu’il était libanais, c’était un israélien. Donc, il y a trente ans, ils avaient créé un office du Litani chez eux, pour voir déjà comment se l’accaparer. Vous imaginez le cynisme de ces gens ». 
Pierre Salem est médecin à Paris. Il fut le conseiller de Raymond Éddé, le dirigeant du parti du front national du Liban. Pour Pierre Salem, un Chrétien maronite : « Ce qui est important, c’est la libération des fermes de Chebaâ par les israéliens. Chebaâ est dans le Liban depuis 1862. Israël, aujourd’hui, dit : « Chebaâ n’est pas libanais » pour justifier la non application de la résolution entière 425 de l’Onu qui dicte aux forces israéliennes de quitter le Liban. Il ne s’est pas retiré de Chebaâ. En 1954, il y a eu entre les arabes, un pacte, Edifaa El Arabi El Mouchtarak, la défense arabe commune. Les unités syriennes ont été autorisées de stationner à Chebaâ. Lorsqu’elles ont été délogées en 1967, Israël a mis la main sur Chebaâ. C’est un territoire libanais à l’origine et où ont stationné des troupes syriennes, temporairement. Voilà le réel problème. Les Nations Unies disent que Chebaâ relève de la résolution 224 (de 1967), le Liban dit : « ça fait partie intégrante du pays et donc il faut qu’Israel quitte Chebaâ ». « Je suis fier du travail accompli par le Hezbollah, mais si je suis pour le désarmement du Hezbollah et l’envoi de l’armée dans le Sud Liban, c’est parce qu’on ne peut pas avoir un Etat dans l’Etat. La présence du Hezbollah, pour moi, donne à Israël, et donnera toujours à Israël le prétexte de revenir dans le Liban Sud. Je dirais même plus que ça : Israël ne veut même pas qu’on désarme le hezbollah. Dans ses premières déclarations, Ehmut Olmert, le Premier ministre israélien, au début de la guerre n’a jamais dit : « je veux désarmer le Hezbollah ». Il a dit : « je veux repousser le Hezbollah au nord du Litani ». C’est en fait pour récupérer tout un territoire au sud du Litani et s’approprier l’eau de ce territoire. 
Le Hezbollah fait l’affaire des israéliens. Ça leur donne le prétexte d’envahir le Liban quand ils le veulent. 
Israël veut même punir le Liban par la guerre. Et Il y a plusieurs raisons à cela. Un, la question de l’eau. Deux, la question des palestiniens, 500.000 Palestiniens qui veulent revenir chez eux et qu’Israël veut fixer définitivement au Liban. Israël veut annuler l’application de la résolution 194 de l’Onu qui implique le droit au retour de 1949. 
Le problème de l’eau 
Le problème de l’eau est aussi vieux que la création d’Israël. En 1917 le mouvement sioniste revendiquait les frontières comprenant les ressources du Yarmouk, du Jourdain, et du Litani. En 1919 : la France a refusé aux sionistes d’avoir les frontières nord avec le Litani. En sept.1919, le gouvernement britannique réclame que les frontières nord de la Palestine passe par une ligne s’étendant de l’embouchure du Litani Tasmié en allant vers l’Est jusqu’à Manianis. En décembre 1919, le gouvernement britannique annonce une autre proposition consistant à baisser les frontières à partir du nord saint jean d’acre vers le nord à condition qu’elle comprenne une partie seulement du bassin du Litani au lieu du bassin tout entier. La France rejette cette proposition. En février 1920 la France rejette la proposition et affirme que le Litani et son bassin demeureront partie intégrante du territoire libanais. En 1920 la colonie juive de Talhai est attaquée par les fyddayine arabes. 07 guerriers juifs sont tués parmi lesquels une des figures de proue du mouvement sioniste, le seul juif à avoir accéder au rang d’officier dans l’armée tsariste. A l’issue de ce grave incident, les sionistes se déchaîneront de nouveau et obtinrent le soutien de la Grande Bretagne en vue de modifier le tracé de la frontière afin d’englober à l’intérieur de la Palestine les kiboutzins du nord menacés par les attaques arabes. La France est alors contrainte de négocier et à l’avance elle demande une solution de compromis dans l’affaire des frontières en proposant que la frontière suive une ligne passant par Macoua vers l’est et bifurquant vers le nord constituant ainsi un angle presque droit afin que les kibboutz juifs attenant à la plaine de Holé fasse partie intégrante de la Taissy, c’est ce qu’on appelle le doigt de Galilée actuellement. En nov.1920, le conseil consultatif juif réuni à Jérusalem adopte une résolution insistant sur le fait que les frontières entre le Liban et la Palestine doivent comprendre la partie inférieure du Litani. La France une fois de plus rejetait cette proposition. 
« Sans accord sur l’eau, il n’y aura pas d’accord, car pour le peuple israélien, l’eau est beaucoup plus importante que la paix » déclarait Isaac Rabin, montrant par là, que la sécurité si souvent évoquée par Jérusalem était secondaire. La sécurité est secondaire par rapport à l’eau, donc la dernière guerre du Liban se justifiant par la sécurité d’Israël, ce n’est que du bla-bla-bla. Le Premier ministre israélien il a parlé de libérer deux soldats : est-ce que pour faire libérer 2 soldats on en sacrifie 114 ? A-t-on nommé une commission pour aller s’occuper des négociations pour récupérer les deux soldats ? Bien sur que non. Ce n’était qu’un prétexte, et un prétexte qui ne tient pas la route. Autre déclaration, Istzak Rabin disait « quelques soient les mesures techniques prises, la pénurie potentielle en ressources hydrauliques pourrait conduire Israël à s’entendre avec ses voisins sur les questions territoriales en échange d’eau, ce serait alors la paix au Moyen-Orient. A défaut d’accord, l’Etat hébreu lancera les cohortes de Tsahal ». Shimon Pérès a dit textuellement le 15 mars 1995 à Elmut Kohl : « en temps de guerre, nous avions besoin des armes, pour la paix nous avons besoin de l’eau ». L’on pourrait ajouter autre chose : Israël a accepté de se retirer de l’Egypte lorsqu’il a obtenu des égyptiens l’exploitation des eaux souterraines de la région de Rafah dans le Sinaï. Les arabes n’en parlent pas. Mais en temps de paix entre l’Egypte et Israël, les accords ont été signés après acceptation par l’Egypte de céder les eaux souterraines de la région de Rafah. Il y a eu, à ce propos, une info formidable à la télé : les intellectuels jordaniens demandent à leur gouvernement d’annuler l’accord de Oued El Araba. En quoi consiste-t-il ? Le traité de paix israélo-jordanien a été signé quand la Jordanie a accepté le 07 juin 1994 de partager avec Israël les eaux du Jourdain et du Yarmouk ainsi que les eaux souterraines de Oued El Araba. Sinon il n’y aurait eu jamais de paix. Le deuxième problème est celui des Palestiniens. Israël en détruisant le Liban comme il l’a fait, poursuit un autre but. Il ne faut pas oublier que le Liban est endetté, il a emprunté 40 milliards de dollars à cause de la reconstruction. En aggravant les problèmes économiques du Liban, on pousse le Liban à accepter un accord selon lequel on effacerait sa dette à condition qu’il accepte la fixation des Palestiniens au Liban sud. Le prix de cette assimilation forcée serait l’effacement de la dette du liban. La destruction du port de Beyrouth, de la route (du pont) de Damas, cela signifie tout simplement, qu’Israël veut que le port de Haïfa remplace le port de Beyrouth. En démolissant la route de Damas, on coupe le transit entre le Liban et la Syrie qui rapporte 50 millions de dollars à l’Etat libanais. Donc Israël détruit le Liban sciemment. Le Liban est le seul concurrent économique dans la région. Dynamique, « il vend de l’intelligence » et des services aux autres pays arabes. L’économie libanaise est basée sur le tourisme. Cette année, il devait rapporter quatre milliards de livres libanaises, surtout avec les touristes arabes. Les touristes arabes ont plié bagages dès le début de l’attaque. Israël veut démolir le Liban économiquement parce que c’est un pays, qui, au cas où il se développerait, pourrait jouer un rôle intellectuel dans la région – ce qui pourrait empêcher Israël d’entreprendre ses projets futurs. En poussant la population chiite vers le nord du pays et en créant une zone vide entre la frontière et le Litani, Israël cherche à créer des tensions entre les libanais, c’est-à-dire, en acculant les chiites dans leurs montagnes et à Beyrouth, il vise à créer des conflits entre la population chi’ite et la population chrétienne. Ce qui amènerait une nouvelle guerre civile au Liban à l’avantage d’Israël. Autre chose, Israël veut créer dans la région des petites entités, des douaïlates, des principautés, petites entités territoriales à caractère confessionnel. Un pays pour les chiites, un pour les sunnites, un autre pour les maronites, etc. bref, la partition du liban. Il s’agit tout simplement du nouveau Moyen-Orient dont nous parle Georges Bush. Dans ses mémoires de Shimon Pérès parle déjà de ce projet là en 1993. Donc créer une myriade de mini-états pour montrer au monde entier, que le mini état juif dans cette région n’est pas le seul état confessionnel. Si vous voulez avoir de grands pays laïcs ou musulmans arabes, autour d’Israël, ça n’arrangera pas Israël qui ne veut pas de grands pays autour de lui. Autre problème important. S’agissant des ports de Haïfa, de Beyrouth. Israël projetait de faire un canal entre la mer Méditerranée et la Mer Morte. La Mer Morte a vu son niveau baisser de cinq mètres en l’espace de cinquante ans. La Mer Morte est en train de sécher ; le dénivelé est de l’ordre de 300 à 396 mètres . Donc Israël veut faire venir l’eau de la méditerranée vers la Mer Morte, mais aussi des bateaux lesquels au lieu d’aller à Beyrouth peuvent arriver carrément en plein désert en Jordanie. Israël pourrait ainsi toucher des royalties sur le transit. C’est aussi une façon, grâce au dénivelé de 400 mètres de fabriquer de l’électricité, de l’énergie, ainsi de suite. Et pour cela, Israël a besoin de conquérir des territoires nouveaux. De tout ce qui précède vous déduisez ce qu’Israël veut du Liban. Lors de cette dernière guerre, il n’a pas obtenu ce qu’il voulait. Les hostilités pourront reprendre à n’importe quel moment. Dans l’état actuel, Israël ne pouvait plus aller loin dans la guerre. Les Américains même les Français, ont donné le temps aux israéliens d’en finir avec le Hezbollah. Le temps imparti a été dépassé. Lorsque la guerre a éclaté, avait lieu la réunion du G8 et personne n’a appelé à arrêter les hostilités. Les participants croyaient à l’effondrement du Hezbollah. Même Condoleeza Rice, lors de ses fréquents voyages au Liban pendant la guerre, demandait aux Druzes, aux Maronites, de prendre position par rapport au Hezbollah, ce qu’ils n’ont pas accepté de faire parce que c’eut été une dissension interne. Ils ne se sont pas laissés prendre au piège, ils avaient compris le jeu. La deuxième chose est que le Hezbollah a montré pendant les 32 jours de guerre, du 12 juillet au 14 août, qu’il pouvait tirer encore des missiles sur Israël. Donc l’opération fut un échec total. Même si l’on n’en parle pas aujourd’hui, mais ça a été un échec et politique et militaire. D’autant plus que fut lancée les dernières 24 heures l’armée sur le Litani, et ce jour là, ils ont eu 25 morts, cela aurait été plus catastrophique si Israël n’avait pas stoppé les hostilités. A l’intérieur d’Israël, les choses ne pouvaient plus tenir. Au bout d’un mois, Israël n’arrivait pas à diminuer l’intensité de la riposte du Hezbollah. Il avait réussi à mutiler le Liban. Qu’est-ce qu’ils pouvaient faire de plus ? Donc Israël était obligé d’arrêter et je dirais qu’aujourd’hui, ce n’est qu’une trêve. Par ailleurs, ils auront, au contraire, consolidé l’unité des libanais. Il est à constater qu’Israël n’avait pas besoin de cette guerre pour arriver à cette résolution 1701. La 1701 apporte que l’armée libanaise va dans le sud et qu’elle veut être aidée par les forces internationales. Cette force internationale, missionnée selon le chapitre 6 des Nations Unies a le droit de se défendre, mais ne peut pas d’utiliser les armes pour imposer quoi que ce soit. Kofi Annan avait déclaré à Beyrouth que leur mission n’est pas de désarmer le Hezbollah, ce qui veut dire veut dire entre parenthèses que le Hezbollah garde ses armes, et qu’Israël garde ses intentions, donc qu’il n’y a ni vainqueur, ni vaincu et que les hostilités vont reprendre sachant ce qu’a dit Isaac Rabin, que l’eau est beaucoup plus importante que la paix. L’enjeu est toujours le même et Il n’a pas changé. Israël ne se retirera donc pas de Chebaâ car Il y a 1 milliard 500 millions mètres cubes d’eau sous Chebaa. Chebaa veut dire en araméen l’eau débordante ; il y a sept fontaines à Chebaâ. C’est l’eau superficielle qui alimente le Jourdain. Les nappes phréatiques de Chebaâ recèlent le plus gros réservoir d’eau du Moyen Orient. Israël a besoin de 2 millions de m3 par an. Israël ne dispose en ressources que de 45% de ces eaux. Les 55% viennent du Liban et de la Syrie. Israël n’a pas intérêt aujourd’hui à se retirer à Chebaa, ni à signer la paix parce que signer la paix veut dire rendre le Haut Liban (le Golan) à la Syrie. Ça veut dire aller vers la sécheresse. Et l’incapacité de gérer ce problème de sitôt. L’eau est la priorité, Israël a quitté le Sinaï, parce qu’il n’y a pas d’eau. Et à la place du Sinaï, ils ont pris les sources de Rafah. Israël a laissé le pétrole du Sinai mais il n’a pas laissé l’eau du Sinai ». Abordant le rôle de la France dans ce conflit, Pierre Salem dira : « Le rôle de la France est ambigu. J’ai écrit une lettre ouverte à Jacques Chirac. Pourquoi ? La France est présente au Liban historiquement depuis très longtemps. La France a des relations privilégiées. Mais le problème, ce n’est pas la France , c’est Chirac. Il ne prend pas en considération l’intérêt général du Liban, il fait la politique du clan des Hariri parmi les Sunnites. Chirac a une dent contre la Syrie car il croît ou sait que les Syriens ont assassiné son ami Rafik Hariri. Hariri a donné de l’argent à Jacques Chirac. Les positions de Chirac ne sont pas désintéressées. En fait, la France veut revenir au Liban parce qu’ il y a concurrence avec les Américains. Les Etats Unis ont poussé la France à aller au Liban cette fois pour une simple raison : ils n’ont pas réussi à faire participer les Français à la guerre du Golfe. Ils veulent impliquer les Français et les autres européens dans une prochaine guerre qui va venir, entre le Liban, la Syrie, Israël et l’Iran. Les Américains n’écartent pas une guerre contre l’Iran. Donc les Français sont tombés dans le piège. L’envoi des troupes était discutable mais n’était pas nécessaire dans ces conditions. Parce que les français vont repartir du Liban de la même façon qu’ils sont partis en 1983 (plusieurs centaines de soldats tués parce que perçus comme des alliés d’Israël). Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c’est combattre des milices, des militants du Hezbollah ; ce sont des gens qui ont une foi terrible. Ce sont des gens qui cherchent la mort pour aller au paradis. Ce sont des gens endoctrinés, d’accord, mais qui n’en ont rien à foutre de la mort, pour eux ce sont des attentats très simples à organiser, et la France ne pourra rien faire. Et toutes les armées du monde ne pourront rien faire contre le Hezbollah. Les armes, il y en a partout, regardez en Irak : qu’a pu faire l’armée américaine, la plus puissante du monde contre la guérilla ? rien du tout. Tous les jours, il y a des morts. Et il ne faut pas que le Sud Liban se transforme en Irak. Que recherchait finalement Chirac dans cette affaire ? Il pensait au départ que c’était un retour de la France au Liban et que cela allait améliorer la position de la France, vu les relations historiques. Mais, il est tombé dans le piège tendu par les Américains et les Israéliens qui ont appelé la France à participer à cette force multinationale ; à un certain moment, la France a hésité, il savait qu’il y avait un problème, Chirac avait compris. Il sait très bien qu’il a un contentieux avec les Syriens, qu’il a un contentieux avec le Hezbollah parce que c’est lui qui a fait voter la 1559 au Conseil de Sécurité qui vise le désarmement de Hezbollah, il sait très bien qu’il n’est pas dans le cœur des Chiites. Pour le moment, le Hezbollah a décidé de ne pas attaquer, ils se sont dit « on laisse faire ». Mais quand la question de désarmer le Hezbollah va être à l’ordre du jour, que va faire Jacques Chirac ? et pourquoi on a donné la direction des opérations aux Français jusqu’en février prochain ? Parce qu’en février on sera en pleine campagne pour les élections présidentielles. Parce que Chirac ne veut pas de souci, ne veut pas que la France dirige les opérations entre février et avril, période des élections. En fait, je crois que l’envoi de l’armée française au Liban fut une erreur monumentale de la France. Le présent dossier a été finalisé bien avant le survol des chars français Leclerc impuissant par l’aviation israélienne et bien avant l’attaque du vaisseau allemand. Force est de constater que le docteur Pierre Salem avait vu juste. Il ajoutait : « D’ailleurs si on réfléchit bien, qui était contre le fait de faire internvenir la FINUL2 sous l’égide du chapitre 7 de la charte de l’ONU ? Le chapitre 7 prévoit que ces troupes peuvent intervenir à leur initiative, utilisant la force et tous les moyens. Qui était contre ? les Israéliens, parce qu’ils veulent revenir s’occuper du Liban. Les protagonistes du conflit avaient besoin d’une mi-temps. La résolution 1701 reconnaît le Hezbollah puisqu’elle n’appelle pas à son désarmement ». 
Les propos de Mohamed Nasreddine, cadre commercial à Paris, musulman chi’ite, sympathisant du mouvement Amel : « Au Liban, le nombre exact des membres dans chaque communauté est une vraie inconnue. Il n’y a jamais eu de recensement officiel depuis 1932 et depuis on établit une estimation approximative par rapport au registre d’Etat civil. D’après les dires, à travers les analyses et commentaires, depuis une dizaine d’années, le nombre de musulmans atteint à peu près 60-65%, et les Chrétiens, c’est le reste de la population parce que les autres communautés sont souvent minuscules. Mais à mon avis, qu’on soit à majorité musulmane ou à majorité chrétienne, le problème est : Est-ce que les libanais peuvent s’entendre pour vivre ensemble ou non ? Que l’une ou l’autre soit majoritaire ou minoritaire, et qu’il y ait une conviction des deux côtés, une volonté de vivre ensemble, l’histoire a prouvé que nous pouvions vivre ensemble. Le Liban est-il un produit de la colonisation. Le partage du Moyen-Orient après la chute de l’empire ottoman, a généré un pays artificiel (issu de la Grande Syrie) qui a vu pendant une courte période une unité historique de ses habitants. Mais on peut insister sur le fait que le Liban existe. A mon avis le problème doit toujours consister à savoir comment voir l’avenir. Le passé, c’est déjà du passé. Pour l’avenir de nos enfants. Nous, nous sommes un peu dépassés par l’âge, et ce qui est essentiel, ce qui est primordial, c’est de réfléchir à l’avenir de nos enfants, des générations futures… quelques soient les idées sur l’histoire du Liban, sur les phénomènes historiques ; actuellement, le fait admis est qu’il y a des États arabes, qu’il y a eu des découpages, qu’on le veuille ou non, malheureusement, qui ne réconfortent pas nos visions, nos idées. Mais, il y a cette existence sur le plan des frontières, entre les pays arabes. Le problème maintenant est : est-ce que nous sommes capables de maintenir ces frontières, qui sont très nombreuses malheureusement ? Il ne fallait pas avoir beaucoup de frontières. En principe, à mon avis personnel, il aurait fallu avoir les frontières d’un seul pays arabe, et on a les moyens, on a les potentiels pour un tel idéal. La nation arabe peut prétendre à concrétiser cet idéal sur le terrain. Malheureusement, la colonisation qui est un fait historique réel, qui a existé, a déchiré le pays en 15, 17, 18, 21, et 22 pays arabes. Le problème maintenant, c’est de savoir, si les 22 pays resteront 22 pays, ou si nous sommes dans un processus où on nous pousse à avoir 40, 50, 60 Etats et ça deviendrait une catastrophe. Il faut donc, à mon avis, essayer de sauver ce qui existe. Le Liban, quant à lui, a signé l’armistice autour de la ligne bleue en 1949. Elle est théoriquement valable. Réellement, elle a été mille fois déchirée, bafouée. Les israéliens n’ont respecté aucune décision, aucune résolution qui a été décrétée envers les Arabes. Même, l’armistice n’a pas pu protéger le Liban, parce qu’Israël se sent impuni, un pays hors la loi, un pays qui se sent protégé par les puissances étrangères, au point d’être capable de faire tout sans aucun jugement. Les libanais ont montré, cette fois, qu’ils pouvaient résister, et ça a bien marché parce qu’il y avait des moyens à la disposition des Libanais, en plus des arsenaux qu’ont chacun des pays arabes. Les moyens dont disposaient les libanais durant cette dernière guerre ne sont pas à comparer avec ce que nous avions pendant les guerres précédentes, les confrontations précédentes. Mais ce qui a été, à mon avis personnel, derrière cette réussite, ce sont plusieurs facteurs. Avant tout, il y a la conviction, la foi, la conviction en soi de défendre une cause juste. Le second point est que, peut-être pour la première fois, les Libanais ont pensé à se montrer unis. Cela a beaucoup compté dans la réussite, dans le soutien à la résistance. Les Libanais n’ont pas recouru à l’intervention extérieure et n’ont pas été divisés comme ils l’ont été en 1982, avec une partie qui soutenait l’occupant, une partie qui essaie de résister. Cette fois, grosso modo, les Libanais ont tous été plus ou moins derrière la résistance, sauf certaines déclarations et commentaires au début un peu gênantes émanant de certains responsables politiques qui affirmaient que la résistance avait fait des erreurs. Certains ont dit que nous ne partagions pas les mêmes points de vue sur la résistance. Au début des évènements, ce qui a été regrettable, fut l’adoption par le gouvernement libanais, lui-même, d’une attitude qui n’était pas trop claire, à la veille de cette guerre (soldats israéliens capturés par les résistants du Hezbollah). Dans le premier point de sa déclaration, le gouvernement affirma ne pas avoir été informé de cette capture. Il est normal que le gouvernement ne soit pas informé, mais il a ajouté ne pas cautionner pas cela et n’être pas responsable de cet évènement. 
Sur le terrain, l’on s’interrogeait sur la nature de la résistance. Le Hezbollah fait parti de la population avant tout, c’est un fait géographique, et c’est la population qui a porté la résistance. Il y a un fait géographique connu au Sud-Liban : la majorité des gens sont en majorité des chiites (95%) et il est normal, mathématiquement parlant, que les gens qui ont participé à la résistance soient de cette majorité. Sur le plan national, dans cette guerre, les Chrétiens ont soutenu la résistance de plusieurs façons. Nous l’avons bien constaté surtout d’abord dans les villages chrétiens où arrivaient des populations déplacées, qui étaient obligées de fuir leurs villages au Sud-Liban et ils passaient par des villages à majorité chrétienne. La population chrétienne leur offert l’asile spontanément et leur a demandé de rester, de vivre ensemble, de s’installer sous les arbres, dans les églises, dans les écoles et de partager ce qu’il y avait, ensemble. Cela est un fait. Cette population de plus d’un million d’habitants qui ont fui leurs maisons, et qui sont allés dans des quartiers chrétiens, sunnites, druzes ont en général été très bien accueillis dans tous ces quartiers, ce qui constituait en soi une victoire contre Israël. Israël à part le côté militaire, a essayé de chercher, de créer une fissure énorme entre ces gens-là, et heureusement, n’a pas réussi. Les Libanais ont prouvé qu’ils sont capables comme en affaires de s’allier, de se réunir autour d’une cause noble qui est le soutien à la résistance. La réussite en a été la victoire. Bien sûr, il y a un autre facteur de la victoire : l’entraînement, la préparation, toutes les aides personnelles possibles, quoique je ne sois pas en mesure de savoir sur le terrain qui a aidé et qui n’a pas aidé. Mais dans l’histoire des peuples, quand il y a résistance, il y a des populations qui combattent, et c’est normal. Le peuple se déclare prêt à recevoir inconditionnellement les aides apportées. La France qui luttait contre l’occupation, a reçu des aides venues du monde entier ; les américains sont venus aider les résistants français contre l’occupant nazi. Mais il faut préciser qu’au Moyen-Orient les Américains ont aidé Israël contre les Arabes. Lors de cette dernière guerre, ils ont livré à Israël des armes interdites. Lorsque vous êtes entrain de vous battre contre quelqu’un, contre un ennemi, est-ce dans votre intérêt d’aller vous battre avec les mains ligotées ou les mains vides ou bien faut-il s’y préparer ? Si vous allez avec des fleurs contre cet ennemi, cela devient de la folie, donc il fallait trouver les moyens adéquats. Les Occidentaux ont mis beaucoup de temps à décider le cessez le feu. Maintenant qu’il y a le cessez-le-feu, est-ce qu’il y a une tentative de ligoter le Hezbollah avec le concours des forces internationales ? C’est là, la question. De toute façon, n’étant pas un porte parole du Hezbollah, ne connaissant point la tactique du Hezbollah, (car appartenant au mouvement Amel), je pense que sur cette question, Israël ne peut pas être exempté surtout si on fait appel à la communauté internationale, à la légalité internationale. Cette légalité s’applique sur le terrain et concerne la confrontation entre le Liban et Israël ; quelle suite à donner à la résolution 1701 ? Dans cette résolution figurent plusieurs points dont avant tout le cessez le feu, l’arrêt des combats, etc. mais il faut aussi apporter une solution définitive au problème des fermes de Chebaâ qui sont encore occupées par les Israéliens, apporter une solution au problème des prisonniers. Maintenant le problème est à mon avis dans le camp de la légalité internationale. La légalité doit prouver qu’elle est capable d’être efficace. C’est ce que le Hezbollah demande ; il a essayé de rester en belligérance, de rester prêt à combattre au Sud Liban quand Israël n’a pas voulu se retirer tout en continuant de garder les prisonniers. Israël continue tous les jours de menacer le Liban et d’envoyer ses avions, ses bateaux, au Liban. On ne peut plus parler de souveraineté dans cette ambiance ; il y a beaucoup de gens qui ont glosé sur la souveraineté du Liban, qui ont réclamé, qui ont chanté tous les jours des chansons sur la souveraineté du Liban, etc. alors qu’Israël traverse l’espace aérien des dizaines de fois par jour. Mais malheureusement, personne n’a dénoncé cette violation de l’espace de souveraineté. Ce que nous demandons, c’est est que ce problème soit résolu de façon radicale. Maintenant, la Finul 2, compte un nombre assez important de 15.000 soldats, qui ont beaucoup de moyens, et de puissance, envoyés par des pays assez influents de la scène internationale. Nous allons voir si ces soldats essaient d’être présents réellement, d’empêcher d’envenimer le problème, Donc notre 1ère demande demeure la restitution des fermes de Chebaâ, la libération des prisonniers, le respect de la ligne bleue et de la souveraineté libanaise sur ses eaux territoriales, son espace aérien et territorial. Et si cela devenait acquis, il subsisterait le problème des réfugiés palestiniens à résoudre. C’est un problème qui concerne évidemment pas seulement l’Etat libanais, mais aussi tous les Etats arabes. Il faut que tous les Arabes soient responsables de ces problèmes, réfléchissent ensemble à trouver une solution équitable. Et C’est quoi une solution équitable ? Si vous êtes dans votre pays et qu’on vous déloge de votre pays et que l’on vous demande d’aller vivre ailleurs,… même si l’on vous propose les meilleures villes du monde… ce n’est pas une solution équitable. Vous préférerez avoir une petite cabane dans votre village que des villas, des grandes demeures et propriétés à l’étranger. C’est normal. Les Palestiniens, le peuple palestinien, les gens qui sont nés sur ces terres, sont les fils de ces terres, veulent récupérer leurs biens, leur pays, leurs histoires, leurs souvenirs. A mon avis personnel, si vous proposez aux Palestiniens d’habiter dans les meilleurs appartements du monde ou de revoir son pays, ils demandent le retour, ils souhaitent revenir voir leur pays même avec des tentes, et ce serait légitime. Si nous avions été dans cette situation, nous aurions eu le même sentiment, la même réaction. Il faut trouver une solution juste à ce problème. Il faut que tous les arabes activent cette démarche. Et il faut inciter la communauté internationale aussi à trouver une solution équitable et juste. Ce qui est dramatique et triste aussi dans cette affaire, c’est de voir des gens n’ayant aucun lien avec cette terre venir de loin et de partout, d’Éthiopie, de Russie, de New-York, de Pologne, en Israël pour se construire des villas, constituer des colonies … alors que les vrais propriétaires de ces endroits-là n’ont aucun droit de revenir. Ça c’est injuste. Moi, je dit : les palestiniens sont les fils de cette terre, ils doivent revenir sur cette terre ! Pour ce qui est maintenant des objectifs que poursuit à long terme Israel au Liban, je dirais qu’Israël a fait nombreuses tentatives d’occuper des terres libanaises. Et s’il n’avait pas rencontré cette résistance, on aurait eu beaucoup de surprises, car il programme des choses qui en cachent mille autres. Les ambitions d’Israël au Liban sont avant tout stratégiques. C’est sûr, Israël veut mettre la main sur les ressources. Pendant vingt ans d’occupation du Liban sud, il a essayé de détourner des rivières etc., mais la résistance a réussi à déloger les israéliens et à les chasser. Même après, la résistance, en 2001, 2002, s’agissant des sources d’El Wazzani, des centaines de villages Libanais n’avaient plus d’eau potable, les Israéliens avaient réussi à détourner l’eau chez eux ; mais heureusement le conseil du Sud Liban a entrepris de grands chantiers pour ramener l’eau à son cours naturel et pour redistribuer l’eau à tous les villages du sud qui en avaient été privés étaient assoiffés. Il y a lieu de se souvenir de cet épisode quand les Libanais ont rétabli ces installations malgré les menaces israéliennes ; le gouvernement, le président Lahoud ont fait exprès d’aller inaugurer l’ouverture des robinets pour faire distribuer l’eau dans nos villages : Israel n’avait pas réussi à exécuter ses menaces. Mais le plus important, c’est qu’Israel considère le Liban comme un défi permanent. Pourquoi ? parce que le Liban constitue un modèle dans le monde arabe. Les Libanais, sur le plan communautaire, ce sont 17 communautés qui cohabitent malgré quelques petites escarmouches de temps en temps. Malgré toutes ces escarmouches, ces communautés réussissent à vivre ensemble, à coexister, à façonner un modèle de coexistence entre des gens appartenant à plusieurs communautés différentes et qu’Israël ne veut pas de ce modèle car si ce modèle réussit au Liban, il faudra admettre que ce modèle peut réussir en Palestine que les musulmans, les arabes, les chrétiens, les Juifs peuvent et doivent vivre ensemble dans un seul État, la Palestine. Israël ne veut pas d’un modèle basé sur la pluralité. C’est un danger pour Israël. Là aussi, nous devons constater à quel point notre interlocuteur avait une vision prémonitoire de l’avenir : aujourd’hui, soit plusieurs semaines après l’interview, on a appris que le Premier ministre israélien a pris dans son gouvernement et dans sa majorité parlementaire le chef d’un parti ultra qui préconise un Israël religieusement purifié par le déplacement forcé de deux millions de Musulmans vivant dans son territoire ». Et Monsieur Nasreddine d’ajouter : « Il y avait une menace réelle contre l’unité du Liban, contre l’unité du Liban. Je pense que les libanais ont maintenant découvert cette réalité et c’est à travers cette épreuve, que les différentes communautés, les musulmans sunnites, chiites, alaouites, druzes, Ismaélites, côté chrétien – les Maronites, les Catholiques, les Orthodoxes orientaux, les Orthodoxes occidentaux, les Coptes, les églises arméniennes -, les chaldéens, les Assyriens, les Israélites, se sont retrouvées unies dans un destin commun, dans une même solidarité. Il convient de signaler toutefois que la communauté chiite avait été défavorisée, économiquement, pendant toutes ces années, parce que se trouvant avant dans des régions loin de la capitale. Et que les décisions prises au niveau de la capitale, étaient dirigées surtout pour favoriser la construction de la capitale. Les régions lointaines étaient défavorisées. Si vous visitez ces régions reculées, vous trouverez des villages sunnites, et même des villages chrétiens qui ressentent un véritable besoin de développement. Quelles pourraient être les perspectives maintenant ? Ce que nous craignons, c’est qu’Israël ne puisse gérer son échec et qu’il envisage un jour de se venger pour camoufler ses dissensions internes, car il a subi un échec interne patent sur le liban. Son image guerrière d’Etat invincible est maintenant souillée. C’est là, que nous demandons alors à la communauté internationale de faire attention, et d’être vigilante. Les troupes internationales pourraient sortir de leur neutralité. Parce que malheureusement l’organisation et les Nations unies n’ont jamais été à la hauteur de la réalité des choses. La preuve en a été donnée par le fait que ce ne fut qu’au bout de la cinquième semaine de guerre qu’ un cessez le feu a été promulgué alors que la mission du Conseil de Sécurité consiste à imposer l’arrêt immédiat des conflits qui se déclarent dans le monde. Tout fut retardé, afin de voir sur le terrain ce qu’il allait se passer. Et là, dès que les Etats-Unis ont vu que les israéliens étaient entrain d’essuyer un échec capital, ils imposèrent alors l’arrêt des combats. Si la guerre devait durer une semaine supplémentaire, les pertes du côté israélien auraient été multipliées par dix. Les deux derniers jours, lorsqu’ils tentèrent l’invasion terrestre, ils durent enregistrer de plus grandes pertes, à peu près l’équivalent de ce qu’ils avaient perdu pendant les trente et un jours de bombardement. Bref, en ce qui concerne l’avenir, le cours choses nous contredira peut-être, mais je suis pessimiste. En plus, vous remarquerez sur la scène internationale que les Américains ont partout enregistré des échecs. Et plus ils vont dans l’échec et plus ils vont basculer dans l’irrationnel au lieu de sauver la face, de se faire une idée et de voir les choses de façon plus ouverte, plus claire et plus sage ». 
Khaled Breïche, Homme d’affaires à Paris, Musulman sunnite : « Pour la première fois dans son histoire, Israël perd la guerre non pas contre une armée bien organisée mais contre une guérilla. Il a perdu de façon claire et nette. Personne ne peut dire le contraire sauf les Américains. On constate par exemple qu’ils ont perdu une base militaire stratégique comme Kiriatch Mona et aussi une autre base militaire qui se trouve à côté de Haifa. On a tous appris le nombre élevé de soldats israéliens tués, le nombre de chars détruits… Ça devient gigantesque. A Haifa et à Kiriatch Mona, le Hezbollah a utilisé pour la première fois les drones. Les israéliens au début ont négligé les drones, considéraient que c’étaient des jeux d’enfants et des gadgets. Mais tout à coup, ils ont subi d’un seul coup l’impact de 200 missiles à Haifa et autour de 200 missiles sur la base militaire à Kiriat Shmona, les bases étaient rasées, complètement rasées. Les drones d’observation du Hezbollah avaient communiqué des informations directement aux bases de départ des missiles. Et donc, les Israéliens ont vu que la base de Kiriat Shmona était complètement rasée. Autre exemple : des bâtiments maritimes ont été atteints : deux pertes, plus une petite frégate. Les combattants du Hezbollah ont réussi parce qu’ils ont bien préparé leur coup depuis des années. Quand vous consolidez les gens autour d’un dogme, quand les gens sont bien préparés psychologiquement, il en résulte des exploits ; c’est la première fois qu’on trouve un parti politique dans le monde arabe, un vrai parti politique, où depuis la base à la direction, chacun fait son travail normalement ; c’est le Hezbollah. Il faut aussi mettre au crédit du Hesbollah la façon de maintenir le secret : Israël ne connaît rien sur Hezbollah. Il sait que ce sont des gens qui font des manifestations religieuses, des fêtes, donnent des discours, tiennent des hôpitaux, des écoles, mais ils ne savait rien sur les préparations militaires. Garder le secret a produit un effet de grande surprise. Cette victoire est celle d’abord du Hezbollah, qui en est l’artisan, il y a aussi d’autres participants : le parti communiste, le parti sunnite, El Djemaa Islamiya, c’est-à-dire les frères musulmans, le parti des Djemaa El Oulama, ce parti sunnite présidé par cheikh Malik Hamoud qui est mort. D’autres partis syriens arabes ont participé, et plein d’autres gens, chacun dans ses limites et de son petit périmètre, pour qu’il n’y ait pas de confusion ni d’anarchie. Selon une déclaration d’Ali Cheikh Ammar, un député du Hezbollah : quand Condoleeza Rice est arrivée à Beyrouth, elle a demandé aux Libanais qui appartiennent aux partis du 14 mars, c’est-à-dire, aux partis de Hariri, de Djoumblatt, etc., d’attendre un tout petit peu que Hezbollah soit détruit et que la direction de Hezbollah soit capturée et jugée à Guatanamo. Elle leur aurait affirmé qu’elle trouvait qu’il y avait trop de Chiites au Liban et qu’en conséquence, ils allaient être envoyés par centaines de milliers en Irak. L’objectif était donc de modifier la mosaïque libanaise pour qu’elle ne devienne plus un danger pour Israël. Israël voulait aussi l’eau qui se trouve dans le Sud du Liban. Il voulait aussi s’accaparer les clients du tourisme libanais. Cette année, comme par hasard, pendant l’attaque, il y eut en Israël, des blessés arabes des pays du golfe qui étaient en train de passer leurs vacances d’été en Israël (à côté de Naharia). Israël voulait un grand morceau du gâteau des investissements du pétrole arabe qui actuellement vont au Liban. Il ne voulait plus que les gens continuent d’investir au Liban, mais en Israël. L’opération consistait pour Israël d’entrer par la force dans le jeu économique du Moyen Orient, notamment en faisant appel aux investissements arabes. Israël voulait aussi faire le jeu des américains contre l’Iran. La destruction du Hezbollah était une partie d’essai. Ils ont échoué, ce qui donne une autre allure à la négociation avec les Iraniens pour l’énergie nucléaire. C’est assez compliqué à analyser. La société libanaise comprend aussi des gens ouverts aux théories occidentales, comme ceux de la famille Hariri, ou Seniora (le Premier ministre libanais). Mais le Liban a gardé son unité malgré tout. Mais chacun continue de travailler pour son camp. Mrs Hariri et Djoumblatt , les forces du 14 mars, ont continué selon les conseils de Condoleeza Rice à travailler à espérer comme les Israéliens, comme les Américains, que le Hezbollah échoue dans les jours à venir. Malheureusement pour eux, et heureusement pour nous, la réussite a été du côté de Hezbollah. Chez le Hezbollah après la victoire il y a toujours l’unité. Au Liban, on ne croyait plus à l’unité et à la victoire. Il y a des choses qui ont commencé à se réveiller qu’on n’arrivait pas à faire et à réaliser pendant la guerre. Pour diviser le clan musulman, les ennemis du Hezbollah tentent de réveiller chez les gens, l’histoire des dogmes, l’histoire de Hussein, l’histoire chiite, sunnite, etc., c’est-à-dire toutes sortes d’antagonismes historiques entre Sunnites et Chi’ites, qui sont dépassés aujourd’hui. L’intoxication de l’opinion est devenue la grande arme utilisée par les gens du camp de Hariri, au moyen de leurs médias et de la télé, par le canal de leurs amis qui sont dans la rue, payés pour raconter des mauvaises histoires. Ce sont des agitateurs que l’on se trouve partout. C’était facile d’avoir des gens pareils, parce que les gens s’étaient retrouvés sans emploi au lendemain de la guerre, et beaucoup ont pris l’habitude de ne pas travailler, de faire du sale travail, de gagner de l’argent sans travailler, sans aller au bureau, etc. tout en étant dans la rue. Depuis l’époque d’Arafat, l’arrivée des palestiniens au Liban, ils ont pris cette mauvaise habitude, une sorte de mercenariat d’agitation politique ». En ce qui concerne la politique menée par Siniora qui est musulman, Khaled Breiche dira que « Siniora n’est qu’un pion entre les mains des grandes puissances. Lorsqu’on voit par exemple un grand président comme Hosni Moubarak devoir attendre deux mois pour avoir un rendez-vous à la Maison Blanche alors que Fouad Seniora l’obtient en une semaine, on comprend que ce dernier a un rôle important à jouer pour les USA. Les américains ont joué un sale jeu avec les Libanais et subitement on voit que Walid Djoumblatt, Signora et les autres sont reçus à la Maison Blanche pour se faire photographier avec le chef de l’Exécutif américain ; on voit qu’il y a un clan proaméricain. Siniora n’est plus celui de l’époque où il était un nationaliste arabe ; ce qu’il fait en ce moment au Liban est totalement différent. Il est devenu le pion des Américains au Liban, comme les forces du 14 mars. Les perspectives d’unité au Liban n’ont trouvé qu’une seule voie, celle de la guérilla contre Israël. C’est la seule alternative pour préserver l’unité du Liban. Une grande partie chez les Chrétiens maronites, les chrétiens Orthodoxes et même parmi les Protestants semblent suivre cette voie et sont tombés aussi d’accord contre Israël parce qu’Israël a détruit tout le Liban et ils comprennent mieux l’ampleur de cette guerre et surtout les buts inacceptables et inhumains d’Israël. 
L’état d’esprit dans le pays s’est renversé. Auparavant, une partie des chiites n’était pas tout à fait d’accord avec Hezbollah. Mais aujourd’hui malheureusement, il reste une petite partie qui est constituée de Sunnites, de Druzes et certains Chrétiens qui déclarent vouloir un changement selon les méthodes américaines. Et malheureusement certains d’entre eux étaient des nationalistes arabes, représentant la force majeure, à l’époque de l’appel au nationalisme arabe, et du socialisme arabe, etc. Maintenant, ils sont instrumentalisés par les Américains. 
Aller vers l’Amérique pour prendre ses distances avec la Syrie reste pour nous incompréhensible parce qu’avec ce choix, on oublie l’histoire qui nous lie avec la Syrie, les liens géographiques avec ce territoire, alors que l’Amérique est à des milliers de km de nous. Le Liban ne pourra se passer de la Syrie, ni de ses voisins arabes, économiquement et autres. Il n’y a pas une famille au Liban, du côté sunnite, chiite, ou chrétien qui n’ait pas de lien familial en syrie. Le Liban, pour moi, est aussi un pays artificiel. Malheureusement il y a des libanais qui l’assimilent à une société commerciale constituée de plusieurs associés. Je pense que la résistance ne sera jamais gênée par la force multinationale qui sera au Liban et c’est plutôt la force multinationale qui sera gênée parce qu’Israël ne respecte pas la force multinationale qui est avant tout une force de l’Onu. Pendant la guerre, les soldats de l’ONU ont été bombardés plusieurs fois, ils ont eu deux morts. Historiquement, pour Israël, il n’y a pas de droit international. Il applique son propre droit pour faire ce que bon lui semble. L’entrée de l’armée libanaise et la force dans le sud du Liban est une bonne chose, mais l’armée libanaise n’a pas les moyens et la résolution de la résistance pour défendre le pays contre Israël. D’un autre côté l’armée ne peut rien faire aussi contre Hezbollah, parce qu’une partie de cette armée libanaise comprend des Chiites, des gens nationalistes qui vont défendre le Liban. Le Hezbollah défend le Liban ; il y a des points communs entre soldats de l’armée et membres de la résistance. Le gouvernement libanais, en outre, ne dispose pas d’un consensus politique pour désarmer le Hezbollah et il ne pourra jamais l’avoir. Et si jamais Siniora appelle au secours les troupes étrangères pour le faire, ce sera le massacre comme en 1958 ou comme en une autre période en 1982, quand l’armée américaine a débarqué sur les plages du Liban, pour en repartir avec des centaines de militaires dans des cercueils. Et cela, les Américains en ont peur. Ce que ne veut pas une grande partie des libanais, c’était l’intervention de l’armée française. Nous sommes en France depuis un certain temps, nous voulons que jamais le cercueil d’un soldat français revienne du Liban parce que la France, c’est aussi une partie de nous. Quelque part, cela peut être un de mes voisins, un de mes amis. Si l’on compare Lahoud avec Siniora, le plus représentatif selon moi est Lahoud parce qu’il était le chef de l’armée, et il a toujours une grande partie de l’armée derrière lui, et c’est lui qui a construit l’armée à un moment donné. Et en plus, il est toujours entouré par le parti Hezbollah et par le parti Amel, par d’autres partis politiques et même par une grande part des Druzes. Il a une majorité, il est devenu très populaire pendant la guerre parce qu’il était sur le terrain, il était partout, visitant les camps des réfugiés. Il a souffert la même chose que le reste de la population. Les diplomaties occidentales ont refusé d’avoir des relations avec lui et ont préféré travailler avec Siniora. La résolution 1559 des Nations Unies est interprétée sciemment comme si Lahoud occupait son poste malgré les Libanais, malgré la démocratie libanaise. Les Libanais voient les choses autrement. Il y a un certain consensus autour des mouqawama, c’est-à-dire, la résistance. On n’a jamais vu ça au Liban depuis longtemps. Il y a d’autres choses qui viennent de naître au Liban, c’est la dignité libanaise. A un moment donné, pendant la guerre libanaise, cette dignité, cette fierté du Liban, existait chez certains partis comme les phalangistes, les forces libanaises etc. Cette fierté, c’est une base pour construire dessus un grand avenir, le Liban va mieux qu’avant. Le Liban va vers l’avenir d’un état de justice pour tous les Libanais. Il faut remarquer aussi que la livre libanaise n’a pas bougé parce qu’il y a eu un apport massif de dollars de la part de l’Arabie Saoudite, et l’argent est distribué aux victimes ; l’Iran aussi apporte une aide financière importante. Il y a eu une aide iranienne certainement plus efficace et visible. A la question si le problème du Liban tourne finalement autour du problème palestinien, Khaled Breiche dira : « Il n’y a pas de séparation entre les deux problèmes. La Palestine représentera toujours le problème de tous les pays arabes. Si vous vous souvenez les années 60 , 67, 68, chaque fois qu’il y eut un coup d’état dans un pays arabe, le premier slogan fut pour la libération de la Palestine, que ce soit au Yémen ou les pays du Maghreb, ou ailleurs encore. La Palestine représente le problème majeur pour tous les Arabes. Le Liban est lié avec l’histoire de Palestine parce qu’il y a des liens géographiques, familiaux, terrestre, de voisinage, et la présence des Palestiniens au Liban autour de trois cent mille personnes. Il faut se rappeler aussi que le chef de l’armée arabe en 1948, était libanais, et s’appelait Faouzi Kaoudji. Il fut le chef de l’armée de salut qui était allée libérer la Palestine , et c’était en grande partie une armée libano-syrienne avec des Égyptiens et des Irakiens, car à l’époque les Saoudiens ne pouvaient pas envoyer d’armée ; l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, étaient colonisés. Le Liban ne pouvait pas vivre sans ses voisins, ses voisins réels les Palestiniens et les Syriens. Dans cette histoire il y eut des victoires et des défaites pour les musulmans. La victoire d’aujourd’hui est nette. Si elle n’était pas nette, les Américains n’auraient pas développé autant d’effort pour installer la discorde entre Libanais comme il le font actuellement. Ils essayent par tous les moyens de désarmer le Hezbollah pour lui voler sa victoire. A mon avis, l’avancée de cette histoire va s’accentuer. Parce que cette victoire est notre fierté nationale. Elle est beaucoup plus importante que la confession religieuse des uns et des autres, beaucoup plus importante que les sectes à l’intérieur du pays. Moi, je pense que cette victoire va amener le Liban vers un vrai état de justice et de paix sociale. Une grande partie des libanais se sont réveillés pendant la guerre pour continuer la lutte pour que le Liban appartienne à tous les libanais sans exception. On voit qu’il y a 80 milliards de dollars entrés au Liban pour aider le Liban qui sont restés à Beyrouth dans la poche des politiciens. C’est inadmissible. Il faut que l’argent soit utilisé pour tout le Liban. Ce mouvement lutte maintenant pour que le Liban ne devienne pas une société à responsabilité limitée entre les politiciens. C’est-à-dire pour qu’il soit dirigé par des gens compétents qui peuvent faire quelque chose pour l’avenir. La reconnaissance d’Israël, qui était l’objectif des Américains, est dorénavant impossible au Liban, même inadmissible. La faute incombe à Israël qui a détruit les écoles, les hôpitaux, les ponts, l’infrastructure du pays. Actuellement on parle d’un autre gouvernement, d’une élection pour désigner des députés pour élire le président pour un mandat ». 
Ce tableau des opinions au sein de la société libanaise aurait été incomplet sans le point de vue du Hezbollah, promu au rôle de principal protagoniste arabe dans la lutte contre Israël au Liban. Mais à Paris, le Hezbollah est classé « organisation terroriste » (encore une faveur pour Israël) ; il était en conséquence impossible de trouver un interlocuteur pour parler au nom de ce parti. Nous nous sommes repliés vers l’interview accordé par le chef du Hezbollah au journal Es-Safir. Hassan Nasrallah tire les enseignements de la victoire incontestée du Hezbollah et constate que nombre d’experts es stratégies sont unanimes à affirmer la victoire du Liban et celle de la Résistance. Parlant du Liban vainqueur, et de la responsabilité des Libanais convaincus que le Liban a vaincu, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, quelles que soient les orientations et les communautés, quels que soient les courants politiques dans lesquels ils se reconnaissent, les libanais se doivent d’œuvrer à préserver cette victoire et à ne pas permettre qu’elle soit galvaudée dans les impasses confessionnelles, politiques et communautaires. Qualifiant cette victoire, à la fois stratégique et historique, il déclare « qu’elle aura des répercussions extrêmement importantes sur le plan des relations israélo-palestiniennes, sur celui de l’ensemble du monde arabe, et aussi dans l’ensemble de la région. « La bataille contre Israël a eu pour effet d’atteindre les fondements du projet israélien ainsi que l’entité israélienne : c’est là un constat que beaucoup d’observateurs ont fait. Cela, Shimon Pérès l’a bien compris, avec son expertise et sa longue expérience, quand il a dit qu’il s’agissait, avec cette guerre, d’une question de vie ou de mort. C’est ce dont on discute tellement aujourd’hui dans l’entité sioniste. Et si on ne parvenait pas à régler cette question, c’est-à-dire à convaincre les foules israéliennes d’une manière qui leur redonne confiance et qui les rassure, je suis persuadé que la société israélienne sera confrontée à des répercussions extrêmement dangereuses sur les plans sécuritaire, moral, économique, politique, et même démographique. Je m’explique : si le peuple de cette entité perd la confiance en son armée protectrice, qui incarne la forteresse imprenable de l’entité, beaucoup d’investissements vont quitter ce pays et de plus en plus de fissures politiques vont apparaître à l’intérieur de l’entité. Dans cette guerre, Israël a mobilisé –la plus grande partie – la partie essentielle – de sa puissance militaire. Qualitativement, la seule chose qu’il n’ait pas employée, c’est l’arme nucléaire. Par conséquent, si la Résistance demeure, si elle conserve ses armes, et si, donc, demeure la force qui a infligé la défaite à Israël dans cette guerre… tant que cette force existera, Israël devra réfléchir mille fois, et longuement, avant de se lancer à nouveau dans une guerre contre le Liban… Les Israéliens auront besoin de beaucoup de temps avant d’envisager une nouvelle guerre. Non seulement contre le Liban, mais, y compris, contre la Syrie. Le seul point faible sur lequel Israël va se concentrer et tenter non seulement de récupérer son image de marque dissuasive, mais aussi de s’opposer à l’exploitation de la victoire libanaise dans la situation palestinienne, c’est précisément la Palestine. Cette récupération de son image, Israël en sera malheureusement capable, les Palestiniens étant assiégés et fractionnés, coupés de tout contact ; leur situation est très dure, même s’ils ont une volonté de fer et un moral très élevé, et l’effort israélien portera de plus en plus sur les territoires palestiniens. Les Israéliens n’ont pas envahi, ni détruit la bande de Gaza ; ils n’ont pas fait, à Gaza, ce qu’ils ont fait au Liban. De plus, il faut tenir compte du fait que l’enlèvement du soldat israélien à Gaza était beaucoup plus humiliant, pour les Israéliens, que la détention de leurs deux soldats, au Liban. En tenant compte [toutes proportions gardées] des possibilités existantes chez les Palestiniens, en comparaison à celles de la Résistance au Liban, les représailles à Gaza n’ont pas été… [démesurées]. Nous nous attendions à ce que la réaction israélienne soit au Liban comparable, voire totalement identique, à ce qu’elle avait été à Gaza, ou, à la rigueur, un peu plus intense. Mais ce à quoi ont procédé les Israéliens au Liban ne fut pas une réaction, mais bien une action préméditée et arrêtée dont on a simplement avancé le déclenchement ». Hassan Nasrallah a dit aussi que la Résistance a pour rôle essentiel de soutenir l’armée libanaise, qui sera désormais, conformément à la résolution, présente au long des frontières du pays. Mais, d’une manière générale, c’est l’armée qui est chargée de s’opposer aux violations, par sa présence sur les frontières. La Résistance devient dès lors une force auxiliaire de soutien, pour l’armée. La décision, émanant du conseil des ministres, est une décision claire qui définit la mission de l’armée libanaise dans le Sud du Liban. Or le désarmement de la Résistance ne fait pas partie de cette mission impartie à cette armée, de même que sa mission ne comporte pas l’espionnage de la Résistance, ni de fouilles à la recherche de ses dépôts d’armes. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il y ait un quelconque problème : l’état-major de l’armée est engagé vis-à-vis de cette décision, tant en ce qui concerne son niveau idéologique que sa discipline en tant qu’institution officielle. La mission de l’armée, dans le Sud, c’est de défendre la patrie et de protéger les citoyens, leurs biens, leurs moyens de subsistance et leur sécurité. Il n’existe donc pas de points de frottement [avec nous, qui seraient] susceptibles de créer des problèmes. La Finul renforcée, d’après ce qu’a déclaré le Secrétaire général de l’Onu – sauf nouvelle résolution – n’a pas pour mission de désarmer le Hezbollah. Sa mission consiste à épauler l’État libanais, à l’aider à étendre sa souveraineté et à soutenir l’armée libanaise. Dès lors que l’État veut bien assumer ses responsabilités, la Résistance doit le soutenir ; mais si l’État veut en revanche se débarrasser de cette responsabilité, il devient de la responsabilité de la Résistance de s’atteler à la résolution de ce problème. Parmi les aspects positifs de ce qui s’est passé durant cette guerre, il y a le fait que les contacts avec les autres forces et les autres courants politiques ont débordé des cadres officiels et des états-majors des partis, par la force des choses, et non plus d’une manière planifiée par qui que ce soit. Quand les réfugiés sont partis se mettre à l’abri dans d’autres régions du Liban que la leur, il s’est produit, dans un contexte sécuritaire et humain extra-ordinaire, un surcroît d’interaction avec d’autres citoyens libanais : avec des sunnites, dans les régions sunnites ; avec les chrétiens, dans les régions chrétiennes ou encore avec les druzes, dans les régions druzes. Et on a pu parfois faire état – à de rares exceptions près – des impressions positives que les réfugiés ont rapportées, une fois retournés chez eux, qui étaient des impressions positives et parfois excellentes. Et même si on a pu qualifier parfois cette solidarité de solidarité [purement] humaine, et non de solidarité politique, c’est une des réalisations, une des bénédictions les plus importantes de cette guerre, car, à ma connaissance, le Liban n’avait plus connu, depuis des lustres, une telle solidarité humaine, en particulier quand on se souvient des convulsions intérieures et de la guerre civile qu’a connue le Liban, ainsi que ce qui l’a précédée, et que la période qui lui a succédé. Sans doute, d’aucuns, en qualifiant cette solidarité libanaise d’humaine et de non-politique, ont-ils voulu en diminuer l’importance et la valeur. Mais, en ce qui nous concerne, nous ne minimisons pas la valeur de cette solidarité, car nous voyons dans cette solidarité humaine une grande valeur, non moins importante que celle de la solidarité politique. Et puis il y a aussi un autre aspect : ceci [cette minimisation] s’est produit au lendemain de propos tenus tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Liban, selon lesquels le Liban aurait été au bord de la dissension interconfessionnelle, voire de la guerre civile. Même quand nous allons dans les institutions dépendant du Patriarcat, c’est-à-dire dans les monastères et dans les écoles, je peux dire, d’une manière générale, qu’aujourd’hui, l’élan, la confiance et la conviction du Hezbollah, c’est qu’il faut ouvrir et interconnecter nos relations et les renforcer avec les milieux chrétiens – qu’il s’agisse d’amitiés anciennes, ou de ces amitiés apparues au cours de la période difficile que nous venons de traverser, ou encore de la recherche de nouvelles relations et de nouvelles amitiés. Je vous affirme que cette conviction [chez nous] est encore plus forte, après cette guerre. De même, dans le milieu sunnite, même si notre attachement à nos relations dans ce milieu est ancien et plonge ses racines dans les spécificités du Liban et dans celle du monde musulman, ainsi que dans les répercussions qu’a cette spécificité [locale] sur les relations chiito-sunnites où que ce soit dans le monde. Même chose en ce qui concerne les druzes, tant ceux qui étaient dans le même camp que nous durant cette guerre qu’une partie de ceux qui ont des désaccords politiques ou avec lesquels nous sommes en opposition sur le plan politique – les druzes se sont montrés solidaires sur le plan humain, et c’est là quelque chose que nous ne saurions nier ou oublier. Nous affirmons aujourd’hui que tous les Libanais ont besoin de sérénité, de tranquillité. Tout le monde, au Liban, a besoin d’être rassuré ; cela est dû au fait que le Liban était – et qu’il se trouve encore aujourd’hui, bien entendu – sur la faille sismique locale, régionale et mondiale. C’est le résultat des immixtions étrangères dans nos affaires – en particulier des immixtions états-uniennes et israéliennes. Pour les pays arabes qui ont annoncé qu’ils envoyaient ou enverraient des secours au Liban, ce qui a été annoncé n’est pas à la hauteur de la [légendaire] générosité arabe, et cela ne couvre pas les besoins du Liban, qui sont immenses, en matière de reconstruction. Le Hezbollah jouit aujourd’hui d’un grand respect dans les mondes arabe et musulman, ainsi que d’une grande confiance et d’une grande crédibilité. C’est là le fruit de notre tenace résistance, de notre victoire, de nos réalisations, et cela tient également au fait que nous affrontions l’ennemi commun de tous les Arabes et de tous les musulmans : Israël. Pour ce qui est de l’avenir du Liban, si vous voulez mettre sérieusement en application les accords de Taëf, alors commençons par considérer le premier point qui stipule la formation d’un gouvernement d’union nationale … c’est un préalable naturel. Le Liban doit s’apprêter aujourd’hui à faire face à de grands défis, à des défis redoutables, lourds de dangers. Si nous entreprenons d’augmenter la force de notre pays et son inviolabilité, en procédant à la formation d’un gouvernement d’union nationale, nous sommes gagnants, en faisant participer [au gouvernement] ceux qui en avaient été exclus à un moment donné ». 
Voilà l’état de l’opinion libanaise vue de Paris, avec les moyens d’investigation qui étaient les nôtres. Au terme de notre enquête, nous sommes parvenus à la conclusion que l’image qui ressort de ces interviews, éclairés par des données historiques, est fidèle à la réalité sur place. 
Nous avons vus les buts à long terme et les buts tactiques des Américains et d’Israël dans cette partie du monde. 
Qu’en est-il sorti ? Le résultat escompté par les forces prédatrices ne fut pas atteint. 
► Israël n’a pas été vaincu au sens de l’affrontement de deux armées au long d’une ligne de front. Mais Israël a été vaincu militairement dans le cadre d’une bataille du faible contre le fort, comme la France en Algérie ou comme les USA au Viêt-Nam : il a subi des pertes humaines et matérielles intolérables pour lui ; en une trentaine de jours, une cinquantaine de chars « invincibles », deux unités de la marine, quatre hélicoptères, plus de cent victimes. De plus quand son état-major a voulu engager la troupe pour déloger les maquisards, les pertes sont montées en flèche. 
► Israël a aussi subi une perte considérable d’image. Les bombardements de sites civils et d’infrastructures ont entraîné une condamnation officielle par l’ONU et par des organisations non gouvernementales. 
► Israël n’a pas atteint ses objectifs politiques : la destruction du Hezbollah et des velléités de résistance, la reconnaissance de jure de l’existence d’Israël par le Liban. 
► Israël n’a pas atteint ses objectifs économiques. L’Arabie saoudite a fait un apport financier qui a conforté la livre libanaise qui n’a pratiquement pas bougé. La reconstruction du pays est déjà repartie. 

Les puissances néocoloniales après avoir retardé l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU pou le cessez-le feu ont dû voler au secours d’Israël et se résoudre à le promulguer : 
► Le cessez-le-feu tardif sans que les soldats israéliens emprisonnés soient libérés comme cela fut proclamé au départ. 
► Échec des tentatives d’imposer une résolution de l’ONU qui aurait fait désarmer le Hezbollah par des forces internationales. 

Les Libanais, en particulier les résistants très bien armés et très bien entraînés du Hezbollah, sont sur place et observent attentivement la suite des évènements. Plus loin, d’un point de vue stratégique, cette guerre aura confirmé les constats qui s’imposaient dès avant la guerre du Liban (les 8 points énumérés précédemment) : Israël n’a pas de légitimité. Malgré sa puissance militaire actuelle, Israël n’a pas d’avenir. Déjà les idéologues les plus sionistes ont abandonné l’idée du Grand Israël ; ils s’accommoderaient d’un Israël limité, nettoyé ethniquement, mais leur garantissant à l’intérieur de ce périmètre une majorité démographique sur une plus longue durée. Mais, même un Israël ethniquement « pur », entourés de pays hostiles n’est viable sur une longue durée historique. Il suffit aux Palestiniens et aux Arabes de rester ferme sur les principes, de continuer à faire des enfants et de ne pas cesser de préparer l’avenir intellectuellement, économiquement, industriellement, etc. . 

Abdellah Ouahhabi & Farid Daoudi 

photo © REUTERS / Ali Hashisho

Chronologie historique (Source : Wikipédia) : 

•1858 – 1860 : Dans le cadre de l’empire ottoman, des affrontements opposent les Druzes et les Maronites qui sont en plein essor démographique et économique. Les Druzes écrasent les Maronies.Les puissances européennes interviennent militairement. 
•1860-1914 : Une province autonome du Mont-Liban est créée sous la pression des Puissances européennes (cf Expédition française en Syrie (1860-1861)), elle doit être dirigée par un gouverneur chrétien de nationalité ottomane. C’est l’origine de la francophonie libanaise. 
•1918 : Le Liban est libéré de l’Empire ottoman. Il forme avec la plaine de la Beqaa, le Mont Amel (le sud du Liban) et la ville de Beyrouth le « Grand Liban ». 
Naissance de la République libanaise 
•1920-1943 : Avec la chute de l’ Empire ottoman, à la fin de la Première Guerre mondiale, la Société des Nations attribue ce territoire en protectorat au titre de mandat (Claude Brzozowski, le 26 juillet 2006) de la SDN à la France. 
•1922 : Doté d’un conseil représentatif, puis d’une constitution en 1925, sans pour autant avoir une vraie autonomie. 
•1941 : De durs combats y opposent forces anglo- gaullistes et troupes fidèles au régime de Vichy en juin et juillet. 
•1943 : L’indépendance est proclamée. Les troupes françaises évacuent le pays en 1946. Le Pacte national institue un système politique confessionnel répartissant les pouvoirs entre maronites, sunnites, chiites, orthodoxes, druzes et catholiques. 
•En 1958, des marines américains débarquent à Beyrouth à la demande du Président Camille Chamoun pour mettre fin à l’insurrection qui oppose les partisans et les opposants à l’adhésion du Liban à la République arabe unie (voir aussi crise libanaise de 1958). 
•1961 : Tentative de coup d’État du Parti social nationaliste syrien . 
•1968 : En décembre, des commandos israéliens détruisent 13 avions sur le tarmac de l’aéroport de Beyrouth. 
•1969 : Montée des tensions avec la guérilla palestinienne et accords du Caire. 
•1970 : Évènements de septembre noir en Jordanie : les milices palestiniennes se replient au Liban avec le feu vert de la Syrie , le Liban devenant le seul pays où l’Organisation de libération de la Palestine opère librement. 
La Guerre du Liban 
•1975 : La date du 13 avril est considérée comme le début de la guerre civile libanaise. L’armée libanaise qui se heurtait aux miliciens palestiniens, cesse d’intervenir par peur d’implosion. Les Kataeb (milice chrétienne inspirée de l’idéologie des phalanges de Franco, et fondée par Pierre Gemayel) s’opposent aux Palestiniens et leurs alliés locaux (essentiellement les forces de gauche, parti communiste et parti socialiste progressiste) dans de féroces combats de rue. 
•1976 : Les affrontements dégénèrent en guerre civile ouverte. Des membres de l’opposition chrétienne avalisent l’intervention syrienne pour protéger la population chrétienne. 
•1978 : Suite aux attaques palestiniennes depuis le Liban contre Israël, Israël envahit le sud du Liban en mars. S’en suit la création d’une « zone de sécurité ». La résolution 425 (1978) demandant le retrait immédiat de l’armée israélienne est votée au Conseil de sécurité et la FINUL créée. L’imam Moussa Sader disparaît en Libye le 31 août. 
•1981 : L’ambassadeur de France à Beyrouth, Louis Delamare, est assassiné et les services secrets syriens semblent être les auteurs. La France répliquera d’ailleurs par un attentat en plein cœur de Damas l’année suivante. François Mitterrand admettra cet attentat quelques années plus tard. 
•1982 : Des obus sont lancés depuis le Liban contre Israël en Galilée, l’armée israélienne envahit le sud du Liban (opération Paix en Galilée) et fait le blocus de Beyrouth, dont elle chasse les forces armées palestiniennes du Liban dont une grande partie fuit vers les autres pays arabes ainsi que vers les pays occidentaux. 
•1983 : Les marines américains et les parachutistes français, sont victimes de deux attentats meurtriers (plus de 250 morts américains et 58 français) le 23 octobre. 
•1985 : L’armée israélienne se retire d’une grande partie du Liban, et occupe le sud jusqu’en mai 2000 dans une zone sous son contrôle et celui de l’ALS (armée du Liban-Sud), un groupe qui a collaboré avec Israël et dont le chef est le général Antoine Lahad. On notera que certaines parties libanaises continuent à défendre la résistance car elles ne reconnaissent pas le retrait total d’Israël des territoires libanais. Elles défendent la thèse que les fermes de Chebaa sont libanaises et qu’Israël doit se retirer de ces territoires avant tout accord de paix. 
•1988 :suite à la fin du mandat du président Amine Gemayel et quinze minutes avant son expiration ce dernier nomme le général Michel Aoun en tant que premier ministre par intérim qui fera tout pour pouvoir accéder au siège de la présidence tellement convoitée par d’autres factions chrétiennes, ce qui mène à un conflit sanglant entre l’armée libanaise et les forces libanaises qui prendra fin avec l’intervention syrienne en 1990 et qui obligea le général Michel Aoun de fuir le pays et le chef des forces libanaises Samir Geagea qui sera emprisonné quelques années plus tard. 
Le XXIème siècle 
•2006 : après une phase de reconstruction et de renouveau économique, le Liban est à nouveau fortement détruit par l’armée israëlienne, dans un conflit faisant au moins 1000 morts, en réponse à l’enlèvement de deux soldats israëliens par le Hezbollah. 

Parutions en 04 parties : 1) 26 novembre 2006 – http://www.elwatan.com/spip.php?pag… 
2) 27 novembre 2006 – http://www.elwatan.com/spip.php?pag… 
3) 28 novembre 2006 – http://www.elwatan.com/spip.php?pag… 
4) 29 novembre 2006- http://www.elwatan.com/spip.php?pag… 

Lire aussi :  

La guerre civile au Liban /  13 Juillet, 2012   Picard Elizabeth

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