Le Makhzen déforme les propos de l’ambassadrice du Canada sur l’Algérie

Par Karim B.

 La déclaration de l’ambassadrice du Canada à Alger, à l’occasion de la fête d’Indépendance des Etats-Unis à laquelle elle était conviée, a trouvé écho auprès des médias du Makhzen qui en ont fait lecture orientée relayée par des activistes proches des thèses françaises par rapport à la crise algérienne.

Le discours de Patricia McCullagh était pourtant clair et ne débordait pas du cadre politiquement correct : «Des millions de personnes défilent chaque semaine dans les rues algériennes», a affirmé l’ambassadrice, en ajoutant que son pays soutenait «une transition démocratique pacifique en Algérie» qui «répondra aux aspirations du peuple algérien». Une déclaration interprétée par les médias marocains à l’affût comme un «acte courageux» de celle dont les propos «diffèrent», selon eux, de ceux de tous ses confrères occidentaux jugés par trop «prudents».

Pourtant, l’ambassadrice du Canada n’a fait que faire part d’une opinion que la communauté internationale tout entière partage depuis le premier jour du mouvement populaire lancé le 22 février dernier et dont le caractère pacifique a ébahi le monde qui découvrait un peuple doté d’une grande sagesse. Le souhait de la diplomate canadienne ne diffère en rien de ceux des ambassadeurs américain ou français qui multiplient les assurances sur l’absence de toute volonté de la part de leur pays de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Algérie.

L’ambassadrice du Canada n’a pas dérogé à cette règle. Les médias du Makhzen se sont néanmoins empressés d’interpréter son message comme une opposition à l’institution militaire, alors que cette dernière répète – à travers les discours du chef d’état-major, en tout cas – qu’elle ne compte pas s’immiscer dans la sphère politique et qu’elle cherche à sauvegarder la stabilité et la sécurité du pays en accompagnant la transition vers une nouvelle République, telle que souhaitée par les citoyens.

Certes, le commandement de l’armée et le mouvement de contestation populaire ne sont pas d’accord sur les voies et moyens d’y parvenir, mais les capitales occidentales se gardent, pour le moment, d’accuser l’armée de vouloir accaparer le pouvoir pour lequel l’homme fort de l’ANP répète qu’il «ne nourrit aucune ambition». Une assurance qui semble rasséréner les chancelleries étrangères qui suivent les événements en Algérie avec une attention particulière, d’autant que la crise perdure et que l’absence de perspective à court terme décourage les investisseurs et fait craindre un basculement vers une confrontation dont les conséquences seraient désastreuses pour toute la région.

K. B.


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