Le Parti vert américain : pauvre en votes, mais riche en idées

L’élection présidentielle américaine approche à grands pas et les primaires de chaque parti ont déjà commencé. Alors que le monde a les yeux tournés vers les républicains et les démocrates, les tiers partis, eux aussi, se préparent à élire leurs candidats à la présidentielle. C’est notamment le cas du Parti vert américain.

Les racines du Parti vert

Le Parti vert des États-Unis a vu le jour au milieu des années 1990. Il est composé des différents partis verts de chaque État. C’est sous l’influence de la création de partis verts un peu partout dans le monde, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande, que le parti national américain s’est créé (1).

Le tout premier parti vert au pays s’est formé dans le Maine en 1984, à l’initiative d’Alan Philbrook et John Rensenbrink. En étudiant les différents partis verts déjà existants, ils ont réussi à cibler les éléments qui leur manquaient pour être élus. En effet, les partis verts qui réussissaient à avoir des sièges au palier fédéral avaient en commun de rassembler plusieurs mouvements sociaux afin de créer une nouvelle politique éco-sociale. Les quatre piliers de cette politique, qui sont l’écologie, la justice sociale, la démocratie populaire et la non-violence, ont été transmis aux verts américains (2).

Le Parti vert reste tout de même un parti très mineur face aux démocrates et aux républicains qui sont les deux plus grandes formations. Lors de l’élection présidentielle de 2016, les résultats de la candidate verte, Jill Stein, étaient de 1,1 % des voix au vote populaire (3). Malgré tout, ce chiffre représentait une augmentation par rapport aux années précédentes alors que les Verts obtenaient autour de 0,1 % à 0,4 % des voix (4).

Quatre grands piliers

Les orientations du parti se regroupent en quatre piliers principaux tels qu’énoncés précédemment. Pour ce qui est de la démocratie, les Verts souhaitent réformer plusieurs aspects de la politique américaine afin d’y réduire la corruption et de renforcer la voix des électeurs. Ils proposent donc plusieurs mesures telles que le vote proportionnel, le financement public des élections fédérales, l’interdiction aux sociétés de dépenser pour influencer les élections, la mise en place d’une commission électorale nationale, etc. (5). Toujours en ce qui touche la démocratie, ils ont également comme objectifs de réformer la liberté d’expression et les médias ainsi que d’améliorer les conditions de vie des communautés.

Les Verts cherchent aussi à atteindre une société plus juste et diversifiée. Ils veulent que les droits des femmes soient respectés ainsi que ceux des Amérindiens, des Afro-Américains et de toutes les autres communautés ethniques ou religieuses dont les droits humains sont bafoués (6). Ils aspirent à instaurer un filet social fort afin que tout le monde ait accès aux besoins de base. Ce filet social comprendrait un système de santé universel national qui inclurait une assurance maladie financée par l’État couvrant les soins dentaires, la vue, les soins de santé mentale, le traitement de la toxicomanie, etc. Une réforme avec des politiques migratoires plus permissives est également prévue (7).

En ce qui concerne la durabilité écologique, plusieurs solutions sont proposées, notamment par rapport aux changements climatiques : l’énergie, les transports, le zéro-déchet, l’agriculture, la protection des océans, etc. Voici quelques-unes de leurs propositions : adopter un Green New Deal d’urgence afin de créer une économie plus verte, faire la transition vers une énergie 100 % renouvelable d’ici 2030, mettre en place une agriculture bio et régénérative plutôt que des monocultures injectées de pesticides, planter des arbres, instaurer une taxe sur le carbone et électrifier le système de transport (8).

Enfin, pour le dernier pilier, celui de la justice économique, on parle d’une économie écologique, d’une limitation du pouvoir des entreprises, d’un développement économique local, d’une réforme des banques et des assurances ainsi que d’une réforme des pensions. Pour y arriver, les Verts proposent un système économique basé sur une combinaison d’entreprises privées, de coopératives démocratiques décentralisées, d’entreprises publiques et de structures économiques alternatives. Ils proposent d’augmenter le financement et renforcer la surveillance de l’application des lois antitrust fédérales, d’augmenter le salaire minimum à 15 $/h et d’établir une fiscalité plus équitable en faisant payer davantage les très riches (9).

Ce sont là quelques propositions concrètes reflétant les grandes orientations du parti. Bien sûr, chaque candidat à l’investiture a ses propres propositions personnalisées, mais en général elles recoupent les idées principales du parti et découlent des quatre piliers.

La course à l’investiture des Verts

Pour l’instant, la course à l’investiture présidentielle a débuté pour les Verts, mais la nomination se fera seulement lors de la convention du 11 juillet à Détroit. Avant d’y arriver, il y a plusieurs étapes à respecter. Chaque candidat doit passer par un processus de sélection en écrivant une lettre d’intérêt et en remplissant un questionnaire. C’est seulement après cela que le parti reconnaît officiellement les candidats à la présidence (10). Cette année, les sept candidats à l’investiture du parti sont Sedinam Moyowasiza-Curry, Howie Hawkins, Dario Hunter, Dennis Lambert, David Rolde, Ian Schlakman et Chad Wilson (11).

Il est difficile d’établir des tendances pour l’instant, car la course en est encore à ses débuts. De plus, le Parti vert ne bénéficie pas d’une couverture médiatique aussi importante que les démocrates ou les républicains, ce qui rend la tâche encore plus difficile. D’ailleurs, le système politique américain ne favorise absolument pas les tiers partis qui sont vus de manière assez négative en général. Au cours de la campagne de 2000, on avait accusé les Verts de voler des votes aux démocrates, favorisant ainsi l’élection des républicains. Donc si un candidat d’un tiers parti réussit à percer assez pour se démarquer, cela signifie souvent que l’offre politique n’est pas satisfaisante (12).

Dans tous les cas, il est difficile pour l’instant d’affirmer qui est le favori dans la course des Verts, ou d’avoir accès à des sondages. Comme ils ne bénéficient pas d’une couverture médiatique suffisante, il y a fort à parier que les informations circuleront davantage sur les médias sociaux.


Références: :

1. Early history, Green party US, URL https://www.gp.org/early_history, consulté le 18/02/2020

2. Loc cit.

3. Ballotpedia, «Green Party presidential nomination, 2020», dans Ballotpedia, URL https://ballotpedia.org/Green_Party_presidential_n… consulté le 18/02/2020

4. Loc cit.

5. Platform, Green party US, «Democracy», URL https://www.gp.org/democracy_2016, consulté le 18/02/2020

6. Platform, Green party US, «Social Justice», URL https://www.gp.org/social_justice_2016, consulté le 18/02/2020

7. Loc cit.

8. Platform, Green party US, «Ecological sustainability», URL https://www.gp.org/ecological_sustainability_2016, consulté le 18/02/2020

9. Platform, Green party US, «economic justice and sustainability», URL https://www.gp.org/economic_justice_and_sustainability_2016, consulté le 18/02/2020

10. Convention rules, Green party US, URL https://gpus.org/convention-rules/#01-03, consulté le 21/02/2020

11. Presidential 2020, Green party US, op cit.

12. Bargach, Maati, «Élection américaine : un troisième candidat peut-il émerger ?», RFI, 2 février 2016, URL http://www.rfi.fr/fr/ameriques/20160202-etats-unis… consulté le 18/02/2020



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