Le passé colonial de la France, réduit à la simple « faute » par Macron, synonyme de massacres

Commencé en 1524, le colonialisme français a permis d’occuper plus de 20 pays dans l’ouest de l’Afrique. Plus de 35 % du continent a été sous le contrôle de la France pendant plus de 3 siècles.

Yusuf Özcan,Tuncay Çakmak,Ayvaz Çolakoğlu | 23.12.2019

Les déclarations du Président français, Emmanuel Macron, qualifiant la colonisation française « d’erreur », en plus d’être considérées comme une ultime tentative de cacher les massacres de millions d’africains, elles ont également été perçues comme une nouvelle stratégie pour renouveler la mainmise de la France sur le continent africain.

Le Chef de l’Etat français, en visite officielle en Côte d’Ivoire, samedi, a tenu une conférence de presse conjointe avec son homologue ivoirien, Alassane Ouattara. L’occasion pour Macron de tenir des propos forts sur le passé colonial de la France.

« Trop souvent aujourd’hui, la France est perçue comme ayant un regard d’hégémonie et des oripeaux d’un colonialisme qui a été une erreur profonde, une faute de la République », a-t-il déclaré.

Même si ces mots semblent être très forts, il ne s’agit pas pour autant d’excuses concernant le passé de la France en Afrique. Il ne s’agit pas non plus d’une volonté de démontrer la volonté de lever la mainmise de la France sur les ressources naturelles et économiques du continent.

Bien au contraire, ces déclarations reflètent une volonté de Macron, en parlant seulement « d’erreur et de faute », de minimiser les massacres commis par la France pendant l’ère coloniale, tout en continuant à assurer l’influence de son pays en Afrique via des outils colonialistes.

La France est, dans cette perspective, accusée de s’approprier les richesses en uranium, acier et pétrole, et de poursuivre ses propres intérêts, à travers sa présence militaire dans plusieurs pays africains.

Par ailleurs, alors que les huit pays africains membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) ont annoncé la fin, à partir de 2020, du Franc CFA, monnaie vieille de 74 ans, héritée de la colonisation française, Paris se prépare à accueillir l’ECO, la future monnaie de ces mêmes pays africains.

Avec l’abandon du Franc CFA, la France devra retirer ses représentants qui siègent à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Elle devra également abandonner les commissions bancaires qu’elle encaissait, et devra mettre fin à la pratique qui faisait que 50% des réserves en devises des pays de l’UEMAO étaient retenues dans les caisses de la Banque de France.

La France demeure cependant l’Etat garant en cas de crises. Si ces pays n’arrivent plus à payer les factures des importations, la France s’en chargera. En contrepartie, la France retrouvera sa place au sein de Conseil des politiques monétaires.

Ceci montre très clairement que les pays africains ne pourront pas réellement gérer de manière indépendante leur nouvelle monnaie commune. A tel point que pour certains économistes africains, l’abandon du Franc CFA et le passage à l’ECO n’est qu’une manœuvre pour préserver la mainmise de la France sur ses anciennes colonies.

La co-présidente de l’association Survie, Pauline Tetillon, a déclaré que le passage à l’ECO n’empêchera pas la France de garder sa mainmise sur les politiques monétaires des 8 pays de l’UEMAO.

Son co-président, Patrice Garesio, rappelle que la réforme a été annoncée par Emmanuel Macron et le président ivoirien, Alassane Ouattara. Or, « Ouattara est arrivé au pouvoir en 2011 grâce à l’intervention militaire de la France », affirme-t-il.

« Ces deux hommes qui, il y a encore peu défendaient le Franc CFA, ne sont pas légitimes pour mettre en place une telle réforme. Cette réforme a été préparée sans consultations avec les autres pays de la région », explique-t-il.

– Le passé sombre de la France en Afrique, qualifié de « faute » par Macron

L’histoire du colonialisme français en Afrique dépasse de loin le stade de la « faute ».

Commencé en 1524, le colonialisme français a permis d’occuper plus de 20 pays dans l’ouest de l’Afrique. Plus de 35 % du continent a été soumis au contrôle de la France pendant plus de 3 siècles.

Des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Benin ont été au cœur du système de la traite négrière, imposé par la France, sans oublier que toutes les ressources naturelles de ces régions ont été spoliées.

Les peuples des pays colonisés, qui se sont battus pour la France lors des guerres mondiales, se sont ensuite révoltés quand les promesses d’indépendance n’on pas été tenues.

Des révoltes qui ont été matées dans le sang !

Dans cette région, la période coloniale et celle des guerres d’indépendance durèrent plus de 5 siècles et firent plus de 2 millions de morts parmi les Africains.

Des milliers d’Algériens, qui se sont pourtant battus pour la France au cours de la seconde guerre mondiale, ont été massacrés parce qu’ils réclamaient l’indépendance promise par la France pour les pousser à se battre pour elle.

Face aux manifestations nationalistes, indépendantistes et anticolonialistes en Algérie, les forces françaises ont mis en place des répressions systématiques sanglantes à partir du 8 mai 1945, qui resteront dans l’histoire comme les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata.

Plus d’1,5 million d’Algériens ont été tués par les Français au cours de la guerre d’indépendance.

En outre, le peuple algérien s’est retrouvé, après 1830, face à un génocide culturel imposé par la France.

Au jour d’aujourd’hui, les autorités françaises n’ont toujours pas présenté d’excuses officielles à l’Algérie en raison de ces politiques colonialistes. La France refuse même de restituer à l’Algérie ses archives, composées de milliers d’œuvres et de documents.


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