Le taux de mortalité du coronavirus : explication

06.03.2020

On entend un peu tout en n’importe quoi sur la mortalité du coronavirus depuis maintenant 1 mois. Beaucoup de chiffres sont donnés dans la presse avec des commentaires alarmistes. Certain s’essayent à des comparaisons avec la grippe mais là encore on trouve tout et n’importe quoi et personne n’y comprend plus rien.

Le taux de mortalité : définition

Un taux de mortalité c’est un nombre de morts sur un territoire donné pendant une période donnée, par exemple le nombre de morts en France pendant l’année 2018 divisé par la population moyenne de ce territoire pendant cette même période.

Par exemple pendant l’année 2018, en France 614 000 personnes sont décédées. La population française en 2018 était en moyenne (parce que ça varie tous les jours en fonction des naissances, des décès et des entrées et sorties du territoire) de 66,7 millions de personnes. Cela fait donc un taux de mortalité de 0.0092 mais on dit plutôt 9.2 pour milles. Donc 2018 sur 1000 personnes, 9,2 sont décédées en moyenne.

Ici pour le coronavirus si on devait parler de mortalité en Chine par exemple, il faudrait diviser le nombre de morts en Chine par toute la population chinoise donc 3 000 divisé par 1 milliard et demi (ça fait pas beaucoup). Les médias donnent le nombre de morts du coronavirus divisé par le nombre de personnes infectées par le coronavirus et ça c’est ce qu’on appelle la létalité. Les journalistes qui ne connaissent rien au sujet confondent mortalité et létalité. Mais passons, et détaillons ce qu’il y a derrière cette mortalité.

Le taux de mortalité du coronavirus : provisoire et probablement surévalué

Les chiffres sur la mortalité du coronavirus ne sont bien évidemment que provisoire, on ne pourra déduire une mortalité du virus qu’une fois que l’épisode sera fini. Donc pour l’instant ce taux de mortalité évolue tous les jours en fonction du nombre d’infectés et du nombre de morts. À l’heure de la réalisation de cet article, la Chine annonce une mortalité de 2,3%, cela veut dire qu’en l’état actuel du comptage, pour 100 personnes infectées, il y en a 2,3 en moyenne qui meurent. Pour un virus c’est beaucoup.

Il y a au moins 2 raisons de ne pas céder à la panique au vu de ce chiffre :

La première c’est que gouvernement chinois prévient quand même que ce chiffre est probablement surévalué. Prenons un peu de hauteur pour comprendre pourquoi. Le taux de mortalité ici c’est le nombre de personnes décédées du coronavirus divisé par le nombre de personnes infectées. La Chine dit qu’elle est sûre d’avoir correctement compté le nombre de morts. On peut dire que c’est crédible au sens où les gens se signalent facilement pour trouver de l’aide quand une personne décède ou est mourante. Donc ce nombre de morts paraît crédible. À l’inverse on sait que dans la grande majorité des cas, ce virus est bénin, les symptômes sont fortement désagréables mais pas dangereux. On a donc de forts soupçons sur le fait que le nombre de personnes infectées soit en fait beaucoup plus grand. Et si ce nombre est beaucoup plus grand ça veut dire que le taux de 2.3% est surévalué.

A l’heure de cet article on peut même avoir des soupçons sur le fait que beaucoup plus de monde qu’annoncé soit infecté en Italie mais sans que ça ne se voit. On peut lire sur des sources provenant du ministère de la santé qu’on n’a vraiment compté qu’un tiers des cas. Cela voudrait dire qu’il faut diviser le taux de mortalité calculé aujourd’hui par 3.

La deuxième raison, c’est que ce taux de 2.3% est calculé sur ce qui se passe dans la population chinoise. Il faut rappeler que la population chinoise est vieillissante, souffre pour une large partie de pauvreté, de problèmes de salubrité et n’a pas forcément accès aux soins. On peut ajouter que la majeure partie des chinois fume et qu’additionné à la qualité de l’air, les problèmes respiratoires sont une des premières causes de mortalité en Chine. Tout cela fait qu’il est possible qu’une partie de la population chinoise soit en fait affaiblie et résiste mal à l’attaque d’un virus qui s’attaque au système respiratoire comme le coronavirus. Si ce virus arrive dans des pays avec une meilleure prise en charge pour la santé, moins de problèmes de cigarettes et de pollution de l’air, il est fort possible que ce taux de mortalité soit beaucoup plus faible.

Maintenant comparons la létalité (ou mortalité pour parler comme les journalistes) de ce virus par rapport à la grippe.

Pour ça réécoutons la réponse de l’épidémiologiste Arnaud Fontanet sur France Inter à auditrice qui lui dit qu’il y a beaucoup de morts chaque année en France de la grippe et qu’elle ne comprend pas la panique autour du coronavirus.

Beaucoup de journalistes ont traduit les propos d’Arnaud Fontanet en disant qu’il avait affirmé que la grippe est moins dangereuse que le coronavirus puisqu’elle ne tue pas directement les gens. Si on l’écoute bien ce n’est pas du tout ce qu’il a dit.

Ce qu’a dit Arnaud Fontanet c’est que :

1) On ne connaît pas bien le coronavirus, donc ce qui est légitimement craint c’est une mutation du virus.

2) Il a dit que la comparaison entre le coronavirus et la grippe est compliquée puisque le coronavirus tue directement les personnes fragiles infectées alors que la grippe tue indirectement les personnes fragiles infectées. Donc on ne s’alarme pas de la grippe puisque à la suite d’une grippe les gens décèdent d’une surinfection, d’une pneumonie ou d’un infarctus déclenché par la grippe. Donc c’est bien la grippe qui est la première cause du décès mais ce n’est pas la grippe qui fini le travail et donc on en a moins peur. D’où sa conclusion : on a plus peur du coronavirus que de la grippe mais pas parce que la grippe est moins dangereuse, juste parce qu’on ne lui impute pas directement ses morts.

Comparer le coronavirus et la grippe c’est un peu comme comparer la dangerosité du grand requin blanc et du moustique. Les gens ont peur du grand requin blanc parce que s’ils se baignent avec, il va les tuer directement. Le moustique lui ne tue pas directement, même en face d’un très gros moustique qui a très faim, vous devriez gagner la bataille. Par contre la maladie que va vous transmettre le moustique, c’est ça qui risque de vous tuer. Finalement le moustique est indirectement responsable de 700 000 morts par an, alors que le requin tue directement 10 personnes. En moyenne la grippe tue indirectement en moyenne 700 000 personnes par an quand le coronavirus a tué pour l’instant directement 3 000 personnes.

Au passage, dire que le coronavirus est plus dangereux que la grippe parce qu’on n’a pas de vaccin alors qu’on en a un pour la grippe n’a juste pas de sens. Le « vaccin » contre la grippe contient en fait plusieurs souches qui ne correspondent jamais parfaitement à la grippe de l’année en cours. C’est l’OMS qui donne chaque année des recommandations pour savoir quelle souche on met dedans.

Ce vaccin n’empêche pas d’attraper la grippe. Il est injecté pour booster les défenses immunitaires des gens et leur permettre de mieux résister aux symptômes et d’éviter de finir en réanimation ou d’en décéder.

Il n’y a donc pas de vaccin empêchant d’attraper la grippe hivernale et le jour où une souche nouvelle et agressive arrivera, ou que le virus mutera mochement comme en 1918 avec la grippe espagnole, on aura bel et bien du souci à se faire.

Conclusion :


Si vous êtes porteurs de la grippe ou du coronavirus, évitez de le transmettre. Si vous le refilez à une personne fragile ou âgée, elle pourrait bien en décéder, Ce sera indirectement pour la grippe ou directement pour le coronavirus, mais il me semble que le résultat est le même.


On sait cependant aujourd’hui (grâce au coup du Premier Ministre de faire passer son 49-3 sur la réforme des retraites à la suite d’un conseil des ministres exceptionnel organisé pour le coronavirus) que le coronavirus est dangereux pour la République, contrairement à la grippe.


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NODAR CHERNISHEV VIA GETTY IMAGES

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