Dans une lettre adressée à Antonio Guterres, Le Président Ghali : «les Sahraouis déterminés à défendre leurs droits légitimes»

Le Président sahraoui, Brahim Ghali, a appelé une nouvelle fois l’ONU à entreprendre des actions «sérieuses et concrètes» pour aboutir à la décolonisation du Sahara occidental, soulignant la détermination du peuple sahraoui à prendre les mesures nécessaires pour défendre ses droits légitimes. «29 ans après l’entrée en vigueur du Plan de règlement ONU-OUA et du cessez-le-feu, le peuple sahraoui est déterminé à prendre les mesures nécessaires pour défendre ses droits légitimes et faire en sorte que la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) s’acquitte de son mandat et de ses fonctions conformément aux principes généraux applicables aux opérations de maintien de la paix de l’ONU», a souligné Brahim Ghali, également secrétaire général du Front Polisario, dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

«Ce que nous attendons de l’ONU, par conséquent, c’est de voir des actions concrètes et sérieuses prises en vue de la mise en œuvre intégrale et rigoureuse du plan de paix en permettant à notre peuple d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conduisant ainsi à la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique», a-t-il réaffirmé dans la lettre qui a également été remise au président du Conseil de sécurité pour être publiée en tant que document officiel du Conseil.

Dans cette missive, le président de la RASD fait part de la éfrustrationé du peuple sahraoui face à l’inaction de l’ONU et à la non-exécution du mandat de sa mission, en plus de son «silence» face aux obstacles marocains à la paix, rappelant l’objectif essentiel du plan de règlement ONU-OUA qui consiste à parvenir à «une solution juste et définitive de la question du Sahara occidental conformément à la résolution 1514 (15) de l’Assemblée générale au moyen d’un cessez-le-feu et de la tenue d’un référendum sans contraintes militaires ou administratives pour permettre au peuple du Sahara occidental l’exercice de son droit à l’autodétermination».

Silence assourdissant

Cependant, a déploré M. Ghali, l’ONU n’a pas réussi jusqu’à présent à mettre en œuvre le mandat pour lequel la MINURSO a été créée et à mener à bien la décolonisation du Sahara occidental. Ce qui est encore pire, c’est que tant l’ONU que la MINURSO ont toujours maintenu «un silence assourdissant face aux actions annexionnistes continues du Maroc dont le but est d’imposer un fait accompli par la force au Sahara occidental occupé (depuis 1975) et de saper le statut juridique du Territoire en tant que territoire non autonome en attente de décolonisation».

De plus, a poursuivi le Président sahraoui dans sa lettre, «l’ONU a choisi de fermer les yeux alors que le Maroc persiste dans ses actions visant à saper le caractère international exclusif de la MINURSO et à entraver la Mission dans la mise en œuvre de son mandat». De ce fait, l’occupant marocain «continue d’imposer l’utilisation de plaques d’immatriculation marocaines sur les véhicules de la MINURSO et insiste pour apposer des tampons marocains sur les passeports du personnel de la MINURSO à leur entrée et à leur sortie du Sahara occidental», a-t-il déploré. Pourtant, a-t-il rappelé, lorsque le Front Polisario a décidé d’accepter le cessez-le-feu en 1991, celui-ci était — et est toujours — fondé sur la pleine mise en œuvre du Plan de règlement ONU-OUA pour lequel la MINURSO a été exclusivement créée.

Pour le Front Polisario, le cessez-le-feu en cours fait partie intégrante d’un accord global intégré, à savoir le Plan de règlement ONU-OUA, qui a été accepté officiellement par les deux parties, le Front Polisario et le Maroc, et approuvé par le Conseil de sécurité dans ses résolutions pertinentes, a tenu à souligner le Président Ghali. Le cessez-le-feu, par conséquent, «ne peut jamais être considéré comme un arrangement distinct du Plan de règlement ONU-OUA ou une fin en soi, mais seulement comme un moyen de créer les conditions nécessaires à la mise en œuvre du plan de paix dont le but ultime est la tenue du référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental conformément aux termes du plan de règlement ONU-OUA», a-t-il précisé, regrettant une nouvelle fois l’incapacité du Secrétariat de l’ONU et du Conseil de sécurité d’«agir avec fermeté» pour mettre fin aux «tentatives délibérées du Maroc de torpiller le mandat de la MINURSO et de consolider et de normaliser de force son occupation illégale de certaines parties de notre pays».

Et c’est dans ce contexte que le Front Polisario a, à la suite de l’adoption de la résolution 2494 (2019) du Conseil de sécurité le 30 octobre 2019, annoncé qu’il ne lui restait d’autre choix que de reconsidérer son engagement dans le processus de paix de l’ONU qui a été radicalement dévié de son cours convenu, a conclu Brahim Ghali.


Référendum d’autodétermination au Sahara occidental : «L’ONU doit fixer une date»

Le Front Polisario a déclaré jeudi à Genève que le référendum d’autodétermination au Sahara Occidental occupé s’imposait avec urgence, appelant l’Assemblée générale des Nations unies à fixer une date pour la tenue de ce scrutin constamment ajourné

«Tout retard dans l’exécution du plan de règlement, ONU/OUA devant permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance ne fera que compliquer la situation sur le terrain et risquerait de déstabiliser la région», alerte le Front Polisario dans un Mémorandum signé par sa représentante en Suisse, Mme Omeima Abdeslam. «Il est donc impératif que l’Assemblée générale de l’ONU fixe une date pour la tenue du référendum d’autodétermination conformément à la Charte des Nations unies relative à la décolonisation», insiste la diplomate sahraouie.

Depuis son invasion du Sahara occidental en 1975,  le Maroc y agit au mépris de la Charte des Nations unies, de l’Acte constitutif de l’UA et des principes fondamentaux du Droit international, mais aussi de l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ), qui avait statué la même année que Rabat n’avait pas de titre souverain sur le territoire du Sahara occidental. Par conséquent, l’ONU et ses membres sont appelés à prendre les décisions et mesures nécessaires individuellement et collectivement, pour contraindre le Maroc à mettre fin à son occupation illégale du Sahara occidental, d’autant plus, note le Mémorandum, que «le Maroc n’est pas disposé à choisir la voie pacifique et démocratique dans le règlement de la question sahraouie».

Retarder la nomination d’un nouvel envoyé personnel favorise la paralysie

Vingt-neuf (29) ans se sont écoulés depuis la création de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), et jusqu’à présent, l’institution onusienne a échoué dans sa mission d’organiser un référendum via lequel le peuple du Sahara occidental pourrait s’exprimer librement. Depuis la démission de l’ancien Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, en mai 2019, «le Conseil de sécurité n’a rien fait pour réactiver le processus de paix au Sahara occidental», regrette la Représentation du Front Polisario. En conséquence, «le retard dans la nomination d’un nouvel Envoyé personnel ne fait qu’aggraver l’état de paralysie», note le document. Pendant ce temps, «le Maroc, puissance occupante, s’est ouvertement engagé dans une série d’actions déstabilisatrices et provocatrices, entre autre l’ouverture illégale de prétendus consulats» dans les zones occupées du Sahara occidental, dénonce le Front Polisario.

La Représentation sahraouie, fait état également de violations massives des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. Les civils sahraouis sont constamment soumis à des arrestations arbitraires, des tortures, des détentions illégales, des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées, et ce, à l’abri du contrôle international, en raison du strict black-out médiatique et du blocus militaire imposé par le Maroc aux territoires occupés sahraouis». Malgré les appels répétés des défenseurs internationaux des droits de l’homme et du peuple sahraoui, le Conseil de sécurité n’a pas autorisé la Minurso à surveiller les violations des droits de l’homme au Sahara occidental, s’indigne la représentation.

Le Front Polisario n’a pas manqué également d’évoquer l’autre triste facette de l’occupation marocaine, à savoir, l’exploitation et le pillage persistants des ressources naturelles sahraouies, en violation du droit international, comme l’avait confirmé en 2016 la Cour européenne de justice (CJCE)  qui a conclu que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires «distincts et séparés».
Alors que le processus de l’ONU est au point mort, l’Union africaine (UA) a fait preuve d’un leadership croissant sur la question du Sahara occidental, dans un effort pour libérer la dernière colonie en Afrique.

L’admission en 2017 du Maroc à l’UA, après avoir signé et ratifié l’Acte constitutif de l’organisation sans aucune réserve, avait été accueillie avec espoir et perçue comme un moyen pouvant contribuer à la recherche d’une solution durable au conflit du Sahara occidental, relève la représentation.
Toutefois, «l’occupation militaire illégale par le Maroc et son obstruction contribuent aux efforts de paix de l’ONU et de l’UA ont miné les chances de progrès vers une solution durable du conflité, déplore-t-elle.


 

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