La gauche englobe divers courants, dont le communisme, le socialisme ou l’anarchisme, etc. Ces mouvements ont en commun qu’ils recherchent l’égalité sociale et économique. Pour ce faire, ils prévoient mettre en commun les biens collectifs, les services et les moyens de production, afin de planifier l’économie [1].
Cela dit, lorsque l’on parle de l’extrême gauche, cela signifie que l’on conserve la même vision égalitariste de la société, mais que l’on y ajoute la volonté de révolution totale et un rejet du jeu parlementaire. De par leur position anti-État, les anarchistes sont habituellement défavorables au jeu de la négociation et sont par conséquent plus près de l’extrême gauche que du centre [2].
Une gauche plutôt modérée au Congrès américain
Au Congrès étasunien, deux organisations politiques dominent le jeu politique : le Parti démocrate et le Parti républicain. Dans le système étasunien, les partis politiques ont des tendances idéologiques, mais n’ont pas de ligne de partie [3]. Par conséquent, il est possible pour leurs représentants de s’assembler en factions et d’adopter des positions différentes des autres membres de leur parti, voire entretenir des rivalités internes [4]. En effet, en ce qui a trait aux membres partisans du Parti démocrate, on retrouve une aile minoritaire conservatrice, plutôt néo-libérale, une aile modérée, plutôt de droite modérée ou centre droit, puis la plus majoritaire, l’aile « Liberal ». Cette dernière est la plus à gauche du parti, c’est-à-dire plutôt au centre, sociale-démocrate, progressiste, mais regroupant aussi les individus du centre gauche à la gauche modérée. À l’opposé, dans le camp républicain la branche conservatrice, étant la plus à droite, est majoritaire, les modérés sont en second et les « Liberals » sont les moins nombreux, soit 4 % environ [5].
Pour en revenir au Parti démocrate, on y retrouve des candidats de la gauche. Parmi ces congressistes, on retrouve quelques politiciens proposant des réformes plutôt audacieuses compte tenu du contexte étasunien. Le sénateur Bernie Sanders, qui était candidat à la présidence en 2016, avait une position très environnementaliste et proposait, entre autres, de réduire la dépendance au pétrole et d’investir dans les énergies « propres » [6]. Tout au long de sa carrière, ce candidat a aussi poussé des projets comme l’accessibilité aux soins de santé et aux études poste-secondaires, etc [7]. Pour l’ élection de 2020, Sanders se présente encore et conserve le même discours, très à gauche [8]. Cela étant dit, on remarque que ce sont toujours des réformes spécifiques et que l’on accepte toujours de passer par l’incrémentalisme de l’administration étasunienne pour les mettre en place.
La sénatrice Elizabeth Warren se présente aussi dans la course à la présidence du côté démocrate. Elle aussi présente un discours égalitariste et environnementaliste. Elle veut par exemple augmenter le taux d’impôt des mieux nantis et remplacer l’Immigration and Customs Enforcement Agency (ICE), car selon elle, elle sépare les parents de leurs enfants. Cependant, encore une fois, il ne s’agit pas de changer le système en totalité ni de passer outre au jeu de la négociation [9].
À la Chambre des représentants, il y a une nouvelle venue faisant parler d’elle. Très certainement l’une des plus jeunes élues de l’histoire, Alexandrie Ocasio-Cortez se qualifie elle-même de socialiste [10]. Elle ne se présente pas dans la course à la présidence, mais elle aussi parle d’augmenter le fardeau fiscal des mieux nantis, ainsi que d’environnement [11]. Par exemple, le tout premier projet qu’elle a soumis, le « Green New Deal », vise une « mobilisation économique » étalée sur 10 années au bout desquelles les énergies fossiles seront éliminées des infrastructures nationales. Elle veut aussi que 100 % de l’énergie utilisée aux États-Unis soit renouvelable et sans émissions de gaz à effet de serre. De plus, elle pense que le projet pourra créer des millions d’emplois à rémunération élevée [12].
Le projet semble engager un changement rapide et profond, mais encore une fois ce n’est pas un renversement de la société et l’on passe par les procédures de négociation. En résumé, aucun des élus les plus connus de la gauche démocrate ne semble prôner un renversement total du système capitaliste ni ne semble rejeter le jeu parlementaire et la négociation [13].
En ce qui a trait aux tiers partis les plus extrêmes de la gauche ayant présenté des candidats à l’élection présidentielle de 2016, la seule candidate ayant reçu plus d’un million de voix est Mme Jill Stein du « Green Party » [14]. En ce qui a trait à sa plateforme électorale, c’est plutôt semblable aux candidats de gauche du Parti démocrate, à la différence que l’environnement est l’élément central du programme, pour les raisons susmentionnées. La candidate du Parti vert ne défend donc pas une position extrême [15]. Pour ce qui est de la Chambre des représentants, les candidats qui s’y présentent restent modérés aussi. Sans compter que c’est un parti adepte de la « non-violence » [16].
Une extrême gauche discrète
Dans la liste des partis ayant présenté des candidats à la Chambre des représentants lors des élections générales de 2016 et possédant un site officiel, on en retrouve qu’un seul qui soit d’extrême gauche. Il s’agit du Party for Socialism and Liberation (PSL). En effet, son site internet fait l’apologie de la révolution et des grands penseurs communistes, et ne semble pas faire de concession [17].
Si l’on va du côté des partis politiques n’ayant pas participé aux élections, ainsi que des groupes de pression, on retrouve d’abord le Communist Party USA (CPUSA). C’est bel et bien un groupe d’extrême gauche. Sur sa plateforme, on propose bien sûr une stratégie environnementale, on parle de l’exploitation capitaliste, mais on parle aussi de révolution. Même si le site internet du CPUSA est moins « agressif » que celui du PSL, il comporte tous les éléments de l’extrême gauche [18].
Ensuite, dans les mouvements d’extrême gauche hors du Congrès, on retrouve les antifascistes (Antifas). C’est un mouvement anti-gouvernement et anticapitaliste visant à faire obstruction aux groupes suprématistes blancs et aux groupes d’extrême droite [19]. Pour arriver à leurs fins, les Antifas utilisent parfois la violence contre ces groupes [20].
Pour continuer, il y a aussi les anarchistes, se subdivisant en plusieurs sous-groupes, comme les anarchos-communistes, les anarchos-primitivismes, ou les anarcho-syndicalistes. Les anarchistes sont un mouvement anti-gouvernement aussi, mais contrairement aux Antifas, ils veulent complètement retirer l’État. Cependant, la nature de la coopération entre les individus varie d’un sous-groupe anarchiste à l’autre [21].
Quant à eux, les mouvements de gauche ne désirant pas une refonte aussi radicale de la société sont plus nombreux et plus visibles. Il s’agit de groupes comme les féministes, les environnementalistes, ou encore les Black Lives Matter. Ces groupes ciblent un aspect de la société et, contrairement aux anarchistes et aux Antifas aujourd’hui, ils sont en mesure de mobiliser beaucoup de gens [22].
En conclusion, il semble y avoir plusieurs mouvements de gauche, mais ceux désirant réformer le système politique, économique et social étasunien du tout au tout restent plutôt marginaux. Cependant, il reste à se questionner à savoir si ces groupes extrémistes servent ou nuisent à leur cause, c’est-à-dire, s’ils arrivent à maintenir une pression sur les gouvernements pour que les mouvements et les partis plus modérés arrivent à négocier l’avancement de leur projet, qu’il soit de gauche ou de droite.
Médiagraphie
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[5] LAUTER David, « Democratic, Republican voter bases are more different than ever », Los Angeles Times, 20 mars 2018, [hyperlien] consulté le 6 avril 2019
[6] Sénat É-U, Bernie Sanders U.S. Senator for Vermont, 2019, [hyperlien] consulté le 1er avril 2019
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[8] BURNS Alexander et MARTIN Jonathan, op. cit.
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[9] Sénat É-U, Elizabeth Warren, 2019, [hyperlien] consulté le 1er avril 2019
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[10] CUZIN Elodie, « Des candidats progressistes secouent le parti démocrate », La Presse, 27 juin 2018, [hyperlien] consulté le 6 avril 2019
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[11] CASSELMAN Ben and TANKERSLEY Jin, « Democrats Want to Tax the Wealthy. Many Voters Agree. », The New York Times, 19 février 2019, [hyperlien] consulté le 6 avril 2019
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[12] OCASIO-CORTEZ Alexandria et al., H.RES. 109 Recognizing the duty of the Federal Government to create a Green New Deal, 7 février 2019, [hyperlien] consulté le 6 avril 2019
[13] HELAOUA Yona, « Le socialisme fait une percée aux États-Unis pour les élections de mi-mandat », France 24, [hyperlien] class=’liendanstexte’ href=’/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1633′>socialisme-percee-midterms-dsa-democrates, consulté le 1er avril 2019
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[14] Federal election commission United States of America, FEDERAL ELECTIONS 2016 : Election Results for the U.S. President, the U.S. Senate and the U.S. House of Representatives, décembre 2017, [hyperlien] consulté le 6 avril 2019
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[15] Jill 2016, [hyperlien] consulté le 1er avril 2019
[16] Green Party US, 2019, [hyperlien] consulté le 1er avril 2019
[17] Federal election commission United States of America, décembre 2017, op. cit.
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[19] SUERTH Jessica, « What is Antifa? », CNN, 17 août 2017, [hyperlien] consulté le 1er avril 2019
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[20] SAVAGE Charlie, « Justice Dept. Demands Data on Visitors to Anti-Trump Website, Sparking Fight », The New York Times, 15 août 2017, [hyperlien] consulté le 1er avril 2019 [21] Marshall Peter, Demanding the Impossible : A History Of Anarchism, Édition Harper Perennial, 2008, 818 pages, ISBN 978-o-0o-686245-1consulté le 1er avril 2019
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