jeudi, 25 avril 2024

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Le Liban dans la zone grise

    Le Liban, un territoire où les puissances en place se battent silencieusement pour le contrôle de la région. L’explosion, loin d’être un événement fortuit, répondrait à la nature d’un acte de guerre non déclaré défini comme une guerre hybride

Un drapeau libanais flotte le long d'un pont près du port de Beyrouth, la capitale du Liban, tandis qu'à l'arrière-plan, les silos à grains endommagés sont visibles devant le lieu de l'explosion
Un drapeau libanais flotte le long d’un pont près du port de Beyrouth, la capitale du Liban, tandis qu’à l’arrière-plan, les silos à grains endommagés sont visibles devant le lieu de l’explosion. AFP/JOSEPH EID  –

Il y a un an, le Liban faisait sans cesse la une de l’actualité internationale après l’éclatement de la Thawra (révolution en arabe) en octobre dernier, qui a fait surgir des foules exaltées et déterminées à protester contre la détérioration des conditions de vie, la hausse des prix, le taux exponentiel de chômage, et surtout, ce qui est nouveau pour la culture libanaise, contre une structure politique sectaire dominante qui dirige le pays depuis son indépendance du protectorat français en 1943.

Le Liban, qui était autrefois décrit avec un romantisme pressant comme la Suisse du Moyen-Orient grâce au glamour de sa vie nocturne dans des casinos et des salles de danse ostentatoires, était sans précédent dans une région dominée par le puritanisme religieux, La puissance de son secteur bancaire, autrefois à la pointe de l’économie en plein essor, et les paysages méditerranéens parsemés de montagnes enneigées ont créé dans les années 50 et 60 une destination de luxe recherchée par les célébrités d’Hollywood et le monde de l’art international. Le visage amical d’un petit pays niché entre la mer Méditerranée et les montagnes de l’anti-Liban, une frontière naturelle avec le reste de la région. La face cachée du paradis méditerranéen bucolique si fertile pour le tourisme, les investissements et le réseau bancaire était dominée par la rivalité menée par les élites sectaires-religieuses qui ont fini par ruiner un pays prospère après dix-sept ans de guerre civile (1975- 1991).

Depuis l’armistice qui a suivi les accords de Taif signés dans la ville saoudienne du même nom en 1991, peu de choses ont changé en termes de politique, le même système basé sur le partage du pouvoir selon la représentation de la confession religieuse étant maintenu.

Depuis lors, malgré l’instabilité politique naturalisée qui caractérise le pays du Cèdre, le Liban a toujours surmonté toutes les difficultés avec une étonnante résilience et un dépassement de son peuple.

Jusqu’en octobre dernier, le secteur bancaire était la principale industrie du pays grâce à des décennies de confiance de la part des investisseurs étrangers, principalement les riches voisins du Golfe Persique, ainsi qu’à l’envoi de millions de dollars par la population expatriée, les Libanais étant l’une des diasporas les plus nombreuses au monde. Entre eux, ils se sont taillé une image de force et de sécurité financière attiré par le secret bancaire à leurs clients.

En tant que banque, l’un des principaux piliers de l’économie, elle a réussi à maintenir un niveau de vie et de consommation considérable pour les classes moyennes et supérieures aisées de la société.

Cette surprise a choqué la nation et les investisseurs à la fin de l’année 2018, suite au manque de liquidité de la Banque centrale du Liban, qui a fait voler en éclats les fondations du secteur financier libanais supposé tout-puissant, dégénérant quelques mois plus tard en une crise économique profonde sans précédent dans l’histoire récente du pays.

Esta combinación de imágenes muestra a los ciudadanos libaneses, en todo el país, mostrando el contenido de sus refrigeradores. - La crisis económica del Líbano ha provocado un colapso de la moneda local y del poder adquisitivo, sumiendo a segmentos enteros de la población en la pobreza
Cette combinaison d’images montre des citoyens libanais, dans tout le pays, en train d’exposer le contenu de leurs réfrigérateurs. – La crise économique du Liban a entraîné un effondrement de la monnaie locale et du pouvoir d’achat, plongeant des pans entiers de la population dans la pauvreté – PHOTO/AFP –

La crise

L’origine de la crise est due à de multiples raisons, de la spéculation financière incontrôlée promettant des chimères avec la rémunération d’intérêts très élevés aux investisseurs en échange du dépôt de leurs économies dans les banques libanaises au prix de leur défraiement par la vente de produits financiers hautement toxiques à des tiers, à l’éclatement d’une bulle immobilière vorace, L’impact de la guerre sur la Syrie voisine et, en particulier, l’insolvabilité de l’État, qui a été consumé par des cas de corruption et de népotisme institutionnel, incapable de faire face à la dette contractée auprès du secteur bancaire privé, a été un facteur déterminant. Ainsi, pour le printemps, ce qui était autrefois la prestigieuse banque de la Suisse du Moyen-Orient languit, menaçant l’effondrement total de la nation.

Comme on peut s’y attendre, l’insécurité financière a gravement affecté la santé de la monnaie nationale, la livre libanaise (LBP), sous l’effet des fluctuations économiques, de la dévaluation constante de la monnaie jusqu’à son effondrement en pics historiques le mois dernier par rapport à l’échelle de référence internationale, le dollar américain, axe central de l’économie et monnaie principale dans chacune des opérations financières des plus importantes pour l’économie nationale.

En conséquence, l’inflation est tirée par la population, poussant les prix à la hausse, triplant parfois la valeur des produits de consommation les plus élémentaires tels que les aliments et les médicaments. Pire encore, alors que l’on ne pouvait plus faire face aux difficultés, il faut ajouter à cette annus horribilis, punie par la crise financière et flétrie par la pandémie du COVID-19, la restriction des capitaux à la population établie par la Banque centrale libanaise, fixant une dépense maximale par personne et famille par mois, autrement dit un corralito à part entière.

 

Boris Prokoshev (R), capitán del buque de carga Rhosus, y el contramaestre Boris Musinchak posan junto a una bodega de carga cargada con nitrato de amonio en el puerto de Beirut, Líbano, en el verano de 2014
Boris Prokoshev (à droite), capitaine du cargo Rhosus, et Boris Musinchak, second du capitaine d’embarcation, posent à côté d’une cale chargée de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, au Liban, à l’été 2014 – BORIS MUSINCHAK’S PERSONAL REUTERS/ARCHIVES –

Que pourrait-il y avoir derrière l’explosion ?

Trop de coïncidences pour le Liban dans une région du monde considérée comme très volatile, un échiquier dans le jeu des intérêts géostratégiques entre les grandes puissances.

La version officielle, et jusqu’à présent celle qui fait le plus de sens parmi toutes les spéculations qui sont ouvertes quotidiennement dans l’actualité libanaise, est l’irresponsabilité et la négligence des autorités portuaires dans le stockage de produits chimiques hautement dangereux. Plus précisément, 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium, entre autres, sont entassées dans des installations qui non seulement ne conviennent pas au stockage de ces marchandises, mais qui sont aussi dans un état de délabrement considérable. Le fait que pour beaucoup c’était une terrible surprise, pour d’autres c’était quelque chose de plus que prévisible puisque depuis 2016 les balles avec le contenu chimique provenant d’un navire de transport appelé Rhosus de pavillon moldave étaient gardées dans le port de Beyrouth dans sa traversée de la Géorgie au Mozambique. Lors de son passage dans les eaux libanaises, en raison de graves problèmes techniques, le navire a été contraint de demander l’aide des autorités nationales qui, une fois aidées, et accusées de l’insécurité qu’il engendrait pour la navigation, ont décidé d’immobiliser le navire et la marchandise. Peu après, sans aucune réclamation de la compagnie maritime, il a été oublié par les douanes libanaises, qui l’ont temporairement entreposé dans une installation prétendument sécurisée dans la section 12 du port industriel de Beyrouth.

Plusieurs plates-formes et employés du port au moment des faits ont signalé aux autorités gouvernementales, au mépris du danger que représente la présence et plus encore dans les conditions désastreuses du nitrate d’ammonium, un produit chimique généralement utilisé pour produire des engrais agricoles et aussi dans la fabrication d’explosifs. En fait, ce n’est pas la première fois que nous entendons parler de l’utilisation de cette substance à de telles fins, il convient de rappeler l’attentat à la voiture piégée de la déflagration de ce composé attribuée à un groupe opérationnel appartenant au Hezbollah libanais au centre culturel juif argentin, l’Asociación Mutual Israelita Argentina (AMIA) le 18 juillet 1994 à Buenos Aires. Cet incident a entraîné la perte de 85 personnes, plus de 300 blessés et des dommages considérables aux installations et aux alentours, et a été considéré comme le pire acte terroriste subi dans l’histoire de l’Argentine. Un autre chapitre tragique a été l’attaque terroriste perpétrée par Timothy McVeingh en 1995 contre un bâtiment fédéral à Oklahoma City (USA) au moyen d’un puissant engin explosif en nitrate d’ammonium.

Ce sont là quelques-uns des précédents qui illustrent l’extrême dangerosité de ces composés et leur capacité à être utilisés à des fins malveillantes.

 

Esta combinación de imágenes muestra imágenes filmadas desde un edificio de oficinas en el momento en que una explosión masiva sacudió Beirut
Cette combinaison d’images montre des séquences tournées depuis un immeuble de bureaux au moment où une explosion massive a frappé Beyrouth – AFP/UGC/GABY SALEM/ESN –

La concaténation des coïncidences, la zone grise

La zone grise est un terme issu des études géostratégiques qui définit une région caractérisée par l’instabilité politique, une instabilité qui empêche la consolidation d’une paix totale, mais qui ne déclare pas non plus de guerre. Il décrit ainsi un territoire instable en état d’alarme constante, contesté par des tiers, où les pouvoirs en place sur le territoire d’autres peuples élucident les différences pour le contrôle et l’hégémonie de la région.

Que faisait le nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth ?

Il est difficile de croire qu’avec un passé aussi sombre, le nitrate d’ammonium a été sous-estimé de la pire des manières, s’accumulant dans un hangar rouillé. La vérité est que la section 12 du port, épicentre de l’explosion, a été l’objet d’enquêtes internationales ayant pour origine et destination le port de Beyrouth en rapport avec le trafic illicite et clandestin, d’une part, d’armement et d’autre part de substances psychoactives suspectes destinées à couvrir les dépenses militaires de l’arme de Dieu au Liban, celle-ci étant officiellement la seule force politique encore armée du temps de la guerre civile libanaise.

En parlant de la puissance militaire de l’organisation islamiste chiite, il est intéressant de souligner les dénonciations répétées de l’État hébreu dont les services de renseignement ont découvert grâce à des photos satellites d’espionnage la construction d’usines de missiles de haute précision iraniens sur le sol libanais. Plus précisément, l’information a été publiée dans les médias israéliens l’année dernière assurant l’existence des installations en divers points du pays, soulignant l’importance de la taille et de l’étendue de la ville de Nabi Sheet dans la vallée orientale de la Bekaa. Ce que l’enquête n’a pas révélé, c’est l’origine de la matière première pour la fabrication d’appareils militaires aussi sophistiqués.

Depuis les dernières élections présidentielles, la coalition qui s’est formée entre des voisins historiquement mal disposés, l’organisation politique dirigée par l’ancien général chrétien maronite Michel Aoun, l’actuel président de la république grâce au soutien du Hezbollah, a ouvert la porte au partie pro-Iranien de faire partie de l’exécutif étant une organisation qualifiée de terroriste par la communauté internationale.

 

La explosión en el puerto de Beirut se sintió hasta Chipre, a unos 240 kilómetros al noroeste
L’explosion dans le port de Beyrouth a été ressentie jusqu’à Chypre, à quelque 240 kilomètres au nord-ouest – AFP/PATRICK BAZ

Les critiques et l’opposition du reste des forces politiques nationales, ainsi que de la communauté internationale, n’ont cessé de se succéder pour forcer la rupture de l’accord qui est apparu en 2016 avec l’intention d’isoler la formation islamiste du parlement.

D’une part, à cause de l’instabilité de la sphère politique et financière internationale causée par la coalition gouvernementale entre ces partenaires impopulaires, et d’autre part, parce qu’on sait que l’organisation pro-iranienne exerce un contrôle sur les douanes et les infrastructures clés de l’État libanais telles que les frontières, les ports et les aéroports, l’accusant à plusieurs reprises d’être le bénéficiaire financier des profits générés et non des finances publiques libanaises.

En d’autres termes, une deuxième lecture possible orientée vers l’optique géostratégique signalerait tous les événements subis par la population libanaise épuisée dans cette période 2019-2020 à une opération calculée et préméditée afin de dynamiter et d’étouffer l’accord gouvernemental qui soutenait le parti de Dieu à faire partie du gouvernement et donc l’extension de l’influence exercée par l’Iran dans la région à travers l’organisation chiite.

Comme le président de la république l’a déclaré dès le début en faisant allusion à la possibilité d’une ingérence étrangère comme cause de la grande déflagration subie par le port de Beyrouth le 4 août 2020.

La guerre hybride est un autre concept important qui est connu dans la littérature des études stratégiques et qui définit un type de guerre se manifestant sous de multiples formes. La guerre conventionnelle telle que nous la connaissons en cette nouvelle ère de mondialisation tend à disparaître en raison d’un ensemble multiple d’opérations de nature différente. C’est-à-dire une guerre silencieuse menée dans les domaines économique, financier et politique, le piratage informatique et même des attaques fortuites telles que des actes de terrorisme orchestrés.

 

Una vista general muestra los daños tras la explosión del martes en la zona portuaria de Beirut, Líbano, 6 de agosto de 2020
Un aperçu des dégâts après l’explosion de mardi dans la zone portuaire de Beyrouth, Liban, 6 août 2020 –  REUTERS/BADER HELAL –

La contrainte économique que l’ancienne Suisse du Moyen-Orient subit ces jours-ci en raison de la crise financière aggravée par la pression internationale face au refus d’accorder davantage de prêts, le refus de l’aide financière par des alliés et donateurs historiques tels que les États-Unis, la France ou les voisins du Golfe persique, et la stagnation des pourparlers de sauvetage financier urgents avec le FMI à la condition de réformes structurelles profondes qui affecteraient pleinement les intérêts du parti de Dieu, le gouvernement a été sensible au fait que le déblocage du monopole exercé sur de nombreuses infrastructures clés de l’État et le népotisme institutionnel, entre autres, alimentent la division interne du parlement, intensifiant l’intensité des protestations de rue, même spontanées, ont été menées par des groupes d’opposition antigouvernementaux afin de provoquer une rupture de l’alliance entre les deux forces politiques au pouvoir et de lever ainsi les obstacles à l’aide internationale qui mettrait fin à la débâcle financière. La guerre menée dans le domaine économique répond à l’asphyxie de l’État à l’épuisement économique des partenaires de l’exécutif jusqu’à forcer indirectement l’acceptation des conditions du FMI dont le coût politique impliquerait de mettre fin à l’influence du parti de Dieu dans les affaires financières du pays.

À tous ces inconvénients économiques, il faut maintenant ajouter les dommages incommensurables subis tant dans le port que dans la ville de Beyrouth elle-même.

Le phénomène de la guerre et la manifestation de la force au Liban est une ressource tellement normalisée que l’instrumentalisation de la peur et de la mémoire des anciens fantômes à des fins politiques n’est pas constamment surprenante. Ce n’est pas la première fois que l’organisation pro-iranienne utilise dans son discours les constantes altercations à la frontière sud avec les patrouilles de l’IDF (Israel Defense Forces) comme un soufflet au récit de la peur qui fait craindre des invasions de l’État hébreu comme celles subies dans le passé.

Sur ce même fait, en juillet dernier, les médias internationaux ont peu couvert les attaques infligées mutuellement entre les deux forces, hostilités qui s’ajoutent à la longue liste d’incidents dans la lutte entre les puissances dans la région ces dernières années, particulièrement nombreux depuis 2019 suite à la mort de plusieurs membres de la branche armée de l’organisation chiite libanaise opérant en Syrie aux mains des opérations de renseignement israéliennes.

 

El presidente de Líbano, Michel Aoun
Le président du Liban Michel Aoun – PHOTO/REUTERS –

Ce n’est un secret pour personne que l’organisation chiite libanaise en Syrie représente une présence inconfortable pour l’État d’Israël, puisqu’elle a considérablement augmenté sa présence militaire dans les zones frontalières au cours de l’année dernière. Dans ce bras de fer de provocations silencieuses, la succession d’incidents depuis l’attaque aérienne perpétrée par les forces aériennes israéliennes dans la nuit du 20 juillet sur des installations proches de l’aéroport international de Damas a une revendication particulière. Au cours de l’opération, Kamal Mohsen Jawad, un membre important du parti libanais de Dieu, qui occupait à son tour une position importante au sein des gardiens de la révolution iranienne (Pasderan), a été tué.

Selon les médias hébreux, le défunt était le principal lien et responsable de l’envoi d’armes via la Syrie entre la République islamique d’Iran et le Liban, un autre incident qui ajoute au chapitre des hostilités cette année.

La vengeance, comme prévu, ne se fera pas attendre. Le 27 juillet, des commandos de l’organisation pro-iranienne ont attaqué par surprise dans la localité du Sud-Liban connue sous le nom de Fermes de Chebaa un véhicule blindé israélien équipé de missiles antichars portables, qui patrouillait à la frontière nord. En réponse, il y a eu un bref échange de roquettes entre les deux, dont l’une a touché une maison dans la ville libanaise d’Al-Habariye, sans qu’il y ait eu de victimes de part et d’autre.

Los combatientes de Hizbulá ponen banderas libanesas y de la organización en Juroud Arsal, en la frontera entre Siria y Líbano
Les combattants du Hezbollah arborent des drapeaux libanais et d’organisations à Juroud Arsal, à la frontière syro-libanaise – REUTERS/MOHAMED AZAKIR –

Dans la conférence de presse organisée par le gouvernement hébreu après l’événement, les médias israéliens ont présenté un ministre de la défense déterminé, Benny Gantz, donnant l’ordre aux troupes de l’IDF de renforcer les frontières et, en cas de défense contre des agressions de plus grande envergure, d’attaquer sévèrement les infrastructures clés du Liban si la branche armée du Hezbollah persiste dans son escalade des hostilités contre les troupes hébraïques et les populations voisines de la frontière. Des déclarations qui font tomber toute responsabilité pour les actions de l’organisation pro-islamique pro-iranienne à l’ensemble de l’État libanais, ce fut le cas de l’opération de punition pas si lointaine menée par les forces de défense israéliennes en juillet 2006 sur le sol libanais suite à l’enlèvement de plusieurs soldats israéliens patrouillant à la frontière par des membres du bras armé de Dieu. Cet épisode s’est terminé par une guerre de courte durée par le biais d’une campagne aérienne de bombardement ciblé de quinze jours accompagnée d’une incursion terrestre afin de neutraliser les bases in situ utilisées comme plateformes par le groupe armé pour mener des attaques balistiques contre les populations situées de l’autre côté de la frontière.

L’énorme explosion qui s’est produite à Beyrouth le 4 août dernier est soit le résultat d’un regrettable accident causé par la négligence des autorités, soit le résultat d’une opération étrangère calculée d’origine inconnue. Elle s’inscrit dans la dynamique d’une complexité ambiguë et silencieuse dans laquelle des opérations de renseignement et de contre-espionnage sont menées entre des puissances rivales aspirant à un contrôle régional.

El líder del movimiento chií de Líbano Hizbulá, Hassan Nasrallah
Hassan Nasrallah, leader du mouvement chiite Hezbollah au Liban – PHOTO/AL-MANAR TV via AFP –

La déflagration a marqué un avant et un après en cette année 2020 si éprouvante pour le pays du Cèdre, berceau de la civilisation méditerranéenne. Pour l’instant, les résultats de la tragédie et son coût dans la politique nationale ont provoqué la chute du gouvernement dans son ensemble et la défection du Premier ministre Hassan Diab, membre de l’alliance du 8 mars, un parti politique à orientation pro-syrienne et donc proche des intérêts de Téhéran.

Bien que la démission soit un fait plus que significatif pour débloquer la situation dans laquelle se trouve le Liban, la vérité est que pour l’instant, elle n’a pas de poids réel dans la sphère de la politique internationale, puisque dans le système politique libanais où le pouvoir est réellement forgé et structuré, c’est dans les pactes établis par les forces qui le représentent au parlement, non seulement dans la formation du gouvernement, mais aussi dans l’appel à de nouvelles élections ou la proposition de formation d’un nouvel exécutif technocratique pour calmer les eaux troubles dans lesquelles le Liban est entraîné et pour rendre aussi heureuses que possible toutes les forces du système politique libanais très compliqué et complexe.


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